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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 23:57

La volonté de vouloir faire du savoir une marchandise s'inscrit dans un mouvement plus large, un souffle qu'on présente comme inéluctable. Beaucoup d'étudiants l'ont compris.

 

On peut voir, si notre vision n'est pas obstruée par une idéologie quelconque, que nos gouvernements ne sont plus, dans une large mesure, détenteurs du pouvoir. Ils sont devenus au fil des ans des serviteurs complaisants des pouvoirs économiques. Ils nous font croire qu'ils défendent la liberté et la démocratie en amalgamant ces idées au libre marché et au droit d'exploiter ressources et humains. Les élites politiques affirment haut et fort que le marché et la libre entreprise sont en rapport direct avec la démocratie, qu'ils ne font qu'un. Rien de plus faux.

 

Les vrais décideurs sont hors de porté, invisibles donc pratiquement intouchables et surtout, ils n'ont pas l'obligation de rendre des comptes. Ces décideurs sont coupés de la réalité, de notre réalité.

 

Il paraît évident que nous nous dirigeons vers une structure où des riches dominent outrageusement la majorité de la population, un peu comme des rois faces à leurs serfs. Nous sommes ou devenons de plus en plus la main-d'oeuvre privée de ces nouveaux maîtres.

 

Cette perte de pouvoir par le peuple est une tendance lourde. Il semble peu probable que notre voix parviendra à reprendre la place qui lui revient.

 

Il semble également de plus en plus difficile de faire entendre cette voix dans les médias dominants détenus par ceux-là mêmes qui profitent de cette perte de parole. On nous submerge de divertissements abrutissants, on laisse que très peu de place aux débats d'idées, on présente l'information comme un spectacle où nous sommes invités à n'être que des spectateurs, amorphes et passifs autant que possible, applaudissant tous les changements comme si c'était forcément un progrès. 

 

Nous évoluons vers un espèce de totalitarisme inversé. Pas de dictateur ou de despote vers qui diriger notre indignation. Il fonctionne dans l'anonymat de l'État-entreprise. C'est ce qu'affirme, entre autres, le philosophe Sheldon S. Wolin.

 

Notre système démocratique (ce qu'il en reste) fait tout ce qu'il faut pour miner cette démocratie. De plus en plus, nos dirigeants doivent rendre des comptes à ceux qui les ont $outenu lors d'élections. Nos journaux sont remplis de "scandales" comme si tout cela était nouveau et ponctuel. C'est une culture politique qui existe depuis un bon moment déjà. Avec ses hauts et ses bas. Ce à quoi on assiste avec le Parti Libéral-le gouvernement de Jean Charest en particulier- c'est une diminution de la pudeur qui accompagne ces pratiques.

 

Wolin parle ici des États-Unies. Sa parole s'applique à nous aussi. Voyez plutôt:"Sous un régime totalitaire inversé, la passivité des citoyens est entretenue par la consommation, un niveau de vie confortable et une industrie du divertissement bien développée (...) La contestation populaire est méprisée ou ignorée par les grands médias. (...) Les contestataires sont systématiquement qualifiés d'extrémistes ou alors on entend pas leur voix. L'état-entreprise dispose de moyens redoutables pour isoler la contestation et l'empêcher de se répandre".

 

Ça vous sonne pas une cloche? 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture