Dans sa maison, Pierre Jean-Jacques prônait la paix, la démocratie, le partage, l'amour. Sa femme, ses enfants vivaient plutôt bien même si de petites crises, vite réglées, éclataient de temps en temps. Les décisions importantes se prenaient en famille, chacun pouvant apporter ses idées et les faire accepter par une majorité. Il y avait du pain et du beurre sur la table pour tout le monde même si, il faut l'avouer, Pierre Jean-Jacques avait une préférence pour l'aîné et faisait passer son égoïsme et sa rapacité pour un trait de caractère que ses autres enfants ne possédaient pas.
Hors de sa maison, aussi surprenant que cela puisse paraître (d'ailleurs beaucoup ne le croyait pas), Pierre Jean-Jacques avait tendance à s'approprier le bien d'autrui allant jusqu'au meurtre pour ce faire. Avant cette étape ultime, il usait de divers stratagèmes pour arriver à ses fins. Chantage, mensonge, corruption etc.. Il pouvait s'immiscer dans la vie des autres dans le but de les déstabiliser, de semer la zizanie et ainsi les rendre plus vulnérable. Pierre Jean-Jacques avait à coeur de bien faire vivre les siens.
Son voisin immédiat possédait un magnifique verger donnant à chaque automne des pommes succulentes, juteuses et sucrées. Avec son aîné il se rendit plusieurs fois chez monsieur Tout-le-Monde, le dit-voisin, afin de négocier une entente concernant son verger. Après moultes discussions parfois houleuses, Pierre Jean-jacques et son fils se permettant de critiquer la façon de vivre, à leurs yeux, barbare, de leur voisin, perdit patience et trucida le pauvre homme et sa femme, déclara chef de famille son aîné et fit bonne récolte au grand plaisir des siens.
Pierre Jean-Jacques est considéré, en général, comme un bon père de famille même si certains de ses voisins le trouvent gonflé. Son petit dernier éprouve un peu de honte. Lorsque celui-ci fait part de son sentiment à son père celui-ci lui répond invariablement: "pas d'auto-flagellation, pas de repentance inutile! Ce que je fais c'est pour le bien de la famille!"
Dans la maison de Pierre Jean-Jacques règnaient, presque toujours, la paix, la démocratie, le partage et l'amour.