Depuis deux jours une question me trotte dans la tête. Elle concerne la culture, son importance dans nos vies, sa place, son utilité, son impact sur nous, notre personnalité et sa structure. Est-ce que cette culture (connaissances de l'art en général, lecture de diverses natures, sur divers sujets, connaissances en mathématique, en philosophie etc.) nous rend plus à même de nous connaître? Ou n'est-elle que "compétence", information qui, certes, nous apprend des choses sur ce qui nous entoure, ce dans quoi on baigne, sur le tissus que forme l'être humain, ses relations et les diverses formes que prennent celles-ci. On ne peut être contre une certaine vertu. Mais est-ce que cette culture nous aide à nous comprendre, je veux dire, nous comprendre sur le moment, à voir en nous d'une façon claire, directe, sans détour? Car le noeud du problème, me semble-t-il, est là.
Est-ce que cette culture rend les Hommes raisonnables? Parce que la vrai question est là. Est-ce que cette culture peut rendre un être humain...plus humain? Combien de guerre déclenchées par des hommes avec beaucoup de connaissances, de culture...Alors? Y a-t-il quelque chose à cette culture ou cette espèce de sensibilité très étroite qui fait qu'on peut être à même d'apprécier ou connaître tel ou tel philosophie, peintre, musicien ou que sais-je et être, dans la même foulée, celui par qui les conflits viennent ou sont déclenchés, petits ou grands?
On a connu des philosophe très cultivés, savants et...nazis par exemple. De même des musiciens, physiciens, peintres, tous spécialistes et sensibles uniquement dans leur domaine et perdus en ce qui à trait au reste. Les exemples foisonnent dans l'Histoire.
Alors, la culture comme "compétence" est inutile! Désolé de le dire. Elle ne rend pas meilleur, juste "au courant" comme on est au courant de ce qui se passe lorsque l'on écoute les informations. Elle permet, dans certains cas, de développer une sensibilité mais toujours spécialisée, tronquée, fracturée. On ne peut aborder le problème de la culture, du fait d'être cultivé sans parler de l'humain dans sa globalité. Il faut aller plus loin et plus profondément dans notre analyse.
Il y a donc quelque chose d'autre qui doit être en amont de cette culture et qui est beaucoup plus important. Brel, dans une entrevue, disait que la véritable intelligence ne pouvait être qu'au-dessus du coeur, ainsi que Krishnamurti, philosophe indien (en tout cas, né en Inde). Il y a peut-être une piste ici. Lorsque l'on parle de coeur, de quoi parle t-on? Peut-être de cette passion qui n'a pas d'objet? J'en ai déjà parlé dans un autre petit texte. "Avoir de la culture" ne serait pas un point de départ mais le résultat de cette passion, tout comme l'enfant (en principe) naît de l'amour. (voir La passion)
Nous construisons le monde selon nos modes de pensées. Ce monde et sa structure est une image de notre monde intérieur. Ceci est un fait. Il faut d'abord voir cela par nous-mêmes, sans l'aide de livres, de concepts ou de théories élaborés par d'autres. Comme on ne sait ce qu'est une pomme qu'en la goûtant. On pourra lire toute sa vie sur les pommes sans savoir ce que c'est si on n'a pas vu et surtout goûter soi-même. La pomme selon "x" ou "y" peut être intéressant mais inutile jusqu'à un certain point.
Comment prétendre changer ce monde si on ne change pas d'abord ce qui "pense" ce monde? Le changement véritable viendra d'un changement effectué profondément en nous-mêmes. À partir de là la culture a une valeur certaine, indéniable sinon elle ne restera qu'un autre subterfuge qui nous éloigne de nous-mêmes.
Voilà ce qui me turlupine depuis deux jours. La culture oui, mais certainement pas comme on la pense maintenant, qui n'est qu'une autre forme de compétence, d'accumulations de donnés pour appréhender les autres et nous-mêmes mais seulement sous un certain angle. Trop peu en ce qui me concerne.
La connaissance, dans ce domaine, n'est pas accumulation de savoir.
À suivre.