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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 15:27

Nous voulons un ordre extérieur avec des lois alors que notre intérieur est en crise. Le noeud et la solution du problème se trouve en nous. La crise extérieure n'est que le reflet de ce que nous sommes. Plus de lois ne feront qu'ajouter de la confusion à la confusion. C'est offrir un verre d'eau à quelqu'un qui se noie!

 

Personne ne peut nous communiquer l'intensité et le sens de la beauté. À peine peut-on esquisser de fugaces directions vers où on pourrait se tourner et regarder mais ce n'est pas certain. J'en doute. De toute façon, la plupart d'entre nous ne regarderons pas la direction indiquée mais le doigt qui pointe...Voulons-nous vraiment goûter à cette liberté?

 

Nous sommes conditionnés à penser que l'autre peut nous apprendre sur nous-mêmes (religions, sectes, politique, philosophie, psychologie etc). Cette tradition doit être balayée, disqualifiée, anéantie lorsque vient le moment de se regarder. Elle est une béquille, une illusion de sécurité et un réel danger pour notre liberté. Nous attendons toujours de l'aide de l'extérieur. Dans ce domaine, aucune aide n'est possible et souhaitable.

 

Nous trouvons une grande sécurité dans le fait de perpétuer les traditions, les patterns, les façons de faire de nos parents, grand-parents, amis etc. Nous nous sentons bien lorsque nous suivons la masse, l'ensemble des gens, la société dans laquelle nous vivons. Nous nous sentons à l'aise, en sécurité également quand nous suivons ou faisons partie d'une organisation ou d'une pensée organisée, une doctrine, quelle qu'elle soit. Tous les "ismes" et les "istes", de "a" pour anarchisme(iste) à "z" pour zoroastrisme(iste) ainsi que les religions, partis politique, sectes ne font que diviser les Hommes.

 

Toutes ces organisations sont génératrices de conflits de par leur nature même, qui est de séparer par groupes ou familles de pensée, qui plus est si notre identification à ces organisations est forte. Elles tendent également à rigidifier, à codifier et "mettre en boîtes" des comportements et favoriser ainsi une dépendance et une perte de liberté.

 

Une perte d'humanité donc. 

 


 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 14:37

Qui est ce "je"? Ou qu'est-ce que ce "je"? 

 

Il y a mon corps avec ses frontières dans le temps et l'espace. Il y a mes pensées génératrices de temps ou constamment inscrites dans le temps, impulsions électriques générées par le cerveau et nourries par la mémoire. Fabuleuse mémoire et logique de la pensée qui ont données, donnent et donneront le savoir fantastique, cette accumulation de connaissance extraordinairement riche et appelé à le devenir encore plus dans le futur.

 

Quand "je" parle ou écrit, qui parle et écrit?

 

Ce "je" est l'accumulation de souvenirs, d'expériences, d'émotions (bonnes et mauvaises) mémorisées, de connaissances. Tout ces choses constituent ce "je", mon égo, ma personnalité. Ce background construit l'image que nous avons de nous-mêmes, aidé en cela par la pensée qui travaille, "tourne" sans arrêt pour maintenir cette espèce d'unité fabriqué, notre désir de durer dans le temps. L'observateur.

 

Suspension de la pensée, de l'observateur. Possible?

 

Cette "voix" qui nous accompagne tout le long de notre vie, ce centre, cette forme de conscience peut-elle prendre fin? Autrement dit, la méditation est-elle possible dans la vie de tous les jours? Est-il possible de ne pas s'identifier à notre savoir, nos connaissances, à ce "je"? À cet égo qui ne veut pas mourir et pour cela utilise mille startagèmes pour rester celui qui conduit toute notre existence?

 

Nous avons tous expérimenté cette suspension, parfois sans le savoir. Devant un danger soudain, ou la beauté à couper le souffle d'un panorama (expression tout à fait juste si ce souffle est vu aussi comme cette pensée qui se coupe, se suspend!) qui stoppe nette la réflexion. Bien sûr, cette pensée dans la seconde qui suit l'expérience, reprend ses "droits" et juge, qualifie, compare, jauge, fait des parallèles, se souvient etc, nous éloignant ainsi du fait.

 

L'idée ou le mot n'est pas la chose. Le mot, l'idée de jalousie par exemple, renferme en lui nombre de choses, fait référence à un état. Ce n'est pas l'état de jalousie vécu au moment où l'on éprouve ce sentiment. Il n'y a pas de "méthodes" pour éviter ce sentiment mais seulement l'observation, faire corps au moment du fait sans rejet, concept, conclusions. Tous ces stratagèmes nous éloigneront du fait et nous empêcherons de comprendre cette jalousie. On pourra passer une vie à lire sur la jalousie, on ne saura jamais ce dont est fait ce sentiment si nous ne lui faisons pas face.

 

Tout ceci n'est pas dans notre culture! Cela paraît étrange aux yeux de beaucoup voire sacrilège, tellement, qu'elles refuseront même d'en discuter (Je l'ai mainte fois expérimenté) ou de juste soulever l'hypothèse. (Je trouve intéressant de constater que ce refus vient souvent de gens qui font justement oeuvre ou milite dans un champs donné du savoir. Il me semble pourtant que le doute fut et est le début de toute connaissance! La remise en question de la place qu'occupent dans notre civilisation le savoir et la pensée doit être totale et bienveillante. Ou alors nous ne faisons que défendre notre "bout de gras" avec toutes les limites que cela suppose.)

 

La connaissance et la pensée sont un riche et incroyable héritage. Elles sont incontournables et ont permis et permettent des avancés extraordinaires qui se voient dans notre vie quotidienne.

 

Elles deviennent un mur lorsqu'il s'agit de se comprendre, de s'observer et voir. Mur d'autant plus épais que notre identification sera profonde et réductible à cette pensée et ce savoir.

 

Tout ceci étant dit, je suis bien conscient de mes propres limites intellectuelles et de ma réflexion manquant de profondeur. D'autres personnes plus articulés ont déjà parler et écrit sur ce sujet, beaucoup mieux que moi.

 

J'ose quand même écrire et parler.

 

Veuillez me pardonner!

 


 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 16:50

Dès qu'on s'intéresse à la littérature philosophique on ne peut éprouver qu'une sorte de vertige. 

 

Une telle masse de réflexions, pensées, concepts, théories, conclusions, affirmations, propositions élaborés depuis quelques millénaires et disponibles aujourd'hui à de quoi donner ce vertige qui peut même aller jusqu'à la nausée.

 

Nausée, quand on prend conscience de cette somme fabuleuse de savoir et que nous regardons, observons notre monde finalement si étriqué, proccupé par des stupidités, mesquin dans son organisation, on se demande avec quoi toute cette connaissance peut bien rimer.

 

Ou alors c'est regarder par le petit bout de la lorgnette?

 

Philosophie: domaine constitué par un ensemble d'interrogations sur le rapport de l'Homme au monde et à son propre savoir. Projet qui consiste à vouloir dégager la structure rationnelle du monde.

 

Je m'interroge. 

 

Vouloir étudier le monde (ici je parle du monde psychologique) par le biais de la pensée m'étonnera toujours. Vouloir examiner le vivant, cette chose constamment en mouvement, avec quelque chose de mécanique (la pensée) est voué, non pas forcément à l'échec (quoique...), mais à l'élaboration d'une infinie séries de théories plus ou moins pertinentes. Je ne dis pas que c'est sans intérêt (bien voyons)!

 

Il y a un fait cependant. Nous avons (Si l'étude de l'Homme nous intéresse) la matière première sous la main: Nous-mêmes! Soi et sa relation au monde.

 

Étudier le phénomène de la vie comme quelque chose "d'extérieur" donne des concepts intéressants mais souvent compliqués (par forcément complexes) et, fatalement, inutiles, nous aidant en rien, si ce n'est qu'à nous rendre un peu plus confus. Ainsi des théories du vivant, austères parfois, naissent, coupées de...la vie, concepts devenus autonomes, déracinés de l'objet même qui était à l'origine de la recherche.

 

Je crois qu'il est triste voire dangereux de tomber dans l'étude pour l'étude, de perdre de vue la raison toute simple du questionnement philosophique qui est, pour moi, de vivre mieux, en accord avec moi-même, les autres et la nature (dans son sens le plus large). Le monde.

 

Ou alors nous risquons de devenir ce spécialiste, coupé et fragmenté comme ce physicien qui met au point la bombe atomique sans mauvaise conscience, embrassant ses enfants au retour du boulot, ou, plus près de mon sujet, ce philosophe perdu et reclus dans une pensée qui l'a finalement coupé du monde, de la vie, de lui-même. Théoricien menant parfois une vie en complète opposition avec ses recherches.

 

Que vaut la réflexion si elle ne débouche pas sur l'action?

 

Toute réflexion philosophique, me semble-t-il, devrait avoir pour point de départ et d'arrivé si je puis dire, notre propre existence. Voilà la matière première.

 

Comprendre soi pour comprendre le monde, car ce monde, après tout, n'est que le reflet de nous-même.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 06:12

Plus que jamais notre monde a besoin de gens animés par la passion, attentif. 

 

Mais qu'est-ce que la passion? Le propos a déjà été soulevé mais j'aimerais y revenir car cela semble important.

 

Nous avons une idée romantique de la passion aidé en cela par notre culture qui fait l'apologie des passions sélectives. Or cette passion qui fait de nous des spécialistes dans un domaine donné et insensibles pour d'autres "causes", je veux dire indifférents, sans cette qualité que l'on réserve presque exclusivement à l'objet de notre passion n'est qu'une forme d'opportunisme et fait de nous des handicapés, des êtres fragmentés, sans unité. Avoir des opinions (souvent arrêtées), même si on proclame haut et fort "que chacun à droit à ses opinions", reste, il me semble, une façon détournée d'éviter de se confronter à des idées qui ne font pas toujours notre affaire, qui ne rentre pas dans le schème de notre construction mentale, notre monde organisé sur des valeurs que nous croyons fondamentales. Le problème n'est pas d'avoir des opinions, mais de s'identifier à celles-ci.

 

Nous développons ainsi cette forme de repli sur soi que l'on nomme tolérance. 

 

Cette approche fragmenté de la vie nous sépare les uns des autres et finit toujours par des conflits plus ou moins importants.   

 

Il existe un lien entre la passion et l'attention.

 

Une attention soutenue tend à faire taire notre "moi". Le "je", notre personnalité s'efface devant l'objet de notre attention. Nous devenons perception. L'espace entre nous et la chose observée disparaît. Il n'existe plus l'observateur et la chose observée mais seulement le fait de percevoir. Ceci est passionant et en même temps vérifiable par tout un chacun. L'attention soutenue requiert et produit en même temps un calme et une suspension de la pensée qui se rapproche de la méditation. 

 

Prenons un exemple.

 

Je regarde une maison. Au moment où mon regard se pose sur l'objet ma pensée se déclenche et nomme l'objet (ou réagit en faisant des considérations sur ce que je vois): maison. Une image s'est formée et me rend inattentif. L'image, le fait de mettre un nom sur la chose m'en éloigne immédiatement. Je suis dans le domaine des idées et des conclusions. Je ne vois plus la maison mais seulement l'idée que je me fais d'une maison. 

 

Que se passe-t-il si je reste simplement avec la perception de cette maison? 

 

Ainsi nous vivons la plupart du temps dans le monde des idées, des images préfabriquées. Nous vivons dans le passé, dans un monde peuplé de conclusions (l'image) qui tend à nous faire agir en robot, en machine, réagissant constamment avec de vieilles idées. Le présent est évacué pour faire place à de l'inattention. Nous évacuons le fait par de la pensée.

 

Anodine en apparence, cette approche ouvre des perspectives vraiment intéressantes. Elle permet de voir et se voir avec une accuité renouvellée. Elle met aussi en lumière nos conditionnements, ce que l'on appelle la culture.

 

Ainsi me voir comme québécois est une forme d'inatention. Me définir comme musicien idem. Et ainsi de suite! Quand on parle de "se construire" (mot à la mode!) on parle essentiellement de construire une image de nous-mêmes! Que peut-on "construire" sur quelque chose de vivant, de constamment en mouvement? Je suis ceci ou cela, non-violent, charitable, catholique, musulman, capitaliste, nitzschéen, anarchiste, freudien, canadien, chilien etc. Autant d'images et de constructions mentales qui nous éloignent du fait. Encore une fois, je ne nie pas l'utilité de la mémoire mais veut lui donner sa juste place.

 

L'école est un lieu de transmission de la connaissance. C'est ainsi que l'on conçoit l'éducation dans une large mesure. Ceci reste qu'une partie de ce que devrait être cette éducation à mon sens. 

 

L'école, si nous voulons qu'elle forme des gens vraiment libre, devrait être cet endroit où on présente notre culture et celle des autres comme, dans une certaine mesure, des formes de conditionnements. Malheureusement, le manque d'attention (qui n'est pas forcément passager) fait que nous acceptons ces conditionnements comme étant l'unique façon d'appréhender le réel. Cette approche partielle devient un sérieux problème quand nous nous identifions à nos conditionnements. 

 

Nous vivons dans la culture de l'inattention.  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 17:36

J'ai lu et relu le livre de Normand Baillargeon "Liliane est au Lycée". Comme toujours, Normand est passionnant, articulé, logique (jusqu'à un certain point) et clair dans ses propositions. J'aime son intelligence, la conviction qui anime sa parole. Enfin quelqu'un de vivant!

 

Soyons clair dès le début. Je crois que la culture générale, sur un plan, est importante, vivifiante, source de grandes joies et vecteur d'ouverture sur d'autres mondes, de progrès et de compréhension mutuelle.  

 

Ceci dit, je me pose des questions sur les limites de cette culture générale, cette accumulation de connaissances qui ne peut avoir de fin et qui est somme toute inscrite dans une époque. La culture générale d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier et ne sera pas celle de demain. Ne pas avoir lu Rousseau, par exemple, est considéré comme problématique pour un étudiant sortant de l'université. Peut-être. Je pourrais affirmer que ne pas connaître tel ou tel philosophe Indien ou Chinois est injustifiable! Cette vision est et reste trop sélective pour moi. Ou alors, il faut tout connaître, mais cela n'a aucun sens. Qui décidera de ce qui est important?

 

Connaître les plus importants acteurs? Michel Onfray, avec sa (passionnante!) contre-histoire de la philosophie, nous montre bien que ce qui est considéré comme "important" a peut-être été décidé il y a mille ou deux milles ans de cela, et pour des raisons politiques!!! Même le professeur le plus ouvert et honnête ne pouvait proposer, hier encore, l'étude de certains philosophes car ceux-ci étaient complètement oubliés voire censurés par la vision imposée des gens au pouvoir (religieux et/ou politiques)! Aujourd'hui, on peut remettre les choses dans une autre perspective impensable il y a peu de temps! Merci monsieur Onfray! (on peut comprendre, par exemple, pourquoi Platon tient une si grande place dans l'étude de la philosophie..mais c'est une autre histoire...) 

 

Notre liberté, cette liberté inscrite dans le temps (qui n'est pas une réelle liberté donc...), d'aujourd'hui, "résultat" d'une culture générale, sera-t-elle considérée comme une prison dans mille ans???

 

Oui on peut avoir une solide culture générale et être un parfait idiot. J'en connais. Beaucoup de choses peuvent se cacher derrière l'érudition. La première étant l'ignorance de soi-même.

 

Je sais, par expérience, qu'en général nous voyons les choses par le biais de notre spécialité. Ainsi un professeur de musique trouvera inimaginable qu'un étudiant dans cette spécialité n'ait pas écouté tel ou tel maître de musique (Bach? Beethoven? Mozart?). Encore une fois, je ne suis pas convaincu de cette position. Combien de gens connaissent ces artistes sans les connaître? Que veut dire connaître? On parle rarement de qualité mais souvent de quantité concernant cette culture générale. De l'étendu de notre connaissance. On est gêné de ne pas connaître tel théorie ou tel auteur, musicien etc. Il faut dire, voire avouer, que la connaissance, l'érudition donne du pouvoir sur ceux qui en on moins. Elle crée aussi des espèces de "sectes" ou clans fermés qui donnent à ceux qui en font partie le rôle de "prêtre" qu'il ne faut pas contredire sous peine "d'excommunication". On vous répond par un silence qui est supposé être une réponse! On ne discute pas avec un inculte ou considéré comme tel. On ne joue pas impunément dans les plates-bandes des autres...Mais bon, je m'éloigne du sujet...  

 

Il y a donc (toujours selon moi, bien sûr) la culture d'un côté et de l'autre cette capacité de sonder, comprendre notre monde avec acuité. Cette acuité n'a que peu de liens avec nos connaissances et ne découle pas d'une culture générale. Le philosophe Jidhu Krishnamurti, par exemple, a été un piètre étudiant, il n'a jamais pu entrer à l'université (constamment recalé), lisait peu (Agatha Christie était son auteur préféré!..). Peu de philosophe ont été aussi loin dans l'exploration de ce qu'est le fait de vivre. Il ne connaissait ni Platon, ni Rousseau etc. Sa réflexion donne parfois le vertige. Je vous encourage à le lire. Ceci n'est qu'un exemple pour appuyer et faire comprendre ma position. 

 

Il me semble que le problème se situe à un autre niveau qui est celui de former des gens qui seront passionnés par "la vie". Large vous me direz! Non pas large mais profond donc basique. Fondamental. Cette passion qui n'a pas, finalement, d'objet en tant que tel reste la flamme par quoi tout peut advenir. 

 

Que veut dire être passionné par la vie? Selon moi, c'est comprendre que ce que l'on fait (que ce soit la rédaction d'un livre, la composition d'une symphonie ou...faire la vaisselle) est secondaire. Jusqu'à un cetain point bien sûr...J'espère que je n'ai pas besoin de m'expliquer là-dessus...Tout devient important si nous avons l'attitude juste. Et cette attitude ne dépend pas du travail effectué mais du processus qui anime ce travail. La qualité d'être, de présence au moment où l'on fait les choses. Si cette qualité est là, l'oeuvre (symphonie ou vaisselle...) prendra un sens insoupçonnées.

 

Lire Rousseau ou écouter Bach sont le résultat d'une vision, d'une façon d'entreprendre, de vivre une vie. La curiosité, le désir d'apprendre est ce qui découle de cette passion "générale" (comme on dit culture générale). Ce ne peut être par décision prise par autrui ou par une sorte de dictat sociétal.

 

Nos propositions ne seront après tout que des propositions qui reste dans le champs de ce que l'on connaît! Je ne peut proposer que ce que j'ai lu ou écouter...Et le reste? Ce que je ne connais pas est plus vaste que ce que je connais!!! De quel droit puis-je "suggérer" mon ignorance?

 

Peut-être que la culture générale rend meilleur, mais je me demande si c'est ce meilleur dont on a besoin pour changer véritablement les choses.

 

Encore une fois...L'ignorance fondamentale est de ne pas se connaître. 

 

Et se connaître ne passe pas par les autres! Le germe de la liberté commence là.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 14:43

Il existe de nombreux éceuils dans lesquels un artiste peut tomber s'il n'est pas constamment vigilant. Celui du développement en est un puissant et beaucoup sont tentés par cette expansion économique, cette industrialisation de leur métier. 

 

C'est probablement pour cela que le mot artiste est pour moi problématique. Je préfère, et de loin, celui d'artisan. Ce que je suis et resterai.

 

Au début d'une vie dévouée à un art, il y a, la plupart du temps, la contrainte qui est un puissant moteur de créativité. Comment parvenir à certains résultats avec peu de moyens. L'imagination est alors à l'oeuvre, trouve des solutions originales, particulières pour chaque problèmes rencontrés. Une énergie se mobilise pour parvenir à créer une idée, un style, les mettre en forme, les dégager, les préciser.

 

Si (par malheur?) cette idée a du succès on tentera, dans la plupart des cas, de la reproduire, parce qu'au fond, notre désir de création a peut-être été confondu avec un désir de vendre, de prendre de l'expansion, de grossir "l'entreprise", la rendre plus riche (ce qu'on croit plus riche).

 

C'est ce que j'appelle la période de stagnation, qui peut durer un certain moment et être confortable. Des restes de créativité peuvent subsister mais ce n'en sont que des échos lointains, la répétition mécanique d'une créativité passée qui n'en porte plus que le nom. Une recette donc qui peut marcher sur une période de temps donné. C'est la période où l'artiste se "copie lui-même", continue cette recette qui a "bien marché" et qui est devenu sa marque de commerce. 

 

Si pour diverse raisons il restera créatif, donc en constante évolution, changement, on prendra ces changements (en général) pour un manque de constance dans son travail. La critique et le public n'aime pas trop de diversité chez un même artiste-artisan. Comme la plupart, on aime être rassuré...par la répétition sous diverse formes de la même idée.

 

On surfe donc sur cette vague qui va bientôt mourir sur la grève...Notre capacité à inventer, à créer s'émousse. 

 

Quelles étaient nos véritables motivations au tout début? Et là, il faut être suffisament honnête pour se dire que notre désir de vendre, de prendre une expansion (quelque forme que cette expansion peut prendre) était la base de nos actions. L'ambition, ce désir de se "répandre", caché derrière de grands discours sur cette supposée créativité (souvent réelle au début) a pris finalement toute la place.

 

Ce désir d'expansion pour l'expansion, cette philosophie qui pollue aujourd'hui presque toutes nos actions, notre vision économiste et réductrice des choses, reste la motivation première et sournoise, dans bien des cas, de nos projets.

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 13:05

Je sais. Je ne suis pas original dans mes sujets. Je ne cherche pas à l'être. Ma réflexion fait suite à des plongés ou des survols de moi-même. C'est un processus que je mets en mots pour, temporairement, fixer cette réflexion ou plutôt ces observations. Rien de définitif. Ce que je trouve n'a de valeur que pour moi. Je peux certes partager ces trouvailles mais l'essentiel est et reste dans le processus même, l'action.

 

Ce que je pense, la connaissance que m'apporte cette aventure passionante seront autant (dans le domaine psychologique) de murs pour les autres. Le savoir des autres (le mien aussi donc) n'a aucune valeur dans ce domaine. Se connaître reste le point central d'une vie et cette connaissance ne peut passer par les autres, leur savoir et le savoir en général restera toujours du domaine du passé. Ce que nous sommes est éternellement du présent. Rien d'autre.

 

On peut lire sur ce qu'est la liberté selon tel ou tel auteur mais la liberté est quelque chose que l'on porte ou non en soi, que l'on découvre et observons sur le champs, dans l'instant. Ce n'est pas un concept que l'on pourra appliquer, une recette qu'on pourra suivre. Cette liberté naît avec l'observation, cette distance que l'on peut prendre avec soi-même ou mieux, la dissolution de ce moi par l'observation. C'est simple, peut-être trop simple et pas forcément "sexy". 

 

L'artiste n'existe pas (ou seulement à un certain niveau), pas plus que le plombier ou le menuisier ou n'importe quelle activité que l'Homme pratique. Définir un humain à ce qu'il fait reste extrêmement réducteur et risqué dans un sens. Ce que l'on fait n'a pas grande importance mais la façon dont on le fait, beaucoup. Ne dit-on pas que Bach aurait été bon boulanger? On se croit capitaliste, musicien, québécois, artiste, philosophe, professeur ou que sais-je si nous restons à la surface des choses. Dès que nous nous observons un tant soit peu sérieusement, on peut voir toute la fragilité de ces qualificatifs et leur insignifiance. L'aventure est là. L'inconnu est en nous.

 

Avoir un métier, le pratiquer reste, bien sûr, une façon de gagner sa vie, mais représente pour moi, un prétexte, un outil pour me confronter aux autres et à moi-même, être dans le monde. Nos talents ou facilités pour notre (nos?) métier sont secondaires et sans grande importance après tout. Les chemins que l'on emprunte pour faire ce métier sont par contre très révélateur sur nous-mêmes. 

 

Se libérer de ces images (artiste, plombier etc.) est un premier pas pour se voir, un premier pas vers cette liberté. Se dévêtir de toutes nos certitudes et positions intellectuelles, opinions et conclusions reste la seule façon de connaître la mort de son vivant.

 

Elle n'est plus cette chose abominable qui arrive à la fin d'une vie mais fait partie intégrante de cette vie.

 

Rencontrer la mort de soi-même de son vivant est une bénédiction. J'irais jusqu'à dire que c'est un devoir.

 


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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 19:31

Dans notre société, un artiste qui ne vend pas est suspect. On jauge presque toujours la qualité éventuelle, la pertinence du créateur en fonction de la quantité (prix d'une toile, nombre de billets ou livres vendus, capacité à remplir une salle, nombre et prestigiosité des prix et récompenses reçus etc.). Toute cette façon de voir la culture et de la qualifier (ou la disqualifier) doit certainement avoir un impact sur sa qualité.

 

Vouloir être aprrécié du plus grand nombre c'est vouloir être apprécié par n'importe qui... Star Académie est un exemple très parlant de ce phénomène. On forme en vue d'avoir du succès. On trouve et donne des recettes pour "arriver", on systématise une démarche, on industrialise, on coupe, prend des raccourcis en faisant appel à des "spécialistes" du succès.

 

Bien sûr, on se cache derrière des discours sur la créativité, on assure et se rassure par des pirouettes sémantiques, on se convainct et tente de convaincre que cette entreprise vise à former! Le but est là pourtant, clair, limpide. Viser le succès.

 

(Ce mensonge, cette façon de faire me rappelle un peu ce pays qui fait la guerre au nom de la démocratie, de la liberté mais qui est plutôt intéressé par sa propre expansion économique. Beaucoup de beaux discours qui tentent de cacher une réalité affreuse et vomitive)! 

 

Or, si on vise uniquement le succès, c'est que nous n'aimons pas vraiment ce que nous faisons! 

 

Cette démarche nie le temps qu'il faut pour faire véritablement éclore le talent. Cette vision des choses est la même que celle qu'on utilise en agriculture. Oui, on peut faire pousser des tomates en grand nombre et rapidement avec l'aide de toutes sortes d'engrais mais on peut aisément voir et goûter le résultat! identiques, sans goût, sans saveur. Prêtes pour la consommation de masse. Ce qu'on gagne en quantité, on le perd en qualité. Ce qu'on gagne en temps, on le perd en profondeur. Les recettes miracles n'existent pas.

 

Le temps, la réflexion, le recul sur son travail et soi-même, l'erreur, les embûches de toutes espèces. Prendre le temps de paufiner, d'affiner, de réfléchir. Tomber, se relever, retomber...Avoir le courage et le temps de se tromper! Tout ceci fait partie intégrante de la formation. Sauf exception, les Brel, Brassens, Leclerc, Desjardins, Ferré, Vigneault (pour rester dans la chanson) ne se sont pas fait en un jour (ou quelques semaines...)! 

 

Être passionné, aimer profondemment ce que l'on fait, c'est être préoccupé par la démarche et non pas le résultat.

 

Le succès tout comme l'échec sont des escroqueries, des formes corrompues de voir et d'appréhender la vie.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 14:48

Quel est la responsabilité d'un artiste? Peut-être qu'en répondant à cette question on saura ce qu'est supposé être un artiste? La réponse est peut-être dans ce qu'il n'est pas. Ce qui reste quand on a fait le tour de ce qu'il ne peut pas, raisonnablement, être.

 

Proposer un monde différent? Des possibles autres que ce monde finalement basé sur l'exploitation de notre prochain, quel que soit le niveau? La fin d'une servitude, le début d'une liberté qui ne consiste pas à faire n'importe quoi et/ou de constamment réclamer ses droits?

 

Et nos devoirs d'hommes et de femmes? Quand en parle-t-on? Je ne parle pas de nos devoirs de citoyens mais de nos devoirs humains. En avons-nous? Si oui, quels sont-ils? 

 

L'arbre, l'animal sont parfaits car ils remplissent leur rôle à la perfection. L'arbre est un arbre dans toute sa qualité d'arbre. De même l'animal. Ils ne cherchent qu'à être pleinement ce pour quoi ils sont destinés. Comment en sommes-nous arrivés à être si loin de nous-mêmes? Que sommes-nous? Que propose les valeurs de notre société? Ont-elles un sens? Que veut-on de nous? Que cherche-t-on à nous faire faire? Pourquoi est-il si difficile de trouver un sens à notre vie? Est-ce que la pensée est la clé à toutes ces questions ou alors fait-elle partie du problème?

 

Qu'est devenu l'artiste, la plupart du temps, dans notre société? Cet espèce de clown que l'on jauge au nombre de disques, livres ou autres supports vendus? À sa popularité? À l'impact qu'il peut avoir sur la critique? Au nombre de spectateurs qu'il peut drainer? À sa capacité à nous distraire, à remplir des salles? À nous faire oublier nos vies somme toute misérables parce que dénuées de sens? À nous aider à supporter cette vie? Sans rien changer? À proposer des idées les plus saugrenues possibles que l'on prend pour de la créativité? Est-il devenu cette pièce d'un puzzle, ce morceau qui permet aux nombreux festivals ou talk-shows de compléter et finaliser leur image?

 

L'artiste vendeur? Pornographe? Servile? Complaisant? Superficiel? Spécialiste? Naîf? Dépendant? Innocent donc coupable (pas dans le sens biblique svp...)? Futile? Insensé?

 

L'artiste: moteur ou miroir? Véhicule ou passager? Reflet de lui-même? De la société? Les deux?

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 13:28

Vivre constamment dans le déni. Le refus de se voir tel que l'on est. Ce mécanisme de défense qui consiste à nier une perception traumatisante, de toute nature, est devenu pour la plupart une façon de vivre. Le déni de soi-même, de ce que l'on est dans l'instant.

 

Nous fixons une image idéalisée de nous-même et tout ce qui ne cadre pas avec cette image est refoulé, nié, mis de côté, dénié. 

 

Se regarder sans détour ni construction mentale, image ou idée sur soi-même. Être face à la réalité, présent à soi-même, sans jugements ni commentaires, sans qualificatifs (ceci est bien ou mal) et ce à chaque seconde, donne le véritable sens au mot liberté.

 

Parler de liberté n'a de sens que dans la mesure où nous sommes véritablement libre à l'intérieur de nous-mêmes. Cette liberté n'est jamais acquise mais  plutôt un processus qui n'a pas de fin. Nos prisons sont ces images auxquels nous tentons désespérément de coller, de nous identifier. Luttes sans fin et impossibles car des l'instant où nous parvenons à rejoindre cette image, une autre se forme et ainsi de suite!

 

C'est ce que je nomme une vie horizontale. Et courbe. Et si la verticalité des choses était une autre façon de voir? Je veux dire que, finalement, dans la vie on n'avance jamais. On reste sur place et on s'enfonce dans le sens? À ce moment, on arrête d'être ce chien qui coure après sa queue dans une folle course sans fin et dénuée de sens!

 

L'infini ne serait que du présent sans chemin tracé à l'avance et sans empreintes laissées derrière nous. La liberté. À ce moment, cette liberté n'est plus un choix mais quelque chose qui découle de cette vision, cette qualité d'être au monde. Elle est cette vision et devient ainsi opérante et non pas séparée de nous. 

 

La liberté vu sous cet angle ne peut donc être quelque chose que l'on demande, que l'on attend ou quémande des autres. Elle n'est pas le résultat d'une volonté, ni de son opposé. Elle éclot quand, justement, le désir de devenir prend fin.

 

Elle est présente, ou pas. 

 

Ceci m'amène à faire un parrallèle avec l'improvisation en musique. 

 

Est-ce que improviser c'est faire des choix ou alors répondre dans l'instant, sans utiliser la pensée qui, elle, ne sait faire que des choix. Je penche pour la "réaction" sur le vif, où tout notre être devient musique et baigne dans le moment présent. C'est la musique qui répond à la musique, c'est la note qui est jouée qui amène la seconde et ainsi de suite. Sans choix mais comme une parole qui se déroule, les mots amenant les mots, les sons amenant les sons. C'est ainsi qu'elle se présente à moi par moment. Moments privilégiés où "je" disparaît sans laisser de traces. Devenir perception.

 

Évidemment, l'analogie avec la parole est boiteuse car lorsque l'on parle, on veut exprimer une idée. Pas en musique. Elle va au-delà des idées, nous présente un monde qui est en-dehors du monde des idées et du sens comme on l'entend avec la parole.

 

C'est peut-être pour cela qu'on a l'impression qu'elle nous dépasse par moment.

 

En fait, elle dépasse (pas toujours...) simplement le monde dans lequel nous baignons constamment, qui est celui de la pensée. 

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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