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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 20:54

Dans sa maison, Pierre Jean-Jacques prônait la paix, la démocratie, le partage, l'amour. Sa femme, ses enfants vivaient plutôt bien même si de petites crises, vite réglées, éclataient de temps en temps. Les décisions importantes se prenaient en famille, chacun pouvant apporter ses idées et les faire accepter par une majorité. Il y avait du pain et du beurre sur la table pour tout le monde même si, il faut l'avouer, Pierre Jean-Jacques avait une préférence pour l'aîné et faisait passer son égoïsme et sa rapacité pour un trait de caractère que ses autres enfants ne possédaient pas.

Hors de sa maison, aussi surprenant que cela puisse paraître (d'ailleurs beaucoup ne le croyait pas), Pierre Jean-Jacques avait tendance à s'approprier le bien d'autrui allant jusqu'au meurtre pour ce faire. Avant cette étape ultime, il usait de divers stratagèmes pour arriver à ses fins. Chantage, mensonge, corruption etc.. Il pouvait s'immiscer dans la vie des autres dans le but de les déstabiliser, de semer la zizanie et ainsi les rendre plus vulnérable. Pierre Jean-Jacques avait à coeur de bien faire vivre les siens.

Son voisin immédiat possédait un magnifique verger donnant à chaque automne des pommes succulentes, juteuses et sucrées. Avec son aîné il se rendit plusieurs fois chez monsieur Tout-le-Monde, le dit-voisin, afin de négocier une entente concernant son verger. Après moultes discussions parfois houleuses, Pierre Jean-jacques et son fils se permettant de critiquer la façon de vivre, à leurs yeux, barbare, de leur voisin, perdit patience et trucida le pauvre homme et sa femme, déclara chef de famille son aîné et fit bonne récolte au grand plaisir des siens.

Pierre Jean-Jacques est considéré, en général, comme un bon père de famille même si certains de ses voisins le trouvent gonflé. Son petit dernier éprouve un peu de honte. Lorsque celui-ci fait part de son sentiment à son père celui-ci lui répond invariablement: "pas d'auto-flagellation, pas de repentance inutile! Ce que je fais c'est pour le bien de la famille!"

Dans la maison de Pierre Jean-Jacques règnaient, presque toujours, la paix, la démocratie, le partage et l'amour.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 05:01

La créativité?

Une mixture de plusieurs éléments: l'inconscience, l'irresponsabilité, l'égoïsme et la légèreté.

L'inconscience ou la rupture avec ce qui nous entoure.

L'irresponsabilité comme détachement du poids de la vie.

L'égoïsme ou l'indispensable retour sur soi.

La légèreté ou le refus de se prendre au sérieux.

Bien entendu l'inverse de tout cela est également vrai.

La conscience, la responsabilité, l'altruisme et le sérieux.

La créativité est un mystère quand on y pense et une évidence quand on a les deux pieds dedans.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 11:30

Le monde des idées est formidable. L'être humain se distingue de tout le règne vivant par cette capacité à formuler des concepts et éventuellement leurs donner vie. Passer de l'abstrait au concret, construire, élaborer, bâtir, inventer et concevoir des outils, des machines de plus en plus efficientes, des sociétés de plus en plus complexes. Simplement jeter un oeil autour de nous nous permettra de nous rendre compte de l'extraordinaire capacité de la pensée. Tout ce que l'homme a construit a d'abord été rêver, penser, cogiter. Du tire-bouchon à l'ordinateur sophistiqué sur lequel j'écris ces mots.

Le cerveau interprète le monde qui l'entoure suivant sa culture, ses croyances (croire en un dieu ou pas, c'est toujours prendre position), sur les connaissances qu'il a engrangé, son expérience, sa sensibilité etc.. Même avec l'intention la plus pure qui soit il restera toujours une part de subjectivité dans les tentatives du cerveau humain d'expliquer le monde, l'univers. La connaissance sera toujours non seulement partielle mais "filtrée" par notre bagage culturel, religieux, social, politique.

Même la science, que l'on croit absolument objective, n'échappe pas à cette subjectivité à certains niveaux. Malgré ses succès extraordinaires, la science porte en elle le bagage idéologique du 19ème siècle, à savoir le matérialisme. Or le matérialisme est une profession de foi, une croyance, un système de pensée qui n'a rien de scientifique. C'est une philosophie.

"À travers le monde entier, les scientifiques savent que les doctrines matérialistes font partie de la règle du jeu pendant les heures de travail. Bien peu les remettent ouvertement en question, à moins d'être à la retraite ou lauréat du Nobel. Et par déférence envers le prestige de la science, la plupart des gens cultivés se montrent, en public, d'accord avec la pensée orthodoxe quelle que soit leur opinion personnelle." Rupert Sheldrake, Réenchanter la science, Albin Michel, p. 34

Il existe bien des chemins qu'il est préférable d'éviter si l'on veut être pris au sérieux, que certains objets de recherche, dictés par la philosophie matérialiste, sont tabous.

Plus loin on peut lire: "Dans son livre La structure des révolutions scientifiques (1972), l'influent historien Thomas Khun estimait qu'en période "normale", la plupart des scientifiques partagent la même conception de la réalité et de la façon de poser les problèmes, qu'il appelle un paradigme. Le paradigme régnant définit quels problèmes peuvent être soulevés et comment y répondre. La science normale se tient à l'intérieur de ce cadre et tout ce qui n'y entre pas se trouve évacué, nié. Mais les faits anormaux finissent par s'accumuler jusqu'à un point de rupture. les changements révolutionnaires surviennent quand les chercheurs adoptent un nouveau cadre de réflexion et de pratique plus large, permettant d'incorporer les faits précédemment qualifiés d'anomalies. Avec le temps, un nouveau paradigme apparaît, qui devient le fondement d'une nouvelle phase de science normale."

On le voit bien, la science vu sous cet angle n'échappe pas à cette part de subjectivité, même si celle-ci n'est que temporaire.

La pensée projète ou se rappelle (en fait elle se souvient toujours, même du futur). Elle le fait toujours à partir des données dont elle s'est dotée par l'étude, l'expérience, l'observation. Elle formule constamment des idées sur le monde passé et futur. La connaissance de l'Histoire, même celle des plus brillants historiens, est toujours partielle et par le fait même, dans le meilleur des cas, vraie en partie seulement, c'est-à-dire...fausse. Même un évènement récent, datant de quelques minutes sera présenté de différentes façon par les témoins présents. Ils auront vu la même chose mais leur "imaginaire" aura teinté les faits et gestes se déroulant sous leurs yeux. Imaginez maintenant des évènements datant de plusieurs dizaines, centaines ou milliers d'années! Malgré les recherches, la documentation, les recoupements etc. tout cela finira par l'interprétation du penseur qui aura réuni toutes ces preuves. Demandez à trois historiens, un russe, un chinois et un américain, de faire un résumé de la dernière guerre mondiale et vous aurez trois histoires complètement différentes! Quelques principaux faits seront énoncés mais cela ne sera pas suffisants à un hypothétique extra-terrestre de savoir ce qui s'est réellement passé. C'était pourtant la même guerre...

Rien de bien nouveau vous me direz. En effet. Ceci m'amène cependant à me questionner sur ce qu'est le réel. Psychologiquement, si vous m'avez suivi, il n'y aurait que le présent qui soit réel. Si la pensée imagine, jusqu'à un certain point, le passé et invente le futur, le seul réel possible, psychologiquement (il est important de le préciser), est donc le présent. Ça, la pensée ne peut y accéder sachant ce que l'on sait sur elle. Elle ne peut qu'évoluer et se déployer qu'à partir de ce qu'elle aura retenu: le savoir et/ou la connaissance. Allons un peu plus loin.

Qui sommes-nous? Imaginons un instant que notre mémoire nous "lâche", que la pensée nous déserte totalement. Que reste-t-il de notre "moi", de tout ce qui définit une personnalité? Plus de passé, plus de goûts et d'opinions, plus de croyance ou de certitude, plus de futur non plus, plus de projection ou de "j'imagine et vais me conformer à cette idée". Vous me direz c'est le retour à l'animalité. Que du présent, pas de passé ni de futur. Ne soyons pas naïf, ce monde sans pensée serait invivable. Mais...

Un monde sans pensée ne veut pas dire un monde sans intelligence. On confond trop souvent intelligence et mémoire, même s'il peut exister une passerelle entre les deux. Pas toujours! Nous connaissons tous des gens qui ont accumulé du savoir mais qui sont incapables de saisir le monde dans lequel ils vivent. Beaucoup de spécialistes sont sujets à cette carence, diserts et capables dans leur spécialité mais affublés de cécité partielle voire totale pour le reste. Dangereux si je puis me permettre. On aura ainsi des médecins en mauvaise santé, des psychologue "à côté de leurs pompes", des politiciens égoïstes, des savants travaillant sur des engins à tuer, des philosophes bouffés par l'angoisse, des artistes inattentifs et coupés du monde, des sociologues "idéologiques"etc..

La pensée est nécessaire dans des domaines particuliers, ai-je besoin de le rappeler? C'est une évidence. Là où elle devient inutile et même dangereuse est aussi, pour moi, une évidence. La pensée est incapable de saisir le présent, le réel. Je dirais même qu'elle le redoute ce réel. Pourquoi? Parce que saisir le présent c'est sa mort. Les philosophies orientales, mais aussi occidentales dans une moindre mesure, se sont penchées sur ce fait qui me paraît hautement intéressant. Nous vivons dans une société qui fait l'apologie de la pensée et va même jusqu'à refuser toute approche s'éloignant de cette doxa. En tout cas on se méfie des gens qui affirment que la pensée doit rester à sa place. Cela paraît tellement extravagant de dire cela!

L'attention-est inattentif celui qui pense (juge, jauge, nomme, soupèse) pendant qu'il observe-ne se déploie qu'en l'absence de la pensée. Cela paraît tellement simple et anodin que nous passons à côté, sans y prendre vraiment garde. Nous sommes une grande majorité à passer une vie tissée et construite d'inattention, comme une laisse qui nous lierait à jamais au passé et au futur. Une vie de chien...

Quel lien avec la musique? L'improvisation fait appel à cette capacité à "gérer" le présent, à y faire face, avoir les deux pieds dedans. L'inattention est une faute grave à mon sens quand il s'agit de musique et d'improvisation. Comme je le prétends plus haut des liens peuvent exister entre le savoir et l'intelligence mais ils ne sont pas automatiques. L'intelligence peut se servir du savoir mais jamais le savoir ne débouchera sur l'intelligence. Mais quand sommes-nous intelligents?

Nous sommes intelligents quand nous laissons au silence le soin de faire son travail. L'intelligence apparaît toujours entre deux pensées, elle pourra éventuellement la faire naître, lui donner un souffle de vie, la sortir de son côté mécanique (dont elle ne se départira pourtant jamais tout-à-fai), lui donner sa logique et finalement...sa raison!

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 23:18

J’ai toujours été fasciné par les chants. Pourquoi « les » et pas « le » ? Parce qu’à mon avis il existe deux sortes de chants. Celui « extérieur » et celui « intérieur ». Je m’explique.

Le chant « extérieur » est facile à saisir. Ce sont les notes et leur choix, l’instrument et sa maîtrise, la connaissance harmonique et rythmique et leur application dans la musique. Tous ces paramètres mis en action peuvent donner une musique appréciable, « qui s’écoute », une musique satisfaisante jusqu’à un certain point. Nombre d’artistes se contenteront de ce chant sans aller plus loin, sans mesurer précisément le degré de responsabilité que ce « métier » implique.

Le chant « intérieur » est peut-être un peu plus difficile à saisir. Il concerne et est valable tous les Arts. Vous pouvez transposer ce qui est dit ici pour la peinture, la littérature, la poésie etc.

Pau Casals, cet immense musicien, parlait de la musique qui existe entre les notes mais aussi de la qualité du silence entre celles-ci, ce qui reste quand le son s’est tu. Le chant « intérieur » c’est aussi la qualité de présence et la capacité à être dans la musique, non pas comme spectateur de nous-mêmes mais totalement absorbés par celle-ci. Le chant intérieur c’est aussi cette capacité à plonger, à prendre des risques, à sortir des chemins connus sans toujours savoir ce qui nous attend.

Prendre des risques, être à même de tutoyer la musique quitte à ce qu’elle nous renvoie une image de nous-mêmes pas toujours belle, flatteuse, idéale. Cette image, lorsque nous l’acceptons, à ceci d’intéressant : elle est vraie.

Il existe mille façons de se cacher derrière la musique, les mots, la peinture, mille façons de tricher, mille façons de se répandre, mille façons de plaire. Je n’ai rien contre le fait de plaire, il est humain de vouloir être apprécié et aimé, encore faut-il que cela soit pour de bonnes raisons. Si nous préférons les masques à l’authentique, si pour nous le maquillage passe avant ce qu’il cache nous avons un sérieux problème ou de perception ou de valeurs. Dans le pire des cas, les deux.

Les Arts, en général, n’ont pas pour mission première de « faire diversion », j’espère n’apprendre rien à personne ici, ils n’ont pas pour mission d’aguicher ou de séduire (tant mieux s’ils le font parfois) mais bien de révéler, montrer et dans certain cas, démontrer. Élever la conscience, rendre plus conscient, plus sensible, plus alerte fait certainement partie de leur mission.

Quand les chants intérieurs et extérieurs se superposent, se marient, convergent, quels que soient l’art pratiqué, un souffle naît, une vision neuve nous apparaît, quelque chose éclot devant nos yeux et/ou nos oreilles.

Cette chose nous rend plus vivant, nous informe sur nous-mêmes, aiguise nos sens.

Un Art véridique tel que je le conçoit transforme le spectateur en acteur.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 18:33

La marche vers le progrès, la modernité ; cette lumière au bout du tunnel représenté par le passé...Qui peut être contre?

"L'Angleterre se referme comme une huître", comme si vouloir garder son indépendance voulait dire se couper du monde, comme si vouloir garder son identité voulait dire se refuser aux autres. L'Histoire nous démontre tout le contraire!

Si nous nous penchons un peu sur cette question, si nous restons simple dans nos analyses (et dieu sait si beaucoup de gens préfèrent nous présenter la chose comme complexe - voire compliquée - donc insaisissable dans son ensemble par les gens "ordinaires") nous pourrons, peut-être, y voir un peu plus claire. Partons de ce que nous connaissons le mieux, c'est-à-dire nous-mêmes.

Est-ce parce que je suis qui je suis, avec mes particularismes, mon tempérament, mes goûts, ma langue, ma façon de me vêtir, bref est-ce que parce que je suis unique, bien défini, avec mes "frontières" je suis "refermé comme une huître"? Comment s'intéresser à l'autre s'il nous ressemble en tout point? Quel est l'intérêt de rechercher constamment soi-même dans son voisin? Ne serait-ce pas là la définition du tourisme? Voyager sans risques, consommer du différent sans que cela nous change en quoi que ce soit? L'exotisme à peu de frais personnels, sans engagement? Je bouge mais rien ne bouge, je change le panorama et reste spectateur de l'autre. D'ailleurs il est assez symptomatique que le touriste type s'intéresse plus au passé des pays visités qu'à leur présent. Le tourisme dans ce sens est le refus de l'autre, de ce qu'il est aujourd'hui. Mais revenons à nos moutons...

Pourquoi notre identité serait un frein à l'ouverture? Pourquoi l'identité, plus complexe, cela va de soi, d'un pays serait-elle devenue cette frontière infranchissable et "nauséabonde"?

Et si les gens pour le Brexit étaient ceux qui refusent de devenir des "touristes", des consommateurs uniformisés, ceux qui refusent de devenir de petits "Attali" pour qui le monde est un hôtel où il fait bon passer? ceux qui refusent de devenir les touristes de leur propre vie où toute action ou idée originale serait proscrite, suspecte, non désirable et non désiré, touristes de leur propre vie parce que dépossédés d'eux-mêmes, spectateurs ad infinitum! Et si les gens qui ont voté pour une indépendance accru refusent tout simplement de devenir des marchandises échangeables, monnayables, uniformes, difformes.

Déracinés?

Je me pose la question: et si le Brexit était l'acte collectif le plus créatif à être posé depuis un moment en Occident malgré une pression extraordinaire, cette marche qu'on dit inexorable vers le "progrès".

Et si le Brexit était ce sursaut de la vie, de la réalité (ah! comme dans certains milieux cette réalité est synonyme d'obscur, de laid, de racisme, de passéisme, de xénophobisme...) dont beaucoup de nos chers politiciens ont une peur bleue, une sainte horreur?

Démocrates mais seulement quand nous pensons comme eux...

Diaboliser l'adversaire...Ce ne serait ni plis ni moins que des rebuts de société qui auraient voté pour le sortie de l'UE. Les incultes, les pauvres, les racistes, les vieux, les accrocs de la télé etc. L'enfer quoi!

L'enfer? Peut-être plus intéressant que le paradis incolore, uniforme et inodore proposé par les technocrates européistes?

Et si le Brexit était un acte rebelle?

Je me pose la question.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 04:02

Un voyage sans peurs est une perte de temps. Le risque nous rend poreux, l'éloignement de nos habitudes plus sensibles, ouverts, vulnérables. À ce moment, un miracle peut se produire.

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Se méfier du confort sous toutes ses formes. Ne pas rechercher la pauvreté pour autant. L'ascétisme et l'austérité peuvent aussi être des formes de snobisme.

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Insincère et superficiel par profondeur?

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Venise la nuit: les chats prennent le pouvoir pendant que les touristes, contents, s'en sont retournés à leurs rêves de plastique.

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Les musées sont une partie de la mémoire des hommes. Qui a dit qu'on ne devait y trouver que du beau?

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Habiter une ruelle désertée par les chats

Où ne poussent que des soupirs déracinés

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Published by Yannick Rieu - dans culture
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 23:40

Qu'est-il besoin de construire un Dieu ou de le brûler sur l'autel des idées?

Croire, ne pas croire sont deux formes d'inattention.

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Le soleil la fuit

Le vent murmure à l'ombre

La lune écoute

froide et sombre

Sans doute

Sans bruit

Sans nombre

Ci-git la nuit

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On écrit au passé ou au futur.

Le présent est indescriptible.

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Le passé et le futur sont des concepts identiques.

Le présent y échappe.

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Traverser la vie? Elle nous traverse! Se diriger vers la mort? Elle vient à nous! Être le centre et la périphérie tout à la fois. Pas d'hier, pas de demain. L'infini est un point que le temps a déserté.

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Vivre entre deux abîmes : hier et demain.

Celui qui ne tombe jamais est un sage.

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L'inattention c'est être hier ou demain. L'attention c'est être présent

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 15:08

L'hiver ne se reconnait plus dans la glace.

Il laissera sa place à l'éternel printemps

D'où surgiront des crétins optimistes

Nouveaux-nés de cette gauche libérale

Ou vieux cons de droite abyssale

Qui vous raconterons

Deux temps trois mouvements

Que l'avenir est radieux

Que les fleurs sentent bon

Que le ciel est bleu

Qu'il faut être progressiste

Fuir la sagesse des aïeux

Le printemps ne se reconnaît plus dans la terre.

Il laissera sa place à l'été d'où surgiront

Du haut de leurs tracteurs

des hypers agriculteurs

lacérant la terre à vous fendre le coeur

des artistes "rebels" bouffant de la subvention

des radios poubelles sous le coup d'injonctions

des démocrates hypocrites bombes à la main

des religieux pieux tirant sur tout ce qui bouge

des philosophes creux enrhumant du crétin

des revues, télés et journaux dans le rouge

des artistes poubelles en peine d'inventions

des radios "rebelles" maniant diffamations

L'été ne se reconnaît plus dans le feu.

Il laissera sa place

aux vidéastes

à l'amour revolver

Face contre terre

Un doigt sur le chien

L'autre dans la chatte

Le coït à quatre pattes

Et par derrière

Faudra vous y faire

Ici on s'éclate

...

Les bras ballants

les bras tombants

Face contre plage

un enfant

sur toutes les pages

tourne le dos.

On trépigne on rage

On s'émeut on s'indigne

Nous sommes, nous

Tellement plus sages.

L'automne, lui, fait un drôle d'air

il écoute (il a de la feuille)

il regarde le monde se défaire

il est en deuil

Il se dit qu'il n'y a plus de saison

et nous, plus de raison

À P. Muray

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 09:16

"La mauvaise conscience accompagne souvent la mauvaise foi"

Des mois que je n'avais pas vu Jean. La rédaction prenait tout mon temps et je dois avouer que ses idées avaient tendance à remettre en cause la rédaction de mon mémoire, en ce sens que mon ami me forçait à me remettre en question, moi et mon travail. Tout ce que je voulais c'est terminer ce foutu mémoire et me trouver un bon job. Dans ma famille, ce qu'il en restait, Jean était devenu persona non grata comme on dit. De nombreuses frictions à chacune de ses visites rendaient notre amitié difficile et, peut-être par faiblesse de ma part ou intransigeance de la sienne, nous avaient éloigné. D'un autre côté il ne se passait pas une journée sans qu'un texte, un article, un auteur me remette en mémoire l'une ou l'autre de ses idées ou réflexions. Pour être franc, il me manquait. Ou c'était moi qui le manquais...

La neige avait disparu. Printemps précoce. Des voiliers d'outardes avaient été vus dès février. Noël, cette fête devenue insupportable de niaiseries avec ses réunions familiales obligatoires, les remises de présents fortement recommandés par les marchands flairant la bonne affaire, les premiers dégueulis de décorations, les orgies de couleurs visibles dès octobre sur les maisons, les arbres, les rues...partout! Toute cette agitation publicitaire avait suivi celle aussi horrible, voire pire, j'ai nommé: l'halloween. Bref l'humanité avait une fois de plus survécu au mauvais goût et à l'abrutissement festif des médias. D'ailleurs a-t-elle vraiment survécu?

Comme c'est drôle...Il n'y a pas si longtemps j'aurais fait l'apologie de ces fêtes...Jean...

De l'eau partout! La neige disparaissait à vu d'oeil, comme neige au soleil. Il me tardait d'enfourcher mon vélo et goûter un peu de cette nouvelle saison. Il m'attendait. Je l'avais astiqué, huilé, réglé ses freins, vérifié la pression des pneus, graissé la chaîne, les moyeux, retendu et rééquilibré les rayons. Prêt à bondir le vélo. Souriant, pimpant, optimiste. Silencieux. Le vélo c'est un chat. Un peu le contraire de Jean...Peu souriant, mal fagoté, pessimiste le Jean. bruyant? Non...quand même...Bouillant? Oui.

Les premiers coups de pédales m'ont transporté dans le quartier où habite mon ami. Tiens donc! Est-ce que ces mois sans nouvelles ont distendu les liens d'amitié? Pas en ce qui me concerne. Je ne l'ai jamais quitté. Vous avez compris. Lui? Avec Jean on ne peut être sûr de rien! Imprévisible (ce que je comprends de lui à tout le moins) et détaché. Jean difficilement cernable, beaucoup de mes amis le trouvent...

Une voix derrière moi.

Hé! Connard!

Le temps de me retourner pour localiser cet aimable voix...

Une flaque d'eau, un nid-de-poule...La culbute...Le noir. Je flotte, j'entends un crissement de pneus, des voix...Je reviens à moi, on m'entoure. J'ai mal au genou droit, ma tête est dans mon coeur ou l'inverse. À chaque battement mes oreilles bourdonnent.

Appellez une ambulance! La police! les pompiers! Ça n'a pas d'allure des routes si mal entretenues! La ville est responsable! Il ne porte pas de casque le malheureux!

Toutes ces voix si lointaines et proches à la fois...

Je sens une paire de bras qui...

Non! Faut pas le bouger! Il est peut-être touché au dos, à la nuque! Je repart. Le noir à nouveau.

On dit le noir mais en fait c'est faux. Pas de noir ou de quoi que ce soit. Rien. Je retombe dans le rien. Et je m'y sens bien...Je m'y sens "rien" en fait...Après-coup quand j'y repense, cet état est indescriptible avec des mots. La pensée n'a pas accès au rien. Son essence même le lui interdit. La pensée implique le temps, sortir du temps c'est sortir de soi-même. Il me semble.

C'est là. C'est tout. Je ne pense plus, je ne suis plus mais "ça" est là. Comme une nuit sans rêves. "Ça" existe, sans mémoire. Pas de mémoire pas de temps. Juste une impression sans rien sur quoi s'appuyer, une impression sans l'intervention des sens. Rien d'horizontal. Un vertical vertigineux sans souvenirs. Que de la conscience impersonnelle? C'est possible ça?

Toujours ce mur quand je tente de raisonner l'état dans lequel j'étais. Ou "ça" était...Je n'y arrive pas.

Réveil pénible. Une odeur d'alcool. J'ai trois fois mon âge. Mon corps précède ma pensée. J'ai mal.

Mon vélo?

T'inquiète connard...

Il y avait dans ce "connard" beaucoup de tendresse.

Jean?

Je suis chez Jean. Manquait plus que ça.

Il sourit.

-Il va bien ton vélo! Un peu amoché comme toi mais il va survivre...Et toi? Ça va?

-D'après toi? Mais qu'est-ce qui pue comme ça?

-Toi. J'ai nettoyé ton genou. Pas grave...Une bosse sur la tête, un coude qui ressemble au genou...Ils voulaient t'envoyer à l'hôpital, rameuter les flics....Tout le bazar! Et tu t'es fait dessus.

-T'es sûr que je vais bien?

-Plutôt à toi de me dire.

-Je crois que oui...C'est donc toi qui...

-Oui. Je ne pensais pas que tu...comment dire...que tu perdrais les pédales...

-Très drôle!

Je pouffai malgré moi...Aie! Mes côtes!

-Tout va bien alors...

Je passai quelques heures chez lui le temps de me remettre de mes émotions (et de me nettoyer...). Une conversation un peu décousue vu mon état. Un thé, des nouvelles, un rendez-vous pour la semaine suivante. Jean semblait heureux de me voir. J'avais un peu forcé le destin en me rendant dans son quartier, sans doute avec l'espoir d'une rencontre fortuite. Je n'aurais jamais osé frappé à sa porte.

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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 03:48

"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquels on traverse l'espace d'une pensée qui souffrent le passage et non point la station. L'homme en vif mouvement les emprunte et se sauve mais qu'il insiste le moins du monde ce peu de temps, les rompt et tout s'en va dans les profondeurs".

Paul Valéry

On sait que le mot n'est pas la chose. Pour celui qui a faim, vaut mieux un mauvais repas qu'un excellent livre de cuisine.

Ai-je par ces mots froissé cet écrivain-philosophe à qui j'avais envoyé plusieurs de mes disques, le sachant amoureux du jazz...et des mots?

Rien de moins sûr car jamais il ne prit la peine de me répondre ni même d'accuser réception de mon travail, lui qui au cours de nombreuses entrevues radiophoniques et télévisuelles, fustigeait les gens malpolis, incapables de dire bonjour ou merci, refusant ainsi ne serait-ce que la simple existence de l'autre.

Non mon cher écrivain-philosophe, je ne t'en veux pas le moins du monde. Tu étais sans doute trop occupé à compulser tes fiches, à lire, à réfléchir, à écrire. Je sais aussi que l'abus de savoir rend mécanique et un peu froid parfois. À trop se concentrer on devient quelque peu inattentif à l'autre.

Non, le mot n'est pas la chose.

Mais à quel abîme Valéry fait-il référence? Cet abîme que des planches-mots surplombent. À quelle profondeur songeait-il? Pourquoi ces profondeurs semblaient terroriser notre poète génial à l'idée d'y sombrer? C'est pourtant dans les profondeurs que la vie foisonne, c'est dans les profondeurs que la vie-vivante, celle que les mots n'atteindront jamais, celle d'où est absent le verbe qu'elle est la plus lumineuse. Dans les profondeurs il n'y a que le silence.

Regarde la mer!

À trop vouloir nommer nous restons à la surface des choses et des êtres. C'est tout ce que nous connaissons. Les abîmes nous rendent insécures, les profondeurs nous donnent le vertige.

Il n'y a que l'insécurité qui nous pousse à nous inventer des certitudes, certitudes qui bougent, changent au fil des siècles. Le vide, l'abîme, lui, ne bouge ni ne change. Il échappe à la pensée, il échappe aux concepts, il échappe au temps.

Le manteau des mots dissimule, parfois de merveilleuse façon! Le savoir, lui, est ignorance lorsque la connaissance du moi fait défaut.

Le culte du savoir et des mots sont des formes modernes d'idolâtrie.

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