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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 13:16

La pluie abondante des derniers jours n'était pas encore parvenue à nettoyer complètement le ciel. Des nuages couraient de l'ouest annonciateur de beau temps. Le lac s'était gonflé au cours de la nuit jusqu'à inonder les terrains bordants ses berges. La plage était déserte. Quelques goélands, à la recherche de nourriture, marchaient en émettant de petits cris. Des montagnes au loin, d'un bleu diffus, émanait une tranquilité et un silence qu'on pourrait qualifier de sacré. Une présence exempte de volonté. Une intelligence sans but.

 

On passe une grande partie de notre vie à attendre. On agit dans l'attente de résultats. L'action, le processus d'une démarche juste n'attend pas de résultats. Le "faire" est l'aboutissement d'une idée ou plutôt l'action est l'idée.  À partir du moment où l'action est séparée de la pensée, il y a une fracture de soi-même et donc conflit. Ce raisonnement anodin en apparence est certainement une clé pour éviter de se bâtir une image de nous-même et ainsi vivre en "schizophrène". Il y a celui qui pense et celui qui agit. Toute notre culture est bâti et accepte ce fait comme allant de soi. Est-ce bien raisonnable?

 

Prenons un exemple: Je dis que je suis non-violent. C'est un concept, une idée. Mais le fait de voir la violence en soi sur le moment où celle-ci survient est l'action même qui éradique cette violence. L'observation directe de cette violence, y faire face sans la juger comme on regarde un arbre ou un nuage transforme cette violence. L'image, ou l'idée de non-violence est une absurdité qui n'a aucune valeur ou substance réelle. Et pourtant on accepte cette idée parce qu'on accepte de suivre sans réfléchir, on ne doute pas que parfois, nos façons de faire ou penser sont la source même des innombrables conflits qui existent.

 

Remettre en question des évidences, qu'on nous présente comme telles, est la première étape vers la liberté. Liberté de penser, de douter, de questionner sans passer par les autres. Dans ce domaine, pas question de se fier à quiconque au risque de devenir de simples perroquets qui répètent des idées toutes faites. Ici comme ailleurs, l'accumulation de connaissances est un mur sur lequel on s'appuie pour s'éviter.

 

S'éviter semble être culturel.

 

De petits poissons venaient jusque sur le bord du lac par banc et en troublaient la surface. Des pêcheurs en canot passent et se fondent dans le paysage, silencieux comme les montagnes. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 22:11

J'aime la pluie. Le temps gris. Propices à la réflexion. 

 

Le ciel menaçait de fondre sur nos têtes. La lumière peinait à traverser les nuages. On se serait cru le soir alors qu'il était 9:00 du matin. La pluie tambourinait sur le toit métallique. On aurait dit une horde de percussionistes battant par vague des tambours dans une jungle imaginaire. L'air était doux, le vent absent.

 

La nature est rythme. Les saisons, le son du vent, les battements de notre coeur, la rivière qui coule, le tonerre, la lumière. Être dans ce rythme, y participer, faire corps avec lui. Beaucoup de notre souffrance vient du fait que nous luttons, sommes arythmique et "en travers" de la route de la vie. Nous tentons de remonter le courant, pensant pouvoir défier continuellement le bon sens. Nous tournons même le dos à la mort, l'ignorons, fermant les yeux devant une fatalité qui est constamment présente en nous.

 

L'essence de l'ignorance est de ne pas se comprendre soi-même. On pourra être actif, brasser des affaires, pratiquer un art, voyager, lire, se débattre avec soi-même toute notre vie et rester ignorant donc fatalement superficiel. Encore une fois, apprendre n'est pas l'accumulation de savoir, d'informations, mais la connaissance, l'apprentissage directe par l'introspection, l'observation des structures qui nous animent et qui animent la société. Sans cette connaissance, nous sommes voués à brasser...de l'air. Nos actions n'auront pas de poids et/ou participerons au chaos général.

 

Sans cette compréhension, nous sommes des chevaux fous courant dans tous les sens, à la recherche d'un bonheur qui semble fuir devant nous. Alors que ce bonheur est à la portée de la main, sous nos yeux devenus aveugles à force de vouloir. Nous l'enfouissons sous des tas d'actions sans queue ni tête et pensons ainsi être pleinement vivant.

 

Avec la clarté vient le bonheur. Et cette clarté viendra lorsque nous aurons débarrassé les nuages gris que nous nous fabriquons, que nous aimons par ignorance et qui nous font tant souffrir. 

 

La pluie a cessé. Les percussionnistes s'en sont allés vers d'autres lieux. Le calme qui règne maintenant laisse entendre le bruissement de la brise dans les feuilles. Un camion passe.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 19:09

Lumière d'automne. Couleurs d'automne. Particulières comme chaque saisons. C'est ma saison préférée. Récoltes, fruit du travail de l'été, résultats de ce qu'on a semé. Au propre et au figuré. L'automne d'une vie, la partie la plus riche. L'humain n'éclot pas au printemps mais à l'automne. Juste balance entre l'énergie et une certaine sagesse, une certaine compréhension des gens et des choses. Une sorte de retour sur lui-même, sans narcissime, juste pour comprendre. Après avoir glané de l'information, des émotions, des expériences, mettre tout ça en ordre...Pas définitif...Bien sûr! Ce n'est pas encore l'hiver...

 

Le soleil se couche un peu plus tôt, de plus en plus tôt. Les soirées fraîche calme les ardeurs des noctambules. Tout devient plus calme, serein.

 

L'abandon. Comme ces feuilles qui quittent cet arbre. Partir, continuer le cycle. Nous sommes éphémère. C'est une chose dont il faut toujours être conscient. C'est d'une grande beauté qu'être face à notre propre fin. Pas triste du tout. Cela permet de goûter chaque minute qui passe. C'est toujours la dernière. Et la première.

 

Ce renouveau perpétuel, on peut l'observer dans la nature, en soi, chez les autres. Le passage du temps sur le corps de nos amis, proches et moins proches, sur soi est fascinant. Inexorable et juste.

 

Trouver ou retrouver la fraîcheur de notre regard. Vieillir c'est finalement, et en un sens, se rapprocher de notre jeunesse, celle qui ne devrait jamais mourir. 

 

Cocteau disait qu'un artiste doit "s'enfoncer" en vieillissant...Je commence à comprendre...

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 09:33

Solitaire sans jamais éprouver de solitude. Et cette étoile qui brille? Perdue à des millions de kilomètres? Ce silence qui plane sur la nuit et qui enveloppe tout? Le vent, les arbres, et ce chat qui passe furtivement dans la nuit? Tout parle sans jamais esquisser la moindre parole. L'infini est au-dehors et en-dedans. Notre corps n'est que la pointe d'un iceberg qu'on ignore et inlassablement, on s'y échoue. Ce refus de plonger en nous-mêmes nous rend si superficiel et présomptueux.

 

L'avenir appartient peut-être à ceux qui se lèvent tôt mais la nuit appartient à ceux qui se couche tard et porte conseil! Un tien vaut mieux que deux tu l'auras...De toute façon, l'avenir est inscrit dans le présent. On aura l'avenir que l'on mérite dans la mesure où nos actes présents sont porteurs de futur. On peut toujours s'illusionner mais l'histoire suit son cours. Notre présent est le résultat d'actions passées ou de non-actions! La nuit sera longue et le réveil brutal...Peut-être restera-t-on somnanbule et mourrons-nous sans avoir jamais vraiment vécu. Ou si peu.

 

Le mouton, symbole religieux mais surtout l'emblème de la soumission passive et stupide contre toutes les tyrannies écrivait Olivar Asselin. Juste et/mais inutile. Parler à un mur. Une torpeur qui absorbe tous les coups, les injustices. Une inertie qui gobe les assauts comme ce lit trop confortable qui nous empêche de nous réveiller. La chaleur douillette qui ramolit et rend idiot donc paresseux. Cette servitude volontaire déjà pointée du doigt presque 500 ans avant nous par La Boetie (à lire et relire!) et sûrement par d'autres avant lui. Et nous en sommes encore là. 

 

Encore là à nous enorgueillir de notre technique, de nos ordinateurs qui nous rendent si "puissants" et capable de rejoindre le monde entier! Que dire de ces cellulaires devenus si "indispensables". "Cellulaire" lit-on dans le dictionnaire: relatif aux cellules des prisonniers...On nous crée de toutes pièces des besoins et nous sommes convaincus que s'en est!

 

-Allo? T'es où là?

-Au dépanneur! J'achète des cigarettes et j'arrive!

-Ouf! J'étais tellement inquiet...

-On s'est parler ya pas 10 minutes...

-C'est juste pour entendre ta voix...

 

ou...

 

Wow! Facebook c'est vraiment un truc génial! Avant, je gardais mes banalités pour moi-mêmes ou ne pouvais en faire profiter que mes proches. Maintenant je peux les partager avec le monde entier! Je suis moins inquiet comme ça...

 

-Alors là tu deviens vraiment cynique...

-J'entends ta cellule qui sonne...va répondre.

 

Le mouton, symbole religieux...

 

P.S. Le chat avait réussi à attraper une souris. Il faisait faire des bonds à celle-ci par des coups de pattes rapides et précis, la laissait s'enfuir quelques secondes et la rattrapait pour poursuivre son jeu. Elle émettait de temps en temps un petit cri et lorsque le félin en eu assez de jouer avec elle, la croqua. 

 

 

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 17:43

En quelques heures le vent du nord a nettoyé le ciel. Les feuilles se détachent des arbres et parfois, au lieu de tomber, montent dans le ciel  et vont choir plus loin. Un avion passe, très haut, laissant une mince ligne blanche. Je m'amuse à imaginer la vie à l'intérieur de l'avion. Des gens regardent un film, lisent, dorment, travaillent sur un ordinateur préparant peut-être une prochaine réunion sûrement très importante. Quelques voyageurs, fatigués du long voyage et incapable de dormir font une promenade dans les allées obstruées par des oreillers, papiers d'emballage, gobelets et esquissent quelques mouvements destinés à détendre leurs muscles ankylosés. Des têtes, jambes et bras sortent des sièges, les passagers tentants de s'installer du mieux qu'ils peuvent! Tout cela à 10,000 mètres d'altitude. Tràs peu de gens profitent du magnifique paysage qu'offrent la vue des nuages, du ciel et de la terre vue de haut. Un monde passe. 

 

Je tente de voir ma vie comme si j'étais quelqu'un d'autre, un peu comme ces voyageurs qui ont la chance de voir la terre de si haut. Prendre du recul par rapport à soi-même mais aussi regarder à l'intérieur de soi-même est une aventure toujours renouvellée. Découvrir de quoi nous sommes fait. Non pas qui mais que sommes-nous? Se voir avec les yeux d'un autre, passager de nous-mêmes. Découvrir notre paysage intérieur, non pas pour analyser ou juger mais simplement observer comme on assiste au déroulement du panorama du haut de cet avion. Laisser les pensées passées et s'évanouir d'elles-mêmes, autant de marées qui vont et viennent, de vagues qui meurent sur une grève.

 

Je relis avec bonheur "Pieds nus dans l'aube" de Félix Leclerc et "Attendez que je me souvienne" de René Lévesque. Le roman de Leclerc, tout en finesse, construit sur des observations et souvenirs de jeunesse me rappelle un peu Prévert. Poésie qui prend ses racines dans le vécu. Simplicité des mots, de la construction, pas de sinuosité dans le propos mais une qualité d'observation qui laisse l'émotion traverser les mots. Et toujours cette pudeur, cette classe qui ne retient que l'essentiel des choses, qui nous fait sentir la poésie qui se cache derrière les choses les plus simples. Une vision haute et profonde à la fois.

 

Il y a dans l'écriture de Lévesque, quelque chose se rapprochant de Leclerc. Une sensibilité à fleur de peau. En gagnant un premier ministre nous avons certainement perdu un grand écrivain, et je me demande si on a pas perdu au change...

 

Je me rends compte tout à coup que pour me rendre à mon dernier concert j'ai pris l'autoroute Félix Leclerc et le boulevard René Lévesque...Chacun de ces personnages ont tracé leur chemin, écrit une page d'histoire du Québec, en ont été les témoins et acteurs...et ont fini en bitume... 

 

L'avion est disparu. Ne reste que le fil blanc qui témoigne de son passage. Le ciel est d'un bleu pur.  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:20

Le vert des montagnes s'harmonise magnifiquement avec le gris du ciel. La légère brume qui enveloppe le paysage nous donne un subtil rappel des nuages. En fait, c'est comme s'il n'y avait pas de nuages. Le ciel est uniformément gris comme un ciel peut être bleu. De grands oiseaux tracent des cercles dans les airs pendant de longues minutes profitant des quelques courants chauds et du vent. À peine s'ils esquissent quelques battements d'ailes. Comme ces oiseaux qui ornent les fils électriques qui longent la routes, par centaines, ils donnent l'impression de tenir un dernier conciliabule avant de quitter le Québec vers des contrés moins froides. Ainsi, chaque année, irrémédiablement, le cycle continue. Les saisons passent.

 

Elle faisait de grands efforts pour paraître. Toute son énergie passait en calculs, le moindre mot qui sortait de sa bouche était soupesé, analysé avant d'être émis. L'impact que pouvait avoir son discours ou ses gestes étaient savamment dosés pour donner une impression de politesse, de bonne éducation, de savoir vivre, d'adulte responsable et sympathique. Le masque de bonté qu'elle portait depuis toute petite était devenu une seconde peau, un second visage. Elle avait été éduquée dans ce sens. Ne rien laisser paraître. Cacher. Ne pas voir. Éviter, contourner, refuser, trouver des refuges confortables, sans danger pour l'image qu'elle s'était forgée au cours de toutes ces années. C'était devenu une seconde nature, je veux dire qu'elle était devenu une seconde personne. Celle du dehors et celle du dedans. 

 

Heureusement pour elle, elle vivait dans une société qui fonctionnait de même. La société du dehors, avenante, tolérante, bon enfant, acceuillante cachait en elle des élans qui aurait fait frémir toutes personnes un peu observatrices et perspicaces. La jalousie, l'envie, les ambitions secrètes non dévoilées et coupables, le manque de courage de voir et dire, tout ça formait une espèce de magma souterrain, un sable mouvant qui engloutissait toute personne qui aurait voulu taper trop fort du pied. La charité qui masque une forme de pouvoir sur l'autre était perçu comme la marque des hautes âmes, des gens qui ont réussi et qui partagent, qui ont une (mauvaise?) conscience. Chacun avait ses pauvres comme on a un chien.

 

Les quelques personnes qui osaient parler franchement étaient taxées de "chialeuses" ou violentes. On les écoutait d'une oreille compatissante, un peu comme ce prêtre qui vous écoute lors de la confession, mais de haut.

 

-Quoi? Comment? Non...Vous exagérez...Vous êtes négatif, je ne veux pas vous cotoyer.

-Mais enfin...Regardons-nous! Nous sommes misérables! Médiocres et si sûrs de nous, de notre façon de vivre...Nous acceptons des choses normalement innaceptables! L'injustice pernicieuse qu'on nous explique avec des chiffres, calmement, cravaté, les horreurs qu'on regarde le soir aux nouvelles en sirotant une bière...

-Ah!...C'est vrai que chez les autres, c'est horrible...Comment font-ils pour vivre et supporter toutes ces misères...Moi, si j'étais eux...

-Mais vous êtes eux! Nous sommes eux! Comment osez-vous prétendre être heureux pendant qu'eux subissent toutes ces...Pourquoi sommes-nous devenus si insensibles? De quoi sommes-nous si fiers? Pourquoi ce contentement si mesquin et, au fond, criminel?

-Vraiment, vous êtes infréquentable...Devrais-je sacrifier mon confort pour venir en aide à des gens que je ne connais même pas?

-On pourrait peut-être commencer par les écouter...Je ne sais pas...On devrait peut-être commencer par se regarder...

 

Je me réveille avec un mauvais goût dans la bouche. Quel cauchemard...C'est fou ce que le cerveau peut nous faire dire en rêve lorsqu'on s'oublie...Allez! Un bon café et la journée commence!

 

Le vert des montagnes s'harmonise magnifiquement avec le gris du ciel. La légère brume qui enveloppe le paysage nous donne un subtil rappel...

 

 

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 12:49

J'entend le vent qui glisse sur le toit et fait frémir la maison. Elle frissonne comme moi. Des oiseaux tentent de remonter ce souffle pour se diriger vers le lac et font du surplace dans les airs, battent des ailes presque avec rage. Ils ne chantent pas, trop occupés qu'ils sont à contrer ce vent froid. Le vent du nord. Tout à coup, quelques oiseaux font volte face et disparaissent à une allure folle, emporter par le noroît. Le reste suit. En quelques secondes le ciel est déserté, vide. Ne reste que la plainte des arbres qui ploient sous le vent. Le ciel est bleu tacheté de nuage gris hauts et presque immobiles. Parfois je me sens comme ces oiseaux qui cherchent à remonter ce vent.

 

On lutte, on espère, on se bat, crie, pleure, perdu dans la tourmente. On se fixe des buts, des objectifs, on rêve d'un futur qui fuit devant nous, inatteignable et improbable. Et on souffre parce que le présent est rarement à la hauteur de ce futur imaginé. Puis, un jour, on cesse de lutter, on se laisse emporter par ce vent et tout redevient calme. Calme car avec le tumultueux souffle, dans le même sens. Tout semble s'arrêter et nous filons, nous devenons le vent, faisons corps avec lui. Le combat cesse et tout s'accélère. Nous cheminons, sans laisser de traces.

 

Vendredi. Pendant la pause qui suit le teste de son (soundcheck), vers 18:00 heures, je décide de prendre une marche dans le centre ville de Montréal, à deux pas du Gésù. Un vendredi comme les autres avec ses voitures, ses marchands et boutiques d'où une musique tonitruante vous invite à venir consommer. Dépanneurs, magasins et vitrines remplies de tee-shirts et gadgets pour touristes happent les piétons dans un brouhaha indescriptible. Des musiciens gueulent et grattent leurs guitares, tapent désespérement sur leurs tambours dans ce fouilli, apparemment insensibles et indifférents à l'indifférence des passants.

 

Dans cette tempête de sons et de bruits j'entends une douce mélodie au loin, un carillon, timide, jouant de petits airs classiques. Je m'approche et cherche à savoir d'où ces sons peuvent bien provenir. La St-James United Church, coincé entre deux molosses, deux immeubles qui semblent vouloir accompagner cet église comme des policiers accompagnents un voleur après son forfait se tient debout un peu en retrait de la rue, s'excusant presque d'exister encore. Perdues et d'un autre temps. Anachronique par son architecture et sa musique, sorte de chant, de plainte presque craintive que son carillon nous donne à entendre. J'ai comme un élan de compassion et de tristesse devant cette voix que plus personne n'écoute. Cette voix, je la connais. C'est celle des exclus, des perdants, des mendiants, c'est la voix qu'on ne veut pas entendre parce qu'elle pourrait être la nôtre. On devient sourd devant le malheur de nos frères et soeurs, trop occupés à remonter ce vent qui souffle de plus en plus fort.

 

Le rouleau compresseur de la modernité fait son chemin, écrase tout sous lui, ne laissant sur son passage que de faibles plaintes agonisantes. 

 

Le vent s'est calmé, le ciel est gris et bas maintenant. Une pluie fine arrose doucement la terre. Les feuilles esquissent un pas de danses en tombant, virevoltent et viennent toucher le sol délicatement. L'hiver approche. 

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 13:57

Lu dans le journal de Montréal du 27 septembre...Génocide naturel en Somalie! Nos humoristes ont un grand coeur mais s'ils veulent vraiment aider la Somalie, il faudra commencer par s'intéresser vraiment à ce qui s'y passe au lieu de répéter bêtement les stupidités onusiennes. Ceci dit, une partie (combien?) de l'argent amassé lors du spectacle-bénéfice de mardi passé animé par Louis-José Houde apportera une aide à ce pays dévasté. 

 

Encore une fois, les bons sentiments ne remplaceront jamais la justice. Comprendre pour mieux aider...

 

La famine qui sévit actuellement en Somalie a des causes pas seulement "naturelles", comme le souligne l'ONU mais aussi causée par la politique de balkanisation que pratique les États-Unies depuis plus de 20 ans maintenant dans ce pays.

 

Cette pratique utilisée dans plusieurs autres pays vise à les maintenir faibles et non organisés afin de pouvoir plus facilement tirer les ficelles... 

 

La Somalie, victime de la première "ingérence humanitaire" en 1992 (Restore hope), qui était en fait une invasion militaire pour contrôler le pays riche en pétrole, résista tant et si bien que les Américains durent se replier. Depuis ce temps, il n'y a pas de véritable gouvernement en Somalie si ce n'est un gouvernement fantoche, évidemment pro-Américain, qui n'a pas un véritable soutien du peuple somalien. 

 

Ce que vise pour l'instant les États-Unies et les puissances occidentales n'est pas l'exploitation du pétrole mais un ralentissement et un affaiblissement du pouvoir de négocier de ce pays avec d'autres pays comme la Chine ou l'Inde. Au moment où il était président du gouvernement de transition (pourtant soutenu par les USA), Abdulah Yusuf, fit un voyage en Chine afin de leur vendre le pétrole Somalien. Ce voyage provoqua tout un émoi aux États-Unies et en Europe. 

 

Des raisons stratégiques expliquent aussi le maintien de la Somalie dans le chaos. Sous prétexte de combattre la piraterie, l'OTAN maintient une force navale qui contrôle une grande partie de l'océan Indien. Une Somalie forte et unie pourrait développer des relations économiques avec l'Inde et la Chine, ce que les USA et l'Europe ne souhaitent pas...Nelson Mandela, lorsqu'il était président de l'Afrique de Sud, avait évoqué la nécéssité d'un changement de paradigme dans l'Océan Indien (Kenya, Madagascar, Tanzanie, Zanzibar) afin que ceux-ci puissent développer des relations économiques fructueuses avec les pays asiatiques.



Source : Wikipedia

De plus, du fait de la faiblesse de la Somalie, plusieurs compagnies viennent déverser leur produits toxiques au large des côtes somaliennes (3,300 kms!), créant une pollution qui a détruit une grande partie des revenus des pêcheurs et cause des maladies aux gens qui vivent sur le littoral. La piraterie est une réaction à ce problème mais ça, on ne nous le dit pas...

 

Imaginez deux minutes qu'on viennent déverser des produits toxiques dans le St-Laurent, que la population commence à tomber malade, que nos crevettes de Matane ou notre homard des Îles-de-la-Madeleine soient impropres à la consommation...Quelle serait notre réaction?

 

Une famine effroyable sévit en Somalie, la pire depuis 20 ans. Causée par la sécheresse mais aussi et surtout par la politique désastreuse et criminelle qu'on y pratique. 

 

Il est évidemment tout à l'honneur de nos humoristes d'apporter leur soutien à ce peuple mais ce n'est pas l'unique (et peut-être la meilleure) façon de le faire.

 

"Tout ce qu'on peut faire, affirme Louis José Houde, c'est ammaser des sous et leur envoyer". Pas d'accord. On peut essayer de comprendre. Mais pour ça, il faut investir du temps et ne pas se contenter d'apaiser notre conscience avec des soirées-bénéfices qui ne régleront pas les problèmes de fond.

La charité est certainement utile à court terme. La justice vise le long terme.

 


 


 


 

 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 12:30

Conférence donnée par Bill Gates dans une école. Résumé et extraits de quelques points, suivi de mes commentaires sur ces points.

 

Les bons sentiments et enseignements politiquement corrects créent une génération de jeunes avec aucun concept de la réalité (la réalité selon Bill Gates...). Ces concept les prédisposent à l'échec dans un monde réel (ce monde peut et doit être changé). 

La vraie vie selon Bill:

Règlement 1 : La vie est injuste, habituez vous!

Règlement 2 : Le monde se fout de votre amour-propre. Le monde s'attendra à ce que vous accomplissiez quelque chose AVANT que vous ne vous félicitiez vous-même.

Règlement 3 : Vous ne gagnerez pas $60,000 l'an en sortant de l'école. Vous ne serez pas vice-président avec cellulaire fourni avant d'avoir gagné ces deux privilèges.

Règlement 4: Si vous croyez que votre professeur est dur avec vous, attendez d'avoir un patron.

Règlement 5 : Travailler, par exemple, dans une friterie n'est pas s'abaisser, vos grands-parents avaient un mot différent pour ça : ils appelaient ça une opportunité.

Règlement 6: Si vous gaffez, CE N'EST PAS LA FAUTE DE VOS PARENTS, arrêtez de chialer et apprenez de vos erreurs.

Règlement 7 : Avant que vous naissiez, vos parents n'étaient pas aussi ennuyants qu'ils le sont maintenant, ils sont devenus comme ça en payant vos factures, en nettoyant vos vêtements et à vous entendre raconter comment bons et cool vous vous croyez. Ainsi, avant de sauver les forêts tropicales des parasites de la génération de vos parents, commencez donc par faire le ménage dans la garde-robe de votre propre chambre.

Règlement 8 : Votre école s'est peut-être débarrassée du système gagnant-perdant, mais PAS LA VIE. Dans certaines écoles, on a aboli les notes de passage et on vous donne autant de chances que vous voulez d'obtenir la bonne réponse. Ceci ne ressemble d'aucune façon à la vraie vie.

Règlement 9 : La vie n'est pas divisée en semestres. L'été n'est pas une période de congé et très peu d'employeurs sont disposés à vous aider à VOUS TROUVER, faites ça sur votre propre temps.

Règlement 10 : La télévision n'est pas la vraie vie. Dans la vraie vie, les gens quittent le café et vont travailler.

 

Mes Commentaires (attention! de l'humour s'est glissé parfois dans ce texte...)

1-Le premier point commence plutôt mal. Il y a deux sortes d'injustices: celle de la nature et celle des hommes. Celle de la nature, nous devons, en effet, nous habituer. Naître avec plus ou moins d'intelligence, de facultés, quelles qu'elles soient est injuste et inéluctable, nous devons faire avec ce dont mère-nature nous a pourvu. Celle des hommes est à combattre jusqu'à la dernière énergie. Monsieur Gates voudrait que l'on accepte et s'habitue à nos conditions de vie plus ou moins misérables, l'effroyable injustice causée par la rapacité d'une nouvelle caste de financiers qui ruinent notre avenir collectif. Non Monsieur Gates, jamais nous nous habituerons à cette injustice.

 

2-Le monde se fout de votre amour-propre. Le monde se fout du monde devrait-il dire. L'indifférence générale envers nos voisins, nos compagnons et compagnes, nos collègues de travail, "l'autre" en général, sert beaucoup les gens qui nous dirigent, patrons et gouvernements. Il est beaucoup plus facile de contrôler des individus isolés que des groupes organisés. Séparer pour régner est vieux comme le monde! Notre société est bâti autour de projets individuels nourris par l'ambition, l'individualisme et l'égoïsme à la plus grande joie des dirigeants.

 

3-Si votre but dans la vie est de gagner $60,000 par an avec cellulaire fourni par le patron ou devenir président de je ne sais quel business vous êtes déjà mort. La vie est mille fois plus excitante et riche que cela!

 

4-Arrangez-vous pour être votre propre patron. Si votre patron est dur, ambitieux et prêt à beaucoup de choses pour "arriver" dites-vous bien qu'il est un pauvre diable qui n'a rien compris à la vie. Offrez-lui un verre...Et parlez-lui du ciel, des arbres, de la douceur de vivre, de la couleur de la pluie et du vent...Faites-en un humain...Rendez-le sensible...

 

5-Travailler dans une friterie...Bien sûr, quelle opportunité...pour le patron. Quand Bill Gates parle de friterie, il parle de Mcdonald, Harveys et autres multinationales. Voilà de belles opportunités qui vous apprennent un vrai métier, de vraies valeurs comme comment vivre et rester pauvres pendant que la compagnie réalise des millions en profit. D'ailleurs, elle gagne ces faramineux profits parce que vous êtes exploités...mais ça...il faut s'habituer...

 

6-Si vous avez eu une bonne ou mauvaise éducation, c'est la faute de vos parents. Si vous n'apprenez pas de vos erreurs c'est qu'ils n'ont pas appris des leurs.

 

7-Vos parents étaient probablement aussi ennuyants avant que vous naissiez et pas assez responsables pour se protéger alors qu'ils faisaient l'amour. Si vous sentez que vous êtes un fardeaux pour vos parents c'est qu'il sont perdus, tout comme vous. Offrez-leurs un verre et...

 

8-Gagnant-perdant...Qui perd quoi et qui gagne quoi? L'argent, le pouvoir, la réussite personnelle? Quand on perd c'est la société qui perd. Gagner de même. Quelle affreux concept: gagner pour soi. Perdre pour soi.

 

9-Après avoir passé toute la journée à vendre des frites vous pouvez vous trouver...Merci Bill!

 

10-Là, je suis d'accord avec notre philosophe milliardaire. La télévision n'est pas la vraie vie. Mais ce que propose Bill Gates ne l'est pas non plus.

 

L'organisation de notre société est faite de choix et peut être changée. Ce n'est pas une chose qui est "naturelle" et inéluctable.

 


 

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 16:17

Le ciel rougeoit. Des nuages gris courent, se sauvent avant que le soleil ne les rattrape. Quelques oiseaux chantent dans la cîme de l'arbre qui pousse près de la maison. Un camion passe, les oiseaux se taisent mais reprennent leurs chants aussitôt le mastodonte passé. Nous sommes parfois ce camion qui passe, indifférents, bruyants, rapides et efficaces. Lourds.

 

Être Québécois, Canadien, Italien ou Américain, Catholique, Protestant, Hindouiste, Communiste. S'identifier avec quelque chose de plus grand ou large que nous nous donne une certaine satisfaction, un sentiment de sécurité. Appartenir à un groupe, une idéologie, un parti politique ou quelques organisations que ce soit sont pourtant la cause de beaucoup de malheurs et de guerres, de conflits et de mésententes. Nous sommes responsables de ce fait par notre désir de nous regrouper, de vouloir posséder, de nous identifier à nos idées et nos avoirs. Tôt ou tard nous aurons à défendre toutes ces choses et ces idées car nous sommes convaincus qu'elles sont nôtres, qu'elles nous définissent.

 

Or, nous ne sommes que de passage sur cette planète. Nous en sommes responsables mais n'en sommes pas propriétaires, tout comme nos enfants. Le problème n'est pas de ne rien avoir (on a tous besoin d'un toit!) mais de s'identifier avec nos avoirs. Être détaché de tout, amis, maisons, métier que l'on pratique, idées que l'on a etc. ne signifie pas être indifférent ou ne pas avoir d'idées! Cela signifie que l'on a rien à défendre. Tenir à ses idées, sa pensée comme à ce que l'on possède est absurde. On emporte avec soi ni maison ni idée. Par contre comprendre (qui n'est pas accumulation de savoir) reste la clé d'une vie. Garder la passion et la capacité de vouloir comprendre les gens, les choses, les relations et tout ce qui fait la vie permet de rester vigilant. Perdre cette capacité de s'abandonner fait de nous des adultes...dans le mauvais sens du terme. Calculateur, froid, souvent rempli de cette prétention, cette fausse supériorité que donne l'accumulation de savoir, sûr de lui, cachant ses doutes parce que pour lui faiblesses...

 

Si, pour moi, être Québécois, par exemple, est quelque chose auquel je crois et m'identifie, je devrai défendre ce pays, cette idée, et je me sentirai différents des autres parce que convaincu que ce mur (le fait de se penser Québécois) est réel. Les différences culturelles qui font que nous voyons les choses de tel ou tel façon suivant que l'on provient de tel ou tel pays sont superficielles par rapport au fait que nous sommes d'abord humains. Le fond reste identique. J'aime, je souffre en tant qu'humain et non en tant que Japonais ou Grec ou que sais-je. La joie et la peine sont identiques partout. La jalousie, l'envie, le rire, l'intelligence de même. Et beaucoup d'autres choses.

 

Prendre conscience de ce fait donne beaucoup de liberté et rend caduque cette vision qu'il y a quelque chose qui fait de nous des êtres "à part", coupés et différents des autres. Nous sommes unis et uniques! Différents sous certains aspects mais identiques sous d'autres et j'ai cette forte impression que ce qui nous unit est essentiel, constitue la base de l'humain. En nous concentrants et identifiants avec nos différences nous construisons un monde qui devient invivables. Il suffit d'observer un peu autour de nous pour voir ce fait. 

 

C'est tout un choeur (coeur?) d'oiseaux qui égaie maintenant la cour. Sur le toit d'une maison voisine des pigeons en rang d'oignons attendent que le soleil réchauffe leurs corps avant de prendre leur envol. 

 

 

 

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture