24 avril 2017
1
24
/04
/avril
/2017
15:37
Voter blanc, c'est raciste?
Hitler est le monstre absolu
La référence suprême
Le top de la haine
De l'esprit tordu
La bête qui se déchaîne
Le nec plus ultra
De la vomissure
Le salaud
L'ordure
Le crapaud
Le paria
La crevure
Dans les deux prochaines semaines
On verra une caste médiatique
Nous donner un jolie spectacle
Pour pas un rond
Celui de la haine
On va voir à l'œuvre la claque
D'une certaine république
Assister à une particulière conception
Du dialogue démocratique
LePen (re)deviendra Hitler
La femme à abattre
La catastrophe, la misère
On rappellera le nazisme
Les fours, le racisme
On parlera de fascisme
De Vichy, de Pétain
Des rafles et des trains
On annoncera la fin de la France
Son déclin et sa souffrance
Tous en chœur
D'une même voix
À l'unisson
Tous faire peur
Le cœur en croix
Comme solution
Comme un médicament
Sentant mauvais
Goûtant méchant
Le prendre
Absolument
Avaler
Dégoûtés
À reculons
Se rendre
Y aller
Sans coup férir?
Voter Macron
Se le farcir?
Non! Non! Non!
Pas question!
En enfer si je mens
Je préfère l'abstention
Ou le vote blanc
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
24 avril 2017
1
24
/04
/avril
/2017
03:13
Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.
Jacques Chirac
La peur de l'autorité
Le culte de la jeunesse
Le présent qu'on fixe
Le vide comme sécurité
La prise de risque
Ce qui en reste...
Une sorte de syndrome
De Stockholm:
Aimé les hommes
Qui nous enferment
Nous transforment
Nous mettent en berne
Pour un futur terne
Un avenir morne
Amor fati
C'est mon parti
Pas facile
D'être philosophe
Pas une seconde!
D'être gracile
Dans un monde
De "Toughs"
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
19 avril 2017
3
19
/04
/avril
/2017
17:57
J'ai lu quelques papiers qui annonçaient un 2ème tour Fillon-LePen. Ce ne sont que des sondages, des pronostics. Ça vaut ce que ça vaut.
LePen-Fillon?
Non mais ça va pas?
Le peuple!
T'es con
Aveugle
Ou quoi?
T'aimes pas Melenchon?
C'est ça?
Passe mal à la télé ?
Trop grognon ?
Trop cultivé ?
Pas assez mignon ?
Trop vieux ?
Athée !
Pas assez ci
Trop de ça
C'est pas le Messie
Mais mieux
Quand même!
Que Fillon-LePen!
"Nouveau Chavez français!"
"Un nouveau Cuba!"
T'écoutes trop les médias
Tu lis trop
Certains journaux
L'Express? Le Figaro?
T'es vraiment con
Quand tu t'y mets.
LePen-Fillon
T'es bête ou quoi?
Là, c'est toi
Qui va te faire tailler
Un costume
Tu vas y goûter
Prendre des prunes
Comme de coutume
Dans ta bonne poire
Te faire tailler un costard
Après? il sera trop tard...
Quel choix!
Droite ou extrême-droite
Riches voies...
On aura compris!
Plus de gauche caviar
Assez de gauche libérale
Le sociétal
T'en a marre
Faut quand même être abruti
Que ça chauffe
Malheureux!
Être de drôles de démocrates
Voter pour ceux
Qui te mettront en boîte!
Te souhaite un bon quinquennat
Avec ou Fillon ou LePen
Tu me pardonneras mes éclats
Mais tu me fais beaucoup de peine
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
18 avril 2017
2
18
/04
/avril
/2017
17:49
Vous entrez chez le prochain pour fuir devant vous-mêmes et de cela vous voudriez faire une vertu : mais je pénètre votre « désintéressement ».
"Ainsi parlait Zarathoustra" F. Nietzsche
Amant de l'exotisme
De l'érotisme des confins
Tu te détestes.
Euphémisme!
D'un pas leste
Mais certain
Un zeste d'émotion
Un geste de négation
Tu ignores
Que tu adores
Ce que tu n'es pas
Tu restes
Sur le pas de ta porte
En quelque sorte
Sur le pas
De toi
Le replis sur l'autre...
Comment pourquoi?
Tu te vautres
Dans le déni narquois?
Cela te tuera!
L'ouverture à soi...
Comment pourquoi?
Tu ne comprends pas?
Pour toi cela n'a de sens
Que de soi la connaissance?
Mais dis-moi
Qui va vers l'autre
Si tu n'existes pas?
Les racines ont des ailes.
Sous l'étreinte de la mémoire
Elles donnent la part belle
Aux souffles de l'histoire.
Mordre dans le sel
De ce pays étranger
Fatigué, éreinté, usé
Par ses vagues dérisoires
Pourtant empreintes
De gravité
Changer de paysage
Non pas d'idées
Rester bien sage
À regarder béât
Un autre visage
Le panorama
Sans bouger
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
16 avril 2017
7
16
/04
/avril
/2017
13:43
Bientôt en France
Un nouveau président
Un nouveau chef qui s'avance
Plein d'entrain et de plans
Pourquoi mais pourquoi donc
Que le diable m'emporte si je me trompe
Si je me fais des illusions
Pourquoi suis-je donc persuadé
En espérant être loin de la vérité
Que ce nouveau-ci s'appellera Macron?
Cet ancien nouveau jeune
Belle gueule de golden
Quelque chose de Vian
Dans l'allure
Sans le jazz
Beaucoup de vent
De parlure
Sans extase
Insipide, indifférent
Intelligent et branque
De la finance
Ancien de la banque
Les deux pieds
Dans cette fange
À tous les râteliers
De l'espérance
À la fois
Tout
Et n'importe quoi
C'est bien lui
Filou
Qui a dit
"Il n'y a pas de culture française"
Ma foi
Cet homme ne manque pas d'aise!
Quelconque et sans danger
Un soupçon traitre
À n'en peu douter
Pour ses amis nos maitres
Il fera
L'avenir le dira
Élu et sans élan
Un autre président?
Conformisme de la rebellion
Le ronron mortel de l’indignation
Fond de commerce jubilatoire
Cherchant dans les fonds de tiroirs
À remplir les creux de nos saisons
On éructe et clame
Exulte, rejète
À se fendre l'âme
Replète et satisfaite
Des échos de sa propre voix
Extase de l'esprit déchu
Qui l'eut cru!
Collant pourtant
À une nouvelle doxa
Ne prenant plus le temps
Comme éjaculation précoce
Le soir de noces
De leur gosier, des bruits articulés
En forme de croix
Des sons appropriés se déploient
Sans que le cerveau ne soit impliqué
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
11 avril 2017
2
11
/04
/avril
/2017
17:49
Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie.
J. Prévert
Comme la rose
Sa prose
Sous la fleur
Portait des épines
Écorchant parfois
L'amour propre
De ceux qui en croquent
Les consciences torves
Les regards borgnes
Laissant pantois
Les compteurs à zéro
Les riches cloportes
Les curés un peu trop...
Philanthropes
La férocité
Sourire aux lèvres
Le bon point
La bonne grève
Casquette vissée
Cigarette et sourire en coin
Lever le poing
Élever la voix
Sans hurler
Sans gueuler
Indiquer une voie
Sans jamais rêver
De triompher
Qu'il est grand!
Méticuleux orfèvre
Jonglant et maniant
Le verbe qui claque
Qu'il est bien!
Qu"il est haut!
Qu'il est bon!
Le fouet qui oint
La poésie qui frappe
Les cerveaux
Avec précision
Attaché à son pays
À sa langue et son esprit
À la fraternité
À l'égalité
Aux peuples, aux ouvriers
Aux mal-aimés, aux délaissés
Aux petits
Aux perdants oubliés
Sans-dents
À ces ceux sortis du nid
Dont un certain progrès
Les rayant d'un trait
Les raillant sans arrêt
Progrès condescendant
Ne leur offrant
Finalement
Que peu d'attraits
Ce cher Prévert
S'il s'en cogne
De notre époque!
S'il s'en moque!
Et sans doute
Un peu pervers
Sans vergogne
Par un quelconque cuistre
Se fera traiter
À n'en pas douter
De populiste!
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
20 février 2017
1
20
/02
/février
/2017
02:25
On peut dire de Voltaire qu'il est anti-esclavagiste comme on peut sans doute affirmer que Trump est démocrate. Ces deux affirmations sont véridiques. Hélas, quand nous avons dit cela nous n'avons pas dit grand chose. On pourrait tout aussi bien qualifier Trump d'anti-esclavagiste (jusqu'à preuve du contraire...) et Voltaire de démocrate, même si ce dernier avait, c'est le moins qu'on puisse dire, une conception, disons jacobine ou si vous voulez bourgeoise de la démocratie.
On connait assez peu sa philosophie sociale et politique. Voltaire écrit dans son Essai sur les Moeurs et l'Esprit des Nations cette chose accablante: "un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourrit par lui et le gouverne". Une vision d'une société légèrement élitiste vous en conviendrez. La constituante, où l'ombre de Voltaire planait sans aucun doute, stipulait, proposition faite par l'abbé Sieyès, que les citoyens se partageraient en deux catégories: les passifs et les actifs. Vous avez deviné que les passifs-les pauvres, ceux qui ne pouvaient payer d'impôts - n'avaient pas le droit de vote et que les actifs - les riches - avaient droit de vote. "Démocratie représentative"? Représentative de qui? On peut penser, sans être cynique, que cette conception de la démocratie a du traverser la tête de quelques dirigeants lors du Brexit ou encore lors du référendum de 2005 en France où le peuple a rejeté en masse l'idée d'une constitution pour l'Europe...et qui se l'ai fait imposé quelques années plus tard!
Henri Guillemin reprenant les mots de Robespierre, nous donne un résumé de la philosophie sociale de Voltaire: "Une philosophie pratique réduisant l'égoïsme en système, qui considère la société comme une guerre de ruses, le succès comme la règle du juste et de l'injuste, le monde comme le patrimoine des fripons". Un résumé légitime selon Guillemin.
N'est-ce pas là une philosophie que nous ne connaissons que trop bien? J'allais écrire "trumpienne"! Et pas que!
Je pourrais écrire les "bons coups" de Voltaire mais ceux-là nous les connaissons très bien: ses combats pour la liberté d'expression (quoique ses déboires avec Rousseau, ses filouteries à son encontre et bien d'autres choses pourraient nous faire douter de sa totale honnêteté dans ce domaine-voir la video de Guillemin à ce sujet), son anti-christianisme, son anti-esclavagisme notoire (?) même s'il écrit dans son Essais sur les Moeurs et l'Esprit des Nations (Tome 8, page 187) : « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. ».
Contradictions? Homme d'affaire avisé? Sans doute un peu des deux.
Diaboliser ou sanctifier revient au même: nous nous éloignons de la vérité. Comme le dit si bien René Pomeau, grand spécialiste de Voltaire, dans son livre (en cinq volumes!) "Voltaire et son Temps", "Rien de plus facile que d'accabler Voltaire en dissimulant ce qui gêne". Et les choses qui gênent chez Voltaire sont pléthores.
Il suffit juste de s'y intéresser un peu. Un tout petit peu.
On pourra lire une biographie "positive" de Voltaire, ou scolaire, malgré tout riche et intéressante, écrite par Jean Orieux aux Éditions Flammarion.
Pas le temps de lire? Quelques liens pour en savoir plus et mieux.
https://youtu.be/21wbMNUzHzw
https://youtu.be/WWx_svVlI9o
https://youtu.be/sicSOROTNEc
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
15 janvier 2017
7
15
/01
/janvier
/2017
16:26
Envers et contre tous
Définition 1: "dans la direction de" (10ème siècle)
Définition 2: "Faire quelque chose malgré les conseils opposés des personnes qui nous entourent" (16ème siècle)
17ème centurie
Probablement
L'apogée de l'Occident
Du fond de leur abîme
ou selon, de leur cîme
Molière, Corneille et Racine
La Fontaine, Mozart, Bach
Sans oublier Descartes
Par la peau des dents
Échappés de la furie
De leurs vénérables descendants
Entre sens et parements
Amantes et amants
Enlacés
Libres
Juste équilibre
Entre le "dire" et le "penser"
Le génie
Du naturel et du construit
En ces temps d'éreintes
Vaut mieux être un Philinte
Qu'un bruyant Alceste
Sans demander son reste
Suivre son chemin d'airain
Voie faite d'indifférence
Et d'espoirs non feints
Sans fins, sans freins
Sans fin
Cet amour de portée (musicale)
Sur un air de discorde (banal)
Entendu
Une note ratée
Au bout d'une corde
S'est pendu
D'une mélodie ardue
Une note s'est perdu
Solitaire
Elle cherche en vain
Salutaire
Un air contemporain
La puérilité
Nue
S'empare du virtuose
Tellement!
Qu'il n'ose
Plus
Jouer la vérité
Il est de ces amours envahissants
Dont il vaut mieux rester distant
Se méfier
Petits jouets
Que ces amours étouffaient
Qui vous font tant
À tout jamais
Enfant
Parfois
Chez certaines gens
Il est évident
Et je suis courtois
Que pour elles
L'amour est mur
Voile et chape
Au-delà desquels
Personne ne murmure
D'où rien ne s'échappe
Chose indiscutable
D'apparence irréprochable
Forteresse de bons sentiments
Dégoulinant de tendresse
Amour répugnant
Suintant la faiblesse
Forme de pouvoir
Éternel
Maternel
Le mal nommé amour
Est un bien mauvais détour
Des mains de gens d'avoir
De ceux masqués d'atours
De ces hypocrites
Qui profitent
De cette innocence
Que rien n'offense
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
10 janvier 2017
2
10
/01
/janvier
/2017
16:07
On ne crée qu’à partir de rien, on invente à partir de tout.
6 :30
Je m’éveille. De mon lit j’observe le jeu de lumière dans le feuillage des arbres. Des ombres sans contour dansent sur le mur de ma chambre. Il pleut. Les fenêtres donnent plein sud. Je couche sur le papier quelques idées. Je me relis et m’endort. Fascinantes ces idées...
10 :00
Un flash. Je me réveille en sursaut. J’ai fait un rêve formidable. Aucun souvenir. Je cours une dizaine de kilomètres, fais un tour de vélo (une vingtaine de kilomètres).
10 :03
Je m’éveille à nouveau et me lève. En pleine forme. Sous la douche une mélodie prend forme dans ma tête et se déploie gracieusement. Trop de shampoing, la mousse tombe à mes pieds. Le bain devient glissant et dangereux.
10 :29
Jus de pamplemousse fraichement pressé, pain 3 farines (blanche, blé complet et sarrasin) fabriqué par mes soins, avocat nature, saumon fumé. Un délice ! Ai oublié la mélodie.
11 :03
Il est là, imposant au milieu de la pièce, séduisant et encombrant tout à la fois. Quelque chose d’humain chez lui. Un peu de piano. Faudra que je fasse un peu de technique au saxophone. 2 accords que j’aime bien. Je note.
15 :48
Arrête mes lectures. 4 bouquins trônent sur la table du salon : philo, sociologie, science (vulgarisé) et une biographie. Je lis trop. Ça m’empêche de réfléchir. On pourrait passer une vie à lire ! J’imagine un musicien qui passerait le plus clair de son temps à écouter de la musique. Pas de sens. Autant se promener, faire son jardin, nettoyer la maison. Ou ne rien faire. Tout est dans la façon. Faire de façon extraordinaire des choses ordinaires plutôt que faire des choses extraordinaires de façon ordinaire...Se promener...Faudrait que je fasse un peu de saxo.
17 :27
De retour de ma promenade. Petite fringale. Olives, tartinade de tofu, verre de vin.
18 :04
Un peu de saxo, le temps de sentir que les doigts prennent leur place naturellement, les notes coulent avec fluidité. Depuis quelques mois le son a gagné en substance sans aucune raison apparente. J’observe avec mes oreilles. J’évite de travailler sur des concepts. Trop restrictive cette approche. Trop de méthode rend le jeu mécanique, prévisible. Je tente de travailler à la façon d’un peintre. Je peins et je jette. Je joue et j’oublie. La mélodie de ce matin ou sa sœur réapparait au détour d’un trait. Cette fois je note et monte au studio. Nouvelle composition. J’espère qu’elle tiendra le coup. Demain ou la semaine prochaine elle prendra peut-être le chemin de la poubelle ou alors ce tiroir qui déborde de bonnes idées qui ne servent à rien. Un jour peut-être...
20 :39
Je visionne le film « Dans la maison » avec Fabrice Luchini. On ne fait pas de bonne littérature avec de bonnes intentions paraît-il. Avec quoi devrions-nous faire de la bonne musique alors ?
22 :26
Retour au studio. Intègre les deux accords trouvés ce matin à ma nouvelle compo. Je sème. Nouveau visage, amputation, élagage, chirurgie, plâtrage, amincissement, bouturage, coupure, greffe, labourage...opération à thème ouvert. Un musicien est aussi un chirurgien, un jardinier, un paysan. Sa terre ce sont les sons. Une mère pour aimer mais surtout un père pour sacrifier. Il est bon qu’il soit aussi terroriste sans pitié faisant éclater ce qu’il aura construit la veille. Combien il faut d’amour pour dire non ! Que de destruction pour arriver à une naissance !
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
9 janvier 2017
1
09
/01
/janvier
/2017
22:18
"On peut être tenté d'aimer que le mot "art" puisse donner à des gens le sens de la grandeur qu'ils ignorent en eux"
Malraux
« Je consomme de la culture ».
Quand j’entends cette expression une grande tristesse m’envahit. Mais pas que. Une colère sourde, un agacement lancinant mêlé de stupéfaction et pour tout dire un léger désespoir m’atteint. Le degré d’asservissement qu’une telle phrase implique me laisse bouche bée.
Utiliser ces mots dans une même phrase -consommer et culture- démontre à quel point nous pouvons intérioriser un concept qui nous place finalement au rang de tube digestif. Celui-ci remplit des fonctions essentielles, cela va sans dire, mais il n’est pas vraiment reconnu pour sa conscience ou sa capacité à prendre du recul face aux choses qui lui sont proposées. Il digère. Ou pas.
Se définir comme consommateur c’est accepter l’apathie que ce mot suggère par définition. On pourra rétorquer qu’il y a des consommateurs avertis. Cette expression est, à mon sens, encore plus pernicieuse, un peu comme « développement durable » ou « croissance négative » ou encore « lien social », « discrimination positive » ; des expressions qui auraient pu tenir dans le livre d’Orwell « 1984 » ! des expressions qui inhibent, déconcertent et au final rendent difficile la réflexion, la prise de position, quelle qu’elle soit. Elles désamorcent les conflits potentiels (sans les régler), escamotent les points de vue différents et contradictoires. Ce sont des éléments de langage manipulatoires. En prendre conscience est un pas de plus vers l’autonomie, une plus grande capacité à penser juste.
Il est clair qu’une économie de marché a plus besoin de gens qui consomment que de gens qui réfléchissent. Selon moi, c’est à partir de cette constatation que nous devons poser le problème de la perte de qualité de notre système éducatif. Isoler ce problème de ce que le néo-libéralisme exige et/ou implique est une erreur et pour tout dire un peu fallacieux. Les nombreuses et catastrophiques réformes (aujourd’hui dès qu’on entend ce mot on sait que l’on va perdre quelque chose...) auxquelles nous assistons depuis plusieurs décennies ne sont peut-être que la réponse logique ou la pente naturelle qu’un tel système induit.
Lire un roman, consommer un roman. Écouter de la musique, consommer de la musique. Assister à des expositions, consommer de l’art.
Ces formules suggèrent deux attitudes complètement différentes.
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture