Le changement. Ces temps-ci beaucoup de gens prennent conscience qu'un changement sera nécessaire si, collectivement, nous voulons une société viable avec plus de justice, moins de pollution, moins de violence, plus d'équité entre nous tous. À quel niveau ce changement, pour être vraiment porteur, sera nécessaire?
On peut se poser la question: Est-ce que nous voulons des changements profonds, non pas seulement dans la forme (les systèmes) mais dans le contenu (nous-mêmes), ou seulement notre part du gâteau?
Plusieurs changements ou révolutions se sont déroulés dans le passé, apportant de légères améliorations mais fondamentalement nous sommes restés les mêmes. Un bref tour d'horizon planétaire nous montre que nous n'avons pas résolu grand chose: la même violence, le même manque de justice, la même iniquité, le même désir de dominer l'autre.
Les guerres n'ont jamais cessées, l'ambition et l'envie ont toujours été les principaux moteurs ou vecteurs de changements. Nous avons fait de grands progrès techniques mais globalement nous n'avons jamais opéré de révolution psychologique. Les résultats sont catastrophiques.
Malgré tout notre savoir, nos connaissances, nos moyens de communications, nos philosophies, nos expériences de toutes sortes, nous ne sommes jamais sortis de notre "inhumanité". Le choc des idées reste dans son ensemble qu'un choc et celui-ci demeure bien stérile dans une large mesure. Dans le meilleur des cas une compréhension (bien insuffisante vu la gravité de notre situation) théorique de l'urgence de changement se produit sans pour autant aboutir sur des actions que ces changements appellent. Si action il y a, ce sera dans une sphère très limitée de notre vie ou société et nettement insuffisante.
Au cours de l'Histoire, nous avons changé de char mais pas le conducteur et le fait d'avoir une meilleure voiture ne fait pas de nous de meilleurs conducteurs. Que le volant de la voiture soit à gauche ou à droite a bien peu d'importance, que le conducteur ait les deux mains sur le volant-dixit Charest-ou non semble ne pas être de première importance non plus.
Nous pensons qu'en changeant de système nous allons régler les choses. Nous oublions peut-être que ces systèmes sont construits et développés par notre pensée et que tant que cette pensée sera déficiente tous les systèmes conçus et développés par cette pensée ne seront que l'image de celle-ci:déficients. Monarchie, communisme, socialisme, capitalisme, nationalisme etc., tous ces "chars" iront là où le conducteur les emmène. Regardons l'Histoire et tirons les conclusions qui s'imposent...
Nous sommes remplis d'idéaux et sommes peu conscients du fait que ce sont ces mêmes idéaux qui sont une source de problèmes, aussi nobles soient-ils. Tous les systèmes sont une source de séparation et de conflits entre les Hommes. C'est leur nature même qui engendre ces conflits. Pourquoi?
Parce que toute tentative de s'insérer dans un moule social ou religieux (capitalisme, socialisme, chrétien, canadien, etc.) fait que nous perdons notre liberté. Nous réagissons en tant que capitaliste, socialiste, chrétien, canadien etc.. Nous devenons des imitateurs et des répétiteurs et cessons d'être des individus totalement libres. Nous réagissons mécaniquement et d'une façon (pré)déterminée aux problèmes qui surviennent.
Une prise de conscience de ce qui me semble être un fait et un recul par rapport à notre condition qui découle de cette culture de l'imitation, même si elle est millénaire et profonde, me paraît une voie intéressante sinon vitale.
Remettre en question le conducteur plutôt que de changer de char est peut-être le début d'une véritable révolution.