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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 10:53

La mort rapproche. Me suis réveillé avec cette idée cette nuit. Vraie pars vraie? En tout cas une chose est certaine, dans une majorité de cas, notre tristesse lorsque confrontée à celle-ci, ce sentiment de perte qui nous rend si désarmé, dépourvu et désemparé, ce sentiment de vide nous fait pleurer sur nous-mêmes. Et cela est inconvenant. N'est-il pas?

Tournée, manège...

Impossible de tenir un journal pendant la tournée. Pas cette fois. Trop de déplacements, de kilomètres, de fatigue. Le corps ne pense plus et s'il le fait se sont pour des choses pragmatiques.

Tellement reçu d'informations ces trois dernières semaines...Je dois laisser décanter tout cela; des odeurs, des couleurs, des sons, des situations, des mots devenus musique car entendus pour autre chose que des mots chargés de sens, des paysages, des cités, des hésitations, explications, mal-entendus, des connivences sans raisons apparentes, des regards qui en disent plus long que des phrases...

Tous ces gens qui vivent si loin et si proche; des frères et sœurs qui sont des "moi" que je ne connais pas et que je ne connaîtrai jamais ou si peu. Je suis eux sans qu'ils le sachent, ils sont moi sans que je m'en doute.

Tournée, manège...

Laisser reposer comme le bon vin, laisser respirer, oxygéner toutes ces émotions; le parfum du voyage prend corps souvent bien après le retour.

Le voyage rapproche. Il nous rapproche de notre nature, celle qui existera toujours derrière les masques de la civilisation.

Bien fait, il nous éloigne de nous-mêmes, ce que l'on croit être nous, nos habitudes, nos relations, nos certitudes, nos opinions. Un voyage bien fait casse le monde confortable de nos traditions, de nos valeurs circonstancielles.

Tout renaît, frais, nouveau, plein de sens. Le geste le plus banal devient révélateur. Un bon voyage décuple l'attention, décentre, déstabilise, "dé-range", remet en cause, interroge.

Le voyage en forme de point d'exclamation, c'est bien, celui en forme d'interrogation me semble plus intéressant. Non?

Partager, un mot-clé en Chine.

Partager, un mot-clé en Chine.

Je me demande si le choix de mon instrument ne relève pas, après tout, de sa forme interrogative...

N'y a-t-il pas quelque chose de l'ordre de l'interrogation dans sa forme?

Vous me suivez?

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 04:51

Il m'apparaît de plus en plus évident que tout est fait dans nos sociétés pour que nous chérissions notre servitude. D'autres avant moi en ont parlé, et beaucoup mieux: La Boetie, Huxley, Orwell etc.

Pourrait-on imaginer un lion aimant la cage qui lui a ôté toutes ses qualités de lion? Sa nature de lion? Il en est de même pour l'être humain comme tout être vivant: dès qu'il perd sa liberté il perd sa nature, il devient autre et cet autre est bien triste à voir.

Pour qui a déjà vécu cette désolante expérience qui est de visiter un zoo saura de quoi je parle...À moins qu'ayant perdu le goût de la liberté vous trouviez normal voire intéressant d'observer l'affligeant spectacle de la dignité perdue de nos frères les animaux.

L'humain qui jouit de sa servitude n'apprécie pas beaucoup la liberté chez autrui. Elle est suspecte et dangereuse.

Évidemment la chose n'est jamais présentée comme telle. Cette servitude, pour se faire aimer, doit prendre des visages de...liberté! Comme on fait la guerre que pour des raisons de justice ou que notre immodestie nous pousse à jouer l'humilité!

La servitude est confortable, elle donne un sentiment de sécurité, ne favorise pas la réflexion ni la prise de risque-ou alors dans des limites bien définies. La servitude déteste les remises en question et à en horreur de se voir pour ce qu'elle est. La servitude ne dit jamais son nom.

La lâcheté est son terreau.

À l'instar de la servitude dissimulée sous forme de liberté, la lâcheté assumée aura besoin d'un puissant allié pour "marcher la tête haute": l'ego, le "moi".

Celui qui désire sans arrêt, celui qui n'a de cesse de voir l'autre comme un danger pour son intégrité, l'impitoyable consommateur, le tranquille pourvoyeur d'injustice, l'indifférent...le centre de l'univers!

Nous sommes devenus tellement insensibles et centrés sur nous-mêmes que nous ne voyons plus l'état de monstrosité dans lequel nous vivons. Nous ergotons sur des pacotilles, tergiversons sur des riens, bavardons sans fin à propos de tout et de rien-surtout de rien, prenons nos aspirines pour des révolutions et nos prises de position pour des fins de monde.

Des actes aussi insensés que la guerre, qui n'est qu'une projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne, l'exploitation de l'autre, la compétition, le culte du succès sont maintenant vus comme des choses avouables, normales, acceptables, typiquement humaines et naturelles.

On a déguisé la haine en amour, la folie en bon-sens, l'hypocrisie en politesse.

On a déguisé la servitude en devoir.

Un nouveau Premier Ministre du Canada a été élu le 19 Octobre 2015.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 01:01
Longues heures de route la nuit...
Longues heures de route la nuit...

Il y a de ça peu de temps, se rendre en Chine aurait pris des semaines. En quelques heures nous sommes à l'autre bout du monde (11.000 kilomètres!), un autre continent, une autre culture. Dès la sortie de l'avion, un autobus nous attend...8 heures de routes pour nous rendre dans la province de Shandong. Le corps ne sait plus...Dois-je dormir, manger, rester éveillé? Dans le doute il fait un peu tout cela à la fois...Le corps s'affole, la tête suit. Dormi en pointillé, des rêves sans queue ni tête, couché très tard, réveillé trop tôt.

On se demande parfois ce qui nous pousse à faire ce que l'on fait. Ma réponse toute personnelle est la suivante: l'arbre qui pousse se demande-t-il pourquoi il pousse? Évidemment non! Il pousse car c'est dans sa nature de pousser, sa nature d'arbre. Si notre cerveau ne possède pas un calme suffisant, s'il est préoccupé par mille problèmes, il aura tendance à mal fonctionner et soulever des questions inutiles. L'intelligence naît de son silence.

Oui, je sais, l'arbre n'a pas de cerveau. Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas doué d'intelligence! La nature est source d'enseignement, on la sait depuis toujours...Et on l'oublie trop souvent.

Pourquoi je fais ce que je fais? Quelle drôle de question!

Cet après-midi répétition et balance de son. Hâte de voir la salle, hâte de souffler dans mon saxo, hâte de faire de la musique avec mes collègues.

Les papillons sont là, ils ne me lâcheront pas de toute la tournée. Compagnons de voyage légers et lourds à la fois.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 15:50

Bientôt nous allons voter. Nos maîtres seront désignés. Après cette mascarade de démocratie ils n'auront que peu de compte à rendre. C'est un fait.

Comment changer les choses alors?

À moins que ce monde nous aille, nous pouvons continuer de voter et poursuivre notre chemin en ayant adopté des valeurs qui ne nous correspondent pas.

Si ce monde ne nous plaît pas, il faut le changer. Pas par le haut (élections) mais par le bas, c'est-à-dire nous-mêmes.

Autrement dit: vivre dans le monde sans en faire partie.

Que veut dire faire partie du monde?

C'est d'abord croire que la pensée va régler nos problèmes alors qu'il est facile d'observer les ravages qu'elle cause tout le long de l'histoire.

Faire partie du monde c'est mal se connaître, refuser de voir la vérité: notre suffisance, notre manque de générosité, nos combats futiles et puériles pour se faire une place dans un monde...qui ne nous plaît pas!

Faire partie du monde c'est notre état de guerre permanent pour arriver à nos fins. C'est se croire pacifiste et être violent dans nos actes de tous les jours. La violence de l'ambition, de la compétition, de la performance, de l'idéalisme, du nationalisme, des croyances de toutes sortes.

Faire partie du monde c'est dire "je t'aime" sans y penser vraiment. C'est porter un masque et se croire à l'abris, c'est porter un masque et y croire!

Se mentir à soi-même.

Faire partie du monde c'est abdiquer, abandonner, reculer, se coucher, oublier, accepter, s'aplatir, renoncer.

Faire partie du monde c'est encore croire que les élections vont changer les choses. C'est accepter qu'on nous rende médiocre dans nos gestes.

Parce qu'être médiocre est plus facile, plus confortable, moins fatiguant, moins engageant, plus sympathique.

Faire partie du monde c'est baser nos relations sur le calcul.

Faire partie du monde c'est se mentir constamment à soi-même, se croire flamme alors qu'on est de mèche...

Les convictions molles font de bons électeurs.

Voter c'est valider un système qui maintient notre impuissance.

Vivre dans le monde sans en faire partie.

Tout un défi.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 23:52

Voilà un mot que l'on rencontre souvent!

Liberté.

Sommes-nous libre? Qu'y a-t-il derrière ce mot, qu'est-ce qu'il contient?

Avons-nous vraiment réfléchi sur ce qu'est la liberté? Un être humain libre peut-il avoir des conclusions? Des opinions arrêtées? Des traditions? Une nationalité? Des croyances, religieuses ou politiques? Des idéaux?

La liberté peut-elle être de seconde main?

La pensée peut-elle être libre? Peut-on parler de liberté si celle-ci ne peut s'épanouir qu'à l'intérieur de schèmes bien définis dictés par la pensée?

L'horizontalité de la pensée nous interdit l'accès au présent. Celui-ci est inaccessible tant que la pensée opère. Elle prend sa source dans la mémoire, celle-ci étant constituée de souvenirs, de savoirs, de connaissances etc.

Celui ou celle qui vit continuellement dans ses pensées est un être du passé. Il ne connaît pas la beauté du présent et ira (la pensée ne tolère ni ne conçoit son propre silence) jusqu'à affirmer que le présent est chose pauvre, dénué d'intérêt. La pensée ne veut pas mourir!

Attention! Je ne dis pas qu'elle est inutile (évidemment!) mais elle n'est efficace que dans un mince champs d'action. Le problème est qu'elle prend toute la place, avec les ravages que l'on connaît. Nos sociétés, depuis longtemps, ne connaissent que cet outil pour affronter la vie et ses milles problèmes. Nous ne connaissons rien d'autre et sommes, cela est troublant, incapables d'entendre ces voix qui nous ont questionné sur la pertinence ou l'impertinence de la pensée dans certains champs. Nous sommes pour ainsi dire à genoux devant elle.

L'endoctrinement peut prendre beaucoup de formes, plus ou moins subtiles. La "beauté" de certaines formes d'endoctrinements si je puis dire, qui ont cours dans nos sociétés dites libres, s'appuient justement sur des valeurs qui nous font penser ou croire que nous vivons, pensons librement alors qu'il n'en est rien. Notre liberté n'est au fond qu'une habitude, un pli, une tradition qui serait trop périlleux de remettre en cause. Nous préférons, et de loin, notre confort et notre sécurité psychologique à une remise en cause profonde et sincère.

Ainsi sans vouloir aller à la racine des problèmes nous continuons à élaborer des concepts, nous nous penchons sur ce qui devrait être au lieu de voir ce qui est.

Nous sommes des idéalistes parfois fort sophistiqués, avec des réflexions habiles, complexes voire compliquées.

Des milliers de livres écrits. Intéressants et inutiles.

Des milliers d'idées. Charmantes, désarmantes, subtiles, volatiles.

Je pense donc je suis?

La pensée s'arrête et cela est.

Confort et médiocrité vont de pairs.

Au fond nous ne voulons pas changer.

En toute bonne foi.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 19:33

Je suis musicien. Jouer avec les sons et les rythmes me fascine depuis mon tout jeune âge.

Pour qui se contente de voir les choses en surface, cela peut sembler puéril...Faire de la musique!.. Alors que tant de gens souffrent? Que les politiques nous mènent en bateau en toute conscience ou inconscience? Alors qu'un mouvement de peur semble étreindre la planète entière? Qu'un repli sur soi paraît, pour un nombre de plus en plus important de citoyens, comme une réponse adéquate aux problèmes qui surgissent! La misère physique, morale et...et...

Pour ma part, la racine de la majorité de nos problèmes, pour ne pas dire tous, se trouve dans notre conditionnement, notre culture dite humaine qui fait que nous nous pensons séparés les uns des autres. Depuis tout petit cette idée nous est transmise de mainte façons à l'école, dans les médias, dans nos familles. À tous les niveaux! C'est l'idée maîtresse et elle est rarement remise en question. Elle domine notre savoir, nos actions. Elle façonne l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes.

Sartre affirmait que l'enfer c'est l'autre. L'autre c'est moi lui rétorquerais-je et ce moi est une illusion!

L'égo n'a pas plus de réalité que ces personnages qui évoluent sur un écran de cinéma. Le problème c'est de croire dans cette illusion...Ce n'est pas la seule! C'est dans l'ordre des choses de la pensée que de créer des illusions. Notre culture accepte et trouve normal de se définir à partir de fantômes. Et nous payons le prix.

Nous sommes un. Il ne s'agit pas d'opiner du bonnet et voir cela comme une idée intéressante, un autre concept intellectuel que l'on remisera dans notre mémoire avec tout le reste. Il s'agit de vivre ce fait, ce qui est une toute autre histoire.

Une faible partie de l'humanité aura compris que nous sommes "un". Pas besoin de vous dire que cette minorité ne fait pas les premières pages des journaux, que ces gens ne font pas le "buz". On ne les entend pas parce que nous ne voulons pas les entendre. Nous préférons nos habitudes. Nous préférons notre confort (physique, intellectuel et moral) même si ce confort rend des millions de gens malheureux.

Cette petite idée (qui n'a aucune valeur si elle reste intellectuelle) par trop révolutionnaire demande un trop grand effort pour être populaire. La perspective qu'elle sous-tend donne le vertige. Vivante, elle rendrait complètement caduque les bases de nos sociétés, bases sur lesquelles se fondent le colonialisme, l'impérialisme ou toutes autres formes de domination pratiquées au jour le jour, dans les plus petites choses.

Que faire avec tout cela? Cette violence inouïe, cette injustice innommable, cette brutalité hallucinante, ce dangereux aveuglement si caractéristique de notre culture? Aveuglement entretenue par notre lâcheté, notre profonde indifférence qui profite à beaucoup de gens et en tout premier lieu à chacun de nous.

Ma goutte d'eau, mon minuscule grain de sable se nomme Da Li. C'est ma façon de dire qu'au-delà des différences, les humains vivent tous les mêmes choses. Le bonheur, la joie, la tristesse, la souffrance n'ont pas de couleurs ni de géographie particulière.

Da Li c'est ma voix. Elle exprime, après plus d'une douzaine de séjours en Chine, ce sentiment d'union que ces voyages m'ont permis de vivre.

C'est un chant, un bruissement à peine audible, un frémissement imperceptible.

Ce n'est pas l'espoir qui m'anime. Je n'ai pas de but.

Il fallait que cela soit fait. C'est tout.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 22:24

Celui qui vit la réalité d'instant en instant n'a aucun moyen de communiquer cette réalité.

Krishnamurti

Nous n'avons aucune preuve raisonnable, tangible, scientifique, rationnelle que Cela existe.

On en parle beaucoup sans l'avoir connu, on se tait et semble l'avoir rencontré.

Pour lui on a souffert, prié, tué, pleuré, dansé.

On s'est fait écrivain, musicien, peintre, poète pour mieux le célébrer.

On a aussi beaucoup exploité en son nom.

Pour lui on a construit des splendeurs.

On est mort pour lui.

Dieu? L'Amour?

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 21:22

Le souffle des pantoufles est aussi assourdissant que le claquement des bottes: ils trahissent une même servilité, une même surdité.

La musique se tait, s'éteint. Son teint? Blafard.

Du bruit; tesson qu'une gorge juvénile prend pour une mélodie.

Quand on dit: "Regarde!"

Écoute!

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 03:29

D'élection en élection nous sommes conviés à prendre part à cette grande fête de la démocratie. Pendant ces 11 semaines nous allons atteindre des sommets, des hauteurs-je le sens- où l'air raréfiée ne nous permettra de respirer qu'une fois sur deux, remplissant nos poumons de ce vide si caractéristique de la politique politicienne.

Pendant 11 longues semaines les protagonistes de cette aventure prévisible, de cette farce qui ne fera probablement sourire personne, feront semblant de s'opposer, de s'affronter dans des débats insipides, de s'engluer dans des comédies d'échanges de vues.

11 semaines pour faire le tour de ce que l'on connaît déjà. À moins de vivre sur une autre planète. Les médias jubilent, piaffent, s'ébrouent, s'affairent, se mobilisent: des experts vont nous faire croire qu'il y a de la substance à analyser sur 11 semaines!

Théâtre. Mauvais théâtre. Comédie triste jouée par des acteurs de troisième ordre qui n'entendent pas à rire. C'est leur gagne-pain...J'attends une tarte à la crème qui ne viendra pas.

Cinéma. Histoire dont le dénouement est déjà écrit. Quel que soit l'heureux élu...élu!

Aucun changement à attendre de ce côté. Ce qui me fascine le plus c'est de voir tous ces gens qui y croient encore! Insondable naïveté.

Pas de changements donc. Ou alors chirurgicaux, microbiens, moléculaires, atomiques! L'aspirine pour un cancer, le verre d'eau au lieu de l'amputation!

77 jours pour faire du surplace.

1848 heures à vivre sur une balloune.

11 semaines à nous promener...

Tiens, je vais me relire Jules Verne, ça va me dépayser.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 19:38

"Ceux qui déclarent que l'art ne doit professer aucune doctrine entendent ordinairement par là aucune doctrine opposée à la leur"

Borgès

Les artistes sont rares. Ils l'ont toujours été. L'époque contemporaine a ceci, entre autres, de particulier qu'elle a vu se multiplier des artistes d'un nouveau genre: des professionnels de l'art.

Une fois mise de côté l'activité à laquelle se consacre ces "artistes" (musique, peinture, littérature etc.) plus rien ne les distingue: une fois retiré l'habit d'artiste, apparaît le vulgaire, le plat, le morne, le sans intérêt, le commun. L'inattention dans ce qu'elle a de plus normale.

(Ils font des choses extraordinaires de façon ordinaire alors qu'il me semble plus intéressant de faire des choses ordinaires de façon extraordinaire.)

Ces grands spécialistes du camouflage feront l'affaire de bien du monde en fait. Adepte de la bien-pensance, jamais à contre-courant (ou alors professionnels du contre-courant en tant que "pose"), subtilement adaptés aux valeurs de nos sociétés fascisantes dans la mollesse d'une rectitude morale débilitante, ils ne sont en aucun cas "dangereux".

Ils seront les promoteurs (inconscients dans le meilleur de cas) d'un statu-quo. Sortes d'épouvantails subventionnés s'intégrant parfaitement au paysage, amis des oiseaux de mauvais augure, marionnettes complaisantes des quelques fonctionnaires repus de pensée unique tirant les ficelles de la création et de la nouveauté dans la mesure où celles-ci ne seront pas hostiles à leurs intérêts et leur crédibilité.

Quand la contemporanéité est devenue la seule voie "royale", l'unique chemin menant à Rome, la seule route pertinente et tolérée (totalitaire), celle par laquelle on décidera de la validité d'une oeuvre, l'artiste se doit, il me semble, d'être "anti-contemporain" en endossant pleinement son rôle: celui d'anticorps ou de révélateur.

Celui qui combattra les éléments pathogènes.

Celui qui fera apparaître l'image qui est proposée.

Imposée.

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