On a fini par confondre la paix avec le silence. Il suffit qu’on cesse de tirer pour se croire vertueux. Le prix Nobel n’honore plus la réconciliation, mais la mise en veille. C’est un trophée d’époque, distribué à ceux qui savent bien parler d’eux-mêmes en parlant du monde.
Obama l’avait reçu avant même d’agir — récompense anticipée, promesse d’un apaisement qui n’a jamais vraiment eu lieu. Des drones, des frappes ciblées, des sourires impeccables : la guerre menée proprement, sans éclaboussure visible.
Trump, lui, c’est le contre-pied. Brutal, vulgaire, imprévisible, mais moins meurtrier qu’attendu. Pas de croisade, pas de mission, juste une sorte de vacarme sans guerre. Il n’a pas instauré la paix, il a simplement laissé la fatigue mondiale faire le travail.
Alors pourquoi pas lui ? Ce serait le prix de notre époque : celui de la paix par distraction, de la diplomatie par désintérêt. Une trêve sans cause, une accalmie sans mérite.
Je ne dis pas que ce serait juste.
Je dis seulement que ce serait cohérent.
Et c’est bien ce qui devrait nous inquiéter.