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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 15:56

On m'a raconté une histoire dernièrement en lien avec un sujet qui me préoccupe un peu ces temps-ci, certaines valeurs qui ont cours dans notre société québécoise. Voyez plutôt:

 

Une famille aisée (cette petite histoire se passe en Chine), père, mère et deux enfants, vivait confortablement dans une grande ville. Revenues satisfaisants, le père travaillant comme réalisateur dans le domaine du cinéma avec quelques succès, éducation des enfants dans de bonnes écoles, niveau de vie permettant de fournir à la famille tout le confort "nécessaire". Je mets nécessaire entre guillemets car voilà le hic. Aux yeux du père (il provenait d'une région très pauvre), les enfants devenaient trop gâtés à son goût. Il proposa (j'ai l'impression qu'il ne leurs laissa pas le choix...) à ceux-ci de passer une année dans sa région natale encore très pauvre afin de les secouer un peu, de leur faire vivre une expérience différente, leur faire prendre conscience d'une autre réalité. Bref de les éduquer...Il partit donc avec sa marmaille.

 

Vous imaginez bien que les premiers jours furent difficiles! Les conditions de vie étaient dures. Pas d'électricité, l'eau qu'il fallait chercher tous les jours, cultiver le bout de terrain sur lequel ils vivaient etc.

 

Après quelques mois de ce régime il nota de grands changements dans l'attitude de ses enfants. Rapprochement avec la nature, plus grande créativité (pas d'ordinateur, pas de jeux tout faits, de cinéma, de télévision etc.) dans leurs passe-temps, découverte de l'amitié avec des gens simples, (re)découverte de plaisirs "anodins": coucher de soleil, le ciel, observation du vivant (plantes, animaux), préoccupation et capacité à prévoir le temps (parfois vital pour les cultivateurs qu'ils étaient devenus!) et j'en passe.

 

Ce que beaucoup de ses amis qualifiaient d'insensé dans cette démarche est devenu une demande et chaque année plusieurs familles se rendent à cet endroit pour faire vivre à leurs enfants "autre chose", différentes valeurs que ce que la société propose (impose?).

 

Le plus facile n'est pas toujours souhaitable. Ce que j'entends depuis que mes enfants fréquentent l'école? Rendre les choses plus facile. La dernière? L'utilisation du Ipad au premier secondaire. 

 

Prétextant que des études ont été faites au Québec (j'ai vérifié. Les études en question mettent beaucoup de conditions pour que cet outil soit vraiment utile: logiciel adaptés, applications également adaptées au travail et à l'étude, utilisation approprié par le professeur). On m'a d'abord souligné que cela allégeait le sac des élèves (ce qui a été contredit par des élèves dans un reportage réalisé dans une école préconisant le Ipad) et qu'il était plus facile pour eux de chercher des mots dans le dictionnaire du Ipad. À mon avis ces arguments ne sont pas très solides...

 

Toujours dans le reportage, le journaliste a été stupéfait lorsqu'il visita la salle commune des étudiants. Presque tout le monde avait son nez collé sur son Ipad...

 

Le reportage se termine par une rencontre avec les parents d'un élève. Un des deux parents, sans être trop convaincu, nomme quelques bienfaits du Ipad mais lorsqu'il propose (bien innocemment!) de bloquer les réseaux sociaux (twiter, facebook et autres) pendant les cours, leur fils prend alors sa tête entre ses mains en signe de désespoir.

 

Je ne suis pas du tout convaincu de la pertinence de l'utilisation du Ipad à l'école. J'ai plutôt l'impression que l'on veut jouer la carte de la modernité sans avoir bien saisi l'impact qu'un tel outil va avoir sur les étudiants. 

 

Et cette carte, tout le monde veut la jouer! 

Les choses vont tellement vite...Trop vite.

 

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 14:12

Nous nous sommes levés tôt ce matin. 6H00. Le soleil, lui, est toujours couché mais bientôt il daignera étirer ses rayons jusqu’à nous. En attendant, le ciel est rouge tirant vers le orange à mesure que le temps passe. Les corbeaux sont les seuls, avec quelques nuages, à occuper le ciel.

 

Je ne suis pas catholique, pas baptisé.

 

Cette nouvelle provoqua une sainte (le mot est bien choisi) frayeur chez ma maîtresse de 6ième année lorsqu’elle apprit cela. Pas baptisé ! C’était pour elle le moyen le plus sûr d’aller directement en enfer et de mener une vie loin de l’amour de son Dieu qui, d’après ce que j’en avais compris lors des cours de catéchèse obligatoire (nous sommes en 1970), nous aimait d’un amour inconditionnel. Inconditionnel ? Dans ma petite tête d’enfant quelque chose clochait. Je n’arrivais pas à comprendre qu’un Dieu pouvait en même temps réclamer le baptême pour faire partie de son Église afin de profiter de son amour...inconditionnel et dans un même souffle exclure tous ceux qui ne passaient pas par cette cérémonie.

 

Dès l’âge de 11 ans j’ai compris qu’une telle contradiction ne pouvait provenir que d’une construction humaine. Nous sommes très forts à ce jeu.

 

Cela a confirmé ma totale indifférence à toutes formes de religions ou de croyances organisées. Trop humain tout cela...La foi m’était inutile et l’est toujours.

 

Par contre j’ai toujours gardé cette capacité d’émerveillement devant la vie, le fait d’être vivant, devant l’incroyable beauté de la nature. Les sons, les odeurs, les couleurs, le ciel...Le ciel ! Combien de temps ai-je passé à observer les ciels étoilés à me laisser happer par l’infini ?  Le voilà pour moi l’incroyable, le magnifique, l’incompréhensible, le miraculeux ! Il est ici et pas ailleurs.

 

Devant un ciel pur j’ai tendance à fermer ma gueule...

 

Il est 6H30 maintenant. Avec mes deux filles nous allons chercher de l’eau de Pâques. Prétexte.

 

Une source coule pas très loin de chez moi. L’eau est limpide, fraîche et légèrement sulfureuse. Petite expédition avec bouteilles, casseroles, bidons. Prétexte pour être ensemble avec une « mission ». Être reliés.

 

Pour moi c’est ça être religieux. Aller chercher de l’eau. Regarder, observer et me rendre compte de ma petitesse et de mon insignifiance merveilleuse.

 

Il est 7H00. Nous rentrons à la maison. Les filles vont se recoucher. Je me fais un café et j’ouvre la radio. Les nouvelles.

 

1ière nouvelle : Le Pape nous souhaite une joyeuse Pâques et discoure sur les problèmes dans le monde. Vas-y mon vieux...cause toujours.  2ième nouvelle : 24000 enfants ont besoin des banques alimentaires pour se nourrir à Montréal, 60000 au Québec, 340000 au Canada. 3ième nouvelle : les évasions fiscales font perdre des milliards au Québec et au Canada.

 

Je ferme la radio.

 

Le soleil est levé maintenant.

 

Une autre belle journée printanière s’annonce.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 19:41

Quand on parle de culture, nous viennent à l'esprit presque immédiatement les Arts (la musique, la peinture, la littérature etc.) ou les sciences et nos connaissances relatives à ces réalisations humaines. Il y a certes une grande jouissance à naviguer, lire, regarder, écouter, sentir, être ému ou touché par des oeuvres qui jalonnent l'Histoire humaine. Cette jouissance est et reste suffisante pour la plupart des gens, certains allant jusqu'à affirmer qu'elle justifie à elle seule le fait d'être ou de vouloir être cultivé. 

 

Évacuer les motivations sous-jacentes à ce désir de savoir pour savoir, apprendre pour apprendre ne fait pas disparaître ces motivations comme par magie.

 

Le fait d'être cultivé (je parle ici de cette culture qui sert de poli, de "finish" qui donne un ascendant évident à ceux qui en sont pourvus sur ceux qui en sont dépourvus, justifiant une hiérarchie et un élitisme qui fait dire à cette élite depuis des centaines années que le peuple-ignorant- ne peut se diriger lui-même et qu'il lui faut des maîtres pour le mener) n'empêche en rien les abus de toutes sortes.

 

Prenons un exemple assez révélateur de ce qui vient d'être avancé.

 

Il est d'abord assez fascinant et surprenant de constater que les premiers ministères de la culture ont été établis par des états totalitaires. Mussolini, Hitler et Staline ont été les premiers a institué de tels ministères sachant pertinament que le contrôle de la culture, décider de ce qui relevait de la culture ou non, ce qui fait sens dans une société, favorisait la mainmise des esprits facilitant l'exercice du pouvoir par des voies en apparence anodines.

 

Après la seconde guerre mondiale, plusieurs gouvernements se sont rendu compte que le fascisme avait été soutenu par des gens cultivés qui ne voyaient pas de contradictions entre le fait d'être instruits et de préférer le fascisme à la démocratie. On pouvait être cultivé et nazi!

 

La culture comme somme des connaissances sur divers sujets, les Arts ou les sciences, (comme on a tendance à se la représenter) et sa délectation ne suffisent pas à empêcher les orientations, parfois meurtrières et racistes, de se développer dans des têtes en apparences bien faites. Simple constat historique. Implacable.

 

Certains pays, la France par exemple, ont décidé après le seconde guerre mondiale et devant le constat de l'innopérance de la culture face aux développement d'idées fascisantes et à ses déplorables résultats de bâtir un ministère de la culture qui incluerait l'éducation politique en plus de la promotion et le soutien de la culture "artistique". Rapidement, l'éducation politique a été abandonné au profit exclusif de l'artistique. Pas tellement surprenant et compréhensible.

 

Pourrait-on imaginer des cours, objectifs (dans la mesure du possible...), sur la compréhension véritable des enjeux du pouvoir, des politiques intérieures et étrangères, de la fonction de la finance et des grandes banques, bref sur toute la machinerie et la structure de nos sociétés? Cours donnés par des gens qui n'auraient aucun intérêt à présenter les choses sous un jour qui favoriserait tel ou tel pouvoir ou parti politique. Un peu comme comprendre comment fonctionne une voiture. Quel serait le résultat?

 

Ainsi la culture est devenue le symbole de la puissance d'un pays à travers tout ce qu'il produit d'élite et sa réduction à la question artistique et scientifique une catastrophe intellectuelle majeure.

 

Le jugement politique est un jugement de valeur. Si je dis que l'égalité des sexes, dans une société "x", est mieux que la suprématie masculine, j'exerce un jugement politique. Un jugement culturel me ferais dire que l'égalité de la femme et de l'homme est l'expression d'une culture et je ne vois pas en quoi cette expression culturelle serait inférieure ou supérieure à une autre qui déclare l'homme supérieur à la femme. Vous voyez la différence? Elle est de taille! 

 

Dépolitiser le "culturel" est une façon très conservatrice de présenter les choses et finalement très...politique!

 

Au cours du siècle dernier on a pu constater que la culture n'a pas suffit à stopper ou même ralentir les desseins sombres de nombreux dirigeants. On peut penser aux deux guerres mondiales mais aussi à beaucoup d'autres conflits tout aussi brutaux et meurtriers, souvent, pour ne pas dire toujours, accomplis et/ou soutenus par des gens dits cultivés.

 

Ce triste constat n'enlève évidemment rien à cette culture "tronquer", mais doit nous faire réfléchir sur la portée de cette culture et sur ce qui seraient les moteurs principaux de cette volonté de se cultiver, à savoir le désir et la jouissance de cette culture.

     

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 07:31

Il était très habile. Virtuose, possédant une belle sonorité, il connaissait à fond l'harmonie, se gaussant des suites d'accords complexes et modernes. Il possédait une lecture à vue irréprochable jouant les traits les plus difficiles avec aisance. Son jeu était dynamique, son énergie débordante et communicative; il pouvait soulever des salles entières.

 

Il avait beaucoup étudié: Dans des écoles spécialisées où on se penchait sur différentes méthodes, techniques d'écriture, les nuances, l'art d'interpréter et beaucoup de choses encore. Il avait recopié un grand nombres de solos des maîtres qu'il adorait. Ses connaissances techniques et historiques sur la musique faisaient de lui une mine de savoir. Il avait étudié différents concepts musicaux et tiré des idées parfois intéressantes et savantes de ces concepts. Il composait beaucoup mariant rythmes et mélodies surprenantes, charmantes, avec une grande ingéniosité.

 

Son talent ne s'arrête pas là. Il savait ce qu'il fallait faire et dire pour arriver, à qui sourire et plaire, même montrer patte blanche quand il le fallait. Il ne fit et ne dit jamais rien qui puisse nuire à sa carrière, refusant par là toutes velléités, tout combat qui eut entaché la blancheur de la mission qu'il s'était confié: faire de la musique.

 

Justement, cet homme faisait de la musique mais n'était pas Musicien.

 

Que restait-il de ses notes une fois qu'il avait "fait danser" ou distrait le client? Une fois qu'il avait accompagné chanteurs et chanteuses, acteurs et actrices, donné des concerts à gauche et à droite? 

 

Avait-il un coeur pour sentir? Savait-il à quoi peuvent servir les sons une fois qu'il ne s'agit plus de distraire ou simplement remplir le silence qui nous entoure?

 

Il est si difficile d'être un Musicien et si facile de faire de la musique de façon médiocre, se contenter de "faire des gigs".  

 

Est-il possible prétendre aller au fond des choses sans aller au fond de soi-même?

 

Les chemins empruntés, nos actions, nos réflexions sont-ils des prétextes pour s'éloigner de nous-mêmes? 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 23:30

Ce texte fait suite à "Hasard et démocratie"

 

La constitution, les élections voilà bien des sujets qui n'intéresse que peu de gens. Et pourtant...

  

 

À quoi sert une constitution?

Toute société a besoin de représentants pour produire et appliquer un droit écrit (la constitution) qui nous protège de l'arbitraire des plus forts. Ces représentants sont donc utiles mais aussi dangereux s'ils se mettent à servir les intérêts d'une caste au lieu de l'intérêt général. La constitution, si elle est bien écrite, nous protège des gens au pouvoir et de leurs abus éventuels. La constitution est au-dessus de tous les pouvoirs et l'enfreindre est une chose grave.

 

La constitution sert à affaiblir les pouvoirs, leur donner des limites qu'ils ne pourront dépasser, ce qui est inhérent à tout pouvoir.

 

"Tous les pouvoirs ont une tendance à abuser" -Montesquieu

 

Si les représentants doivent obéir voire craindre la constitution, il ne faut pas qu'ils l'écrivent.

Cela semble évident. Si c'est le cas, ils vont programmer leur puissance et par le fait même notre impuissance, celle du peuple. Si, comme nous l'avons vu dans le texte "Hasard et démocratie", nos représentants ne représentent plus, dans l'ensemble, l'intérêt général mais des intérêts particuliers-ceux qui les ont aidé ou carrément mis au pouvoir-doit-on laisser ces gens écrire ou réécrire notre constitution?

 

Nos impuissances sont programmées dans la constitution.

Au lieu de nous protéger des abus de pouvoir de toutes sortes la constitution nous enferme dans une espèce de ghetto qui rend pratiquement caduque toute forme de contestation. Pourquoi? Probablement parce que ceux qui écrivent cette constitution ont un intérêt personnel à ne pas écrire une bonne constitution, celle qui protégera le peuple, qui le rendra "puissant". Ils sont juges et parties. Ils ne sont pas mauvais mais nous leur donnons toute la latitude, par notre passivité, pour décider ce que sera cette constitution.

 

Hérodote et la cause des causes

Le point commun de nos impuissances se trouve dans la constitution. La grande majorité des résistants, ceux qui luttent contre les nombreuses injustices sociales ou problèmes sociétaux (écologie, féminisme, pauvreté etc.) s'en prennent aux conséquences au lieu de rechercher la cause de tous ces problèmes. La cause des causes.

 

Hérodote nous propose de chercher la cause des causes quand il y a un mal à soigner. Ne vous en prenez pas aux conséquences mais à l'origine de ce mal. Cherchez la cause qui détermine les autres causes.

 

Les élus

Cette impuissance politique qui nous rend si faible provient de la constitution, du texte qui fait que les élus ne sont pas révocables, ils n'ont pas de comptes à rendre, nous sommes dans l'impossibilité de choisir nos candidats (combien de fois ai-je annulé mon vote faute de candidat sérieux), il n'y a pas de référendums populaires prévus pour des enjeux importants (de notre initiative nous ne pouvons décider de pratiquement rien) et un dernier point très important, la monnaie est privatisée; rien dans la constitution n'oblige qu'elle soit publique. Or beaucoup de nos problèmes viennent de cette arnaque qui fait que nos gouvernements doivent emprunter de l'argent à des banques privées et, de ce fait, soumettre leurs politiques à ces créanciers. Toute l'histoire de la dette, du déficit zéro, des coupures de toutes sortes dans le social provient direrectement de cette situation incongrue. L'histoire des banques, à ce chapître, est extrêmement révélateur et en dit long sur le peu de représentativité de nos gouvernements...représentatifs! 

 

Nous ne sommes pas des citoyens

Un citoyen vote ses lois. Nous sommes des électeurs qui subissons les lois écrites par quelqu'un d'autre. Lois écrites et appliquées par des gens qui ne nous représentent plus ou que dans une très petite mesure.

 

Droits des électeurs?

Désigner des maîtres politique qui vont décider à notre place pendant 4 ans, voter pour des candidats les plus avides de pouvoir ou les plus riches pour nous représenter. Voilà le principal droit autour duquel se défini notre "démocratie". Nous avons, bien sûr la liberté de parole tant que celle-ci n'a pas de poids.

 

Souvenez-vous des manifestations étudiantes (pacifiques dans la majorité des cas) qui se sont élargies au cours des semaines à la population (des centaines de milliers de personnes!) Quelle a été la réponse du gouvernement? La répression et des gestes qui nous ont bien montré les limites de notre droit à la parole. Les tactiques gouvernementales concernant les manifestations sont de diaboliser ces mouvements en faisant croire que ceux-ci sont hautement dangereux et violents. Museler la parole peut prendre diverses formes. La loi 78 promulguée au printemps dernier en est un exemple.

 

Même devant la trahison de nos représentants, notamment (il y en a d'autres!) dans l'affaire Petrolia (Anticosti), où un gouvernement a littéralement donner de riches gisements (plusieurs milliards de dollars!) au privé, nous sommes sans voix et impuissants.

 

Tirage au sort

Si le tirage au sort donne le pouvoir aux gens ordinaires comme vous et moi et que l'élection donne le pouvoir aux riches, combien de temps allons-nous défendre l'élection comme moyen de se faire gouverner?

 

Pourquoi tenons-nous à l'élection? Alors que nous voyons que l'élection est anti-démocratique et ne sert qu'à mettre au pouvoir une caste des oligarchiques? Pourquoi sommes-nous si attachés au scrutin électoral?

 

Je crois que nous sommes devant un mythe. Depuis l'enfance on nous apprend que élection=démocratie. On nous le répète sur tous les tons, sur toutes les tribunes. À force de répétition ce mensonge est devenu vérité. On finit non seulement par le croire mais c'est devenu une évidence qu'il n'est plus permis de remettre en question.

 

Cette intoxication sera évidemment difficile à faire comprendre et admettre. Remettre les mots à l'endroit est périlleux et demande un minimum d'ouverture et de passion.

 

On ne peut pas se permettre le luxe de mettre des gens qui veulent le pouvoir au pouvoir. Les gens justes ne veulent pas le pouvoir. Or l'élection les écarte systématiquement.

 

Le tirage au sort à Athène donnait un peu de pouvoir, pas longtemps, jamais deux fois de suite. Une série de contrôles s'appliquaient aux personnes désignées. Affaiblis par le tirage au sort, les représentants se trouvaient dans la quasi impossibilité d'abuser du pouvoir et s'ils le faisaient, ils en payaient le prix. La souveraineté du peuple était ainsi garantie.

 

Les représentants restent les serviteurs et non les maîtres d'un pays, d'une nation. 

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 08:31

Affirmer que la France est présente au Mali pour le libérer  me paraît un peu fort voire honteux et relève quelque peu du cynisme. Elle a été derrière la chute du Président Modibo Keïta (au pouvoir de 1960 1966, socialiste et anti-colonialiste) et pendant 23 ans a soutenu le dictateur Moussa Traoré, personnage sanglant au service des intérêts français comme beaucoup d'autres dictateurs installés par les puissances occidentales en Afrique (ou ailleurs) et qui sont des marionnettes complaisantes avec ceux qui les ont aidé à prendre le pouvoir.

 

 

On pourrait, encore une fois, qualifier de cynique le fait de mettre un embargo sur la fourniture d'armes au Mali décrété par la France et ensuite "voler" à son secours pour lutter contre les islamistes parce que celui-ci est trop faible. D'ailleurs pour faire "fleurir" le printemps arabe, n'a-t-on pas armé certaines branches islamistes que l'on combat aujourd'hui?  On se fout de qui ici ?

 

 

Je crois que pour comprendre et faire comprendre il faut en premier lieu regarder du côté des intérêts (pétrole, gaz, or, bientôt uranium-le Niger qui jouxte le Mali en regorge et se trouve être le 3ième plus important exportateur au monde) et bien sûr la place géo-stratégique que représente le Mali en Afrique).

 

 

Comment expliquer la grande pauvreté d'un pays regorgeant de richesse comme le Mali si ce n'est par le fait qu'il est littéralement pillé depuis des dizaines d'années? Le partage des richesses, comme le voulait le premier président malien Modibo Keïta, est très mal vu des multinationales et par ceux qui protègent leurs intérêts.

 

 

Et le Qatar dans tout ça? Lui qui est un "allié" de la France et qui arme les islamistes? Étrange n'est-ce pas? Faudrait fouiller un peu plus...

 

 

Je crois que le combat contre les islamistes extrémistes (qu'on pourrait justifier à un certain niveau) n'est souvent qu'un prétexte pour continuer une politique néo-colonialiste qui enrichit des nébuleuses, des réseaux ou lobbies spécifiques qui n'ont que faire des batailles dites religieuses, de la démocratie et de la liberté. Leurs intérêts restent la pierre angulaire de leur combat, au mépris des peuples, de leur liberté, leur droit au développement et à leur indépendance.

 

Rappel des 5 principes de la propagande de guerre

 

1-Cacher les intérêts

2-Cacher l'histoire

3-Se faire passer pour la victime ou le défenseur de la victime

4-Diaboliser, déshumaniser l'adversaire

5-Monopoliser ou empêcher le débat

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 17:01

Peut-être connaissez-vous le livre de La Boetie qui traîte de la servitude volontaire. Il nous entretient de la servitude des peuples et que pour en sortir il suffit de dire "non", de ne pas accepter cette servilité. Les forts sont forts parce que nous le voulons bien. C'est nous qui leur donnons la possibilité de nous asservir. Ce livre, petit bijou, devrait être obligatoirement lu (et compris) dans nos écoles. 

 

Dans un autre ordre d'idée mais avec de semblables résultats il est tout aussi malsain de se croire informé alors que ce n'est pas le cas (on a souvent la "forme" via les médias dominants mais pas toujours le fond) et de se penser également en démocratie alors que ce n'est pas le cas non plus. Prendre conscience de ces deux faits demande un certain effort, un peu de recherche et de réflexion.

 

Se poser les bonnes questions, aller au-delà de ce qui paraît évident de prime abord s'exprime et prend forme, dans un premier temps, par le refus, la négation, le doute. Ces attitudes passent, la plupart du temps, pour négatives et anti-productives dans notre société où certains questionnements deviennent parfois suspect, indisposent et mettent mal à l'aise à tout le moins. Elles sont, n'en déplaise aux défenseurs du politiquement correct, les bases par lesquels des changements significatifs pourront voir le jour. Refuser les évidences (souvent présentées comme telles) est un signe de santé mentale.

 

Se méfier des évidences ou des idées qu'on nous présente. La démocratie. Je suis certain que la plupart d'entre nous sommes convaincus de vivre dans une démocratie. Mais que renferme ce concept si nous lui redonnons la substance dont il a été vidé au cours des années?

 

Revenons un peu en arrière.

Fin 18ième siècle les régimes ne se nommaient pas "démocratiques". Les gens qui détenaient le pouvoir à ce moment savaient très bien ce qu'était une vraie démocratie et ils n'en voulaient pas. Le pouvoir détenu par le peuple était impensable. À ce moment-là on avait pas en tête de bâtir une démocratie du type athénien (voir plus bas). Pour ces gens, la démocratie était synonyme d'anarchie, le peuple étant incapable, selon eux, de gérer ses affaires. On peut comprendre leur attitude car ils sortaient de régimes bien pire. Il est intéressant de noter qu'à ce moment le mot démocratie était péjoratif, une insulte, ce n'était pas un mot positif comme il est devenu aujourd'hui.

 

Début 19ième siècle un glissement s'est produit et on a désigné les régimes mû par des "gouvernements représentatifs" par le mot démocratie. Or ce n'est pas du tout la même chose! Pourquoi ce glissement? Peut-être le livre de Tocqueville "De la démocratie en Amérique" y est pour quelque chose ou, plus vraisemblable, à cause d'un point commun entre ces régimes: L'égalité. Il faut cependant souligner que le centre du régime athénien était l'égalité politique réel alors que l'égalité politique dans un gouvernement représentatif est formel et factice, elle n'est pas réelle. Elle porte sur des détails et pas sur l'essentiel. L'historien américain Samuel Williams, en 1794, écrivait que "la représentation (notre système actuel)(...) a été graduellement introduite en Europe par les monarques; non pas avec l'intention de favoriser les droits des peuples, mais comme le meilleur moyen de lever de l'argent".

 

Plus personne, ou presque, ne remet en question le fait que nous serions supposé de vivre en démocratie. Les médias, les hommes et femmes politique, la grande majorité des professeurs et tout un chacun, peu de personnes osent aller plus loin que cette apparente évidence: nos vivons dans une démocratie, le vote électoral en fait foi. Il ne nous même plus à l'idée de questionner. Depuis l'enfance on nous apprend que démocratie=élection. 

 

En principe nous devrions voter pour ceux qui sont les mieux placés pour défendre le bien commun. Nous allons voir qu'il n'en est rien.

 

Nous votons en fait pour des professionels de la politique, des "spécialistes du bien commun" et nous trouvons tout-à-fait normal d'élire des gens dont c'est le métier, la profession, de gérer une nation, un pays. Cette façon de faire s'apparente très fortement à l'aristocratie (les meilleurs au pouvoir) et n'est pas du tout le concept que l'on retrouve à l'origine de la démocratie athénienne dont nous nous sommes inspiré. Ce qui est aristocratique ou s'en approche, les procédures qui s'en inspirent dangereusement, sont voués à une dérive oligarchique, ce qu'on peut observer aujourd'hui: un gouvernement de quelques-uns qui se sont "autonomisés", ne dépendant plus et ne travaillant plus pour le plus grand nombre mais bien pour ceux qui les ont financé ou qui sont à même de leur donner des avantages de toutes sortes. 

 

Pour illuster ce qui vient d'être dit, on peut se rappeler cette video prise à Sagard (le domaine de Desmarais) où beaucoup de nos politiciens (on pouvait y voir les Charest, Bouchard, Mulroney, Chrétien entre autres) faire acte de présence. La video en a choqué plus d'un car on pouvait constater de visu ce qu'on tente de nous cacher la plupart du temps: l'accointance évidente entre nos représentants et les gens détenant le réel pouvoir, l'argent.  

 

On pourrait prendre la commission Charbonneau comme une autre illustration de la dérive de notre "démocratie". Tout un système de corruption généralisé et relié directement à notre façon de concevoir cette "démocratie". Cette corruption systémique pourrait être contrôler en partie (il y aura toujours des gens malhonnêtes, quel que soit le système) par, en premier lieu, une prise de conscience et une compréhension juste de la structure du scrutin électoral pratiqué aujourd'hui dans nos sociétés et de ses aboutissements logiques et inéluctables.

 

L'élection, parce qu'elle implique la compétition électorale qui, à grande échelle, doit être financée, porte en elle la corruption des élus par ceux qui ont financé cette campagne. Ce n'est pas nouveau mais c'est central!

 

Chaque année, à Davos, des représentants des principales multinationnales et les représentants des pays les plus riches se réunissent pour discuter économie. On ne sait que peu de choses qui sont décidées lors de cette rencontre annuelle. Est-ce bien une façon démocratique de procéder? Qui représente la voix du peuple? Les élus? Avec ce que l'on sait de l'élection on peut douter sans tomber dans le complotisme qu'il y a là un problème de gouvernance.  

 

Une pantomime de pouvoir s'exerce, les élus étant au service de ceux qui peuvent leur fournir les moyens d'être et de garder le pouvoir. L'élection devient alors le contraire de la démocratie dans la mesure où c'est un abandon du pouvoir du peuple au profit des gens qui seront ni plus ni moins que ses maîtres qui décideront à sa place.

 

L'élection empêche la démocratie de s'épanouir? Quoi? Mais c'est une évidence que de dire que nous sommes en démocratie parce que nous votons! C'est ce qu'on nous serine depuis l'enfance.

  

Il se trouve que le système athénien (qui fonctionna pendant 200 ans), loin d'être parfait mais tout de même intéressant, utilisait le hasard pour placer des gens au pouvoir. Bien entendu, tout une série de contrôles et de vérifications étaient en place pour vérifier avant, pendant et après l'exercice du pouvoir des gens ainsi désignés. Les mandats étaient de 6 mois à 1 an non renouvelable. De plus les gens choisis étaient imputables et punis si il y avait eu abus, détournement de pouvoir ou autres problèmes reliés à l'exercice de leur mandat. Je reviendrai plus en détail sur une possible démocratie (la vraie) dans un texte à venir.

 

Le premier réflexe qui nous vient à l'esprit: mais ces gens n'étaient pas compétents! Ah oui? Et nos politiciens le sont peut-être? Pas moins pas plus! Le pouvoir attire beaucoup de gens qui veulent le pouvoir pour le pouvoir, or ce sont ceux qu'il faudrait à tout prix écarter!! L'honnêteté est plus importante que la compétence à ce stade.

 

Alain:"le trait le plus visible de l'homme juste est de ne point vouloir gouverner les autres, il veut seulement se gouverner lui-même. Cela décide de tout. Autant dire que les pires gouverneront."

 

Platon:"il ne faut pas donner le pouvoir à ceux qui le veulent."

 

Le scrutin électoral, en ce sens, ne sélectionne que les pires! 

 

Nous sommes arrivés à une organisation politique qui fait de l'élection le rouage principal de la désignation politique. Si ceux qui sont désignés travaillent en fait pour ceux qui les ont financé, on peut comprendre beaucoup de choses et remettre en perspective beaucoup d'attitudes politiques de nos dirigeants. De plus un problème de sémantique apparaît clairement: nous désignons le régime qui pose problème de nom de la solution...Démocratie.

 

Il faut un réel travail sur soi-même pour sortir du catéchisme élection=démocratie.

 

Je reprends et résume à grands traits une conférence donné par Etienne Chouard visible sur Youtube. 

 

Bonne recherche! 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 12:23

La neige craque sous mes pas. Le froid intense l'a rendu parlante sous mon poids. Elle grince et couine comme si elle ne voulait me rappeller constamment sa présence. Elle a été lourde il y a peu, légère et poudreuse à un autre moment. Lors de la dernière tempête, elle tomba en petits flocons laissant un tapis compact et lisse sur le sol. Une autre fois c'était par gros flocons duveteux s'affolant au moindre coup de vent. Par temps plus doux j'ai pu observer, dans une même bordé, des amas de flocons tombant en ligne droite comme de grosses gouttes d'eau pendant que d'autres, plus fins, paraissaient prendre leur temps avant d'atteindre et d'épouser le sol. 

 

Écouter avec ses yeux et voir avec ses oreilles. Entendre le goût d'un bon vin et sentir sur sa peau la musique qui nous traverse. Être totalement présent requiert ce lâcher prise qui semble si difficile à atteindre. Justement. 

 

Nous sommes éduqués, poussés constament à devenir, à atteindre un but, que nous oublions parfois (trop souvent en fait) d'être. Tellement programmés à revivre le passé et imaginer un ou des futurs que le présent est perçu comme quelque chose de pauvre et d'insignifiant. Les grandes idées, les grands idéaux nobles et lointains peuplent plus souvent qu'à leur tour notre imaginaire. Nous avons vidé le moment présent pour le remplacer presque exclusivement par l'idéal et nous passons une vie à courir après cet idéal. La constante insatisfaction de ce que nous sommes, qui est toujours moins excitant que ce que nous pourrions, devrions ou voudrions être, empêche une prise directe et honnête avec nous-mêmes. Et pourtant...On ne peut changer que ce que l'on connaît bien!

 

La liberté se trouve dans la perception directe de ce que nous sommes. La liberté est un état, pas une idée. Cette perception est le vecteur même du changement.

 

Préoccupés que nous sommes à se bâtir un avenir, à vivre dans des idéaux et des futurs meilleurs, nous passons souvent à côté du substrat de la vie: le présent. Nous semblons plus proche du "ce qui devrait être" que du "ce qui est". Nous nous frottons et ployons sous des idéaux qui font que nous acceptons l'inacceptable en se réjouissant d'un futur hypothétiquement juste et valable. Or le futur est dans le présent. Pas ailleurs. 

 

Ce que nous sommes aujourd'hui détermine le futur. Si le monde est ce qu'il est aujourd'hui c'est bien à cause de ce que nous sommes maintenant. Le chaos "extérieur" reflète bien ce que nous sommes "à l'intérieur". Observer ce fait est le début de l'être raisonnable.

 

Jusqu'à présent je ne vois pas en quoi nous sommes raisonnables. Par moment, par bribes peut-être mais avouons que nous vivons dans une société pour le moins déraisonnables. Faut-il que je fasse un dessin? 

 

Globalement on peut constater sans trop se tromper ni tomber dans un pessimisme névrotique ou exacerbé que la folie est plus constante que la raison. Ce qui est particulièrement navrant c'est justement que cette folie soit devenue la normalité et que nous acceptons cette folie comme allant de soi sans trop sourciller. La folie est devenue le raisonnable.

 

Ceux qui osent se révolter, la plupart du temps ces jeunes qui dérangent cet "ordre" établi, qui ont gardé encore un peu de sensibilité et de raison (l'un ne va pas sans l'autre) seront vite écrasés par le rouleau de la bienséance, aidé en cela par notre système d'éducation (qui ressemble de plus en plus à de la "propagande éducationnelle"). Ceux qui osent élever la voix seront qualifiés (tiens donc!) de déraisonnables.

 

La raison du plus fort est toujours la meilleure? 

 

Malheureusement oui s'il faut en croire nos yeux et nos oreilles.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 06:38

J'aimerais me pencher un peu sur cette question de nationalisme. Sujet à prendre avec des pincettes car le nationalisme fait appel à des sentiments identitaires profondément enracinés et bien entretenus par les différentes cultures autour du monde. Regardons pourquoi cette idée qui a causé tant de conflits et d'atrocités est toujours une idée qui a le vent dans les voiles, si je puis dire. Pourquoi reste-t-elle si populaire et si vivante encore aujourd'hui?

 

Il m'apparaît évident de prime abord que cette idée de nationalisme est bien ancrée dans notre mentalité, dans notre culture, au point de rarement la remettre en question voire de trouver farfelu de le faire. Depuis l'enfance on nous présente cette vue comme une évidence: le fait que les pays ont toujours été et seront toujours. Cette idée a été, au cours des siècles et des millénaires, chanté, mis en poèmes, glorifié etc.. Je me rends bien compte que remettre cette idée en cause, la considérer comme suspecte ne sera pas ou peu écouté ou alors pris comme une absurdité et qualifié rapidement d'inutile et/ou non réaliste. Sauf exception.

 

L'idéal nationaliste est perçu comme quelque chose de noble, d'admirable. Forme de tribalisme qui n'en porte plus le nom: on se veut évolué par rapport à l'esprit tribal de nos ancêtres et pour nous convaincre que cette idée de nationalisme est quelque chose de plus évolué et civilisé que l'amour de la tribu, nous lui avons donné un autre nom. C'est la même idée.

 

Aimer son pays, la fierté d'appartenir à une communauté, quelle qu'elle soit, grande ou petite, donne le sentiment de faire partie d'un ensemble et on y trouve une grande sécurité psychologique et physique. Toute humaine que soit cette recherche de sécurité, je ne suis pas certain que le réflexe de se regrouper autour de sa langue, sa culture, ses origines, son ethnie, sa religion, sa situation géographique ou quelque particularité servant de point commun, donne les résultats escomptés: une plus grande sécurité.

 

Cette sécurité temporaire ouvre en fait sur des problèmes et conflits qui eux, seront pratiquement permanents. Notre recherche de sécurité débouche en fait sur une plus grande insécurité.

 

Il me semble l'évidence même que la séparation (à tous les niveaux) amène les conflits. Il est bien entendu aussi que des différences existent, bien réelles. Le (les?) problème commence lorsqu'il y a identification à ces différences. Tôt ou tard, nous devrons défendre ce qui fait de nous des êtres à part, différents et particuliers. Nous serons appelés à défendre nos différences contre d'autres différences, devenues des murs pratiquement infranchissables, la diversités n'étant plus considérée comme une richesse mais comme une agression contre nos valeurs. On veut bien de l'autre et sa différence mais à petite dose! Ainsi un mot comme "tolérance" peut faire son apparition et être considéré comme une mot et une attitude illustrant notre civilité et notre grande souplesse face à ce qui est différent de nous.

 

Il est intéressant de noter que cette identification à nos particularités, ces notions de différences ne sont pas innés mais acquises par l'éducation. L'enfant en bas âge n'a pas cette notion de fierté de sa différence. On pourrait se poser la question à savoir pourquoi cette conception de l'identification nous est transmise (parents, écoles, entourage) et, constatant les ravages qu'elle cause, pourquoi elle perdure.

 

Faut-il seulement rappeler que l'histoire de l'Homme, celle apprise à l'école à tout le moins, est celle de ses guerres, de ses conflits petits et grands, de ses rois, reines et autres chefs envahisseurs ou envahis? L'Histoire de l'être humain c'est l'histoire de ses conquêtes, de ses tueries, de sa violence millénaire. Pas beaucoup d'évolution de ce côté, il faut se l'avouer. 

 

En nous identifiant à quelque chose de plus grand que nous, à un projet qui nous dépasse nous mobilisons des énergies, notre enthousiasme. En regardant le passé, on peut se rendre compte que le nationalisme a permis de réaliser de grandes choses. Nous nous donnons des buts à atteindre, imaginons un idéal et tentons de nous "coller" à cet idéal. Soit!

 

Mais je pose la question: le prix à payer n'est-il pas trop lourd?

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 19:17

"Être de gauche c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi: être de droite c'est l'inverse". -Gilles Deleuze

 

Loin de moi de vouloir vous entretenir de ce philosophe important. Je n'en ai ni les moyens intellectuels et à vrai dire ni le goût. Je veux simplement souligner qu'une pensée, même riche et complexe, peut tomber dans des pièges somme toute assez grossiers.

 

On pourrait poser la question: qui pense le monde? Une pensée qui se voudrait universelle et impersonnelle? Cela est-il possible? Bien sûr que non. La pensée se nourrit de la mémoire et cette mémoire est toujours le résultats de nos expériences; elle est ce centre, le moi. C'est elle qui engendre l'illusion de la continuité. Le penseur et la pensée sont une unique et même chose. Il n'existe pas de séparation.

 

La pensée de gauche est donc très semblable à celle de droite. Elle vise l'application d'une idéologie sur ce qui "est". Elle évacue de ce fait le présent pour un futur hypothétique, basé en réalité sur le passé: la pensée. Le présent devient alors de l'éphémère qui relie le passé au futur. On peut comprendre à ce moment le qualificatif de "pauvre" donné au présent par nombres d'intellectuels.

 

Cette pensée (je reviens à Deleuze) nous présente deux morales, l'une (sous-entendu préférable) de gauche qui met en avant le collectif et l'autre (sous-entendu moins généreuse) l'individu. Laissez-moi deviner...Deleuze se considérait comme de gauche...Non?

 

Ces deux idéologies s'affrontent depuis longtemps déjà et nous pouvons voir les résultats dans l'Histoire de leur application respective. De bons coups de chaque côtés, avec des dérapages malheureux et pour finir, le monde tel qu'on peut l'observer et le voir aujourd'hui, qui n'est pas très reluisant, peut s'en faut.

 

Être de gauche ou de droite, à part quelques détails (ici les gens de droite comme de gauche vous dirons que ces détails sont d'une extrême importance...justifiant ainsi leur "différence"), ne veut pas dire grand chose. Par exemple, on a qu'à voir les politiques d'un parti socialiste en France d'un Hollande (gauche) ressembler étrangement aux politiques de droite d'un Sarkosy (droite) lors de son dernier mandat. Restrictions, négociations et "fricotages" avec les milieux financiers etc.

 

À gauche comme à droite on gère le pays avec l'accord de la finance, des banques et autres institutions pro-libérale. Les priorités restent, grosso modo, les mêmes, maquillés par petites touches pour permettre au peuple de faire une différence, leur faire croire également qu'ils font un choix lorsqu'ils votent. 

 

La petite guerre entre la gauche et la droite, ce faux débat, ressemble presque à un détournement, à une tentative de fausser un débat, nous obligeant à regarder ailleurs et prendre parti: L'individu ou le collectif?

 

Pendant que des gens, souvent bien intentionnés, se battent pour savoir qui est mieux placé pour gérer un pays, le même système continue son petit bonhomme de chemin, accélérant notre course vers ce mur qui, ma foi, devient de plus en plus net et précis. 

 

Droite ou gauche, c'est le statu quo.

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