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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 16:54

Notez que mon titre n'est pas "Croire et ne pas croire" mais bien "Croire et ne plus croire". Parfois de petites différences sémantiques se traduisent par un abîme de différence dans notre vie quotidienne.

 

Lorsque je parle de "croire", je fais référence bien évidemment aux croyances religieuses mais pas uniquement. Croire c'est aussi penser que nous sommes canadiens ou américain, français ou anglais etc. Croire c'est tirer des conclusions sur ce que nous sommes sans y avoir vraiment réfléchi, en répétant souvent ce que d'autres ont dit, ont affirmé. Croire c'est aussi avoir des opinions derrières lesquelles nous nous cachons, trouvant une grande sécurité dans une affirmation de soi-même. Au gré du temps nous échafaudons ainsi une image de nous-mêmes qui nous sécurise et nous définit avec plus ou moins de nuances et plus ou moins de changements dans le temps.

 

Croire c'est aussi croire en des systémes, des théories parfois habiles où la réflexion semble profonde et complexe, où l'habileté joue un grand rôle. Il sera d'autant plus difficile de regarder et voir avec un esprit neuf, frais, innocent, autrement dit révolutionnaire.

 

Croire ou ne pas croire sont des conclusions et toute conclusion est une fuite. Fuite de l'instant présent et de son incroyable richesse, fuite de nous-même, fuite qui semble être la façon la plus normale de procéder dans notre société, acceptée sans être remise en cause, sans véritable réflexion...On y croit!

 

Rejeter le conformisme est une chose extrêmement difficile. On se croit (tiens...) anti-conformiste (encore une conclusion!) lorsque nous sommes contre ceci ou cela, les religions, la politique, notre gouvernement, lorsque nous traduisons cet anti-conformisme par notre apparence, notre habillement. Nous sommes simplement à la recherche d'un autre conformisme, d'autres conclusions qui nous éloignerons systématiquement du fait. Nous cherchons des gens qui penseront comme nous, qui seront d'accord avec nos nouvelles conclusions et formerons ainsi une nouvelle famille, une sécurité qui nous rendra aussi peu intelligents que ce contre quoi nous nous serons battu.

 

Croire ou ne pas croire sont des échappatoires, comme le sont Dieu ou l'alcool, la fuite dans des idéologies, dans l'érudition, bref dans le devenir, dans la réalisation qui permettent de fuir le fait. Éviter à tout prix le fait de notre solitude, profonde, irrémédiable et pourtant si porteuse et magnifique! Ce n'est qu'à partir de cette réalité (nous, nos relations avec les gens, la nature, les choses) que l'on peut vraiment construire quelque chose de nouveau.

 

Ne plus croire c'est se permettre de regarder et voir, non plus à travers les yeux des autres mais les nôtres.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 13:08

Je suis en tournée promotionnelle à Sherbrooke. Le soir dans ma chambre d'hôtel je lis, étudie les partitions que j'apporte avec moi. Il m'arrive d'ouvrir la télévision, par curiosité. Je n'en ai pas chez moi et elle est un bon moyen de "tâter le pouls" de tout un pan notre société.

 

Je passerai rapidement sur les émissions carrément destinées à des attardés mentaux, probablement conçues par des gens du même acabit...sans le savoir vu que c'est avec notre propre cerveau que nous nous évaluons...Je ne parlerai pas non plus de la propagande hallucinante auxquels les assidus de cette télévision sont assujettis. Il est clair que soumis à cette publicité quotidiennement, le cerveau se retrouve occupé par des valeurs à faire vomir, des stupidités et une violence, une espèce de frénésie de la consommation hallucinante et perverse.

 

Je veux parler ici d'une émission que j'ai regardé sur Vox, animé par Jean Barbe. Le sujet? Pierre Lemoyne d'Iberville, explorateur, navigateur. Jusque là ça va à peu près. Je dis à peu près car n'oublions pas que ces explorations se passaient sur un territoire déjà occupée par des humains...Bien sûr ce territoire n'était pas "mis en valeur" à la façon que l'on connaît aujourd'hui...C'est-à-dire que l'on exploitait pas systématiquement les ressources pour un enrichissement bien ciblé. Ce n'était pas encore le "bar ouvert" destiné à enrichir une élite...

 

Non, là où ça coince c'est quand on ajoute à Sieur d'Iberville les épithètes de commerçant et militaire. Là, il y a un problème. Pierre Lemoyne d'Iberville était donc un mercenaire. Payé pour faire la guerre, pour "explorer". Regardons aujourd'hui ce que sont ces gens qui pratiquent le même "métier". Les admire-t-on ces gens qui s'enrichissent sur le dos de cadavres? Non? Pourquoi qualifier d'Iberville de, et je cite, "grand montréalais", de "conquérant", de "héros"? Un personnage dont on devrait vanter les exploits? Un "héros qu'il faut ramener à notre mémoire"? Ce va-t-en-guerre qui rasait villes et villages? On me répondra sans doute qu'il faut remettre les choses dans la perspective de ce temps. Façon de justifier nos massacres et de poursuivre une cécité qui fait bien notre affaire...

 

Se souvenir? Oui mais dans une juste perspective svp. À ce compte, suffira-t-il de quelques années pour que l'on qualifie Bush d'explorateur qui aura libéré et apporté la démocratie en Irak? Ou Kennedy de héros de la guerre du Vietnam? Soyons sérieux et honnêtes!

 

De faire l'apologie de la violence, du meurtre, de l'épuration ethnique, de la cupidité sous des couverts pédagogiques me paraît bien risqué...Ou alors nous voulons, dans le fond, dénoncer une certaine violence lorsque nous sommes victimes mais la valoriser lorsque nous en sommes les acteurs. 

 

Justification qui ressemble à de la propagande. Je suis absolument contre cette façon de voir et de présenter l'Histoire. Nos enfants méritent mieux que cela. Tout projet nationaliste à besoin de ce genre de vanité qui fait dire et voir les choses avec un angle faussé, parce que nous, au fond, nous sommes mieux que les autres...

 

Je suis contre la violence...celle des autres et la nôtre. Dénoncer son voisin est toujours plus facile que se regarder en face.  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 14:40

Bien voilà. Un bel exemple de notre système "démocratique" (par et pour le peuple?..) nous est donné par la façon dont les étudiants sont traités par les forces policières et par ricochet, par la classe politique au pouvoir. De temps en temps le masque tombe.

 

Dans nos sociétés si votre voix n'a pas de poids, vous pouvez, en effet, dire à peu près n'importe quoi...et beaucoup de gens ne se gêne pas...Mais si, par malheur vous organisez cette voix, si elle dérange l'ordre établi, si elle propose de véritables changements (ce qui en principe devra déranger l'ordre établi!) vous serez, dans le meilleur des cas ignoré ou alors carrément tabassé comme on peut le voir avec les manifestations étudiantes.

 

On donnera bien sûr toutes sortes de raisons pour justifier ces gestes mais le fond demeure que nous vivons dans une société où il fait bon fermer sa gueule et continuer sa petite vie tranquille. À ces conditions, le Québec semble charmant voire bon-enfant. Tant qu'il ne se passe rien tout va bien!

 

La critique, j'ai pu m'en rendre compte dans maints situations, sera acceptée si vous restez à l'intérieur de balises très précises. Les remises en question de fond sont toujours vues comme bizarres ou étranges et souvent, ce n'est que du silence que vous obtiendrez pour toute réponse. 

 

Non, nous ne voulons pas être dérangés. Nous refusons, nous nous refusons des analyses qui sortent de nos idéologies confortables et sans danger pour le pouvoir et pour notre pouvoir. Ainsi nous pourrons échafauder nos petites théories de salon, se draper dans nos vertus imaginaires, défendre cette démocratie qui protège surtout les plus nantis.

 

Le système est bien fait. La propagande est si habilement conçue que nous sommes prêts à défendre cette façon de faire. Nous n'avons plus besoin du fouet pour faire nos cabrioles. Nous sommes décidement bien domptés. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 14:50

J'ai un ami qui écrit avec des fautes d'orthographe à tous les 5 mots. Il n'a pas fini son secondaire. Il ne connaît aucun philosophe, ne connaît pas les lois de le thermodynamique, il n'a pas lu Shakespeare, Maupassant, Celine, Molière, Balzac, Proust. Les mathématiques sont pour lui, à part les équations de bases, un monde étrange et étranger. Si on le questionne sur les gaz de schiste, il en ignore totalement la technique. Mon ami n'a pas de téléphone cellulaire, pas de répondeur, pas d'ordinateur. Mon ami chauffe au bois (récupéré à gauche et à droite), possède une modeste maison qu'il a bâti de ses mains. Il a accepté avec quelques réticences la petite télévision et le lecteur DVD que je lui ai offert il y a deux ans. -Tu sais, me dit-il, quand je parts en voyage on me vole souvent ce que j'ai dans ma maison alors je préfère ne rien avoir de valeur. Il apprécie les films mais déteste la "boîte à grimaces" comme il l'appelle. (à ce jour il ne s'est toujours pas fait volé!)

 

Mon ami voyage 2 mois par année. Partout dans le monde. Pas d'appareil photo (J'ai tout dans ma mémoire me dit-il), une petite tente et peu de sous. Mon ami a des amis tout autour du globe. Il est reçu à bras ouverts partout où il passe. Mon ami aime les gens. Mon ami connaît l'âme humaine, c'est sa force. Il ne l'a pas apprise dans les livres mais à son contact. Il connaît la nature aussi, il ne l'a pas apprise dans des livres mais à son contact, avec l'observation quotidienne de celle-ci. Il voyage pour rencontrer des gens pas pour voir des endroits nouveaux.

 

Mon ami a une âme simple mais riche. Il m'étonne par sa lucidité et cette forme de sagesse qui lui fait comprendre les choses de façon instinctive. J'ai l'impression que les Amérindiens possédaient cette connaissance des choses en étant proche...des choses. Par un savoir, non pas mécanique, livresque, théorique mais directe. Il apprend en...vivant.

 

Mon ami n'est pas parfait mais profondément humain. J'apprends à son contact. Une heure avec lui vaut bien des heures de lecture et je dirais même que la lecture ne pourra jamais me faire voir les choses avec autant de perspectives qu'un moment passé avec lui.

 

Mon ami rigole quand je lui parle de culture générale, de connaissances supposées minimum pour fonctionner dans cette société.

 

"Regarde Yannick, tu veux vraiment t'adapter à cette société? Et quand tu es malade essais-tu de t'adapter à ta maladie? Les gens les mieux adaptés à la société sont souvent les plus malades..." 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 12:59

Un des problèmes concernant les musiciens de jazz se trouve dans le fait qu'il n’y a aucune structure pour les rassembler.

 

Cet individualisme suicidaire débouche sur une sous-représentation auprès des différentes instances gouvernementales mais aussi auprès des diffuseurs, médias, producteurs etc. qui ne reflète en rien la réalité et l’évidence de la multiplicité et l’incroyable richesse de ce patrimoine que sont les musiciens de jazz au Québec.

 

Je médite depuis un certain temps sur la mise sur pieds d’un orchestre national de jazz qui pourrait cristaliser et donner un « prétexte » pour nous donner une voix, un orchestre rassembleur autour duquel différents projets verraient le jour.

 

Les possibilités d’un tel orchestre sont nombreuses et porteuses : favoriser l’exécution, la composition, l’arrangement de musiques originales, commandes d’œuvres, interventions en milieu scolaire (masterclass, conférences, possibilités à des étudiants en jazz de participer (coaching) ou assister à l’élaboration d’œuvres etc.). Des sous-groupes pourraient être formés-plus légers-pour tourner dans les écoles et faire connaître cette musique. Des artistes étrangers pourraient être invités pour des projets spéciaux etc.

 

Voilà quelques possibilités qu’un tel orchestre pourrait offrir. Il y en a d’autres.

 

Une dizaine de musiciens avec son directeur musical engagés pour une période données (2 ans me paraissent suffisant pour mener à bien des projets) et renouvellement de l'orchestre au bout de ce contrat pour donner la chance à différents courants qui existent dans cette musique de se faire entendre.

 

Un projet comme celui-là aura besoin de soutien financier du Conseil des Arts et des Lettres du Québec ou autres instances-publiques ou privées- en lien avec le jazz ou désirant l’être.

 

Donner une structure aux musiciens, un projet concret apportera peut-être un sentiment d’appartenir à quelque chose qui dépasse l’individu et lui donnera conscience qu'il n’est pas isolé.

 

Un orchestre bien administré sortira, je le souhaite, l’image que l’on a  du musicien de jazz seul, sans statut, courant le cachet, la « gig », sans vision collective, inadapté, individualiste à l’excès. Cette image misérabiliste n’a que trop durée !

 

Des idées, suggestions ? Vous êtes les bienvenues !

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 14:33

Notre culture, je m'en rends compte, est détestable sur certains points.

 

Héritiers de la mentalité colonialiste européenne, il reste en nous beaucoup de cette prétention sur notre façon de voir les autres cultures, de les juger sans être capable de se prendre autrement que comme point de référence. Au départ, nous sommes convaicus d'avoir le meilleur système qu'on appelle encore "démocratique" mais qui en vérité ne peut plus porter cette appellation. Nous vivons dans une oligarchie. Voyons les choses comme elles sont et arrêtons de se gargariser avec ce mot: démocratie.

 

Cette incapacité et cette volonté de vouloir exporter notre système à n'importe quel prix (guerre, violence, pressions économiques etc.), cache une prétention toute en "finesse", où les mots sont plus importants que les faits. Héritiers donc de cette esprit de domination qui continue en sourdine mais qui reste pour moi bien détestable. Détestable car, bien sûr, on veut le bien de l'autre, on veut exporter notre liberté (qui devrait porter le nom d'individualisme...) pour que les autres peuples puissent "goûter" ce vent de liberté, vent qui à bien des égards sent l'égoïsme à plein nez. N'oublions pas que notre chère liberté s'exerce sur le dos d'autres pays et cultures. 

 

Notre société occidentale s'est bâti en grande partie sur le pillage de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique du Sud et continue, de façon plus hypocrite, encore aujourd'hui. Hypocrite car au nom de la liberté, de la paix et de cette soi-disante démocratie.

 

Je me demande parfois si des gouvernements comme la Chine par exemple, que l'on traite de haut à cause de ses politiques autoritaires ne sont pas plus désireux dans l'ensemble et dans le fond, de sortir le peuple de sa misère, de bâtir une société plus heureuse que certains de nos gouvernements occidentaux. 

 

Nous faisons toujours trop rapidement et qualifions, un peu de façon pavlovienne, ce pays de dictature et de totalitarisme, pointons les problèmes (et il y en a!) sans voir les nombreux autres côtés positifs que ce gouvernement apporte pour ses gens.

 

Les chinois sont des gens profondément pacifiques et, pour avoir faits maints voyages dans ce pays, n'aspirent qu' à vivre en paix. Connaissez-vous une seule base militaire chinoise? Combien les États-unies en ont-elles disséminées un peu partout dans le monde? Pour maintenir la paix? pour apporter le liberté et la démocratie? Voyons! Ouvrons les yeux et les bons...

 

Il y a des injustices en Chine? Oui! Et ici? Non? Est-il vraiment nécessaire d'en faire le détail? Nous qui sommes "libre" et "riche", que faisons-nous de si extraordinaire de cette liberté et de cette richesse? 

 

Je discutais avec des chinois concernant la hausse des frais de scolarité. Il faut dire qu'en Chine existe un réel et très fort sentiment de vouloir se sortir de la misère, sentiment qui se traduit par un partage du travail. Dans un restaurant, par exemple, on préférera gagner moins et faire le boulot à 10 serveurs là où 4 ou 5 serait suffisant. On partage les revenus mais tout le monde travaille. 

 

La première question qui leur vient à l'esprit, concernant les hausses c'est: mais qui sont les parents de ces jeunes qui militent? Cette question vient du fait qu'il est impensable pour eux de laisser leurs enfants et ce à n'importe quel prix, dans la misère. Un couple chinois gagnant moins de 30,000 dollars par année arrive à mettre de côté, par le biais d'un régime épargne-étude, 4000$ par année pour 2 enfants! Ils savent très bien que leur bonheur passe par le bonheur de ces enfants. Ils ont encore cet esprit de sacrifice, mot qui fait peur à beaucoup...

 

Une autre mentalité, généreuse, un désir de s'en sortir et un courage qui me laisse sans voix. Voilà peut-être ce qui fait la force de ce pays. 

 

Il me paraît évident que les manifestations devraient porter non pas uniquement sur les hausses des frais de scolarité mais sur les politiques injustes qui sont les fondements d'une oligarchie. 

 

Nos problèmes sont beaucoup plus profonds et larges qu'on le pense.

   

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 04:23

Je vais présenter vendredi prochain (le 24 février, au Lion d'Or) une vision personnelle de la musique du groupe Uzeb. Cet ensemble, dans sa dernière version, composé de Michel Cusson, Alain Caron et Paul Brochu, connaîtra un très grand succès sur les scènes québécoises et européennes dans les années 80 et début 90.

 

Pourquoi arrêter mon choix sur ce groupe? À cette époque, début 80, j'étais complètement absorbé par la musique de Coltrane et assez peu sensible ou perméable à ce qui pouvait sortir de cette esthétique. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai commencé à m'intéresser à des groupes comme Weather Report, qui tentait (avec succès le plus souvent) d'amalgamer les sons du rock, entre autres, tout en gardant une souplesse dans l'improvisation qui est la marque principale du jazz.

 

Il est admis, la plupart du temps, que si un musicien veut connaître une carrière internationale (c'est peut-être moins vrai aujourd'hui) en jazz il doive s'exiler à New York. Paul Bley, Oscar Peterson, Maynard Ferguson, devront "devenir américain" pour se faire connaître et réaliser la carrière qu'ils ont connu. Se frotter et collaborer avec des "pointures" pour que leur talent soit reconnu, multiplier les rencontres et les chances de se faire un nom. Rien de répréhensible dans cette volonté de sortir du Québec, qui, peut-être à ce moment était trop "étroit" pour leur talent et leur ambition.

 

Uzeb, et c'est tout à leur honneur, n'ont pas choisi ce chemin. Qu'on apprécie ou pas leur esthétique, là n'est pas la question, on doit leur donner crédit d'avoir développer leur son, de poursuivre leur passion commune et de parvenir à imposer ce son sur la scène internationale sans pour autant sentir le besoin de le faire chez nos voisins ou de passer par ceux-ci.

 

À ma connaissance, c'est le premier groupe québécois de jazz instrumental à avoir réussi cet exploit.

 

C'est donc cette passion commune et le respect qu'elle m'inspire qui m'a donné envie de faire revivre leur musique. Il y a, bien sûr, la musique en elle-même.

 

Musique qui donne envie de "bouger", précision parfois maniaque du rythme, lyrisme exacerbé, solo dévastateurs. Ce que je retiens de tout cela c'est surtout le son d'ensemble, une vision commune et ce désir de faire une musique bien à eux, reconnaissable, identifiable dès les premières notes. 

 

Il est évident que je ne cherche pas à refaire ce qu'ils ont fait, à copier ou restituer leur musique "note pour note". C'est bien une vision originale, aidé en cela par mes confrères Samuel Joly et Rémi-Jean Leblanc, que nous proposerons lors de ce concert et de la tournée québécoise qui suivra.

 

Merci donc à Michel, Alain et Paul de nous avoir donné leur "point de vue" musical et d'avoir partager celui-ci avec générosité et passion. 

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 17:16

Sans liberté, pas d'art.

Le loup et le chien (Jean de la Fontaine)

Un Loup n'avait que les os et la peau, 
Tant les chiens faisaient bonne garde. 
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau, 
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. 
L'attaquer, le mettre en quartiers, 
Sire Loup l'eût fait volontiers ; 
Mais il fallait livrer bataille, 
Et le Mâtin était de taille 
A se défendre hardiment. 
Le Loup donc l'aborde humblement, 
Entre en propos, et lui fait compliment 
Sur son embonpoint, qu'il admire. 
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire, 
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien. 
Quittez les bois, vous ferez bien : 
Vos pareils y sont misérables, 
Cancres, haires, et pauvres diables, 
Dont la condition est de mourir de faim. 
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée : 
Tout à la pointe de l'épée. 
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. " 
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ? 
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens 
Portants bâtons, et mendiants ; 
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire : 
Moyennant quoi votre salaire 
Sera force reliefs de toutes les façons : 
Os de poulets, os de pigeons, 
Sans parler de mainte caresse. " 
Le Loup déjà se forge une félicité 
Qui le fait pleurer de tendresse. 
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé. 
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose. 
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché 
De ce que vous voyez est peut-être la cause. 
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas 
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ? 
- Il importe si bien, que de tous vos repas 
Je ne veux en aucune sorte, 
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. " 
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

 

Le prix de la liberté, ce qu'on est prêt à payer pour la perdre...ou la garder! Combien de musiciens j'ai vu au cours de mes trente ans de vie artistique perdre cette liberté pour satisfaire une ambition, un désir de "percer", avoir du succès dans le sens quantitatif du terme.

 

Comme le loup de Jean de la Fontaine, je préfère, et de loin, me sentir totalement libre sans avoir à "porter un collier". Ce collier peut prendre beaucoup de forme et plus souvent qu'autrement, nous nous le passons nous-mêmes. Nous sommes notre propre laisse.

 

Le collier le plus fréquent est certainement celui de l'ambition personnelle, cette ambition qui nous fait courber le dos devant des décideurs, des gens que l'on sait qu'ils pourront nous donner ce coup de pouce (parfois) salutaire, des gens qui sont prêts à "investir des sous pour encourager notre talent", talent qu'ils mesureront au nombre d'entrées que l'ont fera éventuellement, au nombre de disques que l'on vendra, à notre impact économique sur notre milieu. Peu de ces "investisseurs" sont prêts à prendre de réels risques et ne voient que trop souvent que le côté économique des arts.

 

Des décisions sont ainsi prises par des artistes aveuglés par cette poudre aux yeux que représente le succès personnel. Nous mettons de côté très rapidement notre capacité à réfléchir sainement et créer quelque chose qui soit vraiment original...Pour cela il faut être et rester à l'écoute, de façon tout-à-fait honnête, à ce que l'on est au plus profond de soi-même sans tomber dans la mode, sans être influencé par ceux qui mettent des sous pour nous lancer...souvent comme une marque de savon, comme un bon cheval qui sortira gagnant de la course au palmarès.

 

Il m'apparaît évident qu'il y a beaucoup d'hypocrisie venant de la part des artistes qui acceptent de jouer ce jeu. Ce sont ces mêmes artistes, et souvent les premiers, qui vous parlerons de créativité, de collaboration fantastique avec tel ou tel confrère (souvent connu lui aussi et..."gagnant"), on tient des discours qui endormiront le public sur les réels enjeux en cours qui sont celui de vendre, d'arriver, de se faire "une place au soleil" parce qu'au fond, faut que cette démarche soit rentable pour ces bonnes âmes qui ont cru en nous...et satisfaisante pour notre ambition personnelle.

 

C'est le début de la fin d'une course toute mercantile, à mille lieux de ce qu'un artiste doit être pour mériter cette appellation. C'est le début d'une course jamais admise, reconnue pour telle. On se tient en forme, on fait attention à sa santé, on mange bio, on fait du yoga, on apprend à bien parler anglais, espagnol éventuellement...on ne sait jamais...On peaufine cette machine pour qu'elle soit efficiente, présentable, on s'entraîne, prend des cours de diction bref on prépare le cheval pour une course qu'il faudra gagner. Nous devenons ainsi le centre de nous-mêmes, tout tourne autour de nous, tout revient à nous. 

 

Comme le chien de la fable de monsieur de la Fontaine, on peut, avec un peu d'acuité, voir les traces sur le "cou" de ces pauvres gens qui ont donné, pardon vendu, leur liberté pour un succès qui ne les rendra que plus malheureux car plus loin de ce qu'ils sont en vérité.

 

J'aime tous les animaux, mais ma préférence va à ceux qui restent indépendants face à l'Homme. Comme les chats...ou les loups. Quant aux requins...on en reparlera...

 


 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 23:55

Revoilà dans le portrait la vieille bataille des valeurs respectives de la gauche et de la droite. Sempiternel débat sans grand intérêt et stérile, chacun restant sur ses positions, bien entendu. Je ne reprendrai pas ici les caractéristiques de chacun mais leur point commun. Ces visions du monde-gauche, droite-s’appuient sur « ce qui devrait être » plutôt sur « ce qui est ». C’est dans ce que nous sommes, chacun de nous, maintenant, que l’avenir s’inscrit. Les projections, les plans et stratégies « pour un futur meilleur » n’ont jamais donnés, à ce qu’il me semble, de grands résultats. Voyez l’Histoire !..Et voyez où nous en sommes aujourd'hui!

 

Ne vivons-nous pas toujours dans un monde sans paix ? Sans sécurité physique ou psychologique ? Dans un monde toujours entre deux guerres dans le meilleur des cas ? Est-ce que la droite ou la gauche avec leurs partisans nous ont donné une société juste et paisible ? Bien sûr que non.

 

Et l’on continue de se déchirer à propos des vertus de chaque camp, de leur idéologie, de leur politique. Combien d’énergie perdue à défendre nos idées et idéaux, nos opinions et positions ! J’ai un sérieux doute sur notre volonté à voir les faits et travailler sur ceux-ci dans un véritable esprit de communion. Mais nous sommes tellement isolés, enfermés en nous-mêmes, emmurés dans nos opinions politiques et sectaires.

 

Débats de sourds qui, chacun dans leur coin, veulent faire pencher la balance de leur côté, faire croire qu’ils ont la bonne façon de faire, de projeter un avenir bon pour tous.  Pendant qu’ils discutent sur leurs valeurs respectives et respectables, on s’éloigne du fond, de l’essentiel. On ignore ou feint d’ignorer que les problèmes se règlerons ou seront en passe de se régler quand nous cesserons de nous battre entre nous, de nous voir comme séparés les uns des autres. Comme si les idées étaient plus importantes que les faits.

 

Ainsi nous trouvons normale cette façon de faire qui est de constamment voir les partis politique s’attaquer, se contredire, affirmer être « la solution » à tous nos problèmes. Une grande perte d’énergie que tout ce fatras, ces empoignades et tirage de couverture vers soi ! Les quotidiens en sont remplis jours après jours.

 

Tout ceci nous montre, finalement, le peu de sérieux de tous ces gens. Et le peu de sérieux que nous avons à jouer le jeu. Leur jeu.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 17:31

Nous aimons les anecdotes, en sommes friands. Les petites histoires qui nous montrent des évènements ou des situations particulières, typiques, souvent sans conséquences. Je veux dire qu’elles ne portent pas à réflexion la plupart du temps à moins d’être d’une extrême vigilance. Leur intérêt est dans le détail, on reste collé à l’information que contient l’anecdote car c’est sa raison d’être. S’en contenter est, à mon avis, risqué.

 

Tout agréable qu’elle peut être, l’anecdote reste, la plupart du temps, sans grande portée car elle ne supporte pas une vision large des choses de la vie. C’est l’arbre qui cache la forêt. Elle est l’apanage, si on reste constamment à ce niveau d’information, si c’est notre façon coutumière  de communiquer, d’esprits compliqués, superficiels voire mesquins. On insistera sur des sujets, on multipliera ad infinitum les histoires en pensant que c’est là que se trouve la richesse et l’intérêts de notre existence. Nous sommes alors dans la quantité au lieu de se pencher sur la profondeur et la signification de la vie. Nos sommes dans l’horizontalité au détriment de la verticalité.

 

Les journaux et les médias en général (je ne parle pas des réseaux sociaux…) sont remplis d’anecdotes. On nous amène à penser que d’être informé c’est savoir ce que pense ou fait tel personnage, homme politique, ce que pense ce parti, leur position face à tel ou tel sujet. On suivra avec intérêt  les tribulations et décisions de nos ministres, dirigeants, hommes et femmes d’affaire etc. On prendra position, convaincus que nous sommes de participer ainsi à la vie citoyenne, convaincus que nous sommes ainsi responsables et actifs dans la cité.

 

L’esprit anecdotique discourra-un exemple bien contemporain- sur les valeurs de la gauche et de la droite sans remettre en question cette façon de voir bien puérile à mon sens. L’esprit anecdotique parlera de la religion de tel ou tel politicien américain au lieu de se pencher sur le phénomène de la croyance chez l’Homme, les raisons de son existence et de sa popularité. L’esprit anecdotique multipliera les occasions de montrer la vie comme on pourrait la voir dans un microscope, le nez penché sur un monde bien petit. Nous sommes alors cette grenouille au fond du puit qui pense que le ciel se résume à la vision du fond de son trou.

 

On s’attache aux détails et on oublie le fond. Cela permet de multiplier ad nauseam les articles, de vendre de la copie tout en prétextant  une richesse d’informations, une multiplicité de points de vue et d’opinions.

 

Cette façon de voir débouche rapidement sur la démonstration, les cancans et autres conciergeries qui peuplent nos médias.

 

Il y a pire que de ne pas être informé, c’est de penser que nous le sommes. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture