Fleur
Les gens te cueillent
Pour te mettre en bouquet
Fleurs et feuilles
Sur leur table de chevet
Ils t’arrachent à la terre
Et profitent de ta beauté
Ils ne savent faire
Avec ingéniosité
Que peu de paix
Et beaucoup de guerres
Ils te tuent donc
Et t’emportent dans leur tombe
La nature
La nature est grande
Professeur sans devoirs ni leçons
À ceux qui savent entendre
Encore capable d’écouter
Elle est unique
Et sans personnalité
Inique et juste
Active sans gestes
Sans volonté
À la fois
Présente et nulle part
L’homme hagard
l’a défié
Sa pensée mécanique
L’en a éloigné
Par sa neutralité
Sa non-ingérence
Son détachement
Son indifférence
Elle ne fait qu’illustrer
Par son visage
Défiguré et saccagé
La prétention de l’homme
À vouloir la dompter
La nature ne pense pas
La terre est silencieuse
Sage
Savante et sacrée
L’homme parfois
Sa pensée creuse
Aurait avantage
À se taire
Et l’imiter