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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 03:14

Nouvelle ville, nouveau théâtre. Les tournées sont à la fois pleine de surprises mais aussi répétitives. Les mêmes gestes mais sans jamais les mêmes résultats. On bouge beaucoup mais au fond, les gens sont partout pareils. Il n'y a souvent que le paysage qui change.

 

Les sociétés que nous nous sommes construites sont à maints égards identiques. Bien sûr des différences de surfaces évidentes peuvent être observées mais le fond reste semblable.

 

Le même désir de sécurité matérielle et psychologique , de réussite, la même recherche de confort, une vie aisée sans trop de soucis. Et la brutalité qu'amène cette recherche de sécurité, le même sentiment et le "droit" de passer en premier quitte à bousculer un peu les autres, qui eux aussi...

 

Il fait 41 degrés. Une vrai fournaise. Difficile de simplement se promener. On cherche la fraîcheur par tous les moyens. 

 

En arrivant devant le théâtre nous avons la surprise de voir nos photos et la publicité qui les accompagne en format, disons, géant! Ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il s'agit de faire de la réclame! C'en est presque gênant, je dois avouer. En tout cas certainement pas habitué. D'ailleurs je ne m'y habituerai jamais. Je trouve toujours déplacé de faire la promotion de sa "gueule" ou de son nom et, en même temps, je sais que cela est nécessaire. 

 

J'ai décidément la fibre de l'artisan et non celle de la vedette...

 

Dans le train pour nous rendre à Shaoxing Keqiao, un jeune homme nous a fait goûter des crêpes qu'il avait fait pour son voyage. Crêpes croustillantes pliées en 4 avec à l'intérieur une sauce épicée dont j'aimerais bien avoir la recette. Vraiment délicieuses et pleines d'arômes ses crêpes! Petits moments de partage, sourire. Petits bonheurs.

 

J'observe depuis la fenêtre de ma chambre, il n'est pas rare de voir 3 personnes voire 4 sur un scooter. Le père, la mère, un enfant entre les deux et l'autre debout sur la plate-forme. Le concept de sécurité varie d'un pays à l'autre... Je me demande si parfois, au Québec, nous n'allons pas trop loin avec cette sacro-sainte sécurité...

 

Soundcheck dans une heure. Bien hâte de jouer!

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 01:23

Journée 2 de la tournée bien remplie comme prévue. Premier concert dans la province de Shandong au théâtre de la ville de Jining.

 

Nous sommes arrivés par train (genre TGV) et j'ai pu voir une région axée sur l'agriculture (fruits en tous genres, maïs, soya), le paysage ressemble par moment au sud de la France avec ses montagnes peu élevées garnies de rochers presque blancs avec un peu de verdure ça et là. Le temps est chaud et humide.

 

La ville de Jining me fait penser un peu à ces villes du far-west américain mais en plus moderne et grand...10 millions d'habitants avec son centre ville poussiéreux, des marchands de fruits le long des rues, une circulation anarchique mais quand même fluide, une vingtaine de jeunes filles qui dansent ou font de l'exercice, je ne sais trop, sur une musique genre disco des années 80. J'entends des flûtes au loin, je m'approche. À l'entrée du théâtre où nous jouons, un groupe d'étudiants jouent tous en même temps, chacun pratiquant son morceau ou ses gammes. Cela ressemble à un attroupement d'oiseaux, c'est gai et frais comme une oasis dans le désert. Beaucoup d'animation en tout cas, de musique , de bruits, de poussières, voitures, vélos, scooters, bicyclettes.

 

Avant le concert nous avons été invité pour un repas. Délicieux et plantureux, agréable pour l'estomac et pour les yeux. Des rouge, bleu, violet, jaune, vert. Piments, fleurs, légumes multicolores, poissons (C'est la spécialité de la région), poulet, mouton, des sauces variées pour accompagner le tout. Un régal! Nous sommes de nouveau invités après le concert pour un repas plus modeste mais tout aussi convivial.

 

Concert de 1 heure et 3/4. Un peu long, va falloir couper quelques morceaux. Difficile car chaque moment musicaux s'imbriquent et ont une suite logique. À retravailler donc.

 

Le théâtre est vétuste, je dirais usé par tous les artistes qui ont dû se produire ici. La salle est pleine (800-1000 places environ) et attentive. Le matériel fourni est comme le théâtre, un peu fatigué...rendra-t-il l'âme avant la fin du concert?

 

Je sens cette curiosité mais aussi cette hésitation devant le rôle que le public pense qu'il doit tenir devant la musique que nous proposons. Applaudir ou non? quand? À la fin d'un solo, c'est ok?

 

Pour les prochains concerts, nous allons donner quelques précisions sur cette musique, le jazz, qui reste encore une musique à découvrir dans certaine parties de la Chine.

 

Content du début de cette tournée. Content aussi d'être loin de cette campagne électorale québécoise qui après seulement une semaine, me tapait déjà sur les nerfs.

 

Le voyage ne devrait pas être une fuite, bien sûr. J'admets que le hasard a bien fait les choses pour ce coup-ci. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 03:20

Nous sommes arrivés à Beijing après un toujours trop long voyage en avion. 14 heures à regarder un film, tenter de lire ou de dormir, assis pas tellement confortablement avec ce bruit continuel et envahissant. Il est quand même extraordinaire que tout ça se passe à 900 kilomètres à l'heure et à 10,000mètres d'altitude! Les voyages en avion sont toujours violent parce que trop rapide. On ne voit pas les choses changer tranquillement autour de nous, on a pas le temps de s'acclimater, de voir venir les choses. On embarque à Montréal et débarque à Beijing sans transition. Violent dis-je.

 

Ce soir nous jouons au Eastshore Café, un de mes endroits préférés en Chine. Sur le bord du lac HuHaï, en plein coeur de Beijing, c'est un club de jazz apprécié de la gente estudiantine (pas de prix d'entrée) doté d'une ambiance, ma foi, un peu bruyante mais bien vivante. Son gérant, monsieur Lee, nous accueille toujours de façon chaleureuse. C'est le seul endroit que je connaisse (tout pays confondus) où on nous offre systématiquement un plateau de fruit à la fin de la soirée. Chose bien appréciée des musiciens.

 

Suis bien content de retrouver l'atmosphère bon enfant qui règne dans le quartier où nous logeons. À deux pas du Eastshore, notre hôtel se trouve dans un houtong, quartier populaire où on peut acheter des fruits, de la nourriture, des vêtements etc. Beaucoup de boutique, un peu touristique mais qui a gardé tout le charme de ce genre de quartier. Des cafés, restaurants en tous genres (de bio à fastfood), de petites terrasses accueillantes et j'en passe. On y trouve même le plus petit bar au monde (c'est ce qu'affirme un affiche à l'entrée): une (minuscule) table, 2 chaises...Je ne sais pas comment le proprio arrive à faire son profit...

 

Concert ce soir donc. J'ai bien hâte de "tester" le répertoire. Essentiellement composé de musiques de film, réarrangées pour un quatuor (basse, batterie, guitare et saxophone) il m'a fallu parfois pas mal de réflexion et de travail pour donner du sens à une musique écrite à l'origine pour orchestre symphonique par exemple...Donner aussi des plages ou des espaces pour l'improvisation dans une musique pas vraiment conçu pour ce genre d'exercice est un peu risqué par moment. Garder l'équilibre entre la composition, l'écriture et l'improvisation, respecter la "saveur" original d'un morceau sans en être l'esclave non plus...Apporter éventuellement sa touche personnelle sans être toutefois envahissant. 

 

Travail de funambule par moment...

 

Demain c'est voyage en train (2 heures et demi environ), répétition et test de son en après-midi et concert le soir.  

 

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 16:08

Une grande lassitude s'empare de moi. Une campagne électorale tous les quatre ans...J'en suis donc, grosso modo, à ma 10ième campagne. À chaque fois j'ai l'impression d'assister à une bataille de chiffonniers ou encore à des ex-conjoints qui se chamaillent pour savoir qui aura la garde des enfants (le peuple), qui a raison et qui sera le meilleur chef, qui sera le "boss".  

 

Et ça se tire dans les pattes avec toutes la mauvaise foi dont ils sont capables. L'autre, l'ennemi, l'adversaire ne fait rien de bon, ne peut pas faire quelque chose de bien ou de sensé. Ce serait reconnaître sa force, son intelligence et cela est hors de question. L'autre est mauvais parce qu'il est contre nous, il est de l'autre côté de la barrière, de notre barrière. De l'autre côté de nous-mêmes.

 

Que de puérilité, d'enfantillages, de perte de temps et d'énergie! Quelle vue étroite et sectaire! Caricature de débats, pauvreté de vision et petites lâchetés lâchées sans en avoir l'air de ci de là...Le mépris de l'autre avec ce sourire qui cachent les dents acérées. Bien oui! Nous sommes après tout...civilisés!

 

Je ne lis plus les journaux, je ferme la radio...Pour ce qui est de la télévision, je lui ai réglé son compte depuis plusieurs années déjà. 

 

J'ai lu les programmes, ça me suffit. Les débats, pour en avoir écouter quelques-uns dans le passé ne m'intéressent pas du tout. Discussions au ras des paquerettes, insuportables. C'est vrai que ça se passe souvent à la télé alors ils doivent rester lisibles et compréhensibles pour la majorité, celle qui se laisse bluffer par des discours creux et démagogues.

 

Les partis politiques mettent la moitié de leur budget électoral dans la publicité radiophonique et télévisuelle. Ce n'est pas là qu'on va vous expliquer et argumenter dans le détail. 

 

D'ailleurs on ne le souhaite pas. Nous risquerions de comprendre... 

 

Pour moi une campagne électorale devrait durée une semaine ou deux maximum. Avec de vrais débats, de vrais échanges...On fait durer pourquoi? Pour vendre de la copie? Avoir du contenu pour les bulletins de nouvelles? Pour être sûr de bien comprendre? Je le répète, quelques heures suffisent pour connaître les programmes. 

 

Par le plus grand des hasard je pars en tournée et reviens à temps pour voter.

 

Ça m'évitera d'entendre des politiciens, qui, comme des exs, préfèrent se jeter la pierre continuellement, au lieu de travailler et de s'entendre pour le bien-être et l'avancement du Québec. Si vous n'êtes pas avec nous vous êtes contre nous. C'est à pleurer!

 

J'imagine juste une seconde ce que cela donnerait dans un orchestre! Beau tintamarre en perspective...

 

Arriverons-nous un jour à cette maturité qui fait qu'au lieu de travailler les uns contre les autres, nous travaillerons ensemble, dépassant nos idéologies pour appliquer notre intelligence aux faits. Impensable aujourd'hui.

 

Faut croire que ce n'est pas tout le monde qui a cette espèce de sentiment d'urgence et que pendant que la maison brûle, on préfère discuter de la couleur du seau contenant l'eau qui éteindra le feu. 

 

Nous avons besoin d'une réelle coopération et pas à un semblant de convivialité, masque de la civilité sous des airs, déjà entendus, de douce tyrannie sauce démocratique. 

 

Je me demande parfois si ce n'est pas dans notre culture... J'imagine que les moutons avaient une vie avant les bergers...Non?

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 14:31

Lâcheté. Un mot plus tellement utilisé mais qui fait froid dans le dos quand on y pense. Un mot qui peut parfois résumer une vie. Un mot qu'on a peur d'utiliser car dans un monde "politically correct", celui qui a remplacé "sourd" par "malentendant", "aveugle" par "non-voyant", "ministère de la guerre" par "ministère de la défense" nous n'osons plus nommer une chose par son nom à l'instar de notre regard se détournant devant les choses qui nous dérangent. 

 

À force de biaiser nous finissons par avoir les idées courbes. Tout naturellement. Cette forteresse construite sur du vide, sur cette incapacité à affronter, climatisée ou bien chauffée, nous coupant de la réalité du climat de la vie nous donne cette assurance prétentieuse dont seuls les imbéciles sont pourvus.

 

La lâcheté nous porte à calculer sans arrêt pour ne pas nous retrouver devant les faits ou nous-mêmes. Obligés de constamment arranger, transformer, justifier pour faire coïncider la réalité avec notre angle de vue, nous instrumentalisons le présent et le vidons de sa richesse intrinsèque.

 

Certains le font avec brio et échafauderont tout un monde virtuel riche en apparence mais pauvre en ce sens qu'il ne correspond à rien. Un monde fabriqué sans réels fondements si ce n'est que celui d'élucubrations, de systèmes et de théories qui n'ont d'intérêts que de tenir occupé un cerveau qui n'est plus à même de se taire. Le bruit comme détournement, celui qui kidnappe l'attention nécessaire pour regarder et voir. Tourner le dos au présent vers un passé ou un futur que l'on imagine toujours fleuris.

 

Le lâche attend. Il s'occupe pour ne pas se rendre compte que finalement il attend. Il se perd en action, bouge sans cesse pour ne pas que la vie le rattrape, ce qu'elle fera le jour de sa mort!

 

Ce jour que je qualifierais de béni si j'étais croyant, implacable dans sa gande justice forcera notre regard à la regarder en face. La mort met les pendules à l'heure sans notre consentement. Elle devrait nous accompagner à chaque jour mais notre stupide prétention l'ignore, veut l'ignorer. Nous vivons comme si nous étions immortels avec des maladies de gens qui se pensent immortels. Nous pensons et agissons comme des dieux, dans le mauvais sens du terme...

 

Collectivement nous sommes lâches.

 

Une culture qui accepte que les enfants et le silence soient devenus des armes, eux qui nous ont rien fait, que les Arts ou la pensée soient devenus des outils pour l'expansion personnelle est une culture moribonde qui arrive à sa fin.

 

Il me semble, pour reprendre une idée d'Orwell, que l'optimisme est plus tragique que le pessimisme.

 

J'ajouterai que le pessimisme radical est peut-être le seul moyen de donner ses chances à un optimisme modéré. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 15:28

Je me demande si c'est le système dans lequel nous vivons qui inspire la façon d'être des gens ou l'inverse. Un peu des deux probablement. Si, comme on l'affirme (un peu trop vite à mon goût), c'est le système qui façonne les citoyens, il est de toute première urgence de prendre du recul avec ce système, cette culture.

 

La structure de notre société reflète, d'une façon générale, notre structure interne. On ne peut changer véritablement une société, sa culture, ses habitudes sans changer ceux qui en sont les acteurs. C'est là, pour moi, que se trouve une véritable utopie, une illusion tenace et peut-être millénaire.

 

Ainsi au fil des siècles, des révolutions, des applications de systèmes divers-communistes, socialistes, capitalistes et leurs variantes-nous tentons de faire mieux, de vivre mieux sans pour autant avoir le courage de faire le pas qui serait de se regarder en face et de voir notre vrai visage.

 

Prenons, pour rester simple, le cas de notre démocratie.

 

Je pense que la plupart des gens vous dirons et même affirmerons que nous vivons dans un pays libre, où nous pouvons faire ce qui nous plaît, dire ce qui nous passe par la tête, voter pour choisir ceux qui nous dirigerons etc. Si nous restons à la surface des choses, tout cela est vrai mais si nous creusons un peu nous pourrons assez aisément voir que cette liberté est fortement balisée, circonscrite dans une zone bien définie d'où il ne fait pas bon sortir. La cage est vaste mais reste une cage.

 

Il existe une forme d'hypocrisie, quelque chose de pervers dans tout cela et les rapports entre les gens prennent souvent la même forme, le même mouvement. La communication, ce qu'on prend pour tel, reste, d'une façon générale, définie dans un spectre très étroit et bien définie. Malheur à celui ou celle qui se permettra d'aller plus loin et sortir de ce cadre.

 

Le culte du moi, cette espèce de tour d'ivoire intouchable, empêche finalement une véritable communication de s'établir. Nos dialogues resteront au niveau de l'ergotage (parfois savant), soumis à notre confort émotionnel d'où nous sommes bien incapable de sortir.

 

Ainsi, la campagne électorale en fait foi, nous exigerons des changements voire une révolution mais sans jamais se demander pourquoi nous en sommes arriver là, c'est-à-dire dans une société pourvoyeuse d'injustices, d'inégalités etc.

 

Posons-nous la question: si nous étions justes, égalitaires, pacifiques, inclusifs autrement dit aimants, aurions-nous vraiment besoin de dirigeants pour nous dire comment agir, pour légiférer jusque dans nos actions les plus intimes? 

 

Nous voulons un gouvernement propre, non corrompu, égalitaire etc. mais chacun de nous sommes-nous ce que nous exigeons de nos gouvernements?

 

Par quel miracle des gens qui sont incapables de se remettre en question seront à même de pratiquer de vrais changements de société?

 

Je me pose la question.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 14:27

Lors de mes deux prochaines tournées (l'une à la mi-août et l'autre mi-septembre) je me propose d'écrire un journal de bord. Cet exercice me permet de prendre un peu de recul sur ce qui se passe jour après jour et de vous tenir au courant (pour ceux que ça intéresse) sur la réalité de la tournée dans un pays somme toute assez peu connu malgré l'information qui circule.

 

Comme je l'ai déjà souligné, ma compagne est chinoise. Grâce à celle-ci, j'ai pu dans le passé tenir des discussions (je ne parle pas chinois-pas encore) avec des gens de différents horizons (intellectuels, artistes, techniciens etc.) et ainsi avoir un accès privilégié à cette culture. J'y ai fait 10 tournées, enseigné à l'université de Guanzhou et donné de nombreux master class un peu partout dans le pays.

 

Des liens amicaux et professionnels se sont noués au fil des ans et je ne me considère plus comme touriste ou encore artiste de passage. Idem pour mes ami(e)s chinois(es).

 

Habitué que nous sommes à voir ce pays trop souvent diabolisé dans les médias, pris de haut du fait de notre système politique que l'on qualifie de démocratique et du leur qui est à parti unique on se gausse, des fois de façon subtile, de ce pays.

 

Ici au Québec, nous entrons très bientôt dans une campagne électorale qui déjà, sent bien mauvais. Cette mascarade démocratique, ubuesque par certains côtés, ne me dit rien qui vaille. Quiconque a parcouru les journaux ces derniers temps peut se rendre compte du cynisme qui prévaut chez beaucoup d'hommes et de femmes politique.

 

On se prépare, on répand ses millions de façon stratégique, on achète ou se vend, on calcule, soupèse ses chances dans tel ou tel parti, on va nous promettre des tas de choses-monts et merveilles- on va nous parler de notre fierté d'être québécois. On va parler de "votes stratégiques", de projets collectifs, de visions d'avenir, on va se battre, lutter les uns contre les autres, s'insulter, s'abaisser, reprendre les idées des autres pour les faire siennes tout en ayant vilipendé ces mêmes idées quelques semaines plus tôt.

 

Et nous allons participer, fustiger ceux qui ne pensent pas comme nous. La droite, la gauche, le centre, indépendantiste, fédéraliste, pour le privé, le publique ou un savant mélange des deux. 

 

La démocratie est un business et les moutons que nous sommes bêleront de satisfaction pensant que nous participons activement au sort du Québec. La démocratie pourrait donner quelque chose d'intéressant. Pas celle qu'on nous propose maintenant. Il y a longtemps que notre démocratie n'est plus digne de porter ce nom.

 

Nous vivons dans un pays à pensée unique ce qui est assez proche d'un pays à parti unique. Bien sûr, vous pouvez proposer des visions différentes mais ne vous avisez pas de prendre du pouvoir, de montrer trop de divergences dans vos options...Vous serez vite remis à votre place et rendu inopérants. De façon démocratique...Par des lois, en vous diabolisant, vous traitant de "communiste" ou "socialiste" des mots qu'on a pris bien soin de vider de leur sens profond pour ne brandir que leur squelette...pour faire peur. Et ça marche! Ça ne peut que marcher dans un pays où il y a un manque d'éducation flagrant et notre élite politique l'aura bien compris. Elle mise là-dessus. 

 

Oui, je pars en tournée dans un pays à parti unique. Un pays avec des problèmes immenses, soit. J'y perçoit cependant une volonté farouche de "faire mieux", d'avancer, de s'ouvrir, de connaître. Un pays où l'éducation est vu comme une condition sine qua non d'un meilleur vivre et non pas comme un danger, quelque chose de suspect.

 

En Chine on ne se cache pas la face, on ne se complaît pas, on ne se vautre pas dans une complaisance de soi-même et de son système. La prétention y est très mal vu, même subtile.

 

Quand on aura fini de se péter les bretelles avec l'ombre de notre démocratie, ce qu'il en reste, et qu'on ouvrira les yeux, on pourra peut-être commencer à parler de faire un pays.

 

Les premiers qui décilleront les yeux se feront taper dessus, au sens propre et figuré. 

 

On vous fera comprendre la liberté à coups de matraque s'il le faut...Ou à coups d'élections.

        

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 15:08

Quand je pense à la Chine, il me revient constamment une impression diffuse mais tenace: la solidarité. Solidarité qui peut prendre plusieurs formes. Je ne sais pas si les "experts", journalistes et correspondants, ont senti la même chose, en tout cas ils n'en parlent pas ou alors très peu.

 

Ce qui caractérise un pays ce n'est pas, en premier lieu, son organisation politique mais les rapports quotidien entre les gens qui forment cette société. Un étranger qui étudierait uniquement la politique contemporaine du Québec avec ses Jean Charest et consort aurait une bien fausse idée du Québec. C'est un peu ce qui se passe avec la Chine: on parle beaucoup de politique mais peu de sa culture, des rapports entre les gens au quotidien.

 

Juste pour l'anecdote: Une série portant le (un peu...) prétentieux titre "Comprendre la Chine" nous entretenait sur...la politique du logement, les taux d'hypothèques etc. Oui, je veux bien, ce n'est pas inintéressant mais...Croyez-vous un instant qu'en entretenant un étranger de la politique concernant le logement au Québec je ferai comprendre ce qui caractérise le peuple québécois? Je ne crois pas. 

 

Est-ce ma position privilégiée, le fait que ma compagne soit chinoise et donc me permet de voir la société chinoise de l'intérieur quand je m'y rends (famille, amis(e)s, confrères et consoeurs de travail etc.)? Que je suis à même d'observer les Chinois dans leur vie quotidienne, le day-to-day comme on dit? Ou alors sont-ce les difficultés que ma compagne rencontre ici et les discussions qui s'ensuivent pour comprendre et mettre au jour les raisons de ces difficultés? Le recul nécessaire par rapport à nos cultures respectives pour comprendre l'autre?

 

Ce sentiment de fraternité est frappant d'autant plus qu'il contraste fortement avec le sentiment également diffus mais tenace de notre individualisme voire égoïsme dans notre société. Mes retours au Québec sont toujours difficiles et mon acclimatation à cet indifférence somme toute culturelle, me fait mal et me désole à chaque fois. Cette indifférence se traduit par toute une flopée de petits gestes insignifiants mais qui détonnent sur l'ambiance que je perçois en Chine. 

 

C'est étrange à dire et j'en suis surpris moi-même mais je dois presque constamment porter un masque, le masque du "tout va bien" dans mes rapports avec les gens ici. Si on veut aller au fond des choses, aborder des sujets épineux ou problématiques, des sujets qui dérangent, on se rend vite compte du mur que ces masques imposent.

 

Je parle ici des choses qui nous touchent personnellement, nos habitudes ou façons de faire propre à chacun d'entre nous. Ça, c'est écrit défense d'entrer, on ne touche pas à ça, on en parle pas, on l'ignore, c'est mon domaine etc.. On peut aisément remettre en cause notre gouvernement, la société en générale, on peut voir les langues se délier avec une surprenante liberté mais s'il s'agit de parler de ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes, nos agissements...Silence...Masque...Malaise...

 

Que résulte-t-il de tout ceci? En ce qui me concerne, et cela est peut-être dû à mon expérience particulière, je veux dire tout-à-fait personnelle, il en résulte que je sens un grand vent de liberté dans mes rapports avec l'autre en Chine. Cette espèce de chape qui couvre nos rapports ici, je l'ai vu seulement quand je m'en suis libéré. C'est comme un poids que je traînais depuis l'enfance qui s'est tout-à-coup volatilisé. Sentiment de légèreté. J'insiste, j'en suis encore le premier étonné.

 

Étonné parce que j'ai toujours pensé que je vivais dans un pays libre et c'est vrai dans un sens, bien entendu. Mais que je sente, malgré moi, une sorte "d'apaisement psychologique" lorsque je me rend en Chine pourra en surprendre plus d'un.

 

Après avoir abandonné nos masques et être prêt à recevoir la critique (on ne se gêne pas là-bas), après avoir abandonné, même partiellement, notre ego et voir plus loin que nos intérêts strictement personnels, je vois d'immenses possibilités de partage (de réels partages s'entend) si et seulement si on est prêt à se remettre en cause, ce qui n'est pas dans notre culture. Notre concept de la liberté est finalement assez étroit et débouche sur l'exacerbation de l'individu, le culte du moi, liens directs avec l'égoïsme.

 

Pour bien comprendre ce concept particulier de la liberté on peut prendre comme exemples la France qui, pendant qu'elle promulguait les Droits de l'Homme, développait ses colonies en restreignant les libertés d'autres nations, ou encore les États-Unies, champion de la liberté, semant la terreur dans de nombreux endroits de la planète, toujours au nom de leur liberté ou encore plus proche, notre société dite, encore une fois, libre, assise sur l'éradication et le parcage des Amérindiens. Liberté pour soi et pas pour l'autre. Vous voyez un peu ce que je veux dire? 

 

Quand on est libre, on souhaite la liberté à tout le monde. Ou alors on doit avouer que nous sommes des tyrans voulant imposer notre conception...de la liberté. Non-sens évident, ne croyez-vous pas?

  

Je ne veux ni faire l'apologie systématique de la Chine qui connaît d'immenses problèmes, ni faire une description trop négative des relations qui prévalent ici au Québec. Je dis tout simplement ce que je ressens. 

 

Je ne connais pas les raisons profondes de tout ceci. Mais ce sentiment est fort et relativement nouveau pour moi.

 

Cette sensation de liberté, je la souhaite à tout le monde. Sentiment de faire un, au-delà des races et cultures, des idéaux et des partis-pris politiques si mesquins. Sentiment de réciprocité non feinte.

 

Sentiment d'être humain.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 14:04

Dans quelques semaines je repars pour deux tournées consécutives en Chine. La première au mois d'août et l'autre au mois de septembre. Deux projets différents.

 

Le répertoire de la première tournée est axé sur la musique de films et la seconde sur la chanson française.

 

Ce seront mes 11ième et 12ième passages dans ce pays. Mis à part les préparatifs "techniques" pour ces voyages, je me surprends depuis quelques jours à méditer ou réfléchir sur les différences profondes qui caractérisent le pays d'où je viens et celui qui m'acceuillera-la Chine en l'occurence.

 

J'écris "surprends" car j'ai l'impression que ma pensée se tourne ou plutôt prend ses distances avec ces deux cultures, les met en perpective, autant que faire se peut.

 

Je ne tomberai pas dans les clichés qu'on nous rabâche trop souvent ici et qui satisfont la plupart d'entre nous. Pour comprendre un pays il faut côtoyer et vivre avec ses habitants, manger avec eux, discuter, travailler etc. Faire tout cela sans toujours garder nos points de références, mêmes s'ils sont nombreux et profondément enracinés, notre culture autrement dit.

 

Fils d'immigrés-et j'avance cela sans prétention aucune-j'ai toujours gardé une distance avec la culture qui m'environnait ou alors les autres m'y aidait par leur attitude d'exclusion. Il faut dire aussi que l'étude prolongé d'un philosophe (terme un peu réducteur pour le qualifier) comme Krishnamurti n'est pas étranger à ma position de "déraciné".

 

Pour un arbre les racines sont évidemment vitales mais pour l'Homme je me demande très sérieusement si parfois elles ne sont pas un handicap. Certains parleront de l'importance de cette base pour se connaître: le "savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va". Je me demande si cette proposition n'est pas un prétexte pour notre pensée, elle qui recherche par tous les moyens de se sécuriser, d'exclure beaucoup de choses qui n'entrent pas dans notre façon d'appréhender le monde.

 

Mon histoire c'est celle des Hommes de cette planète. C'est large, je sais, mais en gardant ceci à l'esprit l'angle de vision paraît plus intéressant et moins étroit. Cet angle, qui n'en est plus un mais quelque chose de totalement ouvert, me sied tout-à-fait tout en me faisant exclure de beaucoup de gens qui pensent (encore) le monde sous le mode "tribal". Et c'est la majorité.

 

Il est en effet suspect de ne pas parler de l'amour que je devrais porter à mon pays, à refuser mes racines et même à tenter de les couper par tous les moyens. J'entends déjà ces voix qui me diront que l'amour de notre pays n'exclut pas les autres. Bien sûr l'amour-j'entends le véritable amour-ne peut exclure quoi que se soit mais soyons honnêtes et regardons autour de nous si nous sommes si inclusifs...Pas besoin de m'étendre et d'expliquer plus longuement j'espère...

 

En fait notre ouverture n'en est pas vraiment une. C'est un point fixe d'où l'on regarde alors que ce point , il me semble, devrait être "amovible", bougeant et vivant, fluctuant et varié, sans point de repère, sans angle et donc véritablement vivant.

 

Nous sommes ouverts mais à l'intérieur d'une fermeture! Paradoxal mais pas tout-à-fait faux...

 

Nous sommes ouverts mais pas jusqu'au point où cela deviendrait inconvenable...Ce qui est trop loin de nous est souvent mauvais ou à tout le moins médiocre, suspect. Ce qui est trop loin de nous est étrange, bizarre. 

 

L'étrange et le bizarre dérangent parce qu'il ne participent pas de notre angle même si, en apparence, cet angle se veut le plus large et ouvert possible.

 

Nous voilà donc à faire l'apologie de la tolérance alors que ce mot contient une grande part de racisme, d'incompréhension et d'exclusion.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 15:31

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la fête. Quand j'étais enfant mes parents organisiaient des soirées où était invité les membres de la troupe de théâtre dont ils faisaient partie ou alors des "coopérants" (c'est le nom qu'on donnait à ce moment-là aux Français qui, au lieu de faire "bêtement" leur service militaire, s'expatriaient pour une durée déterminée afin d'étudier et voir un peu de pays) qui étaient de passage au Québec.

 

J'ai souvenir de bouffes mémorables où les bons mots fusaient accompagnés de rire, de chansons, de vins, de discussions parfois musclées sur fond de camaraderie, de rencontre et de partage. De ma chambre où il était délicieusement impossible de dormir, j'humais le mélange de tabac et de victuailles, j'écoutais avec bonheur ce joyeux tintamare et finissait par m'endormir le coeur en fête. 

 

Autre temps, autres moeurs? 

 

Chaque année dans mon village de St-Gabriel de Brandon on organise une fête, le "Beach Party". Des centaines de jeunes se réunissent à la plage pour fêter. Idée sympathique pourrait-on penser. J'y suis passé pour voir. J'ai vu.

 

Des ambulances, voitures de police, camion de pompier ou de premiers soins, une floppé de gardiens de sécurité (t-shirts noirs, facies de repris de justice, tatouages et muscles compris) font le guet près des clôtures qui ont été installées pour délimiter l'espace de fête et éloigner ou décourager ceux qui auraient l'audace de voulor participer sans avoir payer leur droit à la dite fête. 

 

Une musique qui tient plus de "régulation de coït" qu'autre chose, assourdissante, abêtissante et omniprésente. Impossible de tenir une conversation sur la plage qui fait face à la scène. On ne danse même pas. C'est le festival des pectoraux, des fesses-du cul devrais-je dire- le festival du m'as-tu vu, le culte du corps, de la cylindré et de la performance du rien. J'ai donc je suis.

 

Les dizaines de bateaux à moteurs alignés devant la plage sur lesquels on a installé (ça vient avec le bateau) un système de son, vocifèrent leur musique ajoutant de la confusion à la confusion. On a l'impression que le pauvre lac, qui ne fait que quelques kilomètres carré, ploit sous cet assault de technique. Ça pue comme dans un garage à ciel ouvert.

 

Les détritus jonchants la plage apportent des notes de couleurs et sont les témoins que l'Homme passe par là. Les montagnes au loin se font toute petites, n'existent plus en fait. La magnifique lumière du couchant n'émeut plus personne, le bleu du lac, comme ce mendiant sur la rue, ne rencontre que des regards perdus, indifférents, hallucinés.

 

Et ça tombe comme des mouches, c'est la valse des ambulances qui tranportent ces pauvres bougres qui auront dépassé leur limite d'alcool et/ou de drogue dure.

 

Je rentre le coeur gros. Je viens juste de croiser un jeune homme affalé sur le trottoir. Des amis lui portent les premiers soins. Nos regards se croisent. J'y vois toute la misère du monde, la tristesse, un profond égarement, la peur et l'angoisse. L'enfer quoi.

 

Dites, c'est normal qu'une fête donne cette impression de désespoir?

 

 

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