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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 14:26

Une liberté à l'intérieur de balises bien définies. Une oligarchie qui se cache derrière un visage démocratique. Nous vivons dans l'illusion de vivre dans un pays libre où les décisions sont prises pour le bien commun. On commence à voir les ficelles. Le jupon commence à dépasser de sous les masques si je puis dire!

 

Il semble évident, avec les évènements dont nous sommes témoins ou que nous vivons ces derniers temps et les réactions qu'ils suscitent, que nous sommes invités à passer notre vie dans une espèce de cage. Toute dorée qu'elle soit, elle reste une cage.

 

J'ai déjà partagé mon sentiment, très fort, que notre parole et nos actions doivent absolument rester dans des schémas dictés par un consensus (qui semble vouloir éclater) qui ne mettra jamais réellement en danger les structures mêmes de notre société. Les bases de ces structures sont injustes et profitent à une minorité. Depuis longtemps. Les quelques miettes qui restaient pour la majorité ont suffit à la faire taire. Jusqu'à aujourd'hui.

 

Ce consensus mou entretenu par une propagande efficace nous amène à nous faire croire que nous sommes les héritiers d'une société libre et juste, avant-gardiste, pacifique voire bon-enfant. Médiocre serait plus juste selon moi. Ce regard que nous portons sur nous-mêmes n'est pas vraiment notre regard mais celui qu'on voudrait que nous portions.

 

Cette image commence, et c'est tant mieux, à prendre sérieusement l'eau et montre des signes évidents d'essoufflements.

 

Les tactiques nauséabondes que prend le gouvernement pour manipuler l'opinion publique face aux revendications des étudiants n'est pas digne d'un gouvernement démocratique. Calculs mesquins, fausses ou demi-vérités, tentatives grotesques (salut monsieur Charest!) d'éviter le dialogue et j'en passe. Il y a un abîme entre être démocrate et se servir de cette démocratie, exploiter ses faiblesses.

 

Les masques tombent rapidement et la violence institutionnelle montre son vrai visage. 

 

J'ai maintes fois soutenu que notre voix, tant qu'elle reste anodine et insignifiante, tant qu'elle n'aura pas de poids, sera tolérée. Si cette voix, par bonheur ou malheur, c'est selon, se structure, s'organise alors elle sera rapidement court circuitée, pointée du doigt, transformée. Elle sera évidemment combattue par ceux qui profitent de ce système mais aussi, et là c'est plus grave, par ceux-là mêmes qui en sont les victimes et qui n'osent pas élever la voix de peur de perdre le peu qu'ils ont.

 

L'instrumentalisation de la peur se pratique à visage découvert dans les dictatures mais de façon plus pernicieuses dans les sociétés dites démocratiques.  Il en résulte une forme de servitude volontaire qui fait la joie de nos gouvernements, servitudes entretenues par une propagande tellement bien faite qu'elle est propagée par les victimes mêmes! Le discours inique ou qui encourage l'iniquité est intégré. L'injustice devient une valeur. Elle fait parti de notre culture.

 

Pour paraphraser Orwell, nous n'avons plus besoin du fouet pour faire nos cabrioles pseudo-démocratiques! Sommes-nous bien conscients de ce que nous défendons?

 

L'injustice organisée et de plus en plus flagrante dont nous sommes la cible, d'autres peuples ont du la subir et la vivre avant nous et de façon beaucoup plus intense. Notre société s'est bâtie sur ces iniquités mais tant que tout cela ne nous touchait pas directement cela ne nous dérangeait pas outre mesure.

 

Tout en étant, somme toute, fier de cette prise de conscience, je soupçonne qu'encore une fois cette voix se contentera de peu pour se taire.

 

L'égoïsme cultivé et culturel est une horreur qui nous semble tout naturel. Le peu de cas que nous faisons de l'autre, dès qu'il est un peu loin de nous, reste une condition sine qua non pour la continuation du genre de société si riche dans laquelle nous vivons.

 

Nous crions à l'injustice. Je suis d'accord. Oserons-nous aller au bout de ce crie? Ou alors ce crie n'est, encore une fois, qu'un autre visage de l'égoïsme?

 

Une chose est sûre, on ne nous laissera pas faire... 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 13:52

Nous vivons dans une époque où la confusion des genres et des repères est en pleine expansion pourrait-on dire. Pour qui observe un peu notre société cette affirmation est d'une évidence élémentaire. 

 

L'information prend des allures de propagande et vice et versa. Nous baignons dans un flot d'idées et nous nous noyons dans cette mer plus souvent qu'à notre tour.

 

Cette hallucinante confusion est propice à l'éclosion du "n'importe quoi" et la musique de jazz ne fait pas exception. 

 

Dans de nombreux festivals de jazz, on nous explique que le jazz est une musique difficile à circonscrire. Ainsi on présente "toutes sortes de jazz" qui débouche finalement sur une plus grande confusion pour le quidam, l'amateur, le peuple en général. J'y vois là une forme de mépris pour les gens et cette musique en particulier. 

 

Il est vrai que cette musique couvre un large spectre mais certaines limites sont dépassées sans vergogne.

 

Je ne suis pas un "puriste", j'aime la musique au sens large quand elle est honnête et dépourvu, tant que faire se peut, de buts commerciaux. On ne fait pas de musique pour gagner sa vie mais on fait de la musique et on gagne sa vie. Cette petite précision sémantique renferme en elle une grande différence philosophique si je puis dire.

 

Qu'est-ce que le jazz?

 

-"Man, if you gotta ask you'll never know!" (Louis Armstrong)

 

Sans vouloir la définir on peut quand même avancer quelques réflexions à propos de cette musique.

 

On note tout d'abord une confusion (déjà!) si on consulte différents dictionnaires. Allez voir sur le web et tapez "jazz définition" et vous verrez de quoi je parle.

 

Oublions donc les dictionnaires. 

 

Je note que les musiciens de jazz ne font pas de coupures, de césures entre leur vie et la musique qu'ils pratiquent. L'un et l'autre sont intimement liés. Il en découle que l'originalité, le son personnel et identifiable est une prémisse pour cette musique. Elle représente, dévoile ce qu'il y a de plus particulier en chacun de nous. De plus intime. C'est ce qui rend cette musique si touchante et vraie.

 

J'entrevois un lien entre une certaine honnêteté ou plutôt une connaissance de soi-même inhérente à cette originalité. Car ici, il ne faut surtout pas confondre originalité et une certaine "pose" que l'on pourrait prendre pour de l'original. Le musicien de jazz n'est pas cet acteur qui joue à jouer. On est pas jazzman (ou woman) de 9 à 5...La musique et notre philosophie de vie ne feront qu'un.

 

On porte en soi cette originalité, il suffit de la découvrir. Elle ne se cultive pas. Elle n'est pas une idée ou un concept. J'irais même plus loin en affirmant que l'originalité pourra éclore lorsque l'on aura plus d'idées sur nous-mêmes.

 

Il y a quelque chose comme une espèce de "laisser-aller" où la volonté de "faire original" est complètement absente qui permettra éventuellement l'éclosion et la floraison de cette originalité. 

 

Pour moi, il n'y a rien de plus pathétique que de voir un artiste "forcer" son originalité ou vouloir être particulier. Cette volonté d'être différent amène les pires extravagances et appauvrit et rend caduque le discours de n'importe quel artiste, musicien ou non.

 

Je terminerai en soulignant que l'improvisation est un élément important de la musique de jazz. Elle n'en a pas le monopole. De nombreuses musiques traditionnelles de partout sur la planète utilisent ce procédé et ne sont pourtant pas du jazz. 

 

La confusion des genres est pratique et rentable. Elle permet d'éviter une réflexion, même embryonnaire comme ici.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 15:03

Ce matin-là, Xavier se levât comme à l'accoutumer, pris un solide déjeuner et partit au boulot à 8:00 précise. Xavier travaillait dans la police. C'était un exemple pour tous, obéissant à ses patrons sans poser de questions, toujours ponctuel, incorruptible, droit, méthodique et à l'ordre. Un exemple vous dis-je.

 

Xavier avait deux enfants de 4 et 6 ans qu'il adorait et une conjointe plus jeune que lui qu'il aimait tendrement. Ça avait été le coup de foudre entre les deux et cette passion était toujours vivante. Xavier et Yvonne filait le parfait bonheur. Cette famille respirait la joie de vivre, tous leurs voisins vous le dirons.

 

Depuis quelques semaines, Yvonne participait aux grèves étudiantes sans trop de convictions. Elle avait décidé de retourner aux études après avoir expérimenté plusieurs petits boulots. Yvonne voulait un meilleur emploie mais surtout elle avait le désir d'apprendre des choses, de s'ouvrir sur le monde qui l'entoure, d'en savoir plus sur elle-même et les autres.

 

Xavier, ce matin-là, reçut l'ordre de se rendre sur la Place de la Liberté pour sécuriser, comme on dit dans leur jargon, la dite place. Il enfila son habit noir, ses bottes, prit son casque à visière, son bouclier, tout son attirail (matraque, poivre de cayenne, revolver, menottes etc.) et se dirigea avec ses compagnons vers la place.

 

Yvonne reçut, ce matin-là, un coup de fil de sa meilleure amie la suppliant de venir avec elle et d'autres étudiants pour protester contre la hausse des frais de scolarité, entre autres.

 

Zoé était une jeune étudiante éprise de justice, passionnée. Elle entraînait souvent Yvonne, discutait avec elle et, il faut le dire, la persuada plus d'une fois du bien-fondé de ses idées.

 

-"Tu sais bien que Xavier n'aime pas que je me rende à ces manifestations...Il a peur pour moi..."

-"Allons Yvonne, Tu n'as qu'à mettre un chapeau, des lunettes, un foulard sur ta bouche! Personne ne saura que c'est toi! Et tu seras avec nous pour une bonne cause!

 

Yvonne, une fois de plus, se laissa convaincre. Elle téléphona à sa mère pour qu'elle vienne s'occuper des marmots et fila avec Zoé.

 

Sur la place, les policiers déjà étaient en poste. Lorsque Zoé et Yvonne arrivèrent des altercations s'étaient déjà produites. La tension était palpable. 

 

Des étudiants s'approchaient des brigades anti-émeutes et les narguaient, les insultaient, testaient leur patience, leur faisaient des doigts d'honneur. Certains essayaient même de leur parler, de les convaincre...Peine perdue, les forces de l'ordre restaient de marbre, attendant les ordres.

 

Soudain des pierres venues d'on ne sait où s'abattent sur les policiers, faisant beaucoup de bruit mais peu de dégâts. L'ordre ou plutôt une espèce de borborygme fuse immédiatement de la bouche du chef de la brigade. Les policiers chargent. 

 

C'est un fouillis indescriptible qui s'ensuit. Les étudiants courent dans tous les sens. Ils venaient de se rendre compte que la place était complètement encerclée par les policiers. 

 

Fumée, pierres, bruits de vitre fracassées, cris, plaintes, sueurs, sang, vociférations, ordres. La place est devenue un véritable champ de bataille où les forces en présence sont inégales.

 

Xavier, obéissant aux ordres, tapent sur tout ce qui bouge, arrête, menotte, fait son boulot de policier. Soudain sa main, son coeur s'arrête.

 

Il vient d'apercevoir Yvonne à genoux, son foulard ensanglantée pendu autour de son coup, le visage déformé par la douleur. Il abandonne sa matraque, son casque, son bouclier et se précipite vers celle-ci.

 

Il n'aura jamais eu le temps de se rendre près de son amour. Yvonne n'aura pas eu le temps de voir Xavier courir vers elle. Une pierre, grosse comme un pavée frappa Xavier à la tempe. Mort instantanée dira plus tard le médecin-légiste.

 

Place de la Liberté ce matin-là est déserte. Ses enfants sont grands, partis.

 

Yvonne marche, goûte le soleil, laisse le vent jouer avec ses cheveux blancs et se souvient.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 03:01

En général, on court dans la vie et on marche pour la paix.

On ne marche pas seulement pour soi mais pour nos filles et fils.

Pour ceux à naître également.

On marche pour l'autre. Et l'autre c'est aussi soi. 

 

On l'aura compris la solidarité, dans nos démocratie, est un danger pour ceux qui voudraient nous amener dans un système où l'individualisme sert plus souvent qu'autrement la classe dirigeante. Ils souhaitent une solidarité lors des votes, tous les quatre ans, quand il s'agit de les mettre au pouvoir. Mais entre les élections ils nous préfèreraient muets et dociles, leur laissant une marge de manoeuvre digne d'une dictature. Vous avez voté, maintenant fermez-la et faites ce qu'on vous dit.

 

En fait et dans le fond, ces gens détestent la démocratie. Ils s'en servent, l'utilisent mais essaient, dans une majorité de cas, de la contourner. De toutes les façons. Corruption, loi du baillon utilisée à outrance, refus de dialogue ("si vous n'êtes pas contents mettez-nous dehors aux prochaines élections..."), décisions arbitraires qui vont à l'encontre du bien commun etc.

 

En général, je ne participe pas aux manifestations. J'utilise d'autres moyens pour faire entendre ma voix.

 

Mais là, ce gouvernement et leur chambre de commerce qui nous prend pour du bétail tout juste bon à travailler pour produire et consommer vont trop loin. 

 

Ils vont trop loin dans leur arrogante cécité.

 

La vision de la finance n'est pas celle du bien commun. Je refuse d'être dirigé par elle. Je refuse qu'elle me dise comment vivre et à quelles conditions. 

 

Il faut la mettre au pas. Et non l'inverse.

 

Dimanche je marcherai, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau. 

Dimanche nous marcherons.


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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 00:50

Tout va bien...

 

Quand on ferme sa gueule ou

Quand on l'ouvre pour défendre un système inique

Quand on fait ce qu'on nous dit de faire sans réfléchir

Quand on vote sagement croyant que s'offrent à nous de vraies options

Quand on consomme ce qu'on nous suggère de consommer

Quand on fait la guerre quand on nous dit de la faire

Quand on roule dans nos belles voitures en pestant un tout petit peu contre le prix de l'essence

Quand on regarde et applaudit des émissions de télé odieusement abêtissantes

Quand on fait taire notre conscience en faisant la charité au lieu de réclamer justice

Quand on se laisse berner par une information qui ressemble trop souvent à de la propagande

Quand on étudie juste pour trouver un job

Quand on paye ses études pour devenir les nouveaux esclaves de luxe d'une société à bout de souffle

Quand on croit être debout alors que l'on est à genoux parce que les autres sont couchés

 

...Tout va bien!

 

Ne t'aventure pas à remettre en cause des valeurs qu'on t'a appris à faire tiennes, qui semblent provenir de toi. Ces valeurs, on te les a gentiment programmées depuis tout petit. Tu vis dedans, c'est ta culture, c'est ta tradition. Tu les aimes sans savoir exactement pourquoi ni si ces valeurs ont un sens réel et profond, si elles t'appartiennent.

 

Ne change rien et alors...tout ira bien!

 

P.S. Notre société avance à grands pas. On voit maintenant (et régulièrement) des polices à l'université...Ahhh! La joie de voir ces gens encore vouloir apprendre! 


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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 13:39

S'exprimer. Revendiquer le droit de dire et de partager une parole. Tant que nous restons dans les limites tracées par ceux qui nous laissent dire, par ceux qui, d'une certaine façon, contrôlent notre parole nous n'avons rien à craindre.

 

Si, d'une façon ou d'une autre, cette parole s'organise, si elle prend corps, si elle sort de son anonymat, si elle a un réelle impact, nous avons tout à craindre. 

 

Les forces qui semblent dormir lorsque notre parole est sous contrôle, lorsque celle-ci ne fait pas trop de vagues (il existe une certaine marge de manoeuvre...qu'il ne faut jamais dépasser), bien balisée, avec des frontières très précises, ces forces se réveillent et se montrent dans toute leur horreur, leur froid dessein et leur inhumanité implacable.

 

Ces forces sont odieuses et opèrent depuis de nombreuses années et à un niveau autre que celui dont nous sommes témoins avec la grève étudiante. L'injustice nous a servi dans le passé et nous sert encore maintenant. Elle nous sert à maintenir notre train de vie au dépend et au détriment d'autres sociétés. Nous ne la voyons pas, nous ne voulons pas la voir. Tant que cette injustice ne frappe que les autres, nous nous trouvons bien dans notre confort, assis voire couchés sur des tonnes de malheurs. 

 

Ces forces sont d'autant plus perverses car, d'une certaine manière, nous en sommes les complices. C'est nous qui, années après années, vote après vote, collectivement, avons installé ces forces au pouvoir. C'est le résultat de notre pratique et de notre vision de la liberté, de celui de la majorité à tout le moins. Démocratie oblige.

 

Nous exigeons ou trouvons normal, dans l'ensemble, un train de vie que la planète ne pourra supporter si cette culture s'étend à tout le genre humain. Nous en avons fait un droit alors qu'il me semble que c'est un privilège, et qu'un privilège s'exerce au dépend de l'Autre. Toujours.

 

Notre indignation s'élève lorsque nous sommes les victimes d'injustices mais cette indignation a des frontières très précises et ne dépassent que rarement notre personne ou notre groupe (j'allais écrire tribu...). 

 

Oui, les forces de la finance sont odieuses, l'injustice est insupportable.

 

Notre soif de justice, cependant, sera et restera une forme d'injustice pour beaucoup de gens. Cette soif s'étanche, s'estompe rapidement car nous sommes principalement préoccupés que par la nôtre.

 

On me marche sur le pied

Je crie mon malheur

Pendant que mon frère et ma soeur

Meurent

De ne pas manger

 

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:08

Faire de la philosophie permet de manier des idées avec plus ou moins de virtuosité mais n'apporte pas de changement profond dans notre être. Parfois dans le domaine des idées. C'est pour cette raison que l'on peut rencontrer, lire et entendre des philosophes qui, à un certain niveau, semblent brillants mais affublés des mêmes défauts que leur semblable.

 

On pourra dire plus généralement que la recherche de l'équilibre et de la félicité ne passe pas par une spécialisation de notre pensée, quel que soit le domaine. Si la philosophie s'emploie à découvrir notre monde intérieur uniquement par l'entremise de la pensée, cette connaissance ou découverte sera toujours partielle et limitée de par la nature même de la pensée.

 

Le maniement des idées et des concepts, tout intéressant qu'il soit, reste extrêmement limité pour comprendre soi et les autres, ce qui me paraît être la base pour une véritable révolution psychologique.

 

L'idéalisme comme le matérialisme sont des façons de fuir le présent, le "ce qui est". Nous sommes passés maîtres dans la fuite du présent! On le qualifie de pauvre pour ne pas avoir à le regarder en face, on s'en détourne de mille et une façons, que ce soit de manière grossière ou sophistiquée.

 

Il est assez intéressant de noter que beaucoup de philosophes, habitués de vivre dans le monde des idées, trouvent "décevant" et "limité" le présent. Philosopher, faire de la philosophie devient une fuite comme le reste si l'on est pas vigilant. Le piège de la pensée, car elle peut en être un, c'est de croire qu'en dehors de celle-ci, il n'existe pas grand chose, que du terne et du "présent limité". La grenouille croit également que le ciel se limite à ce qu'elle voit de celui-ci du fond de son puit.  

 

On se barde de culture, de savoir, on tente d'étouffer le présent avec du passé, on fuit dans la consommation, les livres, la musique, les écrans (télévisions, ordinateurs), la politique, le militantisme, la religion et j'en passe! 

 

On a tellement peur de se voir que l'on n'arrête pas de se "dépasser"! On se perd ainsi de vue, tout occupé à performer, à finir premier.

 

On se croit tête, on est que pieds.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 19:25

Si philosopher c'est clarifier des concepts on peut se demander avec quel outil le philosophe clarifie. La réponse est assez simple: avec la pensée. Clarifier des concepts avec la pensée. Avec sa pensée. Le philosophe (sa propre pensée) est l'outil qui lui permettra d'appréhender, de scruter, d'observer le monde dans lequel il vit. Alors...

 

Quelle est la nature de la pensée? Qu'est-ce que penser? Se pencher sur la nature de l'outil qui servira à clarifier des concepts me semble raisonnable voire essentiel pour que cette clarification porte en elle une certaine légitimité, un certain sens. Quelle en sera sa valeur autrement? Pour véritablement connaître la pensée il faudra se pencher sur sa pensée. Dans ce domaine, la psychologie, toutes connaissances faites par d'autres ne sont que de peu d'utilité. On ne peut se connaître en passant par les autres, par un savoir de seconde main.

 

Y a-t-il véritablement clarification, éclaircissement si l'on ne se penche pas et tentons de comprendre tout le processus de la pensée? Sans ce préalable, cette clarification souhaitée et entreprise risque de se résumer à une espèce de continuation de réflexes mécaniques issues de l'habitude, de la tradition (philosophique), sorte de conventions sociales ou culturelles qui empêchent, après tout, de voir l'ensemble du processus de la pensée et donc rend caduque, dans une large mesure, tout véritable éclaircissement de concepts.

 

La pensée est une réaction de la mémoire. Sans savoir pas de pensée. Sans expérience pas de savoir. Notre mémoire accumule les expériences, les connaissances et notre pensée se développe à partir de cette mémoire. Le savoir est toujours limité, notre mémoire est toujours limité, notre pensée est toujours limitée. Elle est aussi mécanique. Elle est une suite de causes et d'effets et de répétitions. La pensée est issue du passé, tout comme notre savoir et notre expérience si grands soient-ils.

 

Maintenant, le "je" est-il séparé de la pensée? Est-il, lui aussi, une construction qui vient du passé? S'élabore-t-il, s'érige-t-il au fur et à mesure de cette accumulation de savoir et d'expériences? Est-il distinct de la somme du passé? "Je" ne serait que cette accumulation mécanique de toute une vie? "Je", notre "moi", notre ego, à ce moment, ne serait que ce passé! Ce "je" est une image qui s'est formée au cours du temps. Il est le résultat de nombreux conditionnements (je suis capitaliste, catholique, ouvrier, musicien etc.) et d'images superposées.

 

Je pose la question maintenant: Est-il possible de vivre sans cette image du "moi"? Que peut découvrir ou voir ce "je" qui n'est que le résultat de tous ces conditionnements?

 

Ce "moi" circonscrira ses recherches dans un territoire restreint et limité, incapable de sortir de lui-même parce qu'ignorant de lui-même. Il tournera en rond aussi longtemps qu'il ne sera pas conscient de ce qui le constitue et trace ses limites.

 

Philosopher c'est d'abord se connaître soi-même. Vieil adage mais qui, aujourd'hui, le pratique sérieusement?

 

 

 


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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 15:53

Assez surprenant notre capacité à vouloir éviter d'affronter ce qui est là, devant nous, d'une évidence implacable et...inévitable. J'ai parfois l'impression que nous agissons comme ces chats qui se rencontrent sur un territoire donné et qui évitent le regard de l'autre. Ce que je ne vois pas n'existe pas? Ce que je ne veux pas voir n'existe pas? Il est assez comique d'assister à une scène comme ces deux chats. Leur mauvaise foi est surprenante et efficace! Beaucoup de combats évités de la sorte.

 

Ce qui est bon pour les chats n'est pas forcément bon pour nous...J'irai même jusqu'à dire qu'en ce qui nous concerne, je trouve cela pathétique et d'une profonde tristesse. Surtout lorsqu'il s'agit d'aborder le domaine des idées.

 

Notre conditionnement, notre culture, nos traditions, nos façons de faire nous empêchent souvent d'être ouverts aux idées nouvelles ou simplement différentes de celles qui "circulent" dans nos société. Pour nous préserver d'avoir à réfléchir sans préjugés sur ces nouvelles propositions, nous faisons comme ces chats, nous portons notre regard ailleurs en espérant que ces idées passent et nous laissent en paix, ce que nous prenons pour la paix mais qui n'est qu'une forme de lâcheté.

 

Nous agissons comme si la réalité était remplacée, surclassée par des symboles auxquels nous nous accrochons désespérément, comme si au fond, la réalité était dérangeante, sa lumière trop violente et que l'ombre était pour nous plus confortable et sécurisante. Voir l'autre chat est problématique car il va falloir que je confronte. La cécité volontaire est plus facile: elle me permet le statu quo.

 

Le plus surprenant dans tout cela se trouve dans notre capacité à nous auto-illusionner sur notre propre culture, nos traditions etc. Le lavage de cerveau, qui commence dès notre plus tendre enfance n'est pas vu ou senti comme tel. Bien sûr, certaines valeurs peuvent avoir du bon, on ne peut tout et toujours tout remettre en question mais lorsque nous entrons dans le domaine psychologique il en va tout autrement. Il me paraît sain de faire table rase de tout ce qu'on nous a appris sur nous et de voir par nous-mêmes.

 

Quelques pistes? 

 

Jamais (ou presque) il nous viendra à l'esprit de remettre en cause l'idée de nation, de pays. Rarement il nous viendra à l'esprit de réfléchir sur le savoir et sa place dans notre vie. Lorsque cela a été fait c'était à l'intérieur du dit conditionnement donc sans remise en cause du fond. Quand avons-nous vraiment approfondi ou nous sommes-nous penchés sur ce qu'était la pensée, par nous-mêmes, sans passer par d'autres? Cet outil que l'on utilise à chaque jour, l'a-t-on bien observé? Son mécanisme, ses "ruses", ses illusions etc. Qui pense? Y a-t-il un penseur et une pensée ou tout cela ne fait qu'un? Si le penseur est la pensée qu'est-ce que cela signifie? Ces questions sont loin d'être anodines (à moins de penser en "chat"...) et entraînent une vision bien différente de notre place dans le monde mais surtout de sa qualité. 

 

Un exemple: Nous voulons réfléchir, par le biais d'états généraux, sur l'enseignement supérieur. Soit. Déjà, la volonté de vouloir séparer, couper en morceaux le problème de l'enseignement alors que celui-ci est global est significatif. Réfléchir oui, mais à l'intérieur de cadres bien précis et bien nets, celui de nos conditionnements? Rien de vraiment neuf ne pourra sortir de ces états généraux pour la simple raison que l'outil qui servira à réfléchir, notre cerveau et sa pensée, le fera dans les seules ornières qu'ils connaissent.

 

Sortir de notre conditionnement c'est d'abord être à même de le voir et le reconnaître. Mais comme nos deux chats, nous préférons continuer notre chemin en l'ignorant et s'illusionner sur la profondeur de notre réflexion.

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 20:44

Nous sommes dans la culture de l'identification. Lorsque je proclame que je suis catholique, communiste, anarchiste, en fait peu importe l'idée, je cherche à m'identifier à quelque chose de plus grand que moi qui me donnera une certaine sécurité, un confort passager. Passager et combien éphémère car en me coupant de la sorte de tous ceux qui ne font pas partie de mon identification (encore une fois peu importe laquelle ou lesquelles) je devrai défendre, tôt ou tard, cette idée que je me fais de moi-même. Le conflit pointera son nez sans l'ombre d'un doute, petit ou grand.

 

Que se passe-t-il lorsque je suis à la recherche de cette sécurité? En fait le centre de mes préoccupations reste...moi-même et ce désir de sécurité. Je me satisfais à travers une cause avec laquelle je me serai identifiée, cause que j'estime d'ordre supérieur.

 

À l'intérieur même de la cause choisie (ou des causes) il y aura divergence d'interprétation (comme on peut le constater dans la vie de tous les jours!) et encore une fois conflit. L'entente totale et constante est chose rarissime voire impossible...On peut se référer à l'Histoire pour vérifier mes dires.

 

Comment, à ce moment-là, puis-je coopérer avec qui que ce soit si je suis, tout comme l'autre, mon principal objet de préoccupation? Je me soucis de moi-même de façon prioritaire, je ne peux donc partager avec l'autre de manière tout-à-fait sincère et constante. Pour contourner ce fait, nous nous identifions à des idéologies avec le (parfois) mince espoir de susciter la coopération. Cela ne dure jamais. Nous travaillons réellement ensemble et coopérons quand cela nous chante.

 

Il arrive parfois, pour une période donnée, que nous puissions travailler sur une même idée, dans un même mouvement idéologique. Il y a parfois concordance d'idées, identification commune (une nation par exemple) qui sera amenée à être défendue au nom de la sécurité collective. Si cette notion est menacée, je suis perdu, insécure et me voilà en colère contre toute personne qui s'y attaquera.

 

C'est notre mode de vie même qui est facteur de séparation. Oui une révolution est nécessaire mais si elle est une fois de plus soumise à une idéologie elle restera qu'une autre forme de statu quo.

 

 

 

 

 

 

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