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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 07:03

-C'était quoi ça?

 

Pierre était complètement chamboulé. Je dois dire que ce dont on venait d'être témoin laissait un doute dans nos esprit. Avions-nous vraiment vu ce qu'on venait de voir? Et ce calme...Tout était arrivé si vite! Je pense que le voisinage devait être dans le même état que nous. Personne ne croyait ou ne réalisait ce qui venait de se passer. 

 

-Où sont passés les animaux? Tout en s'approchant de la table les yeux fixés sur les deux livres, Pierre nous bombardait de questions. Jacques toujours à la fenêtre coupa court au flôt des pourquoi et comment.

 

-Il y a certainement une réponse logique et raisonnable à tes questionnements vieux! Pour l'instant je propose une sortie pour voir ce que les bêtes sont devenues. Elles ne doivent pas être si loin! En attendant je nous prépare quelque chose de chaud et après l'expédition nous...

 

Le téléphone sonne.

 

-Oui? Jean! Tu as vu ce qui...Quoi!! À la bibliothèque? On arrive! Il raccrocha.

 

-Que se passe-t-il?

 

-Jean a eu la même idée que moi! Il est à la bibliothèque. Il a trouvé un exemplaire du livre...

 

-Et le bibliothécaire ne veut pas qu'il sorte le bouquin...exact?

 

-Pas vraiment...Personne ne peut sortir de la bibliothèque...les animaux bloquent la sortie...

 

-Que veux-tu dire?

 

-Pas de détails mais il m'a dit que des chats et des chiens se tenaient devant la porte, assis ou couchés, tranquilles mais dès que quelqu'un ouvre la porte...

 

-Mais je rêve ou quoi! Ils ont appelé les pompiers? la police? la société protectrice des animaux? Ou...Je ne sais pas! On se croirait dans un film de Hitchcock! Vous vous souvenez? Les oiseaux...

 

-Je te dit que je n'ai pas de détails. Probablement...

 

Pierre avait suivi le dialogue.

 

-C'est un signe! 

 

-Ah non! Ou plutôt oui mais ce n'est pas ce que tu penses! La fin des temps, la revanche de la nature et toutes les conneries de ce genre me passent à cent mètres par-dessus la tête! Il y a une explication, probablement simple. Souvenez-vous des suicides collectifs de dauphins retrouvés sur la grève, les baleines échouées par dizaines, les pluies de grenouilles en Amérique du Sud! Les scientifiques ont trouvé des réponses à tous ces mystères! Et bien d'autres!

 

-Oui, peut-être.

 

Pierre avait repris son calme et feuilletait les deux livres.

 

-Et les livres? Tu dis que Jean a trouvé une copie à la bibliothèque? Et ça? 

 

Pierre sorti de son sac une quatrième copie du livre.

 

  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 16:03

J'arrivai chez Jacques et le trouvai attablé devant ce qui semblait une copie du livre. 

 

La maison était sans dessus-dessous. La famille n'avait aucun sens de l'ordre et on pouvait trouver des assiettes sales un peu partout, des verres oubliés depuis des lustres dans les coins les plus surprenants (J'en trouvai un un jour dans le réservoir des toilettes!) sans parler des vêtements disséminés au quatre coins de la maison. La poussière s'accumulait mais tout ce beau monde s'en foutait complètement. Il régnait dans cette famille une joie de vivre et une légèreté face aux vicissitudes de l'existence digne de mention. Rien ne semblait pouvoir entacher cette légèreté.

 

-Fais voir ton livre!

 

Jacques était rarement sérieux comme maintenant. Même dans les cours (nous étions tous les deux en science politique-déjà ce nom faisait marrer Jacques) les plus arides il faisait montre d'un humour dévastateur. Au grand dam des professeurs!

 

-Où as-tu trouvé ce livre?

 

-Complètement en bas du dernier rayon, un peu caché, dans le fond de la bibliothèque à gauche. Ton histoire a piqué ma curiosité et après notre rencontre je m'y suis directement rendu, et j'ai regardé exactement là où tu avais trouvé ton livre. Et voilà ce que je trouve!

 

-J'ai l'impression qu'on veut nous faire une farce...

 

-Je ne pense pas. J'ai déjà commencé à vérifier le papier, le genre d'écriture, la dactylographie. J'ai même eu le temps de lire quelques pages! C'est assez étrange. Écoute, je ne suis pas spécialiste toi non plus, mais il me semble que nous tenons là quelque chose...

 

-Et comment expliques-tu le fait de trouver une copie ou ce qui semble une copie, ça reste à vérifier, au même endroit? Comment as-tu fais pour sortir le livre? Le bibliothécaire t'a laissé partir avec?

 

-En fait je ne lui ai pas vraiment demandé la permission...Après ce que tu nous a dit...Je suggère de demander l'avis de gens...

 

-Et si nous commencions par le lire ce foutu livre au lieu d'imaginer...Quand même...au même endroit...Voyons voir.

 

Joignant le geste à la parole, je sors le livre de ma poche, le dépose sur la table, tire une chaise et commence la lecture.

 

-Commençons par vérifier chaque page. "Je ne suis d'ici ni d'ailleurs"...

 

-Il est de nulle part et de partout quoi! Ça y est! C'est Dieu qui s'est décidé à écrire un bouquin! C'est Pierre qui va être content!

 

-Allons Jacques! Si tu commences, ça va être long...

 

-Tiens! En parlant du loup...

 

Pierre se tenait sur la galerie en nous faisant de grands gestes pour venir le rejoindre.

 

Eh bien! Entre! cria Jacques

 

Je me lève pour voir par la fenêtre...Des dizaines de chiens et de chats couraient dans tous les sens, se heurtant parfois. C'est la première fois que j'assistais à pareille spectacle et ne savais trop quoi penser.

 

-Un feu quelque part? Demanda Jacques qui s'était approché.

 

-Je ne sais pas mais les animaux ne semblent pas fuir dans une direction précise, certains même tournent en rond!

 

Quelques minutes passèrent et tout redevint calme. Pierre entra et vit les deux livres sur la table.

 


 

 


 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 16:39

Une mince couche de neige recouvrait le sol rendant chacun de mes pas périlleux. Je n'avais que mes souliers de ville avec des semelles aussi glissantes que des skis bien fartés. J'arrivais tant bien que mal au niveau de ma rue.

 

Les énormes pères noël, bonhommes de neiges, les crèches construites dans des bulles de plastiques tranparentes (avec soufflerie pour imiter la neige qui tombe!) tentaient de donner un air de fête. En ce qui me concerne ces décorations me donnaient plutôt la nausée et affichaient le peu de goût de ses propriétaires. Restaient les lumières multicolores qui donnaient un peu de gaieté. 

 

L'année 2012 qui allait prendre fin avait été plutôt calme, sans grande surprise. Comme à chaque année on s'était souhaité bonheur, santé et tout le tralala de façon mécanique, sans vraiment y penser. L'année avait été comme nos souhaits, pas très différentes des autres années donc.

 

Toujours les guerres, les tueries au nom de la paix, de la démocratie, de la liberté. Les mêmes politiciens qui faisaient les mêmes discours, les uns sur l'indépendance les autres sur l'économie, ces discours se mélangeant parfois. Le peuple avachit devant les nombreux écrans maintenant disponibles, indifférents et silencieux. Quelques voix s'élevaient mais étaient vite récupérées par le système médiatique, savamment noyées dans un brouhaha informe et indigeste. Une année comme les autres.

 

J'entrai par la porte de derrière et donnai à manger au chat. La maison était calme, la neige avait cessé. 

 

J'aimais beaucoup l'hiver principalement à cause la neige. Elle rendait les sons plus doux et les couleurs, par temps très froid, plus crues. On dit que la neige est blanche. Rien de plus faux! La neige donne aux paysages d'infinis tons de bleu! L'hiver est propice à la lecture, à la réflexion, à la méditation.

 

Le téléphone sonne, c'est Jacques. Haletant et avec une voix fébrile me demande de lui répéter la phrase du fameux livre. Je m'exécute et je n'ai pas fini qu'il me coupe.

-J'arrive de la bibliothèque et j'ai trouvé un livre qui semble être une copie du tiens. Rejoins-moi tout de suite chez moi. Et il raccroche.

 

Je me prépare en vitesse, met le livre dans la poche de ma veste. Avant de sortir je remarque que mon chat n'a pas touché à son plat, lui si gourmand d'habitude. Il est assis au milieu de la cuisine et me regarde d'un drôle d'air, un air que je ne lui connais pas. J'avance ma main pour lui prodiguer une caresse, il gronde et s'enfuit à toute vitesse dans le salon pour se cacher sous le sofa. Je l'entends encore alors que je sors pour rejoindre mon ami.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 16:23

Sur le chemin du retour je me mis à réfléchir à cette première phrase. "le temps est une invention de l'homme". Cela me semblait tiré par les cheveux. On pouvait aisément voir que le temps n'était pas une invention sortie du cerveau humain. On pouvait voir une plante pousser, nos parents vieillir etc. Pourquoi l'auteur avait écrit une pareille sottise? Plus je réfléchissais et plus je regrettais d'avoir emprunter ce livre. Encore des âneries d'illuminé.

 

Alors que je méditais sur mon choix peu approprié je tombai sur trois amis au détour d'une rue. Après les bonjour et comment ça va d'usage, je leur fit part de ma découverte et de cette première phrase qui me semblait bizarre.

 

Avant de continuer, je dois vous présenter ces trois amis. 

 

Le premier, grand blond décharné, rigolo et vif, vivait à deux pas de chez moi. Il venait d'une famille d'intellectuels (ses parents étaient tous deux professeurs à l'université-elle en philosophie et lui en mathématiques) et étaient passionnés par la littérature. Jacques adorait lire et détestait toutes formes de sports.  

 

Mon second ami joufflu, cheveux noirs corbeaux, taciturne la plupart du temps, aimait la peinture mais seulement pour la contempler. Pierre était fasciné par Dieu. Il voyait Dieu partout et lisait la bible à tous les jours. Ce qu'il aimait par-dessus tout c'était la nature (oeuvre de Dieu comme il disait) et il parcourait des kilomètres à pieds dans la forêt située à proximité de la ville. C'était la forêt des Calés.

 

Mon troisième ami, Jean, le plus costaud des trois, sportif, sûr de lui et grande gueule contrastait avec les deux autres. On se demandait ce qu'il appréciait chez Jacques et Pierre d'ailleurs. Jean avait un visage volontaire, des machoires proéminentes, un front haut et un début de calvitie qui le faisait paraître plus vieux que son âge.

 

Toujours est-il que nous étions souvent ensemble malgré nos différences notables. Nous vivions dans le même quartier et on nous surnommait les mousquetaires. Cela faisait rire Jacques car il savait bien que, justement, les trois mousquetaires étaient en réalité...quatre! 

 

Après quelques minutes de discussion autour de la phrase nous nous séparâmes en nous promettant de lire ce livre chacun notre tour pour en discuter. Jean renaclait un peu de devoir lire cette ineptie mais se plia au jeu. Jacques avait déjà une idée de ce que pouvait contenir le livre, fit quelques blagues concernant le temps soit-disant inventé par l'homme et la calvitie de Jean, trouva le projet légèrement farfelu, donc il aimait! Pierre pris la chose très sérieusement et demanda à être le second lecteur, ce que tout le monde accepta.

 

Je repris le chemin de la maison.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 12:42

J'ai lu un livre quand j'avais autour de 20 ans qui est resté marqué dans ma mémoire. D'où je viens la bibliothèque municipale offrait un nombre réduit de bouquins mais le choix restait assez vaste pour occuper un jeune homme curieux de tout mais surtout de rien.

 

Quand tout nous intéresse c'est que dans le fond nous sommes indifférents à ce qui nous intéresse. Pas de passion véritable mais une mer d'intérêts, sans forme, sans buts précis, l'esprit constamment occupé à chercher pour chercher. Trouver pour moi n'avait aucun sens car cela aurait mis fin à mes recherches. J'explorais pour me sentir vivant et non pas pour trouver des réponses. Je crois que dans le fond, j'avais peur de trouver. Cela mettrait fin à mon rêve d'exister. Des réponses partielles me satisfaisaient. Je voguais sur cette mer de connaissance. Je vivais à l'horizontal.

 

C'est lors d'une visite à la bibliothèque que je tombai donc sur ce livre. Il était coincé tout en bas d'une étagère sur le dernier rayon presque au niveau du sol, poussiéreux et jauni. Il attira mon attention et commençai à le feuilleter. Pas de pagination, pas de nom d'auteur, édition inconnue. Le texte débutait dès la première page et finissait au verso du livre. En fait j'ai cru à ce moment que l'on avait tout simplement arraché la couverture et les pages de présentation et qu'il ne restait de ce livre que le texte. Pourtant malgré son air vieillot quelque chose me disait que ce livre n'avait jamais ou peu été lu. La reliure semblait neuve et certaine pages étaient soudées ensemble, vous savez comme ces vieux bouquins dont il faut couper certaines pages reliées entre elles.

 

J'emporte donc ce livre avec quelques autres chez moi. Je dois dire que j'ai eu quelques problèmes lors de l'enregistrement du livre car celui-ci n'était pas officiellement dans l'inventaire de la bibliothèque. Après plusieurs vérification du bibliothécaire dans ses fiches et concluant que ce bouquin ne faisait pas partie de la bibliothèque il me laissa partir avec le livre en prenant soin de noter la première phrase (il n'y avait pas de titre, ni de numéro d'enregistrement ni de pochette où mettre la date de retour et l'éventuelle carte où l'on notait les dates d'emprunt) en me faisant promettre de le ramener lorsque j'en aurais terminé la lecture. J'étais un habitué, il me faisait confiance.

 

"Je ne suis d'ici ni d'ailleurs, je ne connais ni souffrance ni joie. Le temps est une invention de l'homme. Je n'ai pas de concepts sur les choses du monde ni sur moi-même et pourtant j'existe". 

 

Cette phrase, notée sourire en coin par le bibliothècaire, avait piqué ma curiosité mais aussi ma méfiance. Combien de livres j'avais lu portant sur la spiritualité, sur les religions, les croyances et traditions, la psychologie et j'en passe! Tous ces livres m'avaient laissé comme un mauvais goût dans la bouche, une espèce de malaise. J'avais toujours l'impression qu'on essayait de me vendre quelque chose. En même temps cela faisait un peu mon affaire, je ne voulais pas trouver mais seulement chercher. Peut-être ces livres me ressemblaient trop...  

   

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 21:17

La lumière reprend ses droits, le jour s'allonge, la nuit devient plus courte. La nature suit son cours inexorablement, sagement comme elle le fait et le fera jusqu'à la fin de toujours...

 

"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil" René Char

 

Cette phrase magnifique, chargée de sens, devrait nous faire réfléchir. Qu'est-ce qui peut nous rendre lucide? Ici, je ne fait aucunement référence à ce mouvement des (autoproclamés) lucides et de leur manifeste pour le moins obscur, puérile en un sens, manquant de profondeur et de maturité. On reste à la surface des choses encore une fois avec cette pensée, qui m'étonnera toujours, qui est d'affirmer que des changements profonds et réels pourront venir avec des recettes économistes à courtes vues, sans vision autre que de préserver notre culture de l'enrichissement personnel comme porteuse d'avenir!

 

Cette douloureuse lucidité souvent doublée ou accompagnée de désespoir est peut-être ce déclic, cette base sur lequel un vrai changement pourra se bâtir. Encore faut-il avoir le courage de voir et de vivre, de comprendre et d'affronter cette douleur et ce désespoir sans vouloir s'en échapper. En évitant également les pièges du dolorisme véhiculé, entre autre, par la plupart des religions. Il n'est pas question ici de se complaire dans la douleur, on l'aura compris. Éviter, se détourner à tout prix du desespoir et de la douleur c'est se priver de quelque chose qui peut être magnifique et porteur. 

 

Notre société refuse de façon névrotique, veut ignorer cette douleur par toutes sortes de stratégies plus ou moins sophistiquées: la consommation, l'entertainment sous toutes ses formes, la course à la réussite, les pouvoirs. La lecture et la connaissance pour la connaissance, c'est-à-dire l'emmagasinement du savoir pour le simple fait de savoir (devenir des boîtes à fiches, dixit Leon Bloy) sans connection avec la connaissance de soi-même peuvent entrer dans ses stratégies. Tout ce qui nous éloigne de nous-mêmes est à mettre dans cette approche dénué d'avenir et suicidaire. Toute fuite "en avant" devient paradoxalement un boulet qui nous empêche d'avancer réellement. 

 

Je reviens sur cette idée de culture générale. Vouloir définir de quoi cette culture générale devrait être constituer me paraît intéressant mais sortir cette culture générale, la poser comme quelque chose d'autonome sans ou peu de lien avec la connaissance de nous-mêmes devient aussi cette fuite aveugle et dénuée de sens. 

 

Dans l'éducation (que je qualifie de petite à l'instar de René Barbier-directeur des sciences de l'éducation à l'université de Paris 8) nous avons coupé la connaissance de soi de la connaissance "pure". Le rapport à la connaissance de soi introduit un "trou noir" dans la région du savoir, l'empêchant de devenir totalitaire (je reprend ses paroles).

 

La transmission du savoir, si elle reste au niveau de la "reproduction" (ce qui semble être promut essentiellement dans une culture générale "autonome") retire la possibilité aux étudiants de découvrir, la plupart du temps, quoi que ce soit sur eux-mêmes. Elle devient répétition de ce qui a toujours été. De plus, ce mode de transmission enferme, englue et empêche d'être ou de rendre sensible au caractère imprévisible, spontanée, "bouleversant" de la vie.

 

Lorsque l'on parle de culture générale, si nous sommes sérieux, nous ne pouvons ignorer l'urgence de mettre cette connaissance de soi-même à la base de tout "l'édifice" que nous tenterons de construire avec les étudiants, peu importe le niveau. Elle devra faire partie intégrante de cette culture générale. Sans cette connaissance, nous devenons des spécialistes froids, sans vision, "compétents" mais coupés de la vie. Morts. 

 

L'éducateur s'appuiera d'abord sur la connaissance de lui-même, ne sera plus uniquement cet érudit, ce spécialiste du savoir-faire, du savoir tout court, cette "boîte à fiches". Il pourra alors acceuillir le savoir des autres et le faire fructifier.

 

Le livre (ou la culture) n'a de sens que lorsqu'il devient lui-même provocateur à l'expérience intérieur et qu'alors, comme disait Nietzsche "tu pourras jeter mon livre".

 

La culture générale n'a de sens que si elle éveille cette possibilité chez son détenteur "actif" d'exister autrement.

 

Le spirituel n'est pas un jeux psychologique mais un enjeux existentiel radical.

 

 

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 16:24

Le mot n'est pas la chose. Cette évidence est un premier pas vers une compréhension de notre façon de communiquer, du moins l'une de ses facettes.

 

Pour affirmer une telle chose il est important de saisir les obstacles créés par les mots.

 

Nous avons tous pu observer ces interminables réunions ou conférences internationales portant, par exemple, sur la paix ou le réchauffement climatique; ces réunions devant se terminer sans véritables consensus, chacun défendant son idéologie.

 

Plus près de nous, nous pouvons trop souvent constater les petites luttes mesquines qui se déroulent sur les différentes plate-formes ou médias sociaux, chacun défendant "sa" position, son point de vue, ne dérogeant que très peu ou rarement de sa pensée initiale. Nous défendons des idées comme si notre vie en dépendait, comme si notre opinion, notre "moi" prévalait sur les faits.

 

Au lieu de se pencher ensemble sur un problème et d'essayer d'y voir clair, nous partons en guerre (l'expression est à peine trop forte) pour étaler nos convictions et nos conclusions.

 

Il me semble que pour arriver à une véritable relation et non pas à ce semblant de relation que l'on constate, nous devons comprendre et donc dépasser la charge émotionelle que les mots peuvent contenir. Cet abandon de la charge psychologique reliée aux mots est une condition si ne qua non d'une saine communication.

 

Nous sommes attachés aux mots, ces mots-clichés avec leur contenu auquels notre "moi" s'identifie puisant un grand réconfort et un certain plaisir. Les mots deviennent ainsi des prisons, des conditionnants puissants dans lesquels l'esprit s'enferme.

 

Toute relation devient à ce moment impossible. Les dialogues deviennent des dialogues de sourds où toute compréhension est improbable voire impossible.

 

Les mots deviennent alors des écrans qui nous empêchent de voir la vie. Tout ce que nous voyons et entendons, c'est le bavardage superficiel de nos pensées dans un flux ininterrompu.

 

Quand cesse ce passé conditionné réagissant au présent, le mouvement de la vie prend tout son sens et peut éclore d'instant en instant. À partir de ce moment une véritable relation peut s'installer.

 

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 15:27

Nous voulons un ordre extérieur avec des lois alors que notre intérieur est en crise. Le noeud et la solution du problème se trouve en nous. La crise extérieure n'est que le reflet de ce que nous sommes. Plus de lois ne feront qu'ajouter de la confusion à la confusion. C'est offrir un verre d'eau à quelqu'un qui se noie!

 

Personne ne peut nous communiquer l'intensité et le sens de la beauté. À peine peut-on esquisser de fugaces directions vers où on pourrait se tourner et regarder mais ce n'est pas certain. J'en doute. De toute façon, la plupart d'entre nous ne regarderons pas la direction indiquée mais le doigt qui pointe...Voulons-nous vraiment goûter à cette liberté?

 

Nous sommes conditionnés à penser que l'autre peut nous apprendre sur nous-mêmes (religions, sectes, politique, philosophie, psychologie etc). Cette tradition doit être balayée, disqualifiée, anéantie lorsque vient le moment de se regarder. Elle est une béquille, une illusion de sécurité et un réel danger pour notre liberté. Nous attendons toujours de l'aide de l'extérieur. Dans ce domaine, aucune aide n'est possible et souhaitable.

 

Nous trouvons une grande sécurité dans le fait de perpétuer les traditions, les patterns, les façons de faire de nos parents, grand-parents, amis etc. Nous nous sentons bien lorsque nous suivons la masse, l'ensemble des gens, la société dans laquelle nous vivons. Nous nous sentons à l'aise, en sécurité également quand nous suivons ou faisons partie d'une organisation ou d'une pensée organisée, une doctrine, quelle qu'elle soit. Tous les "ismes" et les "istes", de "a" pour anarchisme(iste) à "z" pour zoroastrisme(iste) ainsi que les religions, partis politique, sectes ne font que diviser les Hommes.

 

Toutes ces organisations sont génératrices de conflits de par leur nature même, qui est de séparer par groupes ou familles de pensée, qui plus est si notre identification à ces organisations est forte. Elles tendent également à rigidifier, à codifier et "mettre en boîtes" des comportements et favoriser ainsi une dépendance et une perte de liberté.

 

Une perte d'humanité donc. 

 


 


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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 14:37

Qui est ce "je"? Ou qu'est-ce que ce "je"? 

 

Il y a mon corps avec ses frontières dans le temps et l'espace. Il y a mes pensées génératrices de temps ou constamment inscrites dans le temps, impulsions électriques générées par le cerveau et nourries par la mémoire. Fabuleuse mémoire et logique de la pensée qui ont données, donnent et donneront le savoir fantastique, cette accumulation de connaissance extraordinairement riche et appelé à le devenir encore plus dans le futur.

 

Quand "je" parle ou écrit, qui parle et écrit?

 

Ce "je" est l'accumulation de souvenirs, d'expériences, d'émotions (bonnes et mauvaises) mémorisées, de connaissances. Tout ces choses constituent ce "je", mon égo, ma personnalité. Ce background construit l'image que nous avons de nous-mêmes, aidé en cela par la pensée qui travaille, "tourne" sans arrêt pour maintenir cette espèce d'unité fabriqué, notre désir de durer dans le temps. L'observateur.

 

Suspension de la pensée, de l'observateur. Possible?

 

Cette "voix" qui nous accompagne tout le long de notre vie, ce centre, cette forme de conscience peut-elle prendre fin? Autrement dit, la méditation est-elle possible dans la vie de tous les jours? Est-il possible de ne pas s'identifier à notre savoir, nos connaissances, à ce "je"? À cet égo qui ne veut pas mourir et pour cela utilise mille startagèmes pour rester celui qui conduit toute notre existence?

 

Nous avons tous expérimenté cette suspension, parfois sans le savoir. Devant un danger soudain, ou la beauté à couper le souffle d'un panorama (expression tout à fait juste si ce souffle est vu aussi comme cette pensée qui se coupe, se suspend!) qui stoppe nette la réflexion. Bien sûr, cette pensée dans la seconde qui suit l'expérience, reprend ses "droits" et juge, qualifie, compare, jauge, fait des parallèles, se souvient etc, nous éloignant ainsi du fait.

 

L'idée ou le mot n'est pas la chose. Le mot, l'idée de jalousie par exemple, renferme en lui nombre de choses, fait référence à un état. Ce n'est pas l'état de jalousie vécu au moment où l'on éprouve ce sentiment. Il n'y a pas de "méthodes" pour éviter ce sentiment mais seulement l'observation, faire corps au moment du fait sans rejet, concept, conclusions. Tous ces stratagèmes nous éloigneront du fait et nous empêcherons de comprendre cette jalousie. On pourra passer une vie à lire sur la jalousie, on ne saura jamais ce dont est fait ce sentiment si nous ne lui faisons pas face.

 

Tout ceci n'est pas dans notre culture! Cela paraît étrange aux yeux de beaucoup voire sacrilège, tellement, qu'elles refuseront même d'en discuter (Je l'ai mainte fois expérimenté) ou de juste soulever l'hypothèse. (Je trouve intéressant de constater que ce refus vient souvent de gens qui font justement oeuvre ou milite dans un champs donné du savoir. Il me semble pourtant que le doute fut et est le début de toute connaissance! La remise en question de la place qu'occupent dans notre civilisation le savoir et la pensée doit être totale et bienveillante. Ou alors nous ne faisons que défendre notre "bout de gras" avec toutes les limites que cela suppose.)

 

La connaissance et la pensée sont un riche et incroyable héritage. Elles sont incontournables et ont permis et permettent des avancés extraordinaires qui se voient dans notre vie quotidienne.

 

Elles deviennent un mur lorsqu'il s'agit de se comprendre, de s'observer et voir. Mur d'autant plus épais que notre identification sera profonde et réductible à cette pensée et ce savoir.

 

Tout ceci étant dit, je suis bien conscient de mes propres limites intellectuelles et de ma réflexion manquant de profondeur. D'autres personnes plus articulés ont déjà parler et écrit sur ce sujet, beaucoup mieux que moi.

 

J'ose quand même écrire et parler.

 

Veuillez me pardonner!

 


 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 16:50

Dès qu'on s'intéresse à la littérature philosophique on ne peut éprouver qu'une sorte de vertige. 

 

Une telle masse de réflexions, pensées, concepts, théories, conclusions, affirmations, propositions élaborés depuis quelques millénaires et disponibles aujourd'hui à de quoi donner ce vertige qui peut même aller jusqu'à la nausée.

 

Nausée, quand on prend conscience de cette somme fabuleuse de savoir et que nous regardons, observons notre monde finalement si étriqué, proccupé par des stupidités, mesquin dans son organisation, on se demande avec quoi toute cette connaissance peut bien rimer.

 

Ou alors c'est regarder par le petit bout de la lorgnette?

 

Philosophie: domaine constitué par un ensemble d'interrogations sur le rapport de l'Homme au monde et à son propre savoir. Projet qui consiste à vouloir dégager la structure rationnelle du monde.

 

Je m'interroge. 

 

Vouloir étudier le monde (ici je parle du monde psychologique) par le biais de la pensée m'étonnera toujours. Vouloir examiner le vivant, cette chose constamment en mouvement, avec quelque chose de mécanique (la pensée) est voué, non pas forcément à l'échec (quoique...), mais à l'élaboration d'une infinie séries de théories plus ou moins pertinentes. Je ne dis pas que c'est sans intérêt (bien voyons)!

 

Il y a un fait cependant. Nous avons (Si l'étude de l'Homme nous intéresse) la matière première sous la main: Nous-mêmes! Soi et sa relation au monde.

 

Étudier le phénomène de la vie comme quelque chose "d'extérieur" donne des concepts intéressants mais souvent compliqués (par forcément complexes) et, fatalement, inutiles, nous aidant en rien, si ce n'est qu'à nous rendre un peu plus confus. Ainsi des théories du vivant, austères parfois, naissent, coupées de...la vie, concepts devenus autonomes, déracinés de l'objet même qui était à l'origine de la recherche.

 

Je crois qu'il est triste voire dangereux de tomber dans l'étude pour l'étude, de perdre de vue la raison toute simple du questionnement philosophique qui est, pour moi, de vivre mieux, en accord avec moi-même, les autres et la nature (dans son sens le plus large). Le monde.

 

Ou alors nous risquons de devenir ce spécialiste, coupé et fragmenté comme ce physicien qui met au point la bombe atomique sans mauvaise conscience, embrassant ses enfants au retour du boulot, ou, plus près de mon sujet, ce philosophe perdu et reclus dans une pensée qui l'a finalement coupé du monde, de la vie, de lui-même. Théoricien menant parfois une vie en complète opposition avec ses recherches.

 

Que vaut la réflexion si elle ne débouche pas sur l'action?

 

Toute réflexion philosophique, me semble-t-il, devrait avoir pour point de départ et d'arrivé si je puis dire, notre propre existence. Voilà la matière première.

 

Comprendre soi pour comprendre le monde, car ce monde, après tout, n'est que le reflet de nous-même.

 


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