La politique ...les actions prévues ou mises en oeuvre par une institution, une organisation, un parti, un Etat, une entreprise, un individu...(définition partielle)
Je ne joue plus, je ne joue pas
Je ne vote plus, je préfère faire de la politique.
Cela vous semble étrange? Vous êtes dubitatifs? Ne pas voter est irresponsable? Combien de fois ai-je entendu cette affirmation! Pourquoi jouerais-je un jeu dont les règles sont décidées par ceux qui détiennent un pouvoir que ce jeu leur procure (et qui se proposent de gagner à tous les coups!) et dont ils mésusent?
C'est peut-être que vous avez assimilé, intériorisé cette idée que le summum de l'engagement politique et/ou démocratique ne s'exerce qu'à date prédéterminée - au Québec à tous les quatre ans -; qu'on a intérêt à vous faire croire que l'action politique, son point culminant, son apogée serait dans le fait de se rendre régulièrement et bien sagement aux urnes afin d'élire un représentant (qui ne vous représente que dans une très faible mesure voire pas du tout), le reste du temps vous contentant de bosser, de consommer, de passer du temps devant un écran, de vous distraire afin d'oublier votre frustration pour tout le temps perdu à un travail inutile, morcelé, débilitant, sans lien avec vos aspirations profondes. Vous trouvez que j'exagère? Le temps moyen journalier devant un écran est de...plus de 6 heures! iPad, téléphone cellulaire, ordinateur, télévision, cinéma. Passifs, on vous veut passifs.
Oui chef!
On attend l'homme ou la femme providentiel, le parent, le chef, le député, le président ou premier ministre qui vous dira quoi faire, quand le faire et comment le faire. Ceux-là affirment avoir des solutions à vos problèmes, que tout ira mieux une fois qu'ils seront au pouvoir...et ça fait des décennies que ça dure!
Maintenant que je connais les règles du jeu, je choisis d'en sortir, de ne pas participer. J'ai passé l'âge de croire au changement collectif (peut-être qu'à une autre époque cela aurait été différent). Je choisis d'être responsable à mon niveau. Je parle, j'écris et surtout je pratique mon métier de musicien.
La musique comme moyen d'action
La musique est un choix politique, c'est ainsi que je la conçoit maintenant. Apporter ma petite pierre, donner du temps de qualité, permettre au public de concevoir une réalité autre que celle qu'on leur impose chaque jour à la télévision, à la radio, dans les journaux, dans la publicité, dans les médias sociaux. Sortir du tous contre tous, de l'opinion vide, celle qui n'est qu'une volonté de s'affirmer, de se mettre en avant, d'imposer une vision basée sur du rien, juste pour le plaisir de "s'exprimer".
Ce que tu penses m'intéresse beaucoup moins que ce que tu fais.
Monter sur une scène non pas pour montrer ce que "je" peux faire mais ce que "nous" pouvons faire, réellement, lorsque nos forces, notre écoute, notre joie de créer, de construire, d'échafauder sont mis à contribution. La formidable énergie que donne quelques personnes acceptant de partager un but, un même élan laisse rêver s'il s'agissait de milliers ou de millions de gens. Les musiciens ne jouent pas l'un contre l'autre! Il arrive certainement que nous ayons des divergences musicales mais le présent nous rattrape et nous oblige à faire œuvre d'humilité, de passer par-dessus nos "certitudes" et de contribuer ainsi à façonner la matière sonore sur le moment. Cela exige une grande souplesse, une ouverture et un sens du commun. De la politique en action, à mille lieux de la politique politicienne.
En politique, telle que pratiquée aujourd'hui, une telle attitude serait suicidaire. Tous contre tous, PAR PRINCIPE! L'autre a toujours tort parce qu'il est l'autre. Le bien commun passe en second, bien après les partis. Ce n'est pas une base saine pour construire quoi que ce soit.
Une autre conception du temps et du travail
Installer nos actions à la hauteur de nos idées. Faire dans le prolongement de celles-ci. Pas de hiatus, de dichotomie, de séparation. Vendredi n'est pas le dernier jour de la semaine où, enfin, on pourra s'accorder quelques heures pour être soi. Non. Vendredi c'est dimanche, lundi c'est samedi, mardi c'est jeudi, mercredi peut-être mercredi ou un autre jour. Hier c'est trop tard, demain aussi!
En attendant, je ne vote pas.