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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:40

Le silence. Celui par qui tout arrive. Celui d'où l'on vient et vers qui on se dirige. Le silence est un personnage. Sagesse et perfection. Entre ces deux silences qui ne font qu'un, une vie, du bruit, des cris et pleurs. Quelques moments de bonheur arrachés par hasard, presque magré nous, au terreau d'une vie pourtant si fabuleuse quand on lui donne la chance d'être, d'éclore.

 

Par notre ignorance et notre manque d'attention journalière, nous transformons ce joyau en une lutte sans fin et, après tout, inutile. Nous passons à côté, préoccupés de façon maladive par notre petite personne. Nos projets, nos succès, nos opinions, nos valeurs combien discutables et peu discutés sont devenus le centre. Nous sommes le centre avec toute la prétention que cela implique, la brutalité, l'indifférence caché sous de tonnes de charité et de bons sentiments. Nous sommes boursouflés.

 

Parce que cette conscience, il faut la faire taire. Elle dérange nos plans. On sent bien que quelque chose ne va pas mais on fuit, on tait, on contourne, on ignore, on fait mille contorsions pour éviter de se voir en face. Ce serait trop laid à voir...

 

Alors on court au devant de soi, en avant, on se "dépasse" et performe, s'illusionnant sur le fond. On court parce que tout le monde court, on a peur de se faire dépasser par les gens et les évènements. On ne réfléchit plus, on éduque nos enfants dans cette voie malsaine et suicidaire sans se poser de questions. On veut et souhaite qu'il nous ressemble pour se sentir moins seuls. Cet héritage criminel est notre culture et on trouve que cela est bien et bon. Et pourtant...

 

Nous nous pensons et croyons civilisés alors que notre esprit n'a pas changé depuis des milliers d'années. Nous sommes toujours tribaux, guerriers, violents (toujours pour des raisons humanitaires...), séparés par nos nations, nos idées, nos religions, nos classes, nos races et j'en passe!

 

Et si nous laissions ce silence nous parler? Si nous le laissions entrer dans nos vies? Si nous arrêtions de gesticuler tels des marionnettes folles et grotesques? Si nous avions assez de cran pour nous voir en face?

 

Alors on verrait qu'une fleur s'est fanée, qu'un enfant souffre à cause de nous, qu'un adulte s'est perdu en chemin, que la nature étouffe sous nos pas.

 

Nous verrions que nous sommes une société exténuée, devant un mur ou un gouffre. Nous verrions que nous sommes rien.

 

Que du silence.

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 07:37

Il m'arrive, dans des moments de lucidités particulières, de me sentir inutile, de faire une musique bruyante, de manquer de profondeur dans ma démarche, bref d'être médiocre. J'ai souvent l'impression que ma (notre) vie se résume à refaire les mêmes erreurs, à parcourir des chemins mille fois empruntés, à tomber dans les mêmes précipices qui engloutissent notre vitalité, notre fraîcheur, notre vivacité. 

 

Nos rapports humains remplis de malentendus tissent une incompréhension mutuelle qui, au fil des ans, ne font qu'obscurcir notre vision. Nous restons là, à la surface des choses, nous contentant de nager ou marcher sur l'épiderme de la vie. Rarement nous plongeons pour voir plus loin, plus bas ou plus haut, plus vrai. 

 

Notre société qui fait constamment l'apologie du succès (quel qu'il soit) fait ni plus ni moins que l'apologie de la brutalité. Car tout succès est brutal. Je le vois tous les jours et ce, à plein de niveaux. Comme j'aimerais sortir de ce cul-de sac qui me force, qui m'oblige à performer. Ce mot odieux mais qui est si banal et accepté dans mon domaine (la musique) m'amène me à poser de sérieuses questions sur mon envie de continuer sous cet angle, de cette façon ma "carrière". Et Dieu sait si je fais attention! Ce n'est pas assez.

 

Un parfum de compétitivité assez nauséabond, sous-jacent, non-déclaré mais toujours présent pollue toute la communauté dont je fais partie. Je m'en tiens le plus loin possible mais nous vivons dans un si petit monde qu'il est presque suicidaire de procéder de la sorte. De petites "gimmicks" se forment, des "familles", des clans fermés où l'on a tôt fait de juger l'autre comme un ennemi, un concurrent potentiel qu'il faut dépasser ou ignorer...

 

Il y a aussi ces tapes dans le dos, ces sourires qui cachent des pensées peu généreuses, ces fausses amitiés qui se définissent ou se réduisent à la hauteur de ce qu'elles peuvent rapportées. Les opportunistes avec lesquels il serait inutile de parler franchement parce qu'il vous diraient que les choses ne sont pas "si pires" et que...bah...voyons, c'est cool...vient on va prendre une bière...

 

Je ne fais pas de musique pour gagner de l'argent, ni pour satisfaire mon égo, ni pour faire passer du bon temps à des désoeuvrés, mais tout va dans le sens contraire! La renommée, si importante! La stature, les futures vedettes que l'on forme dans des "académies" grâce à des profs complaisants qui ont renoncés, ou n'ont jamais été effleurés par un doute quelconque sur cette entreprise combien hypocrite. Ces petits génies qui n'ont de génie que leur mémoire et qui sont d'une violence inouïs, prêts à sacrifier beaucoup de choses pour leur sacro-sainte carrière et qui osent tenir des discours sur leur soi-disante créativité ou leur grande sensibilité! On ne fait plus de différence entre des artistes et des entrepreneurs, des créateurs et des hommes ou femmes d'affaires, spécialistes de propagandes doublé(e)s d'habiles technicien(ne)s.

 

Attention, messieurs-dames! Il y a encore des yeux et des oreilles qui vous voient et vous écoutent. Qui voient votre sinueux et malodorant chemin. Il y a encore des oreilles capables d'écouter derrière vos notes et vos discours à l'eau de rose. Des oreilles qui écoutent et qui entendent...

 

Heureusement que dans tout ce fatras, il existe encore des personnes qui vont, bon gré mal gré, à contre-courant de cette masquarade culturelle.

 

Il n'y a rien qui me rebute plus que cette gauche caviard bien-pensante, "non-violente", cool, poète de salon, charitable...De vrai curé sans la soutane! 

 

Le jupon dépasse de sous vos masques...Arrivistes va! Go far with your business...

 

Il m'arrive aussi, dans des moments de luciditées particulières, de me mettre en colère...Allez...viens, on va prendre une bière... Colère généreuse comme dirait Brel!

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 08:12

Depuis deux jours une question me trotte dans la tête. Elle concerne la culture, son importance dans nos vies, sa place, son utilité, son impact sur nous, notre personnalité et sa structure. Est-ce que cette culture (connaissances de l'art en général, lecture de diverses natures, sur divers sujets, connaissances en mathématique, en philosophie etc.) nous rend plus à même de nous connaître? Ou n'est-elle que "compétence", information qui, certes, nous apprend des choses sur ce qui nous entoure, ce dans quoi on baigne, sur le tissus que forme l'être humain, ses relations et les diverses formes que prennent celles-ci. On ne peut être contre une certaine vertu. Mais est-ce que cette culture nous aide à nous comprendre, je veux dire, nous comprendre sur le moment, à voir en nous d'une façon claire, directe, sans détour? Car le noeud du problème, me semble-t-il, est là.

 

Est-ce que cette culture rend les Hommes raisonnables? Parce que la vrai question est là. Est-ce que cette culture peut rendre un être humain...plus humain? Combien de guerre déclenchées par des hommes avec beaucoup de connaissances, de culture...Alors? Y a-t-il quelque chose à cette culture ou cette espèce de sensibilité très étroite qui fait qu'on peut être à même d'apprécier ou connaître tel ou tel philosophie, peintre, musicien ou que sais-je et être, dans la même foulée, celui par qui les conflits viennent ou sont déclenchés, petits ou grands?

 

On a connu des philosophe très cultivés, savants et...nazis par exemple. De même des musiciens, physiciens, peintres, tous spécialistes et sensibles uniquement dans leur domaine et perdus en ce qui à trait au reste. Les exemples foisonnent dans l'Histoire.

 

Alors, la culture comme "compétence" est inutile! Désolé de le dire. Elle ne rend pas meilleur, juste "au courant" comme on est au courant de ce qui se passe lorsque l'on écoute les informations. Elle permet, dans certains cas, de développer une sensibilité mais toujours spécialisée, tronquée, fracturée. On ne peut aborder le problème de la culture, du fait d'être cultivé sans parler de l'humain dans sa globalité. Il faut aller plus loin et plus profondément dans notre analyse.

 

Il y a donc quelque chose d'autre qui doit être en amont de cette culture et qui est beaucoup plus important. Brel, dans une entrevue, disait que la véritable intelligence ne pouvait être qu'au-dessus du coeur, ainsi que Krishnamurti, philosophe indien (en tout cas, né en Inde). Il y a peut-être une piste ici. Lorsque l'on parle de coeur, de quoi parle t-on? Peut-être de cette passion qui n'a pas d'objet? J'en ai déjà parlé dans un autre petit texte. "Avoir de la culture" ne serait pas un point de départ mais le résultat de cette passion, tout comme l'enfant (en principe) naît de l'amour. (voir La passion)

 

Nous construisons le monde selon nos modes de pensées. Ce monde et sa structure est une image de notre monde intérieur. Ceci est un fait. Il faut d'abord voir cela par nous-mêmes, sans l'aide de livres, de concepts ou de théories élaborés par d'autres. Comme on ne sait ce qu'est une pomme qu'en la goûtant. On pourra lire toute sa vie sur les pommes sans savoir ce que c'est si on n'a pas vu et surtout goûter soi-même. La pomme selon "x" ou "y" peut être intéressant mais inutile jusqu'à un certain point.

 

Comment prétendre changer ce monde si on ne change pas d'abord ce qui "pense" ce monde? Le changement véritable viendra d'un changement effectué profondément en nous-mêmes. À partir de là la culture a une valeur certaine, indéniable sinon elle ne restera qu'un autre subterfuge qui nous éloigne de nous-mêmes.

 

Voilà ce qui me turlupine depuis deux jours. La culture oui, mais certainement pas comme on la pense maintenant, qui n'est qu'une autre forme de compétence, d'accumulations de donnés pour appréhender les autres et nous-mêmes mais seulement sous un certain angle. Trop peu en ce qui me concerne. 

 

La connaissance, dans ce domaine, n'est pas accumulation de savoir.

 

À suivre.

 

     

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 13:16

La pluie abondante des derniers jours n'était pas encore parvenue à nettoyer complètement le ciel. Des nuages couraient de l'ouest annonciateur de beau temps. Le lac s'était gonflé au cours de la nuit jusqu'à inonder les terrains bordants ses berges. La plage était déserte. Quelques goélands, à la recherche de nourriture, marchaient en émettant de petits cris. Des montagnes au loin, d'un bleu diffus, émanait une tranquilité et un silence qu'on pourrait qualifier de sacré. Une présence exempte de volonté. Une intelligence sans but.

 

On passe une grande partie de notre vie à attendre. On agit dans l'attente de résultats. L'action, le processus d'une démarche juste n'attend pas de résultats. Le "faire" est l'aboutissement d'une idée ou plutôt l'action est l'idée.  À partir du moment où l'action est séparée de la pensée, il y a une fracture de soi-même et donc conflit. Ce raisonnement anodin en apparence est certainement une clé pour éviter de se bâtir une image de nous-même et ainsi vivre en "schizophrène". Il y a celui qui pense et celui qui agit. Toute notre culture est bâti et accepte ce fait comme allant de soi. Est-ce bien raisonnable?

 

Prenons un exemple: Je dis que je suis non-violent. C'est un concept, une idée. Mais le fait de voir la violence en soi sur le moment où celle-ci survient est l'action même qui éradique cette violence. L'observation directe de cette violence, y faire face sans la juger comme on regarde un arbre ou un nuage transforme cette violence. L'image, ou l'idée de non-violence est une absurdité qui n'a aucune valeur ou substance réelle. Et pourtant on accepte cette idée parce qu'on accepte de suivre sans réfléchir, on ne doute pas que parfois, nos façons de faire ou penser sont la source même des innombrables conflits qui existent.

 

Remettre en question des évidences, qu'on nous présente comme telles, est la première étape vers la liberté. Liberté de penser, de douter, de questionner sans passer par les autres. Dans ce domaine, pas question de se fier à quiconque au risque de devenir de simples perroquets qui répètent des idées toutes faites. Ici comme ailleurs, l'accumulation de connaissances est un mur sur lequel on s'appuie pour s'éviter.

 

S'éviter semble être culturel.

 

De petits poissons venaient jusque sur le bord du lac par banc et en troublaient la surface. Des pêcheurs en canot passent et se fondent dans le paysage, silencieux comme les montagnes. 

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 22:11

J'aime la pluie. Le temps gris. Propices à la réflexion. 

 

Le ciel menaçait de fondre sur nos têtes. La lumière peinait à traverser les nuages. On se serait cru le soir alors qu'il était 9:00 du matin. La pluie tambourinait sur le toit métallique. On aurait dit une horde de percussionistes battant par vague des tambours dans une jungle imaginaire. L'air était doux, le vent absent.

 

La nature est rythme. Les saisons, le son du vent, les battements de notre coeur, la rivière qui coule, le tonerre, la lumière. Être dans ce rythme, y participer, faire corps avec lui. Beaucoup de notre souffrance vient du fait que nous luttons, sommes arythmique et "en travers" de la route de la vie. Nous tentons de remonter le courant, pensant pouvoir défier continuellement le bon sens. Nous tournons même le dos à la mort, l'ignorons, fermant les yeux devant une fatalité qui est constamment présente en nous.

 

L'essence de l'ignorance est de ne pas se comprendre soi-même. On pourra être actif, brasser des affaires, pratiquer un art, voyager, lire, se débattre avec soi-même toute notre vie et rester ignorant donc fatalement superficiel. Encore une fois, apprendre n'est pas l'accumulation de savoir, d'informations, mais la connaissance, l'apprentissage directe par l'introspection, l'observation des structures qui nous animent et qui animent la société. Sans cette connaissance, nous sommes voués à brasser...de l'air. Nos actions n'auront pas de poids et/ou participerons au chaos général.

 

Sans cette compréhension, nous sommes des chevaux fous courant dans tous les sens, à la recherche d'un bonheur qui semble fuir devant nous. Alors que ce bonheur est à la portée de la main, sous nos yeux devenus aveugles à force de vouloir. Nous l'enfouissons sous des tas d'actions sans queue ni tête et pensons ainsi être pleinement vivant.

 

Avec la clarté vient le bonheur. Et cette clarté viendra lorsque nous aurons débarrassé les nuages gris que nous nous fabriquons, que nous aimons par ignorance et qui nous font tant souffrir. 

 

La pluie a cessé. Les percussionnistes s'en sont allés vers d'autres lieux. Le calme qui règne maintenant laisse entendre le bruissement de la brise dans les feuilles. Un camion passe.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 19:09

Lumière d'automne. Couleurs d'automne. Particulières comme chaque saisons. C'est ma saison préférée. Récoltes, fruit du travail de l'été, résultats de ce qu'on a semé. Au propre et au figuré. L'automne d'une vie, la partie la plus riche. L'humain n'éclot pas au printemps mais à l'automne. Juste balance entre l'énergie et une certaine sagesse, une certaine compréhension des gens et des choses. Une sorte de retour sur lui-même, sans narcissime, juste pour comprendre. Après avoir glané de l'information, des émotions, des expériences, mettre tout ça en ordre...Pas définitif...Bien sûr! Ce n'est pas encore l'hiver...

 

Le soleil se couche un peu plus tôt, de plus en plus tôt. Les soirées fraîche calme les ardeurs des noctambules. Tout devient plus calme, serein.

 

L'abandon. Comme ces feuilles qui quittent cet arbre. Partir, continuer le cycle. Nous sommes éphémère. C'est une chose dont il faut toujours être conscient. C'est d'une grande beauté qu'être face à notre propre fin. Pas triste du tout. Cela permet de goûter chaque minute qui passe. C'est toujours la dernière. Et la première.

 

Ce renouveau perpétuel, on peut l'observer dans la nature, en soi, chez les autres. Le passage du temps sur le corps de nos amis, proches et moins proches, sur soi est fascinant. Inexorable et juste.

 

Trouver ou retrouver la fraîcheur de notre regard. Vieillir c'est finalement, et en un sens, se rapprocher de notre jeunesse, celle qui ne devrait jamais mourir. 

 

Cocteau disait qu'un artiste doit "s'enfoncer" en vieillissant...Je commence à comprendre...

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 09:33

Solitaire sans jamais éprouver de solitude. Et cette étoile qui brille? Perdue à des millions de kilomètres? Ce silence qui plane sur la nuit et qui enveloppe tout? Le vent, les arbres, et ce chat qui passe furtivement dans la nuit? Tout parle sans jamais esquisser la moindre parole. L'infini est au-dehors et en-dedans. Notre corps n'est que la pointe d'un iceberg qu'on ignore et inlassablement, on s'y échoue. Ce refus de plonger en nous-mêmes nous rend si superficiel et présomptueux.

 

L'avenir appartient peut-être à ceux qui se lèvent tôt mais la nuit appartient à ceux qui se couche tard et porte conseil! Un tien vaut mieux que deux tu l'auras...De toute façon, l'avenir est inscrit dans le présent. On aura l'avenir que l'on mérite dans la mesure où nos actes présents sont porteurs de futur. On peut toujours s'illusionner mais l'histoire suit son cours. Notre présent est le résultat d'actions passées ou de non-actions! La nuit sera longue et le réveil brutal...Peut-être restera-t-on somnanbule et mourrons-nous sans avoir jamais vraiment vécu. Ou si peu.

 

Le mouton, symbole religieux mais surtout l'emblème de la soumission passive et stupide contre toutes les tyrannies écrivait Olivar Asselin. Juste et/mais inutile. Parler à un mur. Une torpeur qui absorbe tous les coups, les injustices. Une inertie qui gobe les assauts comme ce lit trop confortable qui nous empêche de nous réveiller. La chaleur douillette qui ramolit et rend idiot donc paresseux. Cette servitude volontaire déjà pointée du doigt presque 500 ans avant nous par La Boetie (à lire et relire!) et sûrement par d'autres avant lui. Et nous en sommes encore là. 

 

Encore là à nous enorgueillir de notre technique, de nos ordinateurs qui nous rendent si "puissants" et capable de rejoindre le monde entier! Que dire de ces cellulaires devenus si "indispensables". "Cellulaire" lit-on dans le dictionnaire: relatif aux cellules des prisonniers...On nous crée de toutes pièces des besoins et nous sommes convaincus que s'en est!

 

-Allo? T'es où là?

-Au dépanneur! J'achète des cigarettes et j'arrive!

-Ouf! J'étais tellement inquiet...

-On s'est parler ya pas 10 minutes...

-C'est juste pour entendre ta voix...

 

ou...

 

Wow! Facebook c'est vraiment un truc génial! Avant, je gardais mes banalités pour moi-mêmes ou ne pouvais en faire profiter que mes proches. Maintenant je peux les partager avec le monde entier! Je suis moins inquiet comme ça...

 

-Alors là tu deviens vraiment cynique...

-J'entends ta cellule qui sonne...va répondre.

 

Le mouton, symbole religieux...

 

P.S. Le chat avait réussi à attraper une souris. Il faisait faire des bonds à celle-ci par des coups de pattes rapides et précis, la laissait s'enfuir quelques secondes et la rattrapait pour poursuivre son jeu. Elle émettait de temps en temps un petit cri et lorsque le félin en eu assez de jouer avec elle, la croqua. 

 

 

 

 

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 17:43

En quelques heures le vent du nord a nettoyé le ciel. Les feuilles se détachent des arbres et parfois, au lieu de tomber, montent dans le ciel  et vont choir plus loin. Un avion passe, très haut, laissant une mince ligne blanche. Je m'amuse à imaginer la vie à l'intérieur de l'avion. Des gens regardent un film, lisent, dorment, travaillent sur un ordinateur préparant peut-être une prochaine réunion sûrement très importante. Quelques voyageurs, fatigués du long voyage et incapable de dormir font une promenade dans les allées obstruées par des oreillers, papiers d'emballage, gobelets et esquissent quelques mouvements destinés à détendre leurs muscles ankylosés. Des têtes, jambes et bras sortent des sièges, les passagers tentants de s'installer du mieux qu'ils peuvent! Tout cela à 10,000 mètres d'altitude. Tràs peu de gens profitent du magnifique paysage qu'offrent la vue des nuages, du ciel et de la terre vue de haut. Un monde passe. 

 

Je tente de voir ma vie comme si j'étais quelqu'un d'autre, un peu comme ces voyageurs qui ont la chance de voir la terre de si haut. Prendre du recul par rapport à soi-même mais aussi regarder à l'intérieur de soi-même est une aventure toujours renouvellée. Découvrir de quoi nous sommes fait. Non pas qui mais que sommes-nous? Se voir avec les yeux d'un autre, passager de nous-mêmes. Découvrir notre paysage intérieur, non pas pour analyser ou juger mais simplement observer comme on assiste au déroulement du panorama du haut de cet avion. Laisser les pensées passées et s'évanouir d'elles-mêmes, autant de marées qui vont et viennent, de vagues qui meurent sur une grève.

 

Je relis avec bonheur "Pieds nus dans l'aube" de Félix Leclerc et "Attendez que je me souvienne" de René Lévesque. Le roman de Leclerc, tout en finesse, construit sur des observations et souvenirs de jeunesse me rappelle un peu Prévert. Poésie qui prend ses racines dans le vécu. Simplicité des mots, de la construction, pas de sinuosité dans le propos mais une qualité d'observation qui laisse l'émotion traverser les mots. Et toujours cette pudeur, cette classe qui ne retient que l'essentiel des choses, qui nous fait sentir la poésie qui se cache derrière les choses les plus simples. Une vision haute et profonde à la fois.

 

Il y a dans l'écriture de Lévesque, quelque chose se rapprochant de Leclerc. Une sensibilité à fleur de peau. En gagnant un premier ministre nous avons certainement perdu un grand écrivain, et je me demande si on a pas perdu au change...

 

Je me rends compte tout à coup que pour me rendre à mon dernier concert j'ai pris l'autoroute Félix Leclerc et le boulevard René Lévesque...Chacun de ces personnages ont tracé leur chemin, écrit une page d'histoire du Québec, en ont été les témoins et acteurs...et ont fini en bitume... 

 

L'avion est disparu. Ne reste que le fil blanc qui témoigne de son passage. Le ciel est d'un bleu pur.  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:20

Le vert des montagnes s'harmonise magnifiquement avec le gris du ciel. La légère brume qui enveloppe le paysage nous donne un subtil rappel des nuages. En fait, c'est comme s'il n'y avait pas de nuages. Le ciel est uniformément gris comme un ciel peut être bleu. De grands oiseaux tracent des cercles dans les airs pendant de longues minutes profitant des quelques courants chauds et du vent. À peine s'ils esquissent quelques battements d'ailes. Comme ces oiseaux qui ornent les fils électriques qui longent la routes, par centaines, ils donnent l'impression de tenir un dernier conciliabule avant de quitter le Québec vers des contrés moins froides. Ainsi, chaque année, irrémédiablement, le cycle continue. Les saisons passent.

 

Elle faisait de grands efforts pour paraître. Toute son énergie passait en calculs, le moindre mot qui sortait de sa bouche était soupesé, analysé avant d'être émis. L'impact que pouvait avoir son discours ou ses gestes étaient savamment dosés pour donner une impression de politesse, de bonne éducation, de savoir vivre, d'adulte responsable et sympathique. Le masque de bonté qu'elle portait depuis toute petite était devenu une seconde peau, un second visage. Elle avait été éduquée dans ce sens. Ne rien laisser paraître. Cacher. Ne pas voir. Éviter, contourner, refuser, trouver des refuges confortables, sans danger pour l'image qu'elle s'était forgée au cours de toutes ces années. C'était devenu une seconde nature, je veux dire qu'elle était devenu une seconde personne. Celle du dehors et celle du dedans. 

 

Heureusement pour elle, elle vivait dans une société qui fonctionnait de même. La société du dehors, avenante, tolérante, bon enfant, acceuillante cachait en elle des élans qui aurait fait frémir toutes personnes un peu observatrices et perspicaces. La jalousie, l'envie, les ambitions secrètes non dévoilées et coupables, le manque de courage de voir et dire, tout ça formait une espèce de magma souterrain, un sable mouvant qui engloutissait toute personne qui aurait voulu taper trop fort du pied. La charité qui masque une forme de pouvoir sur l'autre était perçu comme la marque des hautes âmes, des gens qui ont réussi et qui partagent, qui ont une (mauvaise?) conscience. Chacun avait ses pauvres comme on a un chien.

 

Les quelques personnes qui osaient parler franchement étaient taxées de "chialeuses" ou violentes. On les écoutait d'une oreille compatissante, un peu comme ce prêtre qui vous écoute lors de la confession, mais de haut.

 

-Quoi? Comment? Non...Vous exagérez...Vous êtes négatif, je ne veux pas vous cotoyer.

-Mais enfin...Regardons-nous! Nous sommes misérables! Médiocres et si sûrs de nous, de notre façon de vivre...Nous acceptons des choses normalement innaceptables! L'injustice pernicieuse qu'on nous explique avec des chiffres, calmement, cravaté, les horreurs qu'on regarde le soir aux nouvelles en sirotant une bière...

-Ah!...C'est vrai que chez les autres, c'est horrible...Comment font-ils pour vivre et supporter toutes ces misères...Moi, si j'étais eux...

-Mais vous êtes eux! Nous sommes eux! Comment osez-vous prétendre être heureux pendant qu'eux subissent toutes ces...Pourquoi sommes-nous devenus si insensibles? De quoi sommes-nous si fiers? Pourquoi ce contentement si mesquin et, au fond, criminel?

-Vraiment, vous êtes infréquentable...Devrais-je sacrifier mon confort pour venir en aide à des gens que je ne connais même pas?

-On pourrait peut-être commencer par les écouter...Je ne sais pas...On devrait peut-être commencer par se regarder...

 

Je me réveille avec un mauvais goût dans la bouche. Quel cauchemard...C'est fou ce que le cerveau peut nous faire dire en rêve lorsqu'on s'oublie...Allez! Un bon café et la journée commence!

 

Le vert des montagnes s'harmonise magnifiquement avec le gris du ciel. La légère brume qui enveloppe le paysage nous donne un subtil rappel...

 

 

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 12:49

J'entend le vent qui glisse sur le toit et fait frémir la maison. Elle frissonne comme moi. Des oiseaux tentent de remonter ce souffle pour se diriger vers le lac et font du surplace dans les airs, battent des ailes presque avec rage. Ils ne chantent pas, trop occupés qu'ils sont à contrer ce vent froid. Le vent du nord. Tout à coup, quelques oiseaux font volte face et disparaissent à une allure folle, emporter par le noroît. Le reste suit. En quelques secondes le ciel est déserté, vide. Ne reste que la plainte des arbres qui ploient sous le vent. Le ciel est bleu tacheté de nuage gris hauts et presque immobiles. Parfois je me sens comme ces oiseaux qui cherchent à remonter ce vent.

 

On lutte, on espère, on se bat, crie, pleure, perdu dans la tourmente. On se fixe des buts, des objectifs, on rêve d'un futur qui fuit devant nous, inatteignable et improbable. Et on souffre parce que le présent est rarement à la hauteur de ce futur imaginé. Puis, un jour, on cesse de lutter, on se laisse emporter par ce vent et tout redevient calme. Calme car avec le tumultueux souffle, dans le même sens. Tout semble s'arrêter et nous filons, nous devenons le vent, faisons corps avec lui. Le combat cesse et tout s'accélère. Nous cheminons, sans laisser de traces.

 

Vendredi. Pendant la pause qui suit le teste de son (soundcheck), vers 18:00 heures, je décide de prendre une marche dans le centre ville de Montréal, à deux pas du Gésù. Un vendredi comme les autres avec ses voitures, ses marchands et boutiques d'où une musique tonitruante vous invite à venir consommer. Dépanneurs, magasins et vitrines remplies de tee-shirts et gadgets pour touristes happent les piétons dans un brouhaha indescriptible. Des musiciens gueulent et grattent leurs guitares, tapent désespérement sur leurs tambours dans ce fouilli, apparemment insensibles et indifférents à l'indifférence des passants.

 

Dans cette tempête de sons et de bruits j'entends une douce mélodie au loin, un carillon, timide, jouant de petits airs classiques. Je m'approche et cherche à savoir d'où ces sons peuvent bien provenir. La St-James United Church, coincé entre deux molosses, deux immeubles qui semblent vouloir accompagner cet église comme des policiers accompagnents un voleur après son forfait se tient debout un peu en retrait de la rue, s'excusant presque d'exister encore. Perdues et d'un autre temps. Anachronique par son architecture et sa musique, sorte de chant, de plainte presque craintive que son carillon nous donne à entendre. J'ai comme un élan de compassion et de tristesse devant cette voix que plus personne n'écoute. Cette voix, je la connais. C'est celle des exclus, des perdants, des mendiants, c'est la voix qu'on ne veut pas entendre parce qu'elle pourrait être la nôtre. On devient sourd devant le malheur de nos frères et soeurs, trop occupés à remonter ce vent qui souffle de plus en plus fort.

 

Le rouleau compresseur de la modernité fait son chemin, écrase tout sous lui, ne laissant sur son passage que de faibles plaintes agonisantes. 

 

Le vent s'est calmé, le ciel est gris et bas maintenant. Une pluie fine arrose doucement la terre. Les feuilles esquissent un pas de danses en tombant, virevoltent et viennent toucher le sol délicatement. L'hiver approche. 

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