La liberté est un état d'esprit, non le fait d'être affranchi de "quelque chose" ; c'est un sens de liberté ; c'est la liberté de douter, de remettre tout en question ; c'est une liberté si intense, active, vigoureuse, qu'elle rejette toute forme de sujétion, d'esclavage, de conformisme, d'acceptation.
J. krishnamurti
La bonté est-elle mécanique? Dépend-elle de savoirs accumulés? Surgit-elle lorsqu'une certaine somme de connaissances est acquise? La bonté a-t-elle un lien avec un niveau de culture quelconque? Vient-elle après l'intelligence? Est-ce la résultante de celle-ci? Nous serions bons parce qu'intelligents, l'existence de l'une et l'autre qualité étant inextricablement liée?
Y a-t-il un progrès possible dans ce champ? Sommes-nous une/des civilisation(s) supérieure(s) à celles qui nous ont précédés? Au niveau technique sans doute mais cela fait-il une si grande différence? Je veux dire: sommes-nous plus humain pour autant, meilleurs, "plus bons", plus intelligents? Plus sereins? Moins guerriers? Moins anxieux? Moins violents? Plus sages?
Ici pas de manichéisme mais des questions.
Un progrès est évident dans un sens mais une arnaque dans un autre ? Une vue de l’esprit ? Une consolation ? Une présomption?
Qu'est-ce que l'intelligence si on ne peut séparer la bonté de celle-ci? Est-elle accumulation d'informations? Un nazi cultivé, un savant fasciste, un tyran éduqué, tout cela a existé, existe et existera. Sans aller dans ces extrêmes, sommes-nous gouverné par des gens intelligents et bons? Les deux termes ne pouvant, selon moi, encore une fois, être dissociés?
Si l'information n'apaise pas, à quoi sert-elle? À agir en connaissance? Mais si la connaissance ne nous a pas rendu meilleur que vaudra notre action? Ne fera-t-elle pas qu'empirer les choses?
N'est-ce pas ce que l'on observe généralement?
Nos ancêtres, leurs rêves étaient-ils si différents des nôtres ?
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Chez l'homme, l'apparition du langage et, plus tard, de l'écriture ne l'a pas emmené sur le chemin de la paix. Les livres, la lecture n'ont pas pacifié le cœur de l'être humain. Pas moins de conflits du fait de la peinture ou de la musique non plus. De même la connaissance ne semble pas avoir transformé l'humain, ne semble pas l'avoir rendu plus serein. Plus de 70 guerres ou conflits depuis les années 50! Nous qui n'avons jamais été si éduqués! Et ces guerres ne sont pas provoquées par des nations où la culture serait moins présente. J'aurais même tendance à dire le contraire. L'histoire parle.
Un graphique très intéressant (ici) illustre les conflits dans le monde depuis les années 1400. Ce qui saute aux yeux au premier regard c'est d’abord une relative accalmie durant le 18ème siècle mais aussi l'augmentation du nombre de conflits à partir de la fin de ce siècle soit autour de la révolution française (1789). L’époque des lumières... Est-il impertinent d’y voir un lien ? Hasard total ? Est-il si incongru de se demander ce que cette révolution a déclenché ? On sait tout le bien qu’elle a apporté mais au-delà de ce constat ? Des forces se sont libérées, incontestablement. De quelles natures ?
Loin d'aller s'amenuisant, les conflits se multiplient à partir du 19ème siècle. Une autre chose frappe c'est le nombre de décès civils à l'aube du 21ème siècle (au prorata de la population) qui est équivalent à celui du 17ème siècle. Ce qui veut dire dans les faits beaucoup plus! Assez paradoxalement on parle sur le site d'une lecture optimiste alors que l'on voit la courbe se redresser à la fin du graphique, soit à la fin du 20ème siècle. L’avenir nous dira si cette paix relative est là pour rester.
Bach, Mozart, Beethoven n'ont jamais éloignés les conflits ou été à l'origine de cesser le feu. On peut trucider le jour et goûter du Wagner ou du Bruckner le soir. La peinture était appréciée chez beaucoup de nazis. Hugo, Proust, Racine, Molière, La Fontaine, Dostoïevsky, Shakespeare, F. Scott Fitzgerald n'ont pas apporté la paix sur terre, de même que Platon, Mill, Aristote, Pascal, Camus, Descartes, Marx, Confucius. On a pu jouir de leur lecture et participer ou même déclencher des hostilités tout en étant un assidu lecteur. On se bat toujours autant et toujours aussi régulièrement. En 2016, selon l’Institut pour l’Economie et la Paix (IEP), seulement 10 pays dans le monde étaient exempts de conflits, internes ou externes.
Souvenons-nous du petit chaperon rouge. Le loup apparaît déguisé et mange la mère-grand ainsi que la fillette, sauvées après-coup par un...bûcheron! Même sous de belles apparences, sous un brillant couvert, sous son déguisement de "civilisé", le loup n'est jamais très loin et veille.
La culture étanche peut-être la soif de savoir mais pas la soif de pouvoir.