L'hiver ne se reconnait plus dans la glace.
Il laissera sa place à l'éternel printemps
D'où surgiront des crétins optimistes
Nouveaux-nés de cette gauche libérale
Ou vieux cons de droite abyssale
Qui vous raconterons
Deux temps trois mouvements
Que l'avenir est radieux
Que les fleurs sentent bon
Que le ciel est bleu
Qu'il faut être progressiste
Fuir la sagesse des aïeux
Le printemps ne se reconnaît plus dans la terre.
Il laissera sa place à l'été d'où surgiront
Du haut de leurs tracteurs
des hypers agriculteurs
lacérant la terre à vous fendre le coeur
des artistes "rebels" bouffant de la subvention
des radios poubelles sous le coup d'injonctions
des démocrates hypocrites bombes à la main
des religieux pieux tirant sur tout ce qui bouge
des philosophes creux enrhumant du crétin
des revues, télés et journaux dans le rouge
des artistes poubelles en peine d'inventions
des radios "rebelles" maniant diffamations
L'été ne se reconnaît plus dans le feu.
Il laissera sa place
aux vidéastes
à l'amour revolver
Face contre terre
Un doigt sur le chien
L'autre dans la chatte
Le coït à quatre pattes
Et par derrière
Faudra vous y faire
Ici on s'éclate
...
Les bras ballants
les bras tombants
Face contre plage
un enfant
sur toutes les pages
tourne le dos.
On trépigne on rage
On s'émeut on s'indigne
Nous sommes, nous
Tellement plus sages.
L'automne, lui, fait un drôle d'air
il écoute (il a de la feuille)
il regarde le monde se défaire
il est en deuil
Il se dit qu'il n'y a plus de saison
et nous, plus de raison
À P. Muray