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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 13:16

La pluie abondante des derniers jours n'était pas encore parvenue à nettoyer complètement le ciel. Des nuages couraient de l'ouest annonciateur de beau temps. Le lac s'était gonflé au cours de la nuit jusqu'à inonder les terrains bordants ses berges. La plage était déserte. Quelques goélands, à la recherche de nourriture, marchaient en émettant de petits cris. Des montagnes au loin, d'un bleu diffus, émanait une tranquilité et un silence qu'on pourrait qualifier de sacré. Une présence exempte de volonté. Une intelligence sans but.

 

On passe une grande partie de notre vie à attendre. On agit dans l'attente de résultats. L'action, le processus d'une démarche juste n'attend pas de résultats. Le "faire" est l'aboutissement d'une idée ou plutôt l'action est l'idée.  À partir du moment où l'action est séparée de la pensée, il y a une fracture de soi-même et donc conflit. Ce raisonnement anodin en apparence est certainement une clé pour éviter de se bâtir une image de nous-même et ainsi vivre en "schizophrène". Il y a celui qui pense et celui qui agit. Toute notre culture est bâti et accepte ce fait comme allant de soi. Est-ce bien raisonnable?

 

Prenons un exemple: Je dis que je suis non-violent. C'est un concept, une idée. Mais le fait de voir la violence en soi sur le moment où celle-ci survient est l'action même qui éradique cette violence. L'observation directe de cette violence, y faire face sans la juger comme on regarde un arbre ou un nuage transforme cette violence. L'image, ou l'idée de non-violence est une absurdité qui n'a aucune valeur ou substance réelle. Et pourtant on accepte cette idée parce qu'on accepte de suivre sans réfléchir, on ne doute pas que parfois, nos façons de faire ou penser sont la source même des innombrables conflits qui existent.

 

Remettre en question des évidences, qu'on nous présente comme telles, est la première étape vers la liberté. Liberté de penser, de douter, de questionner sans passer par les autres. Dans ce domaine, pas question de se fier à quiconque au risque de devenir de simples perroquets qui répètent des idées toutes faites. Ici comme ailleurs, l'accumulation de connaissances est un mur sur lequel on s'appuie pour s'éviter.

 

S'éviter semble être culturel.

 

De petits poissons venaient jusque sur le bord du lac par banc et en troublaient la surface. Des pêcheurs en canot passent et se fondent dans le paysage, silencieux comme les montagnes. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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