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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 17:10

Il m'apparaît évident que l'amour est un obstacle pour le genre de société dans laquelle les oligarques voudraient nous voir vivre. Nous avons, dans une grande majorité, assimilé, accepté, intériorisé le fait que nous sommes en constante compétition les uns avec les autres. Nous avons fait nôtre cette façon de voir et sommes même prêts à défendre becs et ongles nos privilèges devenus des droits. Nous trouvons tout-à-fait respectable, dans l'ensemble, notre société qui est fondée sur une incroyable injustice systémique. Nous faisons payer le prix fort à d'autres humains pour vivre comme nous le faisons.

 

Les nombreux conditionnements dont nous sommes l'objet depuis notre enfance, à l'école, à la télévision, par nos parents, notre entourage, nos professeurs, l'ensemble de la société font que nous avons perdu de vue cette base (l'amour) qui, si nous en sommes dépourvu-et nous le sommes-, rend caduque toute tentative de changements réels et profonds.

 

Ce mot, amour, est devenu plat à force de se coucher dessus voire suspect par nombre de gens. L'amour est un état et non une expérience. L'amour n'a pas d'objet. L'amour exclusif n'est pas l'amour, l'amour possessif n'est pas l'amour. L'amour exclut d'emblée la compétition, la jalousie, l'envie, la dualité sous toutes ses formes.

 

Il faut bien faire ce constat navrant, nous sommes dépourvus d'amour. Nous cachons notre handicap derrière des discours mielleux, derrière nos bons sentiments qui sentent (j'allais écrire qui puent) l'apitoiement sur soi et les autres qui ne sont qu'une autre forme subtile d'égocentrisme. 

 

Nos combats pour une plus grande justice sont limités parce que notre vision de la justice est limité. Quand ont nous aura donné de quoi nous satisfaire (et il en faut peu) nous retournerons à nos petites affaires, continuant notre vie mesquine, car au fond on se préoccupe de l'injustice dans la mesure où elle nous dérange personnellement ou en tant que groupe ou nation...Les autres...

 

Ce n'est donc pas la justice qui nous préoccupe mais...nous à travers la justice. C'est pourquoi nous pouvons nous déclarer, par exemple, satisfait du genre de vie que l'on mène pendant que d'autres se font massacrés, pendant que d'autres ne mangent pas à leur faim, n'ont pas accès à de l'eau potable etc.

 

Si nous commencions par le début? Si nous commencions par voir le manque d'amour en chacun de nous? Nous voir tels que nous sommes? Sans jugements ou conclusions mais simplement voir?

 

Alors, peut-être, on pourra parler de révolution. En attendant, on peut toujours s'étourdir avec nos spasmes pseudo-révolutionnaires et s'exciter collectivement pour quelques miettes de justice. 

 

Pour être francs, l'injustice...on s'en fout tant qu'elle ne nous touche pas...

 


 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 16:24

Depuis quelques temps, on sent une insatisfaction grandissante dans nos sociétés. Certainement justifiée par une multitude de raisons qui pourrait se résumer par un mot: injustice.

 

Nous sommes bombardés de discours, d'informations qui ressemblent souvent à de la propagande ce qui n'est guère surprenant dans une démocratie-oligarchique où les plus nantis, les privilégiés détiennent, dans une large mesure, les clés pour se faire entendre. De cette façon, ils peuvent faire croire, sacro-saints chiffres à l'appui, n'importe quoi et/ou faire pencher l'opinion publique dans un sens qui leur est favorable. Nous sommes responsables des gens que nous avons mis en place, démocratie oblige...Nous sommes aussi responsable de notre...silence. De notre apathie. De notre manque de courage. De notre laisser-faire. De notre individualisme suicidaire. 

 

Il y a, bien sûr, les médias sociaux qui jouent de plus en plus un rôle important mais, tout comme la télévision, les textes ou informations qui pourraient être porteurs (disons-le comme ça) sont ensevelis par un véritable tsunami de stupidités, de joutes verbeuses et inutiles, de règlements de compte personnels. Le résultat donne quelque chose de vaseux, d'informe. C'est du n'importe quoi pour du n'importe rien.

 

On y parle de révolution, de changement, d'écoeurement etc. D'accord. Mais je me pose la question: par quoi ou par quel miracle des changements en profondeur verront-ils le jour si nous sommes les mêmes qu'hier? Un véritable changement ne s'opérera-t-il de lui-même quand nous nous serons changés? On voudrait changer la surface (la société) sans briser ou remettre véritablement en cause l'architecte de cette société: notre pensée?

 

Ce que je vois maintenant n'est qu'un autre spasme, une autre révolution de surface qui n'a pas de profondes racines. On ne veut pas vraiment être dérangé dans notre façon de vivre, on ne veut pas de réels changements, de ceux qui remettraient en question notre civilisation même.

 

Nous voulons continuer de consommer...vert (la fallacieux concept de développement durable)! Nous sommes toujours convaincus qu'une nation est une bonne chose sans se rendre compte de toute la violence que ce concept implique, nous sommes toujours convaincus que la science apportera des solutions à nos problèmes qui sont plutôt d'ordre systémiques, nous sommes toujours convaincus de la validité de la réussite personnelle. Nous sommes encore convaincus que nous sommes séparés les uns des autres alors que la race humaine forme un tout. Nous sommes convaincus que notre souffrance est "personnelle".

 

Nous pataugeons dans une mer de médiocrité, bien au chaud et finalement peinards...Les quelques soubressaux que l'on sent ces jours-ci ne sont que de petites vaguelettes qui auront tôt fait d'être récupérées par un système qui, dans le fond, fait l'affaire d'une majorité.

 

  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 10:54

Juste quelques mots concernant ce supposé scandale concernant l'abattage d'animaux. Beaucoup de gens offusqués d'apprendre que certaines bêtes sont tuées avec un certain rituel.

 

N'étant ni croyant, ni athée, ni agnostique, les prières et toutes les formes de rituels de toutes les religions me laissent froid. Tout au plus, je m'y intéresse comme je m'intéresse aux hommes qui craignaient la foudre, il y a très longtemps, et qui ont canalisé cette peur avec des croyances. En anthropologue amateur en quelque sorte.

 

Avez-vous récemment visité un abattoir ou encore ces endroits où l'on garde les poules par milliers pour nous donner ces oeufs qui finissent dans votre assiette? Vous êtes-vous demandé comment les boeufs, les veaux, les porcs étaient traités, quels étaient les produits que l'on utilisait pour les faire grossir plus rapidement (plus de profit...). Avez-vous vu ces animaux tenants à peine sur leur pattes, empêchés de bouger (faut pas qu'ils dépensent d'énergie...perte de profit...), cloîtrés dans des box pendant les quelques mois qu'ils ont à vivre?

 

Avez-vous pris connaissance de tous les médicaments qu'on donne à ces bêtes pour qu'ils ne meurent pas de "crise cardiaque" tellement on les gave? Qui n'a pas vu ces tueries industrielles sans un pincement au coeur? On préfère détourner le regard, oublier...

 

Oui, au Québec existent des lois concernant la façon dont on traite ces animaux. Le problème c'est que ces lois sont immorales. Elles permettent le traitement affreux banalisé, balisé par les dites lois. Elles permettent également de nous donner une bonne conscience...Ici, on a des lois pour "protéger" les animaux. Et on ferme les yeux...

 

Que des personnes fassent une prière avant de tuer un animal (tiens...comme dans certaines tribus amérindiennes...), qu'on lui mette la tête dans la direction que l'on voudra, la Mecque ou le pôle nord...C'est un problème? Vraiment? Est-ce vraiment le coeur du problème?

 

Ces mêmes personnes qui bouffent de la viande traitée comme décrit plus haut vont tout-à-coup trouver scandaleux certains rituels, parce que ce ne sont pas les leurs? Ces mêmes personnes tout-à-coup si sensibles ne se sont jamais posé la question: qui était la personne qui a abattu l'animal que je mange maintenant? Vous voyez ce que je veux dire? 

 

N'y a-t-il pas un peu d'hypocrisie voire une forme de racisme dans le fait de se sentir tout-à-coup préoccupé par la forme que peut prendre l'abatage? Bien caché, évidemment...Non! Nous ne sommes pas racistes! Voyons...Pas ouvertement...

 

Que l'on se penche sérieusement sur la façon de traiter les animaux, je veux bien, mais posons-nous la question: sommes-nous halal ou haram?

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 16:54

Notez que mon titre n'est pas "Croire et ne pas croire" mais bien "Croire et ne plus croire". Parfois de petites différences sémantiques se traduisent par un abîme de différence dans notre vie quotidienne.

 

Lorsque je parle de "croire", je fais référence bien évidemment aux croyances religieuses mais pas uniquement. Croire c'est aussi penser que nous sommes canadiens ou américain, français ou anglais etc. Croire c'est tirer des conclusions sur ce que nous sommes sans y avoir vraiment réfléchi, en répétant souvent ce que d'autres ont dit, ont affirmé. Croire c'est aussi avoir des opinions derrières lesquelles nous nous cachons, trouvant une grande sécurité dans une affirmation de soi-même. Au gré du temps nous échafaudons ainsi une image de nous-mêmes qui nous sécurise et nous définit avec plus ou moins de nuances et plus ou moins de changements dans le temps.

 

Croire c'est aussi croire en des systémes, des théories parfois habiles où la réflexion semble profonde et complexe, où l'habileté joue un grand rôle. Il sera d'autant plus difficile de regarder et voir avec un esprit neuf, frais, innocent, autrement dit révolutionnaire.

 

Croire ou ne pas croire sont des conclusions et toute conclusion est une fuite. Fuite de l'instant présent et de son incroyable richesse, fuite de nous-même, fuite qui semble être la façon la plus normale de procéder dans notre société, acceptée sans être remise en cause, sans véritable réflexion...On y croit!

 

Rejeter le conformisme est une chose extrêmement difficile. On se croit (tiens...) anti-conformiste (encore une conclusion!) lorsque nous sommes contre ceci ou cela, les religions, la politique, notre gouvernement, lorsque nous traduisons cet anti-conformisme par notre apparence, notre habillement. Nous sommes simplement à la recherche d'un autre conformisme, d'autres conclusions qui nous éloignerons systématiquement du fait. Nous cherchons des gens qui penseront comme nous, qui seront d'accord avec nos nouvelles conclusions et formerons ainsi une nouvelle famille, une sécurité qui nous rendra aussi peu intelligents que ce contre quoi nous nous serons battu.

 

Croire ou ne pas croire sont des échappatoires, comme le sont Dieu ou l'alcool, la fuite dans des idéologies, dans l'érudition, bref dans le devenir, dans la réalisation qui permettent de fuir le fait. Éviter à tout prix le fait de notre solitude, profonde, irrémédiable et pourtant si porteuse et magnifique! Ce n'est qu'à partir de cette réalité (nous, nos relations avec les gens, la nature, les choses) que l'on peut vraiment construire quelque chose de nouveau.

 

Ne plus croire c'est se permettre de regarder et voir, non plus à travers les yeux des autres mais les nôtres.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 13:08

Je suis en tournée promotionnelle à Sherbrooke. Le soir dans ma chambre d'hôtel je lis, étudie les partitions que j'apporte avec moi. Il m'arrive d'ouvrir la télévision, par curiosité. Je n'en ai pas chez moi et elle est un bon moyen de "tâter le pouls" de tout un pan notre société.

 

Je passerai rapidement sur les émissions carrément destinées à des attardés mentaux, probablement conçues par des gens du même acabit...sans le savoir vu que c'est avec notre propre cerveau que nous nous évaluons...Je ne parlerai pas non plus de la propagande hallucinante auxquels les assidus de cette télévision sont assujettis. Il est clair que soumis à cette publicité quotidiennement, le cerveau se retrouve occupé par des valeurs à faire vomir, des stupidités et une violence, une espèce de frénésie de la consommation hallucinante et perverse.

 

Je veux parler ici d'une émission que j'ai regardé sur Vox, animé par Jean Barbe. Le sujet? Pierre Lemoyne d'Iberville, explorateur, navigateur. Jusque là ça va à peu près. Je dis à peu près car n'oublions pas que ces explorations se passaient sur un territoire déjà occupée par des humains...Bien sûr ce territoire n'était pas "mis en valeur" à la façon que l'on connaît aujourd'hui...C'est-à-dire que l'on exploitait pas systématiquement les ressources pour un enrichissement bien ciblé. Ce n'était pas encore le "bar ouvert" destiné à enrichir une élite...

 

Non, là où ça coince c'est quand on ajoute à Sieur d'Iberville les épithètes de commerçant et militaire. Là, il y a un problème. Pierre Lemoyne d'Iberville était donc un mercenaire. Payé pour faire la guerre, pour "explorer". Regardons aujourd'hui ce que sont ces gens qui pratiquent le même "métier". Les admire-t-on ces gens qui s'enrichissent sur le dos de cadavres? Non? Pourquoi qualifier d'Iberville de, et je cite, "grand montréalais", de "conquérant", de "héros"? Un personnage dont on devrait vanter les exploits? Un "héros qu'il faut ramener à notre mémoire"? Ce va-t-en-guerre qui rasait villes et villages? On me répondra sans doute qu'il faut remettre les choses dans la perspective de ce temps. Façon de justifier nos massacres et de poursuivre une cécité qui fait bien notre affaire...

 

Se souvenir? Oui mais dans une juste perspective svp. À ce compte, suffira-t-il de quelques années pour que l'on qualifie Bush d'explorateur qui aura libéré et apporté la démocratie en Irak? Ou Kennedy de héros de la guerre du Vietnam? Soyons sérieux et honnêtes!

 

De faire l'apologie de la violence, du meurtre, de l'épuration ethnique, de la cupidité sous des couverts pédagogiques me paraît bien risqué...Ou alors nous voulons, dans le fond, dénoncer une certaine violence lorsque nous sommes victimes mais la valoriser lorsque nous en sommes les acteurs. 

 

Justification qui ressemble à de la propagande. Je suis absolument contre cette façon de voir et de présenter l'Histoire. Nos enfants méritent mieux que cela. Tout projet nationaliste à besoin de ce genre de vanité qui fait dire et voir les choses avec un angle faussé, parce que nous, au fond, nous sommes mieux que les autres...

 

Je suis contre la violence...celle des autres et la nôtre. Dénoncer son voisin est toujours plus facile que se regarder en face.  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 14:40

Bien voilà. Un bel exemple de notre système "démocratique" (par et pour le peuple?..) nous est donné par la façon dont les étudiants sont traités par les forces policières et par ricochet, par la classe politique au pouvoir. De temps en temps le masque tombe.

 

Dans nos sociétés si votre voix n'a pas de poids, vous pouvez, en effet, dire à peu près n'importe quoi...et beaucoup de gens ne se gêne pas...Mais si, par malheur vous organisez cette voix, si elle dérange l'ordre établi, si elle propose de véritables changements (ce qui en principe devra déranger l'ordre établi!) vous serez, dans le meilleur des cas ignoré ou alors carrément tabassé comme on peut le voir avec les manifestations étudiantes.

 

On donnera bien sûr toutes sortes de raisons pour justifier ces gestes mais le fond demeure que nous vivons dans une société où il fait bon fermer sa gueule et continuer sa petite vie tranquille. À ces conditions, le Québec semble charmant voire bon-enfant. Tant qu'il ne se passe rien tout va bien!

 

La critique, j'ai pu m'en rendre compte dans maints situations, sera acceptée si vous restez à l'intérieur de balises très précises. Les remises en question de fond sont toujours vues comme bizarres ou étranges et souvent, ce n'est que du silence que vous obtiendrez pour toute réponse. 

 

Non, nous ne voulons pas être dérangés. Nous refusons, nous nous refusons des analyses qui sortent de nos idéologies confortables et sans danger pour le pouvoir et pour notre pouvoir. Ainsi nous pourrons échafauder nos petites théories de salon, se draper dans nos vertus imaginaires, défendre cette démocratie qui protège surtout les plus nantis.

 

Le système est bien fait. La propagande est si habilement conçue que nous sommes prêts à défendre cette façon de faire. Nous n'avons plus besoin du fouet pour faire nos cabrioles. Nous sommes décidement bien domptés. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 14:50

J'ai un ami qui écrit avec des fautes d'orthographe à tous les 5 mots. Il n'a pas fini son secondaire. Il ne connaît aucun philosophe, ne connaît pas les lois de le thermodynamique, il n'a pas lu Shakespeare, Maupassant, Celine, Molière, Balzac, Proust. Les mathématiques sont pour lui, à part les équations de bases, un monde étrange et étranger. Si on le questionne sur les gaz de schiste, il en ignore totalement la technique. Mon ami n'a pas de téléphone cellulaire, pas de répondeur, pas d'ordinateur. Mon ami chauffe au bois (récupéré à gauche et à droite), possède une modeste maison qu'il a bâti de ses mains. Il a accepté avec quelques réticences la petite télévision et le lecteur DVD que je lui ai offert il y a deux ans. -Tu sais, me dit-il, quand je parts en voyage on me vole souvent ce que j'ai dans ma maison alors je préfère ne rien avoir de valeur. Il apprécie les films mais déteste la "boîte à grimaces" comme il l'appelle. (à ce jour il ne s'est toujours pas fait volé!)

 

Mon ami voyage 2 mois par année. Partout dans le monde. Pas d'appareil photo (J'ai tout dans ma mémoire me dit-il), une petite tente et peu de sous. Mon ami a des amis tout autour du globe. Il est reçu à bras ouverts partout où il passe. Mon ami aime les gens. Mon ami connaît l'âme humaine, c'est sa force. Il ne l'a pas apprise dans les livres mais à son contact. Il connaît la nature aussi, il ne l'a pas apprise dans des livres mais à son contact, avec l'observation quotidienne de celle-ci. Il voyage pour rencontrer des gens pas pour voir des endroits nouveaux.

 

Mon ami a une âme simple mais riche. Il m'étonne par sa lucidité et cette forme de sagesse qui lui fait comprendre les choses de façon instinctive. J'ai l'impression que les Amérindiens possédaient cette connaissance des choses en étant proche...des choses. Par un savoir, non pas mécanique, livresque, théorique mais directe. Il apprend en...vivant.

 

Mon ami n'est pas parfait mais profondément humain. J'apprends à son contact. Une heure avec lui vaut bien des heures de lecture et je dirais même que la lecture ne pourra jamais me faire voir les choses avec autant de perspectives qu'un moment passé avec lui.

 

Mon ami rigole quand je lui parle de culture générale, de connaissances supposées minimum pour fonctionner dans cette société.

 

"Regarde Yannick, tu veux vraiment t'adapter à cette société? Et quand tu es malade essais-tu de t'adapter à ta maladie? Les gens les mieux adaptés à la société sont souvent les plus malades..." 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 12:59

Un des problèmes concernant les musiciens de jazz se trouve dans le fait qu'il n’y a aucune structure pour les rassembler.

 

Cet individualisme suicidaire débouche sur une sous-représentation auprès des différentes instances gouvernementales mais aussi auprès des diffuseurs, médias, producteurs etc. qui ne reflète en rien la réalité et l’évidence de la multiplicité et l’incroyable richesse de ce patrimoine que sont les musiciens de jazz au Québec.

 

Je médite depuis un certain temps sur la mise sur pieds d’un orchestre national de jazz qui pourrait cristaliser et donner un « prétexte » pour nous donner une voix, un orchestre rassembleur autour duquel différents projets verraient le jour.

 

Les possibilités d’un tel orchestre sont nombreuses et porteuses : favoriser l’exécution, la composition, l’arrangement de musiques originales, commandes d’œuvres, interventions en milieu scolaire (masterclass, conférences, possibilités à des étudiants en jazz de participer (coaching) ou assister à l’élaboration d’œuvres etc.). Des sous-groupes pourraient être formés-plus légers-pour tourner dans les écoles et faire connaître cette musique. Des artistes étrangers pourraient être invités pour des projets spéciaux etc.

 

Voilà quelques possibilités qu’un tel orchestre pourrait offrir. Il y en a d’autres.

 

Une dizaine de musiciens avec son directeur musical engagés pour une période données (2 ans me paraissent suffisant pour mener à bien des projets) et renouvellement de l'orchestre au bout de ce contrat pour donner la chance à différents courants qui existent dans cette musique de se faire entendre.

 

Un projet comme celui-là aura besoin de soutien financier du Conseil des Arts et des Lettres du Québec ou autres instances-publiques ou privées- en lien avec le jazz ou désirant l’être.

 

Donner une structure aux musiciens, un projet concret apportera peut-être un sentiment d’appartenir à quelque chose qui dépasse l’individu et lui donnera conscience qu'il n’est pas isolé.

 

Un orchestre bien administré sortira, je le souhaite, l’image que l’on a  du musicien de jazz seul, sans statut, courant le cachet, la « gig », sans vision collective, inadapté, individualiste à l’excès. Cette image misérabiliste n’a que trop durée !

 

Des idées, suggestions ? Vous êtes les bienvenues !

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 14:33

Notre culture, je m'en rends compte, est détestable sur certains points.

 

Héritiers de la mentalité colonialiste européenne, il reste en nous beaucoup de cette prétention sur notre façon de voir les autres cultures, de les juger sans être capable de se prendre autrement que comme point de référence. Au départ, nous sommes convaicus d'avoir le meilleur système qu'on appelle encore "démocratique" mais qui en vérité ne peut plus porter cette appellation. Nous vivons dans une oligarchie. Voyons les choses comme elles sont et arrêtons de se gargariser avec ce mot: démocratie.

 

Cette incapacité et cette volonté de vouloir exporter notre système à n'importe quel prix (guerre, violence, pressions économiques etc.), cache une prétention toute en "finesse", où les mots sont plus importants que les faits. Héritiers donc de cette esprit de domination qui continue en sourdine mais qui reste pour moi bien détestable. Détestable car, bien sûr, on veut le bien de l'autre, on veut exporter notre liberté (qui devrait porter le nom d'individualisme...) pour que les autres peuples puissent "goûter" ce vent de liberté, vent qui à bien des égards sent l'égoïsme à plein nez. N'oublions pas que notre chère liberté s'exerce sur le dos d'autres pays et cultures. 

 

Notre société occidentale s'est bâti en grande partie sur le pillage de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique du Sud et continue, de façon plus hypocrite, encore aujourd'hui. Hypocrite car au nom de la liberté, de la paix et de cette soi-disante démocratie.

 

Je me demande parfois si des gouvernements comme la Chine par exemple, que l'on traite de haut à cause de ses politiques autoritaires ne sont pas plus désireux dans l'ensemble et dans le fond, de sortir le peuple de sa misère, de bâtir une société plus heureuse que certains de nos gouvernements occidentaux. 

 

Nous faisons toujours trop rapidement et qualifions, un peu de façon pavlovienne, ce pays de dictature et de totalitarisme, pointons les problèmes (et il y en a!) sans voir les nombreux autres côtés positifs que ce gouvernement apporte pour ses gens.

 

Les chinois sont des gens profondément pacifiques et, pour avoir faits maints voyages dans ce pays, n'aspirent qu' à vivre en paix. Connaissez-vous une seule base militaire chinoise? Combien les États-unies en ont-elles disséminées un peu partout dans le monde? Pour maintenir la paix? pour apporter le liberté et la démocratie? Voyons! Ouvrons les yeux et les bons...

 

Il y a des injustices en Chine? Oui! Et ici? Non? Est-il vraiment nécessaire d'en faire le détail? Nous qui sommes "libre" et "riche", que faisons-nous de si extraordinaire de cette liberté et de cette richesse? 

 

Je discutais avec des chinois concernant la hausse des frais de scolarité. Il faut dire qu'en Chine existe un réel et très fort sentiment de vouloir se sortir de la misère, sentiment qui se traduit par un partage du travail. Dans un restaurant, par exemple, on préférera gagner moins et faire le boulot à 10 serveurs là où 4 ou 5 serait suffisant. On partage les revenus mais tout le monde travaille. 

 

La première question qui leur vient à l'esprit, concernant les hausses c'est: mais qui sont les parents de ces jeunes qui militent? Cette question vient du fait qu'il est impensable pour eux de laisser leurs enfants et ce à n'importe quel prix, dans la misère. Un couple chinois gagnant moins de 30,000 dollars par année arrive à mettre de côté, par le biais d'un régime épargne-étude, 4000$ par année pour 2 enfants! Ils savent très bien que leur bonheur passe par le bonheur de ces enfants. Ils ont encore cet esprit de sacrifice, mot qui fait peur à beaucoup...

 

Une autre mentalité, généreuse, un désir de s'en sortir et un courage qui me laisse sans voix. Voilà peut-être ce qui fait la force de ce pays. 

 

Il me paraît évident que les manifestations devraient porter non pas uniquement sur les hausses des frais de scolarité mais sur les politiques injustes qui sont les fondements d'une oligarchie. 

 

Nos problèmes sont beaucoup plus profonds et larges qu'on le pense.

   

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 04:23

Je vais présenter vendredi prochain (le 24 février, au Lion d'Or) une vision personnelle de la musique du groupe Uzeb. Cet ensemble, dans sa dernière version, composé de Michel Cusson, Alain Caron et Paul Brochu, connaîtra un très grand succès sur les scènes québécoises et européennes dans les années 80 et début 90.

 

Pourquoi arrêter mon choix sur ce groupe? À cette époque, début 80, j'étais complètement absorbé par la musique de Coltrane et assez peu sensible ou perméable à ce qui pouvait sortir de cette esthétique. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai commencé à m'intéresser à des groupes comme Weather Report, qui tentait (avec succès le plus souvent) d'amalgamer les sons du rock, entre autres, tout en gardant une souplesse dans l'improvisation qui est la marque principale du jazz.

 

Il est admis, la plupart du temps, que si un musicien veut connaître une carrière internationale (c'est peut-être moins vrai aujourd'hui) en jazz il doive s'exiler à New York. Paul Bley, Oscar Peterson, Maynard Ferguson, devront "devenir américain" pour se faire connaître et réaliser la carrière qu'ils ont connu. Se frotter et collaborer avec des "pointures" pour que leur talent soit reconnu, multiplier les rencontres et les chances de se faire un nom. Rien de répréhensible dans cette volonté de sortir du Québec, qui, peut-être à ce moment était trop "étroit" pour leur talent et leur ambition.

 

Uzeb, et c'est tout à leur honneur, n'ont pas choisi ce chemin. Qu'on apprécie ou pas leur esthétique, là n'est pas la question, on doit leur donner crédit d'avoir développer leur son, de poursuivre leur passion commune et de parvenir à imposer ce son sur la scène internationale sans pour autant sentir le besoin de le faire chez nos voisins ou de passer par ceux-ci.

 

À ma connaissance, c'est le premier groupe québécois de jazz instrumental à avoir réussi cet exploit.

 

C'est donc cette passion commune et le respect qu'elle m'inspire qui m'a donné envie de faire revivre leur musique. Il y a, bien sûr, la musique en elle-même.

 

Musique qui donne envie de "bouger", précision parfois maniaque du rythme, lyrisme exacerbé, solo dévastateurs. Ce que je retiens de tout cela c'est surtout le son d'ensemble, une vision commune et ce désir de faire une musique bien à eux, reconnaissable, identifiable dès les premières notes. 

 

Il est évident que je ne cherche pas à refaire ce qu'ils ont fait, à copier ou restituer leur musique "note pour note". C'est bien une vision originale, aidé en cela par mes confrères Samuel Joly et Rémi-Jean Leblanc, que nous proposerons lors de ce concert et de la tournée québécoise qui suivra.

 

Merci donc à Michel, Alain et Paul de nous avoir donné leur "point de vue" musical et d'avoir partager celui-ci avec générosité et passion. 

 


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