Quand j'ai assisté, impuissant comme vous tous, à la mise en place et au vote de la loi 78 le premier réflexe que j'ai eu a été de me dire que la violence s'accentuerait. C'était d'une évidence et d'une logique incontournable. Je ne peux croire que ceux qui ont voté cette loi n'étaient pas conscients de cette probabilité.
On voit les résultats après quelques jours...Ma question: Est-ce voulu? Cette loi n'est-elle pas un autre piège qui facilitera le contrôle et la mise au ban d'idées et de points de vue par l'amalgame facile de la violence et de la contestation légitime et pacifique? On ne s'est pas gêné pour le faire dans les semaines précédentes et ça marche.
La violence profite à l'élite politique et à leurs sbires, pas aux étudiants, pas à ceux qui voudraient débattre, manifester et se battre pour une plus grande justice. Dans les manifestations, c'est le nombre et la durée qui doit parler.
Les débordements auxquels nous assistons, cette escalade désolante de toutes les parties (civiles et policières), chacun justifiant sa violence, nous mèneront nulle part. Notre force pour des changements doit provenir de cette assurance que donne la conviction de travailler, d'appuyer dans le sens d'une plus grande justice.
Demain, le 22 mai, je vais marcher.
Je marcherai en silence comme je marcherais pour un deuil, celui d'une certaine idée de la démocratie.
Vous pourrez me gazer, tirer sur moi avec vos balles, me battre, m'invectiver.
Je reviendrai, nous reviendrons plus forts et plus nombreux.
L'eau sculpte la roche.