22 mai 2017
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07:55
Cinglant, ce poème que je qualifierais de civil ou si vous préférez, de citoyen, fait état de mon expérience dans le milieu artistique: déjà près de 35 ans! Un environnent où, le plus souvent, nous rencontrons des êtres charmants, captivants, surprenants, bourrés de talent. C'est aussi un milieu où il est difficile, très difficile de ne pas jouer le jeu des médias, des critiques, des politiques, des chroniqueurs, des intervieweurs de tout crin. En fait l'artiste carriériste n'existe pas. Pour moi un artiste qui ne jouit pas de liberté, - et le carriériste est peut-être beaucoup de chose mais n'est certainement pas libre - qui ne se donne pas la possibilité d'être libre ne mérite pas le titre d'artiste. C’est peut-être la chose la plus difficile à préserver.
Or presque tout dans notre société tend à nous enlever cette liberté; même et peut-être surtout la liberté de pensée, ce qui me paraît fondamental. Les valeurs que transmet cette société sont intrinsèquement liberticides à commencer par la marchandisation de la culture. On évalue pratiquement toute production en fonction de critères de marché (combien cela va-t-il rapporter), de jauge (combien de public), de crédit (l'aura de l'artiste, son succès, peu importe la pertinence de sa démarche). L'uniformisation (l'originalité et la spécificité sont devenues des barrières au lieu de tremplins) et son corolaire, la médiocrité, étendent leur ascendant, aidés en cela par les médias dominants - surtout la télévision -, favorisant la paresse intellectuelle et une certaine frilosité pour tout ce qui est "en-dehors des clous", différent, au-delà des normes édictées (la façon dont ces normes sont imposées le sont d’autant plus pernicieusement qu'il faut qu'elles laissent croire que nous vivons dans un pays « libre »).
C'est ici qu'apparaissent les carriéristes. Pétris de valeurs marchandes, ils sont devenus eux-mêmes marchandises...et se vendent, péripatéticiens dans l'âme, hétaïres de la culture. Le plus étrange c'est de voir ces braves types (beaucoup de femmes aussi, cela va sans dire) avoir à ce point assimilé, intériorisé ces concepts marchands qu'ils seraient probablement les premiers surpris par eux-mêmes s'ils se mettaient à réfléchir sur le sujet. Pas facile de découvrir qu'on a fait de toi...un courtisan!
Tout le monde connaît la roublardise des vendeurs. La même chose s'applique donc à ces "artistes" carriéristes. Ils n'existent pas et pourtant je les ai rencontré...
Il a souvent du talent
Mais il est bête et complaisant
Pas toujours méchant
Ça dépend
Il s'imagine debout
Et vit assis
Voire couché
Cela dépend de vous
Satisfait de lui
Il se met en scène
Comme la viande
Sur l'étal du boucher
Un chouïa obscène
Souriant
Il en veut
Très sérieux
Toujours en piste
Ne l'oublions pas
C'est un artiste!
À terre les genoux!
Grenouiller
Par en arrière
Canailler
Par en-dessous
Coucher avec les médias
Leur faire la cours
Certains qu'un jour
Ça servira
Émettre des idées bouffies
Cernées pour avoir trop servies
Recycler sans risques
Des restes indigestes
L'art triste:
De l'ennuie
Des gestes
Sur un lit défait
Un art replet
L'artiste carriériste
Sait bien ce qui plaît
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
20 mai 2017
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16:54
« (...) ce qui ne cesse de se produire et de se manifester le plus ouvertement devant nous –mais si continûment et de façon globale –pour autant ne se discerne pas. Discret par sa lenteur en même temps que trop étale pour qu’on le distingue. Il n’y a pas là éblouissement soudain qui aveuglerait le regard par son surgissement ; mais, au contraire, le plus banal : ce partout et tout le temps offert à la vue, de ce fait même, n’est jamais perçu –on n’en constate que le résultat. »
François Jullien
Les transformations silencieuses, Éditions Grasset
Un changement s'est opéré
Imperceptible et continu
On ne peut le repérer
Glissement inconnu
Invisible à l'œil nu
Limite bordée d'insaisissables contours
Un chavirement se produit
Où finit le jour?
Où commence la nuit?
Donner sa langue aux chats
Vendre son os aux chiens
Faits comme des rats
Mine de rien
Tu préfèrerais que je ne dise rien
Que je souffle dans mon saxo
Tous ces couteaux
Plantés dans des reins
Que j’ignore
Coeur d'airain
Malheureux
Ces ponts d’or
Ou ces faux joyaux
Rivés à nos yeux
Tu voudrais que je me taise
Que je ne souffle sur des braises
Comment veux-tu que je reste coi?
Mes mots en écharpe?
Frire sous cape?
Que je mette un bémol?
Je t'aime !
Souviens-toi
Carpe diem !
Tu me demandes: pourquoi?
J'te réponds: tu es folle!
Idées stériles
Mauvais goût pérenne
Babil futile
Ignorance sereine
Ultime tour de piste
Terminer sa vie
En clown triste
Qui n'a rien appris?
C'était en janvier de l'hiver dernier
Une marée blanche avait ouvert les portes de l'ennuie
Les couleurs, les odeurs, la chaleur et les bruits
Tout cela s'en était allé
Sur une carreau gelé
Des étoiles givrées
Turbulences stratifiées
Baroques esquisses d'un artiste oublié
Sur le dos, couchée
Les pattes croisées
Immobile, pétrifiée
Elle attend
Le printemps
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
14 mai 2017
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11:05
Je vivais en France
J'étais dans le train
J'allais à Coutances
Huit heures du matin
Doux visage opale
Attendant sur le quai
Amoureuse désespérée
À peine vingt ans
Catholique
Elle portait le voile
Les yeux au-dedans
Hermétique
Soudain
D'une grande beauté
Son regard...
Quelque chose nous lie
Surpris tous deux
Nos destins
Se croisent
Se toisent
Le temps
D'un instant
Par hasard
Je lis
Son désespoir
Dans ses yeux
J'ai rencontré
J'ai lu
L'immensité
J'ai vu
Trop tard
Dieu
Jamais dans le monde il n'y eut plus belle histoire
Celle de l'amour d'un papillon pour un quasar
Jamais il n'y eut plus beau récit
Celui du hasard
De la vie
Et de l'espoir
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
6 mai 2017
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21:05
Ni croyant ni mécréant
Au-delà du ventre
Et des yeux
Plus loin que les dieux
Que les mains de la science
Pressentant l'océan
Au-delà du centre
L'intelligence
De la nature
Cette conscience
En dehors de l'armure
Du temps qui dure
Nous embraserons
Goutte à goutte
Montagnes et dunes
Coûte que coûte
Nous embrasserons
Les uns les unes
L'autre temps
Quand viendra le temps
De l'océan
Ici et là, maintenant et jamais
On ne discute pas
Ça ne se fait pas
Pas vraiment...
Défaits
On partage
Des faits
On fait semblant
On est sage...
On rampe au pas
On marche à genoux
On prend son trou
On fait comme si
On fait de rien
Ça va?
Ça va bien!
On est assis
On transpire peu
On parle mou
On espère mieux
On prend son temps
S'excuse beaucoup
Au galop
On évite
Trop peureux
On se terre
Tout heureux
On agite
Un drapeau
À l'ordre
Comme nos pères
Nos aïeux
On sifflera
My lord!
Oh! Canada!
Révolution aimable
Agitation pudique
Soulèvement affable
Rassemblement ludique
Quelle mouche te pique?
Pourquoi es-tu si tragique?
Marteaux et faucilles
Parfums et faux cils
Tous ces choix si difficiles!
Bonbon ou pastille?
Oratoire?
Suppositoire?
Tout est bon
Rien à jeter!
Girondin? Jacobin?
Robespierre? Danton?
Casals? Joe Dassin?
Liberté ou Bastille?
Voiture ou camion?
Sur les épaules la garder
Ou se la faire couper?
Attends!
Pourquoi es-tu si pressé?
À en perdre la tête
À ne plus savoir à qui la donner
La révolution est une fête?
Allons donc!
Rien n'a changé
Rien ne changerons
Mais attends donc!
Reste un peu bavarder...
Published by Yannick Rieu
-
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Culture
3 mai 2017
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18:23
"Sous couvert de démocratie, de pluralité, de tolérance et de bien-être, les autorités politiques, inféodées aux pouvoirs marchands, ont édifié un système totalitaire sans nul autre pareil". P. P. Pasolini
Il a les moyens
Mais pas l'ambition
Il voudrait bien!
Il perd ses repères
Anesthésié, pressé
Impatient funambule
Il poursuit un chemin
Dangereux somnambule
Sans aucune direction
Il gueule son destin
Aux allures de fossé
Clame sa chanson
Sa musique faussée
Je vous le dis
C'est vrai
Sans remords
Dans le bruit
La peur et la fureur
L'Ouest s'endort
Tout-à-fait
L'Ouest se plaint
Soir et matin
Mugit
Comme ce lion
Comme ces gens
Des millions!
En flagrant délit
D'agonie
Rugir encore parfois
Faiblement
Encore une fois
Montrer qu'on est
Encore vivant
C'est vrai
Pour tromper sa mort
L'Ouest s'endort
Tout-à-fait
L'Ouest se vide
À grands traits
Il cache ses rides
Derrière ses enfants
De deux mille ans
Il rêve à grands frais
Des rêves arides
Des contes de fées
Que plus personne
Ne connait
C'est vrai
L'Ouest se vide
Par en-dedans
Published by Yannick Rieu
-
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Culture
30 avril 2017
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08:39
Tous ces morts pour rien...
Du soir au matin
Vivre sans yeux
S'écartant du chemin
Vivre sans eux
Morts pour rien
Morts pour nous!
Pauvres fous
Noyant nos chagrins
Nous coupant le cou
Sur les lames du destin
En nous disant : "c'est tout?"
Morts pour nous!
Morts pour des clous?
Comment osons-nous
Gâcher cette liberté
Si durement acquise?
Sous nos yeux percés
Nos âmes dépecées
Nos idées sans prises
On nous tient en joue!
Notre temps est compté
Sur la table quelques verres
Une nappe tachée
D'un peu de vin
Des fruits dans un panier
Fourchettes, couteaux, cuillères
Des miettes de pain
Le jus figé des assiettes sales
Les fleurs fanées
Comme des Jocondes
Défigurées
Soirée banale
Soirée féconde
À refaire le monde
En vain
Published by Yannick Rieu
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Culture
28 avril 2017
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18:37
Ils parlent de paix
Mais vivent en guerre
Et font du frère
À peu de frais
Un brin sectaire
Ils censurent
Savent faire taire
Menotter des idées
Prendre des mesures
Au nom de la liberté
Au nom de l’ouverture
Bien cadenassée
De ces gens on connaît
Gueux et gueuses
La langue mielleuse
Paroles doucereuses
Collant au palais
Interdisant des voix
Susurrant une paix
Celle de leur choix
Quelques bontés factuelles
Le cerveau comme une poubelle
Où il est bon de tout jeter
Des idées sans cervelle
Ramassis de clichés
Des monts et merveilles
À longueur d’années
Rabâchées
Derrière cette logorrhée
Active bien-pensance
Sous cet épiderme
Volonté de puissance
Vivre, penser, coucher
De seconde main
Modernes
Contemporains
Hypertrophie du moi
Actes sybillins
Dans biens des cas
Appât du gain
Course au succès
Froide et dure
Sorte de combat
Sans le nommer
Joli forfaiture !
Toujours masqué
Usons de sagesse
Ni une parabole
Ni une idée
En résumé
Avec une parole
Bien articulée
Des symboles
Bien dessinés
Il ne s’agit que de fesses
Avec adresse
Des culs à torcher
Mensonges et espoirs
Macronisme: microcosme de la politique des trente dernières années
Les mêmes intentions
Les mêmes normes
Les mêmes boniments
Les mêmes conditions
Les mêmes bornes
Les mêmes dirigeants
La même direction
Combien de temps
Cela tiendra?
Combien de chants
Dans la confusion?
Bientôt les gens
Se réveillera
Bientôt le vent
Se lèveront
Amoureux d'une étoile
Depuis toujours
Depuis le bal
Des premiers jours
Tout ne sera jamais perdu
Il restera toujours un brin
Quelque part
Quelque chose d'humain
Au hasard
Une main tendue
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
26 avril 2017
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21:13
C'est parce qu'il ose user de son vote à sa fantaisie, ce peuple, parce qu'il paraît avoir cette audace inouïe de s'imaginer qu'il est libre, et que, selon toute apparence, il lui passe par la tête de cette autre idée étrange qu'il est souverain ; c'est, enfin, parce qu'il a l'insolence de vous donner un avis sous cette forme pacifique du scrutin et de ne pas se prosterner purement et simplement à vos pieds. Alors vous vous indignez, vous vous mettez en colère, vous déclarez la société en danger, vous vous écriez : nous allons te châtier, peuple ! nous allons te punir, peuple ! tu vas avoir affaire à nous, peuple ! - Et comme ce maniaque de l'histoire, vous battez de verges l'océan ! V. Hugo
On peut se demander
À qui le diable profite
Ce choix manichéen
Par de petits malins
Proposé...
Démocratie vous dites?
Alors que les dés
Sont pipés?
Bouffer du libéralisme
Tel sera le résultat
D'un pseudo
"Pas-le-choix"
La liberté dans ce fascisme
Dont on ne prononce mots
Nouveau prisme?
Sujet trop délicat!
Sauce LePen?
Sauce Macron?
Quel dilemme?!
Parions second larron
Plus présentable
Mieux lessivé
Plus respectable
Mieux présenté
Le diable ou le bon?
La brute ou l'innocent?
LePen ou Macron?
La nation ou l'argent?
L'horreur ou le bonheur?
L'hallali ou le sauveur?
Tout cela est fabriqué
On nous a mis dans l'idée
Que rien n'est joué
La démocratie a parlé?
Elle fait la belle
Se fait la malle
Mais c'est l'argent
Jamais rebelle
Qui mène le bal
Published by Yannick Rieu
24 avril 2017
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15:37
Voter blanc, c'est raciste?
Hitler est le monstre absolu
La référence suprême
Le top de la haine
De l'esprit tordu
La bête qui se déchaîne
Le nec plus ultra
De la vomissure
Le salaud
L'ordure
Le crapaud
Le paria
La crevure
Dans les deux prochaines semaines
On verra une caste médiatique
Nous donner un jolie spectacle
Pour pas un rond
Celui de la haine
On va voir à l'œuvre la claque
D'une certaine république
Assister à une particulière conception
Du dialogue démocratique
LePen (re)deviendra Hitler
La femme à abattre
La catastrophe, la misère
On rappellera le nazisme
Les fours, le racisme
On parlera de fascisme
De Vichy, de Pétain
Des rafles et des trains
On annoncera la fin de la France
Son déclin et sa souffrance
Tous en chœur
D'une même voix
À l'unisson
Tous faire peur
Le cœur en croix
Comme solution
Comme un médicament
Sentant mauvais
Goûtant méchant
Le prendre
Absolument
Avaler
Dégoûtés
À reculons
Se rendre
Y aller
Sans coup férir?
Voter Macron
Se le farcir?
Non! Non! Non!
Pas question!
En enfer si je mens
Je préfère l'abstention
Ou le vote blanc
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
24 avril 2017
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/2017
03:13
Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.
Jacques Chirac
La peur de l'autorité
Le culte de la jeunesse
Le présent qu'on fixe
Le vide comme sécurité
La prise de risque
Ce qui en reste...
Une sorte de syndrome
De Stockholm:
Aimé les hommes
Qui nous enferment
Nous transforment
Nous mettent en berne
Pour un futur terne
Un avenir morne
Amor fati
C'est mon parti
Pas facile
D'être philosophe
Pas une seconde!
D'être gracile
Dans un monde
De "Toughs"
Published by Yannick Rieu
-
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Culture