26 mai 2017
5
26
/05
/mai
/2017
20:10
Rapport d'assemblée
Lors d'une importante réunion
Nous avions décidé
D'éradiquer la pauvreté
Après réflexion
Et beaucoup de tergiversations
Nous changeâmes d'opinion
Valait mieux "s'en occuper"
À son crochet
Trop d'organisations en dépendaient
Trop de fondations en vivaient
Par cette idée audacieuse
Trait de génie
Un brin vicieuse
Nous-mêmes surpris
En sommes venus à cette conclusion
Transformons-la en industrie!
CQFD
La vie est un mystère
Voilà pourquoi
Je ne comprends pas
L'hystérique besoin
Qu'ont certains
De se faire remarquer
De plaire ou son contraire
Jamais fortuit
Tout pour exister
Dans les yeux d'autrui
L'intelligence mène à la simplicité
Le supérieur vit caché
Le poète et ses bagues
Ses guerres et son bagout
Une bonne blague!
Être contre tout
Ostensiblement
L'art à vendre?
Donner
Mais surtout prendre
Être complètement
Ce contre quoi
On se bat
Il n'y a pas pire sourd que celui qui croit qu'il voit
Prisonniers d'une gangue
Des idées tanguent
Je sais que je ne sais rien
Ou si peu et pas bien
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
25 mai 2017
4
25
/05
/mai
/2017
10:10
Indigeste indigence
Je me ris
Des gens
Sans façon
S'autoproclamant
Monuments
Les pédants
Qui
Sans avoir lu une ligne
S'imagine digne
D'une opinion
Liberté de fer
Vivre en solitaire
Contraire de l'ingrat
Achever cette voix
Qui se terre:
"Chacun pour soi"!
Mener des guerres
Comme des feuilles
Éphémères
Qu'importe le vent
Les forces qui rudoient
Faire son deuil
Constamment
En sachant pourquoi
Sous toutes les latitudes
Marcher au large
En longitude
En marge
Fuir tous les dogmes
Apprendre les hommes
Tenter de les aimer
En restant distant
Se forcer à comprendre
Les plus torturés:
Les cons intelligents
Mains en terre
Par les cornes
Prendre les racines
Tracer sans bornes
Des chemins de faire
Au-dessus des abîmes
Doutes
Je me questionne
Avec raisons
Sur ces diplômés
Cherchant pitance
Et positions
Du côté frais
Du progrès
Belle croyance!
Faudra y regarder
De plus près!
Chercher le pouvoir
Vouloir sortir de l'histoire
Par d'antiques pratiques?
Cette vieille politique
Des partis qui séparent?
L'agonie
La mort
Laisse-les pleurer
Ils tentent de conjurer
Leur sort
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
23 mai 2017
2
23
/05
/mai
/2017
15:15
Ciel de fer
Bleu de métal
Prend son temps
Verdoie
Et s’étale
Azur d’enfer
Tombé des nues
Rougeoie
Impatient
L’orange soleil
Ingénu
Ouvre un oeil
Et s’éveille
C’est l’heure
Il se prépare
Dans sa tête
Tout part en vrille
C'est la fête
Direction Manchester
Le soleil brille
Sans rire
Demain sera martyr
Combien de morts
Encore
De tares
Et de sang
À l'Est
Comme à l’Ouest
Crépuscule dément
Comme la peste
Se répand
L’étoile se couche
En couleur
L’univers accouche
Sans douleur
Hors du temps
Ni rire
Ni pleurs
Indifférent
Du pire
Ou d'une fleur
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
22 mai 2017
1
22
/05
/mai
/2017
07:55
Cinglant, ce poème que je qualifierais de civil ou si vous préférez, de citoyen, fait état de mon expérience dans le milieu artistique: déjà près de 35 ans! Un environnent où, le plus souvent, nous rencontrons des êtres charmants, captivants, surprenants, bourrés de talent. C'est aussi un milieu où il est difficile, très difficile de ne pas jouer le jeu des médias, des critiques, des politiques, des chroniqueurs, des intervieweurs de tout crin. En fait l'artiste carriériste n'existe pas. Pour moi un artiste qui ne jouit pas de liberté, - et le carriériste est peut-être beaucoup de chose mais n'est certainement pas libre - qui ne se donne pas la possibilité d'être libre ne mérite pas le titre d'artiste. C’est peut-être la chose la plus difficile à préserver.
Or presque tout dans notre société tend à nous enlever cette liberté; même et peut-être surtout la liberté de pensée, ce qui me paraît fondamental. Les valeurs que transmet cette société sont intrinsèquement liberticides à commencer par la marchandisation de la culture. On évalue pratiquement toute production en fonction de critères de marché (combien cela va-t-il rapporter), de jauge (combien de public), de crédit (l'aura de l'artiste, son succès, peu importe la pertinence de sa démarche). L'uniformisation (l'originalité et la spécificité sont devenues des barrières au lieu de tremplins) et son corolaire, la médiocrité, étendent leur ascendant, aidés en cela par les médias dominants - surtout la télévision -, favorisant la paresse intellectuelle et une certaine frilosité pour tout ce qui est "en-dehors des clous", différent, au-delà des normes édictées (la façon dont ces normes sont imposées le sont d’autant plus pernicieusement qu'il faut qu'elles laissent croire que nous vivons dans un pays « libre »).
C'est ici qu'apparaissent les carriéristes. Pétris de valeurs marchandes, ils sont devenus eux-mêmes marchandises...et se vendent, péripatéticiens dans l'âme, hétaïres de la culture. Le plus étrange c'est de voir ces braves types (beaucoup de femmes aussi, cela va sans dire) avoir à ce point assimilé, intériorisé ces concepts marchands qu'ils seraient probablement les premiers surpris par eux-mêmes s'ils se mettaient à réfléchir sur le sujet. Pas facile de découvrir qu'on a fait de toi...un courtisan!
Tout le monde connaît la roublardise des vendeurs. La même chose s'applique donc à ces "artistes" carriéristes. Ils n'existent pas et pourtant je les ai rencontré...
Il a souvent du talent
Mais il est bête et complaisant
Pas toujours méchant
Ça dépend
Il s'imagine debout
Et vit assis
Voire couché
Cela dépend de vous
Satisfait de lui
Il se met en scène
Comme la viande
Sur l'étal du boucher
Un chouïa obscène
Souriant
Il en veut
Très sérieux
Toujours en piste
Ne l'oublions pas
C'est un artiste!
À terre les genoux!
Grenouiller
Par en arrière
Canailler
Par en-dessous
Coucher avec les médias
Leur faire la cours
Certains qu'un jour
Ça servira
Émettre des idées bouffies
Cernées pour avoir trop servies
Recycler sans risques
Des restes indigestes
L'art triste:
De l'ennuie
Des gestes
Sur un lit défait
Un art replet
L'artiste carriériste
Sait bien ce qui plaît
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
20 mai 2017
6
20
/05
/mai
/2017
16:54
« (...) ce qui ne cesse de se produire et de se manifester le plus ouvertement devant nous –mais si continûment et de façon globale –pour autant ne se discerne pas. Discret par sa lenteur en même temps que trop étale pour qu’on le distingue. Il n’y a pas là éblouissement soudain qui aveuglerait le regard par son surgissement ; mais, au contraire, le plus banal : ce partout et tout le temps offert à la vue, de ce fait même, n’est jamais perçu –on n’en constate que le résultat. »
François Jullien
Les transformations silencieuses, Éditions Grasset
Un changement s'est opéré
Imperceptible et continu
On ne peut le repérer
Glissement inconnu
Invisible à l'œil nu
Limite bordée d'insaisissables contours
Un chavirement se produit
Où finit le jour?
Où commence la nuit?
Donner sa langue aux chats
Vendre son os aux chiens
Faits comme des rats
Mine de rien
Tu préfèrerais que je ne dise rien
Que je souffle dans mon saxo
Tous ces couteaux
Plantés dans des reins
Que j’ignore
Coeur d'airain
Malheureux
Ces ponts d’or
Ou ces faux joyaux
Rivés à nos yeux
Tu voudrais que je me taise
Que je ne souffle sur des braises
Comment veux-tu que je reste coi?
Mes mots en écharpe?
Frire sous cape?
Que je mette un bémol?
Je t'aime !
Souviens-toi
Carpe diem !
Tu me demandes: pourquoi?
J'te réponds: tu es folle!
Idées stériles
Mauvais goût pérenne
Babil futile
Ignorance sereine
Ultime tour de piste
Terminer sa vie
En clown triste
Qui n'a rien appris?
C'était en janvier de l'hiver dernier
Une marée blanche avait ouvert les portes de l'ennuie
Les couleurs, les odeurs, la chaleur et les bruits
Tout cela s'en était allé
Sur une carreau gelé
Des étoiles givrées
Turbulences stratifiées
Baroques esquisses d'un artiste oublié
Sur le dos, couchée
Les pattes croisées
Immobile, pétrifiée
Elle attend
Le printemps
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
14 mai 2017
7
14
/05
/mai
/2017
11:05
Je vivais en France
J'étais dans le train
J'allais à Coutances
Huit heures du matin
Doux visage opale
Attendant sur le quai
Amoureuse désespérée
À peine vingt ans
Catholique
Elle portait le voile
Les yeux au-dedans
Hermétique
Soudain
D'une grande beauté
Son regard...
Quelque chose nous lie
Surpris tous deux
Nos destins
Se croisent
Se toisent
Le temps
D'un instant
Par hasard
Je lis
Son désespoir
Dans ses yeux
J'ai rencontré
J'ai lu
L'immensité
J'ai vu
Trop tard
Dieu
Jamais dans le monde il n'y eut plus belle histoire
Celle de l'amour d'un papillon pour un quasar
Jamais il n'y eut plus beau récit
Celui du hasard
De la vie
Et de l'espoir
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
6 mai 2017
6
06
/05
/mai
/2017
21:05
Ni croyant ni mécréant
Au-delà du ventre
Et des yeux
Plus loin que les dieux
Que les mains de la science
Pressentant l'océan
Au-delà du centre
L'intelligence
De la nature
Cette conscience
En dehors de l'armure
Du temps qui dure
Nous embraserons
Goutte à goutte
Montagnes et dunes
Coûte que coûte
Nous embrasserons
Les uns les unes
L'autre temps
Quand viendra le temps
De l'océan
Ici et là, maintenant et jamais
On ne discute pas
Ça ne se fait pas
Pas vraiment...
Défaits
On partage
Des faits
On fait semblant
On est sage...
On rampe au pas
On marche à genoux
On prend son trou
On fait comme si
On fait de rien
Ça va?
Ça va bien!
On est assis
On transpire peu
On parle mou
On espère mieux
On prend son temps
S'excuse beaucoup
Au galop
On évite
Trop peureux
On se terre
Tout heureux
On agite
Un drapeau
À l'ordre
Comme nos pères
Nos aïeux
On sifflera
My lord!
Oh! Canada!
Révolution aimable
Agitation pudique
Soulèvement affable
Rassemblement ludique
Quelle mouche te pique?
Pourquoi es-tu si tragique?
Marteaux et faucilles
Parfums et faux cils
Tous ces choix si difficiles!
Bonbon ou pastille?
Oratoire?
Suppositoire?
Tout est bon
Rien à jeter!
Girondin? Jacobin?
Robespierre? Danton?
Casals? Joe Dassin?
Liberté ou Bastille?
Voiture ou camion?
Sur les épaules la garder
Ou se la faire couper?
Attends!
Pourquoi es-tu si pressé?
À en perdre la tête
À ne plus savoir à qui la donner
La révolution est une fête?
Allons donc!
Rien n'a changé
Rien ne changerons
Mais attends donc!
Reste un peu bavarder...
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
3 mai 2017
3
03
/05
/mai
/2017
18:23
"Sous couvert de démocratie, de pluralité, de tolérance et de bien-être, les autorités politiques, inféodées aux pouvoirs marchands, ont édifié un système totalitaire sans nul autre pareil". P. P. Pasolini
Il a les moyens
Mais pas l'ambition
Il voudrait bien!
Il perd ses repères
Anesthésié, pressé
Impatient funambule
Il poursuit un chemin
Dangereux somnambule
Sans aucune direction
Il gueule son destin
Aux allures de fossé
Clame sa chanson
Sa musique faussée
Je vous le dis
C'est vrai
Sans remords
Dans le bruit
La peur et la fureur
L'Ouest s'endort
Tout-à-fait
L'Ouest se plaint
Soir et matin
Mugit
Comme ce lion
Comme ces gens
Des millions!
En flagrant délit
D'agonie
Rugir encore parfois
Faiblement
Encore une fois
Montrer qu'on est
Encore vivant
C'est vrai
Pour tromper sa mort
L'Ouest s'endort
Tout-à-fait
L'Ouest se vide
À grands traits
Il cache ses rides
Derrière ses enfants
De deux mille ans
Il rêve à grands frais
Des rêves arides
Des contes de fées
Que plus personne
Ne connait
C'est vrai
L'Ouest se vide
Par en-dedans
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
30 avril 2017
7
30
/04
/avril
/2017
08:39
Tous ces morts pour rien...
Du soir au matin
Vivre sans yeux
S'écartant du chemin
Vivre sans eux
Morts pour rien
Morts pour nous!
Pauvres fous
Noyant nos chagrins
Nous coupant le cou
Sur les lames du destin
En nous disant : "c'est tout?"
Morts pour nous!
Morts pour des clous?
Comment osons-nous
Gâcher cette liberté
Si durement acquise?
Sous nos yeux percés
Nos âmes dépecées
Nos idées sans prises
On nous tient en joue!
Notre temps est compté
Sur la table quelques verres
Une nappe tachée
D'un peu de vin
Des fruits dans un panier
Fourchettes, couteaux, cuillères
Des miettes de pain
Le jus figé des assiettes sales
Les fleurs fanées
Comme des Jocondes
Défigurées
Soirée banale
Soirée féconde
À refaire le monde
En vain
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture
28 avril 2017
5
28
/04
/avril
/2017
18:37
Ils parlent de paix
Mais vivent en guerre
Et font du frère
À peu de frais
Un brin sectaire
Ils censurent
Savent faire taire
Menotter des idées
Prendre des mesures
Au nom de la liberté
Au nom de l’ouverture
Bien cadenassée
De ces gens on connaît
Gueux et gueuses
La langue mielleuse
Paroles doucereuses
Collant au palais
Interdisant des voix
Susurrant une paix
Celle de leur choix
Quelques bontés factuelles
Le cerveau comme une poubelle
Où il est bon de tout jeter
Des idées sans cervelle
Ramassis de clichés
Des monts et merveilles
À longueur d’années
Rabâchées
Derrière cette logorrhée
Active bien-pensance
Sous cet épiderme
Volonté de puissance
Vivre, penser, coucher
De seconde main
Modernes
Contemporains
Hypertrophie du moi
Actes sybillins
Dans biens des cas
Appât du gain
Course au succès
Froide et dure
Sorte de combat
Sans le nommer
Joli forfaiture !
Toujours masqué
Usons de sagesse
Ni une parabole
Ni une idée
En résumé
Avec une parole
Bien articulée
Des symboles
Bien dessinés
Il ne s’agit que de fesses
Avec adresse
Des culs à torcher
Mensonges et espoirs
Macronisme: microcosme de la politique des trente dernières années
Les mêmes intentions
Les mêmes normes
Les mêmes boniments
Les mêmes conditions
Les mêmes bornes
Les mêmes dirigeants
La même direction
Combien de temps
Cela tiendra?
Combien de chants
Dans la confusion?
Bientôt les gens
Se réveillera
Bientôt le vent
Se lèveront
Amoureux d'une étoile
Depuis toujours
Depuis le bal
Des premiers jours
Tout ne sera jamais perdu
Il restera toujours un brin
Quelque part
Quelque chose d'humain
Au hasard
Une main tendue
Published by Yannick Rieu
-
dans
Culture