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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 16:16

Je suis toujours étonné de voir comment notre mémoire se rappelle ou oublie selon son bon vouloir et ce qui nous arrange. 

 

Nous vivons dans un monde où les idées sont plus importantes que les faits. 

 

Il est pour le moins étrange, encore aujourd'hui, de parler de la grandeur et de la nécessité de s'identifier à une nation avec toutes les atrocités, conflits, guerres, invasions, destructions que cette idée a enfanté. Pourquoi cette cécité, cet aveuglement? 

 

Parce que les idées sont plus importantes que les faits. Nous nous accrochons à des idées parce qu'elles nous rassurent, même si ces idées, facilement observables, à l'oeuvre dans l'Histoire avec les résultats mentionnés ci-haut nous démontrent qu'elles sont des cul-de-sacs, pour utiliser un euphémisme.

 

Et on nous serine encore les oreilles avec une soit disant "grandeur politique des nations" en omettant bien sûr de dire que cette idée était aussi ce qui a servi de base pour le projet hideux de l'Allemagne nazi pour ne nommer que le plus évident, le plus cinglant.

 

Une société se construit à partir des relations que nous avons, avec nos proches, nos voisins, ami(e)s, connaissances. La société commence là et pas ailleurs. Le changement commence là et pas ailleurs. Dans les petites choses, anodines en apparence.

 

Les grandes idées concernant une société ne sont pas le substrat de ce qui la structure. Ce sont les gestes journaliers, notre façon de communiquer d'aller vers l'autre, notre ouverture (ou fermeture), notre capacité à échanger et j'insiste, dans le quotidien.

 

L'addition, la somme de tous ces modestes échanges forment une société et lui donne forme.

 

Faire l'apologie d'une nation, s'identifier à une nation ou à une idée est le chemin le plus sûr pour créer des conflits. Encore une fois, il suffit d'observer notre passé, ce passé parsemé de guerres abominables, de tueries sans nom, toujours au nom de la nation.

 

L'être humain est raisonnable? Où voit-on de la raison dans notre passé? Par bribes, par moments fugaces. Ne dit-on pas qu'une chaîne à la force de son maillon le plus faible?

 

Globalement, a-t-on des raisons d'être fiers de l'humain et de ce qu'il réalise? Que vaut une démocratie si cette démocratie est responsable (nous donc) de tant de violence autour de la planète? Que vaut une institution qui ferme les yeux sur la souffrances de nos frères et soeurs autour du monde? Et qui en est parfois directement responsable?

 

Sur quoi cette supposée grandeur des nations s'est-elle construite? Sur le meurtre? L'exploitation? Les invasions? La supposé supériorité de nos institutions démocratiques? À qui profite cette idée de grandeur?

 

La France pays des droits de l'Homme? Vous voulez rire sans doute. L'Angletterre grande nation? Pour qui? Pour l'Inde? Pour les pays africains dévastés par cette "grande nation"? Les États-Unies? Pays démocratique par excellence? Parlez-en aux pays d'Amériques du Sud, aux Vietnamiens, aux Laotiens, à tous ces pays qui ont goûté à la grandeur de ces nations et à leur politique prétentieuses et meurtrières, génocidaires, impérialistes et colonialistes.

 

Dans un texte de Mathieu Bock-Côté on nous montre la photo d'un grand homme politique: Winston Churchill. Oui, il a combattu le nazisme et a défendu la démocratie mais c'est le même homme qui a ordonné la destruction de villages entiers en Inde, brûlant champs et comblant les points d'eau. C'est le même homme qui préconisa l'établissement de camps de concentration (tiens donc...) en Afrique du Sud à la suite de la guerre des boers en 1899. C'est le même homme qui donna son accord à l'utilisation de gaz toxiques contre les Kurdes en Irak et qui donna son aval pour l'utilisation de la torture au Kenya. Ne dit-on pas qu'une chaîne à la force de son maillon le plus faible?

 

Au nom de quoi on devrait oublier des pans entier de l'Histoire? Se souvenir de ce qui fait notre affaire? Arranger le monde selon l'idée qu'on s'en fait ou qu'on voudrait qu'il soit? Ou juste voir et tirer les conclusions qui s'imposent.   

 

Ne me parlez pas de la grandeur des nations, cette grandeur a quelque chose de petit au fond. On m'a déjà fait le coup. J'ai des yeux, je sais lire et je me souviens.

 

J'aime mon coin de pays. Mais jamais je ne n'aurai la folie de m'identifier à celui-ci.  

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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