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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 15:08

Quand je pense à la Chine, il me revient constamment une impression diffuse mais tenace: la solidarité. Solidarité qui peut prendre plusieurs formes. Je ne sais pas si les "experts", journalistes et correspondants, ont senti la même chose, en tout cas ils n'en parlent pas ou alors très peu.

 

Ce qui caractérise un pays ce n'est pas, en premier lieu, son organisation politique mais les rapports quotidien entre les gens qui forment cette société. Un étranger qui étudierait uniquement la politique contemporaine du Québec avec ses Jean Charest et consort aurait une bien fausse idée du Québec. C'est un peu ce qui se passe avec la Chine: on parle beaucoup de politique mais peu de sa culture, des rapports entre les gens au quotidien.

 

Juste pour l'anecdote: Une série portant le (un peu...) prétentieux titre "Comprendre la Chine" nous entretenait sur...la politique du logement, les taux d'hypothèques etc. Oui, je veux bien, ce n'est pas inintéressant mais...Croyez-vous un instant qu'en entretenant un étranger de la politique concernant le logement au Québec je ferai comprendre ce qui caractérise le peuple québécois? Je ne crois pas. 

 

Est-ce ma position privilégiée, le fait que ma compagne soit chinoise et donc me permet de voir la société chinoise de l'intérieur quand je m'y rends (famille, amis(e)s, confrères et consoeurs de travail etc.)? Que je suis à même d'observer les Chinois dans leur vie quotidienne, le day-to-day comme on dit? Ou alors sont-ce les difficultés que ma compagne rencontre ici et les discussions qui s'ensuivent pour comprendre et mettre au jour les raisons de ces difficultés? Le recul nécessaire par rapport à nos cultures respectives pour comprendre l'autre?

 

Ce sentiment de fraternité est frappant d'autant plus qu'il contraste fortement avec le sentiment également diffus mais tenace de notre individualisme voire égoïsme dans notre société. Mes retours au Québec sont toujours difficiles et mon acclimatation à cet indifférence somme toute culturelle, me fait mal et me désole à chaque fois. Cette indifférence se traduit par toute une flopée de petits gestes insignifiants mais qui détonnent sur l'ambiance que je perçois en Chine. 

 

C'est étrange à dire et j'en suis surpris moi-même mais je dois presque constamment porter un masque, le masque du "tout va bien" dans mes rapports avec les gens ici. Si on veut aller au fond des choses, aborder des sujets épineux ou problématiques, des sujets qui dérangent, on se rend vite compte du mur que ces masques imposent.

 

Je parle ici des choses qui nous touchent personnellement, nos habitudes ou façons de faire propre à chacun d'entre nous. Ça, c'est écrit défense d'entrer, on ne touche pas à ça, on en parle pas, on l'ignore, c'est mon domaine etc.. On peut aisément remettre en cause notre gouvernement, la société en générale, on peut voir les langues se délier avec une surprenante liberté mais s'il s'agit de parler de ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes, nos agissements...Silence...Masque...Malaise...

 

Que résulte-t-il de tout ceci? En ce qui me concerne, et cela est peut-être dû à mon expérience particulière, je veux dire tout-à-fait personnelle, il en résulte que je sens un grand vent de liberté dans mes rapports avec l'autre en Chine. Cette espèce de chape qui couvre nos rapports ici, je l'ai vu seulement quand je m'en suis libéré. C'est comme un poids que je traînais depuis l'enfance qui s'est tout-à-coup volatilisé. Sentiment de légèreté. J'insiste, j'en suis encore le premier étonné.

 

Étonné parce que j'ai toujours pensé que je vivais dans un pays libre et c'est vrai dans un sens, bien entendu. Mais que je sente, malgré moi, une sorte "d'apaisement psychologique" lorsque je me rend en Chine pourra en surprendre plus d'un.

 

Après avoir abandonné nos masques et être prêt à recevoir la critique (on ne se gêne pas là-bas), après avoir abandonné, même partiellement, notre ego et voir plus loin que nos intérêts strictement personnels, je vois d'immenses possibilités de partage (de réels partages s'entend) si et seulement si on est prêt à se remettre en cause, ce qui n'est pas dans notre culture. Notre concept de la liberté est finalement assez étroit et débouche sur l'exacerbation de l'individu, le culte du moi, liens directs avec l'égoïsme.

 

Pour bien comprendre ce concept particulier de la liberté on peut prendre comme exemples la France qui, pendant qu'elle promulguait les Droits de l'Homme, développait ses colonies en restreignant les libertés d'autres nations, ou encore les États-Unies, champion de la liberté, semant la terreur dans de nombreux endroits de la planète, toujours au nom de leur liberté ou encore plus proche, notre société dite, encore une fois, libre, assise sur l'éradication et le parcage des Amérindiens. Liberté pour soi et pas pour l'autre. Vous voyez un peu ce que je veux dire? 

 

Quand on est libre, on souhaite la liberté à tout le monde. Ou alors on doit avouer que nous sommes des tyrans voulant imposer notre conception...de la liberté. Non-sens évident, ne croyez-vous pas?

  

Je ne veux ni faire l'apologie systématique de la Chine qui connaît d'immenses problèmes, ni faire une description trop négative des relations qui prévalent ici au Québec. Je dis tout simplement ce que je ressens. 

 

Je ne connais pas les raisons profondes de tout ceci. Mais ce sentiment est fort et relativement nouveau pour moi.

 

Cette sensation de liberté, je la souhaite à tout le monde. Sentiment de faire un, au-delà des races et cultures, des idéaux et des partis-pris politiques si mesquins. Sentiment de réciprocité non feinte.

 

Sentiment d'être humain.

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 14:04

Dans quelques semaines je repars pour deux tournées consécutives en Chine. La première au mois d'août et l'autre au mois de septembre. Deux projets différents.

 

Le répertoire de la première tournée est axé sur la musique de films et la seconde sur la chanson française.

 

Ce seront mes 11ième et 12ième passages dans ce pays. Mis à part les préparatifs "techniques" pour ces voyages, je me surprends depuis quelques jours à méditer ou réfléchir sur les différences profondes qui caractérisent le pays d'où je viens et celui qui m'acceuillera-la Chine en l'occurence.

 

J'écris "surprends" car j'ai l'impression que ma pensée se tourne ou plutôt prend ses distances avec ces deux cultures, les met en perpective, autant que faire se peut.

 

Je ne tomberai pas dans les clichés qu'on nous rabâche trop souvent ici et qui satisfont la plupart d'entre nous. Pour comprendre un pays il faut côtoyer et vivre avec ses habitants, manger avec eux, discuter, travailler etc. Faire tout cela sans toujours garder nos points de références, mêmes s'ils sont nombreux et profondément enracinés, notre culture autrement dit.

 

Fils d'immigrés-et j'avance cela sans prétention aucune-j'ai toujours gardé une distance avec la culture qui m'environnait ou alors les autres m'y aidait par leur attitude d'exclusion. Il faut dire aussi que l'étude prolongé d'un philosophe (terme un peu réducteur pour le qualifier) comme Krishnamurti n'est pas étranger à ma position de "déraciné".

 

Pour un arbre les racines sont évidemment vitales mais pour l'Homme je me demande très sérieusement si parfois elles ne sont pas un handicap. Certains parleront de l'importance de cette base pour se connaître: le "savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va". Je me demande si cette proposition n'est pas un prétexte pour notre pensée, elle qui recherche par tous les moyens de se sécuriser, d'exclure beaucoup de choses qui n'entrent pas dans notre façon d'appréhender le monde.

 

Mon histoire c'est celle des Hommes de cette planète. C'est large, je sais, mais en gardant ceci à l'esprit l'angle de vision paraît plus intéressant et moins étroit. Cet angle, qui n'en est plus un mais quelque chose de totalement ouvert, me sied tout-à-fait tout en me faisant exclure de beaucoup de gens qui pensent (encore) le monde sous le mode "tribal". Et c'est la majorité.

 

Il est en effet suspect de ne pas parler de l'amour que je devrais porter à mon pays, à refuser mes racines et même à tenter de les couper par tous les moyens. J'entends déjà ces voix qui me diront que l'amour de notre pays n'exclut pas les autres. Bien sûr l'amour-j'entends le véritable amour-ne peut exclure quoi que se soit mais soyons honnêtes et regardons autour de nous si nous sommes si inclusifs...Pas besoin de m'étendre et d'expliquer plus longuement j'espère...

 

En fait notre ouverture n'en est pas vraiment une. C'est un point fixe d'où l'on regarde alors que ce point , il me semble, devrait être "amovible", bougeant et vivant, fluctuant et varié, sans point de repère, sans angle et donc véritablement vivant.

 

Nous sommes ouverts mais à l'intérieur d'une fermeture! Paradoxal mais pas tout-à-fait faux...

 

Nous sommes ouverts mais pas jusqu'au point où cela deviendrait inconvenable...Ce qui est trop loin de nous est souvent mauvais ou à tout le moins médiocre, suspect. Ce qui est trop loin de nous est étrange, bizarre. 

 

L'étrange et le bizarre dérangent parce qu'il ne participent pas de notre angle même si, en apparence, cet angle se veut le plus large et ouvert possible.

 

Nous voilà donc à faire l'apologie de la tolérance alors que ce mot contient une grande part de racisme, d'incompréhension et d'exclusion.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 15:31

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la fête. Quand j'étais enfant mes parents organisiaient des soirées où était invité les membres de la troupe de théâtre dont ils faisaient partie ou alors des "coopérants" (c'est le nom qu'on donnait à ce moment-là aux Français qui, au lieu de faire "bêtement" leur service militaire, s'expatriaient pour une durée déterminée afin d'étudier et voir un peu de pays) qui étaient de passage au Québec.

 

J'ai souvenir de bouffes mémorables où les bons mots fusaient accompagnés de rire, de chansons, de vins, de discussions parfois musclées sur fond de camaraderie, de rencontre et de partage. De ma chambre où il était délicieusement impossible de dormir, j'humais le mélange de tabac et de victuailles, j'écoutais avec bonheur ce joyeux tintamare et finissait par m'endormir le coeur en fête. 

 

Autre temps, autres moeurs? 

 

Chaque année dans mon village de St-Gabriel de Brandon on organise une fête, le "Beach Party". Des centaines de jeunes se réunissent à la plage pour fêter. Idée sympathique pourrait-on penser. J'y suis passé pour voir. J'ai vu.

 

Des ambulances, voitures de police, camion de pompier ou de premiers soins, une floppé de gardiens de sécurité (t-shirts noirs, facies de repris de justice, tatouages et muscles compris) font le guet près des clôtures qui ont été installées pour délimiter l'espace de fête et éloigner ou décourager ceux qui auraient l'audace de voulor participer sans avoir payer leur droit à la dite fête. 

 

Une musique qui tient plus de "régulation de coït" qu'autre chose, assourdissante, abêtissante et omniprésente. Impossible de tenir une conversation sur la plage qui fait face à la scène. On ne danse même pas. C'est le festival des pectoraux, des fesses-du cul devrais-je dire- le festival du m'as-tu vu, le culte du corps, de la cylindré et de la performance du rien. J'ai donc je suis.

 

Les dizaines de bateaux à moteurs alignés devant la plage sur lesquels on a installé (ça vient avec le bateau) un système de son, vocifèrent leur musique ajoutant de la confusion à la confusion. On a l'impression que le pauvre lac, qui ne fait que quelques kilomètres carré, ploit sous cet assault de technique. Ça pue comme dans un garage à ciel ouvert.

 

Les détritus jonchants la plage apportent des notes de couleurs et sont les témoins que l'Homme passe par là. Les montagnes au loin se font toute petites, n'existent plus en fait. La magnifique lumière du couchant n'émeut plus personne, le bleu du lac, comme ce mendiant sur la rue, ne rencontre que des regards perdus, indifférents, hallucinés.

 

Et ça tombe comme des mouches, c'est la valse des ambulances qui tranportent ces pauvres bougres qui auront dépassé leur limite d'alcool et/ou de drogue dure.

 

Je rentre le coeur gros. Je viens juste de croiser un jeune homme affalé sur le trottoir. Des amis lui portent les premiers soins. Nos regards se croisent. J'y vois toute la misère du monde, la tristesse, un profond égarement, la peur et l'angoisse. L'enfer quoi.

 

Dites, c'est normal qu'une fête donne cette impression de désespoir?

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 15:07

La musique devenue déballage technique. Maîtrise du verbe, vocabulaire de scientifique, prouesse instrumentale, language de cirque, pirouette harmonique et rythmique. La vitesse, la force, le savoir, le concept, l'idée qu'on voudrait originale...la pose. La pause?

 

La musique naît lorsque l'on meurt à elle. S'effacer, ne plus vouloir, disparaître derrière et entre les notes. Le détachement, sorte d'indifférence qui n'exclut rien surtout pas l'amour, l'envie d'aller vers l'autre mais sans bouger, donner sans choix, offrir parce qu'il n'y a que ça à faire.

 

Le crie qui prend des airs de silence et de douceur. La douleur muette qui transforme, rend humain, la douleur en forme de sourire, celle qui rend transparent. Cette douleur qui n'a pas de cause rend humble devant le vivant. Tout le vivant. 

 

Être sans vouloir. Toute une science qui ne s'apprend pas.

 

Ce vouloir tue la fragilité, la vulnérabilité si nécessaire à la création. Bruyant et souvent odieux de prétention, le vouloir réclame sans cesse, il se nourrit d'ambition, de réussite et de satisfaction puérile.

 

Sortir de cette logique marchande, scolaire et somme toute insignifiante devient suspect. On se méfie de celui qui ne veut rien, il est incompréhensible. On le qualifiera de suicidaire alors que lui pense le contraire.

 

En fait cette douleur n'en est pas une. Ou alors c'est un mélange de douleur et de joie, un élan immobile sans origine et sans but.

 

Certains l'appeleront passion.

 

Je me méfie de ce mot car il couvre beaucoup d'excès. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 14:06

Je dois avouer ma stupéfaction devant l'aveuglement et le manque de sérieux qui caractérisent notre envie de changer le monde, changer notre société.

 

Ici j'entends que l'humanité évolue lentement (je vais y revenir), là qu'il faudrait faire telle ou telle action pour mettre au jour le vol du pétrole qui se passe à l'île d'Anticosti ou encore signer les nombreuses pétitions qui voient le jour pour toutes sortes de causes, souvent justes, le plan Nord... Sortir les Libéraux, voter pour tel ou tel parti qui nous sortira de nos problèmes, échafauder des tactiques pour palier à des injustices de toutes sortes etc. etc. etc....

 

L'humanité évolue lentement? À quel niveau? technique? Soit! Mais je ne vois pas d'évolution ailleurs. Voulez-vous que l'on dénombre les guerres qui se passent maintenant? Bien sûr, des gens formidables existent et luttent pour la paix! Plus qu'avant? Vous en êtes certains? Plus de gens ont compris que les races ne sont que des différences de surface et que ce qui nous unit est plus profond que ce qui nous sépare? Que les religions, qui, en principe, devrait unir ne font qu'accentuer et creuser les gouffres entre les gens? Que notre pensée et notre civilisation ne font qu'un? Ce qui explique en grande partie le naufrage imminent de celle-ci?

 

Dans un commentaire concernant le vol qui se déroule à l'île d'Anticosti et où je suggérais que notre vision des choses est partielle et que nos révolutions le sont tout autant on qualifia mon intervention de pessimiste.

 

Et si l'optimisme était plus tragique que le pessimisme comme disait Orwell?

 

Ni l'un ni l'autre, je veux voir. Voir l'ensemble des problèmes, l'ensemble du tableau et ne pas rester accroché aux détails. Pourquoi? Parce que les détails (lire les problèmes) sont légions, ils se comptent par milliers voire par millions et qu'il faut, je pense, chercher au bon endroit, ce qui ne nous empêchera pas de veiller aux dits détails, car il faut aussi le faire. Mais où se trouve la clef? Nous sommes la clef.

 

De grâce! Ne nous contentons pas uniquement des détails ou alors nous n'en sortirons jamais. Notre situation catastrophique dans laquelle nous sommes a été construite et élaborée par ce qui nous tient d'outil: notre cerveau, la pensée. Il me semble tout-à-fait sage de remettre notre façon de penser et surtout de se pencher sur le pourquoi et le comment de son fonctionnement. Elle est là la clef.

 

L'évidence que le savoir n'empêche pas la mesquinerie, l'envie, la jalousie, la prétention et j'en passe devrait peut-être nous mettre la puce à l'oreille? Non? Combien de siècles faudra-t-il encore pour voir ce fait pourtant évident?

 

Et non...On continue à faire l'apologie de ce mécanisme, aveugle que nous sommes. Et pourtant...

 

Formidable ce mécanisme! Oui! Incroyable la richesse de notre culture! Oui! Incontournable le fait d'apprendre. Oui! Fabuleux, les génies qui ont foulés notre planète! Oui! Une culture qu'on doit goûter, qui doit nous enrichir et nous ouvrir sur le monde! Oui! Oui! Oui! Mais...

 

La structure de notre pensée est directement responsable de la situation dans laquelle nous sommes.

 

Je ne sais pas vous mais en ce qui me concerne, il m'est impossible de goûter totalement mon bonheur, de vivre pleinement ma vie tant que cette cécité, cet aveuglement aura cours.

 

Faut que j'approfondisse le détachement, ce qui ne veut pas dire l'indifférence.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 19:07

Depuis ma venu dans ce petit village, St-Gabriel de Brandon, je vais régulièrement déjeuner dans un restaurant tenu par sa sympathique propriétaire (Manon) avec ma compagne qui est d'origine chinoise. Je spécifie son origine pour vous faire comprendre la suite.

 

Dans ce restaurant où l'on peut déguster un petit-déjeuner traditionnel, on offre gracieusement aux clients le Journal de Montréal comme lecture, ce qui ne facilite pas toujours la digestion. Mais bon, libre à nous de le lire ou pas mais la tentation est grande de jeter un coup d'oeil, ne serait-ce que pour connaître ce qu'une partie de la population se met sous la dent pour se croire informée de ce qui se passe au Québec et ailleurs.

 

Pas besoin de vous dire que plus d'une fois ma compagne et moi avons été surpris pour ne pas dire choqués par des informations tronquées, déformées, des raccourcis qui je l'espère, ne sont pas la représentation fidèle de ce que certains journalistes ou chroniqueurs ont dans la tête! Ils ne font, dans bien des cas, que répéter ce qu'ils ont entendu ou lu dans d'autres journaux. On sait que les plus grands lecteurs de journaux, les plus assidus sont...les journalistes!

 

Régulièrement, une cliente de ce restaurant se permet d'ajouter des commentaires vraiment désobligeants sur le visage de politiciens ou artistes pris en photo pour illustrer le journal, ce qui, à mes yeux, est d'emblée d'une violence notable. Des "chou" bien sentis ou encore des croix gammées ou mieux des "retourne chez toi" sur le visage de Amir Khadir nous démontrent toute la force de son argumentaire, la largesse et l'acuité de son esprit.

 

Ce qui est intéressant ici c'est que ma compagne, immigrée donc, en voyant la chroniqueuse en herbe entrer dans le restaurant lui demande des explications sur ses graffitis odieux. S'ensuit une réaction de la dame en question tout-à-fait prévisible.

 

Évidemment pas d'arguments mais une tentative de détourner le sujet, des gestes de dénigrement, le regard qui montre le plafond, exaspération feinte, on tourne le dos, on s'éloigne pour éviter ou couper la conversation. Bref toute la "bravoure" de cette dame s'est envolée devant les mots, parfois cinglants, de ma compagne.

 

Par expérience, je sais que peu de gens aurait pris la peine ou aurait le courage de relever ces affronts directement avec la personne concernée. Ici, le silence tient souvent lieu d'argument, on n'ose pas parler en face. On préfère, la plupart du temps, fermer sa bouche et prendre sur soi. On en pense pas moins mais on garde, de peur de déranger. Et on se bourre de Prozac.

 

Déranger. Mon Dieu comme nous avons peur de déranger. Réflexe de colonisés? Peut-être. Manque de confiance? Sûrement.

 

On en vient même à approuver les manifestations dans la mesure où elles ne dérangent pas...C'est fait pour! Oui, nous ne sommes pas contents et nous le disons et s'il le faut allons le crier! 

 

La discussion calme, réfléchie a sa place mais quelquefois le ton monte, doit monter. La bêtise, le mépris, la flagornerie, la lâcheté, le racisme, quand pris sur le fait, doivent être pointés du doigt, soulevés, décriés, mis en lumière dans toute leur laideur. Ça fait mal? Ça dérange notre petite vie bien rangée? Tant mieux. 

 

Indignez-vous, parlez, dénoncez, dites ce que vous pensez. Ça évitera peut-être les cons et les connes de croire qu'ils peuvent tout se permettre.

 

C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 13:45

"Être de gauche c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi: être de droite c'est l'inverse". -Gilles Deleuze

 

Loin de moi de vouloir vous entretenir de ce philosophe important. Je n'en ai ni les moyens intellectuels et à vrai dire ni le goût. Je veux simplement souligner qu'une pensée, même riche et complexe, peut tomber dans des pièges somme toute assez grossiers.

 

On pourrait poser la question: qui pense le monde? Une pensée qui se voudrait universelle et impersonnelle? Cela est-il possible? Bien sûr que non. La pensée se nourrit de la mémoire et cette mémoire est toujours le résultats de nos expériences; elle part du centre, du moi. La pensée de gauche est donc très semblable à celle de droite. Elle vise l'application d'une idéologie sur ce qui "est". Elle évacue de ce fait le présent pour un futur hypothétique, basé en réalité sur le passé: la pensée. Le présent devient alors de l'éphémère qui relie le passé au futur. On peut comprendre à ce moment le qualificatif de "pauvre" donné au présent par nombres d'intellectuels.

 

Cette pensée (je reviens à Deleuze) nous présente deux morales, l'une (sous-entendu préférable) de gauche qui met en avant le collectif et l'autre (sous-entendu moins généreuse) l'individu. Laissez-moi deviner...Deleuze se considérait comme de gauche...Non?

 

Ces deux idéologies s'affrontent depuis longtemps déjà et nous pouvons voir les résultats dans l'Histoire de leur application respective. De bons coups de chaque côtés, avec des dérapages malheureux et pour finir, le monde tel qu'on peut l'observer et le voir aujourd'hui, qui n'est pas très reluisant, peut s'en faut.

 

Être de gauche ou de droite, à part quelques détails (ici les gens de droite comme de gauche vous dirons que ces détails sont d'une extrême importance...justifiant ainsi leur "différence"), ne veut pas dire grand chose. Par exemple, on a qu'à voir les politiques d'un parti socialiste en France d'un Hollande (gauche) ressembler étrangement aux politiques de droite d'un Sarkosy (droite) lors de son dernier mandat. Restrictions, négociations et "fricotages" avec les milieux financiers etc.

 

À gauche comme à droite on gère le pays avec l'accord de la finance, des banques et autres institutions pro-libérale. Les priorités restent, grosso modo, les mêmes, maquillés par petites touches pour permettre au peuple de faire une différence, leur faire croire également qu'ils font un choix lorsqu'ils votent. 

 

La petite guerre entre la gauche et la droite, ce faux débat, ressemble presque à un détournement, à une tentative de fausser un débat, nous obligeant à regarder ailleurs et prendre parti: L'individu ou le collectif?

 

Pendant que des fantoches se battent pour savoir qui est mieux placé pour gérer un pays, le même système continue son petit bonhomme de chemin, accélérant notre course vers ce mur qui, ma foi, devient de plus en plus net et précis. 

 

Droite ou gauche, c'est le statu quo.

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 15:39

Le monde entier parle de paix. À en croire ceux qui s'occupent de l'information dans les medias on vit sur une planète qui tend vers la paix et les États-unies, le Canada, la France, Israël, l'Angleterre, bref ces pays dits civilisés, pointes avancés de ce que l'humain est capable de réaliser, travaillent très fort pour que nous puissions vivre sur une planète pacifique. Ces pays et leur gouvernement se présentent à nous et au reste du monde comme des remparts de la démocratie et de la liberté, les tenants d'une humanité qu'il serait bon d'admirer, de copier ou suivre. Nous votons pour eux.

 

Toutes ces démocraties produisent et vendent pour des milliards de dollars d'armements chaque année. Elles dépensent des sommes fabuleuses pour la recherche et le perfectionnement de missiles, bombes de toutes sortes, drones etc.. Les résultats sont spectaculaires, les avancés dans ce domaine sont impressionnantes: laser, rayon magnétique capable de stopper des engins, surveillance par satellite, contrôle de l'information, virus informatique pouvant gangréner des systèmes de défense d'autres pays et j'en passe.

 

Pourquoi ces pays renonceraient à ce marché si lucratif? Quand, dans le medias dominants, nous parle-t-on de cette logique si évidente? Si l'économie est la pierre angulaire de ces pays-et elle l'est à les entendre-par quel miracle ces pays voudraient ou désireraient une paix durable et profonde?

 

L'Irak, la Libye, l'Afghanistan et maintenant la Syrie, pour ne nommer que ceux-là, ont fait ou feront l'objet des soins de plusieurs des pays mentionnés plus haut. On y a apporté la démocratie, la liberté, une plus grande stabilité...selon ces "pacificateurs". Qu'en est-il au juste?  

 

Ce sont de grossiers mensonges servis par une propagande abjecte, sournoise et meurtrière relayés, dans une très large mesure, par nos medias réputés objectifs et pourvoyeurs d'informations pertinentes.

 

Les propagandistes du 3ième Reich en seraient bouche bée! Les résultats sont d'une efficacité redoutables. Nous sommes vraiment convaincus de vivre dans des sociétés qui aspirent à la paix! Une grande majorité de nos intellectuels, journalistes, chroniqueurs, hommes et femmes politique, dans des raisonnements emberlificotés, nous rassurent et expliquent, victimes eux aussi de cette monstrueuse illusion. Ils nous présentent les choses comme si tout cela était complexe, mettent des bémols, contournent, détournent, mettent de l'eau dans leur vin, emploient mille stratagèmes pour démontrer que les choses ne sont pas simples. Elles le sont pourtant. Une idée toute simple résume la situation:

 

La guerre est une grande source de richesses pour les pays dominants.

 

Nous n'entendrons que très rarement cette assertion d'une simplicité et d'une véracité implacable. C'est ce genre de prémisse qui devrait peut-être servir de point de départ, d'angle de base pour voir les actualités et les comprendre un peu mieux.

 

Si le savoir ou les connaissances nous mettaient à l'abri de cette honteuse propagande, si une culture riche participait à cet éveil si nécessaire, tous les intellectuels et les gens cultivés parleraient d'une seule voix pour dénoncer cette propagande.

 

Ce n'est pas le cas, loin de là.

 

Force est de constater que la sagesse ne vient pas avec le savoir ou les connaissances, si riches soient-ils.

 

Je me demande très sérieusement si nous ne sommes pas en carence de sagesse.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 00:41

Je regarde notre histoire, celle du monde et me demande parfois (souvent en fait...) pourquoi nous répétons les mêmes erreurs.

 

Pourquoi sommes-nous si naïfs et espérons des changements dans nos sociétés avec des procédés, des idées, des façons de faire qui ont déjà donné de mauvais résultats ou pire, ajouté de la confusion à la confusion? À moins que nous soyons convaincus que l'état du monde est meilleur qu'avant-ce que je mets en doute très sérieusement-et que nous sommes face à une amélioration constante de nos rapports entre nous (en tant que sociétés ou individuellement) ou encore entre nous et la nature-ce que je remets en cause aussi. Toute personne sérieuse dotée d'un sens minimum d'observation pourra arriver à cette conclusion. Tout est là, devant nos yeux.

 

Sommes-nous en train de nous leurrer, individuellement et collectivement, à espérer des changements qui satisferont pour un temps nos idéaux mais qui sont loin de résoudre en profondeur l'état lamentable de nos sociétés?

 

Depuis le temps que des humains (théologiens, philosophes, historiens, sociologues etc.) se sont penchés sur les raisons des guerres-grandes et petites- qui jalonnent l'histoire humaine, celles-ci ne se sont pas arrêtées pour autant. Alors? Nous nous satisfaisons de mots trop facilement? Pour combien de temps encore? Est-ce que toutes ces analyses, si brillantes qu'elles aient été, ont apporté un peu de paix? Vraiment?

 

Des élections approchent au Québec. Un gouvernement remplacera un autre probablement. Comme par le passé, cela s'est produit des dizaines de fois. Quel résultat? Satisfaisant? À gauche ou à droite? Toujours à gauche revient à tourner en rond. De même pour la droite. L'alternance nous fait zigzaguer tels des sociétés saoules, titubantes sous le poids de plus en plus lourd de nos errances.

 

Désolé. Je ne crois pas qu'un changement si superficiel et à l'oeuvre depuis des dizaines ou centaines d'années donnera cette révolution tant espéré. C'est du rêve, de l'illusion.

 

J'irai voter, bien sûr, mais avec la conviction que le geste crucial est ailleurs, que le changement important sera d'un tout autre ordre et bien plus porteur et révolutionnaire.

 

Ce geste proviendra de l'intérieur. Cette révolution est moins spectaculaire, plus difficile aussi.

 

Ce geste remet en question notre culture, se débarrasse des idéaux et de tous les devenirs qu'on nous apprend à cultiver. Cette révolution intérieure remet en question le besoin d'expansion et ses corollaires: le nationalisme et la réussite, elle remet à sa place les drapeaux, les corporations de toutes sortes et acabits. Elle met en lumière les fonctions du savoir et des connaissances et en trace les limites.

 

Mais voilà, de cette révolution nous n'en voulons pas. Nous ne sommes pas assez sérieux, pas assez passionnés, trop occupés par notre personne et son devenir. Chacun dans sa spécialité ou alors en tant que nation, tribu, famille. Cette révolution nous sort de notre confort intellectuel, moral, psychique, sprirituel. Voilà pourquoi nous n'en voulons pas.

 

Pour dire les choses brutalement, nous ne voulons pas de vrais changements. 

 

Notre pensée, incapable de voir l'entièreté du problème de par sa structure, s'évertue à trouver des remèdes qui ne font que multiplier les problèmes. 

 

Et nous continuons nos révolutions, notre soi-disant évolution vers un monde meilleur.

 

  

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 21:07

J'aimerais me pencher un peu sur cette question de nationalisme. Sujet à prendre avec des pincettes car le nationalisme fait appel à des sentiments identitaires profondément enracinés et bien entretenus par les différentes cultures autour du monde. Regardons pourquoi cette idée qui a causé tant de conflits et d'atrocités est toujours une idée qui a le vent dans les voiles aujourd'hui, si je puis dire. Pourquoi reste-t-elle si populaire et si vivante encore aujourd'hui?

 

Il m'apparaît évident de prime abord que cette idée de nationalisme est bien ancrée dans notre mentalité, dans notre culture, au point de rarement la remettre en question voire de trouver farfelu de le faire. Depuis l'enfance on nous présente cette vue comme une évidence: le fait que les pays ont toujours été et seront toujours. Cette idée a été, au cours des siècles et des millénaires, chanté, mis en poèmes, glorifié etc.. Je me rends bien compte que remettre cette idée en cause, la considérer comme suspecte ne sera pas ou peu écouté ou alors pris comme une absurdité et qualifié rapidement d'inutile et/ou non réaliste. Sauf exception.

 

L'idéal nationaliste est perçu comme quelque chose de noble, d'admirable. Aimer son pays, la fierté d'appartenir à une communauté, quelle qu'elle soit, grande ou petite, donne le sentiment de faire partie d'un ensemble et on y trouve une grande sécurité psychologique et physique. Toute humaine que soit cette recherche de sécurité, je ne suis pas certain que le réflexe de se regrouper autour de sa langue, sa culture, ses origines, son ethnie, sa religion, sa situation géographique ou quelque particularité servant de point commun, donne les résultats escomptés: une plus grande sécurité.

 

Cette sécurité temporaire ouvre en fait sur des problèmes et conflits qui eux, seront pratiquement permanents. Notre recherche de sécurité débouche en fait sur une plus grande insécurité.

 

Il me semble l'évidence même que la séparation (à tous les niveaux) amène les conflits. Il est bien entendu aussi que des différences existent, bien réelles. Le (les?) problème commence lorsqu'il y a identification à ces différences. Tôt ou tard, nous devrons défendre ce qui fait de nous des êtres à part et particuliers. Il est intéressant de noter que cette identification à nos particularités, ces notions de différences ne sont pas innés mais acquises par l'éducation. L'enfant en bas âge n'a pas cette notion de fierté de sa différence. On pourrait se poser la question à savoir pourquoi cette conception de l'identification nous est transmise (parents, écoles, entourage) et, constatant les ravages qu'elle cause, pourquoi elle perdure.

 

Faut-il seulement rappeler que l'histoire de l'Homme, celle apprise à l'école à tout le moins, est celle de ses guerres, de ses conflits petits et grands? Pas beaucoup d'évolution de ce côté, il faut se l'avouer. 

 

En nous identifiant à quelque chose de plus grand que nous, à un projet qui nous dépasse nous mobilisons des énergies, notre enthousiasme. En regardant le passé, on peut se rendre compte que le nationalisme a permis de réaliser de grandes choses. Nous nous donnons des buts à atteindre, imaginons un idéal et tentons de nous "coller" à cet idéal. Soit!

 

Mais je pose la question: le prix à payer n'est-il pas trop lourd?

 


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