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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 13:00

Mon père était un mordu de bateaux à voile et sa bibliothèque regorgeait de livres racontant les aventures de marins de toutes les époques.

 

J'ai souvenir des Slocum, des Moitessier, des Éric Tabarly et ses innombrables Pen-Duick, des Alain Colas et son Vendredi 13 (superbe 3 mâts conçu pour être manoeuvré par une seule personne) et une foule d'autres fous de mer. Le récit de leurs voyages me rivait à ma lecture et allait jusqu'à me laisser un goût de sel dans la bouche.  

 

Partager avec eux les ciels étoilés, le vent (les vents!), les grains, les calmes lancinants, les rencontres surprenantes, la solitude (j'avais-et j'ai encore-une prédilection pour les navigateurs solitaires), la faim, le froid, l'anxiété, cette communion avec les éléments, ce face-à-face avec soi-même. Les préparatifs, la débrouillardise, l'endurance, le désespoir, la douleur physique et morale, le triomphe parfois.

 

Arrivait inéluctablement un moment où ceux-ci étaient aux prises avec des tempêtes, des ouragans, des coups de vent creusant la mer transformant celle-ci en une suite de montagnes qu'il fallait inlassablement monter et descendre. La science et l'instinct pour prendre ces vagues parfois monstrueuses dans le bon angle et toujours recommencer. Attention soutenue et vitale pendant des heures et soudain LA vague qui remettait tout en question.

 

Je me demande parfois jusqu'à quel point ces lectures n'ont pas influencé mon parcours musical, toute proportion gardée.

 

Nous surfons sur des vagues, petites ou grandes, nous changeons nos angles de vues en fonction du vent qui souffle et des vagues qu'il creuse. Les tempêtes nous blessent, nous heurtent et si nous nous en sortons, nous rendent plus forts, plus sensibles mais aussi plus expérimentés et armés pour les prochaines. Désolé pour le cliché.

 

Armés de vulnérabilité. On ne se bat pas contre une tempête...On la laisse passer. On baisse les voiles, attentif et sur le qui-vive. L'action est souvent dans le non-agir.

 

Ce qui nous entoure nous parle si nous sommes assez modestes pour écouter. Si nous sommes assez seuls pour avoir l'audace de voir.

 

Ces vagues qui font la vie iront mourir, tôt ou tard, sur une berge quelque part. Là reside peut-être toute leur beauté.

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:22

Un journal est toujours anachronique. Beaucoup de questions peu de réponses. La vie quoi. 

 

Jeudi 13 juin 2013

 

Retour d’Ottawa. Agréable séjour. Rencontre avec une responsable de la culture au Conseil des Arts. Ouverte et fermée à la fois. Suivre les règles sans possibilité d’en sortir…Les administrations sont toujours difficiles, de par leur structure, à faire bouger en dehors de règles bien définies même si cela s’avèrerait utile. Là où il faudrait du vif nous trouvons du lent, du lourd, là où une adaptation rapide et circonstanciée serait nécessaire nous nous heurtons à une façon de faire rigide et dépassée. Notre interlocutrice en est bien consciente mais n’y peut rien ou pas grand chose. Que signifie être libre à ce moment?

 

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Facebook. Exposer ses points de vue sans jamais, ou presque, avoir l’intention de prendre en compte ce que l’autre propose. Changer d’idée est souvent perçu comme une perte, un abandon, une rédition. Avouer que nous nous sommes trompés écorche cette sacro-sainte image que nous nous formons de nous-mêmes et à laquelle nous sommes si attachés. Elle nous défini, nous campe dans le temps, nous fixe et nous rassure tout à la fois. Et si cette image, notre tendance forte à nous identifier à celle-ci était cause de notre souffrance? Les images finissent toujours par se heurter. Par leurs biais nous recherchons la sécurité. Elles ont pour noms catholiques, communistes, québécois, musiciens, professeurs, anarchistes, philosophes, musulmans etc. etc. Sécurité dans le groupe, la tribu, la famille, la nation, le parti politique, la religion? Cette recherche de sécurité dans le groupe ne se trouve-t-elle pas être le noyau de notre insécurité, son point de départ? Nous passons notre vie à nous "construire". Est-ce bien raisonnable?

 

 

Les médias sociaux ne sont pas un lieu d'échanges (ou si peu) mais bien une scène où chacun y va de son numéro. Un semblant de partage où finalement on se satisfait de montrer son plumage, haut en couleur ou terne. Prouver à soi-même et aux autres que nous avons une existence, une raison d’être, que nous trouvons une certaine tangibilité à travers leur regard. Nous (nous) confirmons ainsi que nous sommes bien vivants et utiles...Ayant à ces propos des doutes récurants…

 

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Travail sur une composition de Rebecca Martin “Play for Me”. Le génie d’écrire quelque chose de simple mais qui nous parle, nous touche, nous émeut. Belle leçon de modestie pour qui pense que la complexité est toujours intéressante. Cette complexité ne cacherait-elle pas parfois une pauvreté de l’esprit? Se laisser griser par ses habiletés et son savoir faire est toujours dangereux.

 

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Tristesse et colère. De jeunes Sikhs interdits de jouer au soccer au Québec. Déjà, leur cerveau formaté par des croyances. Probablement un héritage de leurs parents. Quand on a 10 ou 11 ans nous ne sommes pas préoccupés par le fait de croire ou non en un Dieu. Sottises d'adultes et embrigadements de jeunes pour des causes  qu’ils ne comprennent pas! Et qui blâmer? Ceux qui asservissent au nom de l'amour ou ceux qui excluent au nom de la liberté?

 

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À ce point passionné par la vie, sortir du cercle étourdissant du désir et du devenir? 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture
14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 09:39

Le test de son prend un peu de temps. Nous sommes arrivés de Jinan directement au théâtre à l'heure du dîner. Les techniciens sont partis manger.

 

Les abords de la ville de Weifang sont fleuris. Des parcs bien aménagés en quantité, tous très bien entretenus, taillés, agencés avec un goût certain. La ville semble toute neuve comme sortie de sa boîte, pimpante, coupée en son milieu par un canal où une eau verte s'écoule, celui-ci ponctué de ponts blancs et coquets qui l'emjambent. Pas de grattes-ciel. La ville semble s'étendre comme de l'eau.

 

L'édifice qui abrite le théâtre suggère et rappelle que c'est ici que la route de la soie prenait naissance. Son architecte a conçu le toit tout en ondulation qui, malgré son gigantisme, semble flotter au-dessus du complexe.

 

L'accueil, encore une fois, est fantastique. Des bénévoles (j'en compte une bonne vingtaine) souriants, portant la veste officielle du Festival des Arts de Chine aux couleurs criardes nous accompagnent partout dans le théâtre. Ils sont nombreux et pourtant discrets. Dès qu'un problème survient ou que nous désirons quelque chose des mains nous secourent, nous aident, portent, se proposent. Attentifs et transparents. Présents et en retraits. Chapeaux les bénévoles!

 

Une chose qui caractérise le peuple chinois est sa prévenance. La sollicitude que nous retrouvons en tournée, que l'on peut rencontrer ailleurs, s'étend au quotidien, à la vie de tous les jours et me semble tout-à-fait digne de mention. Pour un occidental habitué au mode de vie plutôt individualiste, peu porté en général à être attentif à l'autre, il n'est pas très naturel ou courant d'aller au devant des désirs de nos voisins et amis. Il est ainsi assez facile pour nous de recevoir mais pour ce qui est de donner, le réflexe est plutôt long à la détente. Sans attendre rien en retour, les Chinois trouvent assez malpoli et il est plutôt mal vu de constamment accepter de telles sollicitudes sans jamais ou presque agir dans l'autre sens. L'amitié ici se démontre par des gestes et des attentions. Les poignés de mains, embrassades et politesses verbales non suivies d'actions concrètes sont perçues comme des attitudes superficielles mettant en lumière un manque de véracité et de profondeur dans les émotions.

 

Un peu de route aujourd'hui. Nous nous rendons à Jizhou à une centaine de kilomètres de Weifang. Le vent souffle en rafale depuis hier, soulevant des murs de poussières et parsemant la route de feuilles et de petites branches emportées par le souffle. La température a chuté de plusieurs degrés. On sent la mer pas très loin.      

 

Journée de congé aujourd'hui. On sent la fatigue accumulée. Ces quelques heures de pauses sont les bienvenue! L'hôtel est à quelques kilomètres de la salle de concert. Nous partirons plus tard demain et resterons sur place avant la performance.

 

Je n'ai pas parlé des concerts donnés à Jinan. En fait deux concerts en deux soirs donnés dans la même salle. Salle comble (environ 1000 places) lors des deux soirées. Le public apprécie vraiment l'ajonction de morceaux tirés du répertoire de leur province. Nous avons également beaucoup de plaisir à les jouer. Dans une des deux compositions (My Beautiful Hometown) j'ai inséré l'harmonie d'un mouvement de la suite de Coltrane "A Love Supreme" (Resolution) qui s'agence de façon tout à fait naturelle avec le morceau shandonnais. 

 

C'est le lendemain que nous participons au "Performing Art Product Fair", sorte de rassemblement de diverses compagnies (théâtre, opéra, groupes divers) qui présentent leur création (produit?). Après notre mini-concert une jeune fille (bénévole) vient à nous très émue: nous venons d'interpréter la musique de son coin de pays qu'elle a quitté il y a quelques années. Après la séance de photo obligée elle nous chante la chanson avec beaucoup d'émotions.

 

C'est à notre tour d'être ému.

 

Nous sommes maintenant littéralement assaillis par une horde de bénévoles qui nous font signer des autographes sur leur veste officielle. 

 

Retour à l'hôtel pour un repas et un repos. Nous nous sommes levés à 6H00 et joué à 8H30. Départ demain à 9H00 pour Weifang.

 


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Published by Yannick Rieu - dans Culture
7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 09:01

Premier concert en salle aujourd'hui. Comme beaucoup de jazzmen, je préfère les concerts en club. La proximité du public est certainement un facteur important mais aussi la qualité du son en salle est problématique. Le côté technique est envahissant (micros, retour etc.) et le résultat souvent décevant. Le jazz est une musique qui passe mal, la plupart du temps, dans les grandes salles où le public est trop passif, trop en attente de quelque chose. Plus difficile d'établir un contact, de faire participer, de créer un lien, de dialoguer.

 

Notre hôtel est à environ 40 minutes de la salle. Un petit autobus spécialement affrétée vient nous chercher 3 heures avant le concert. Adrian et Jean-Sébastien vont jouer sur des amplis gracieusement fournis par une compagnie américaine. Kevin, le batteur, jouera sur une batterie Pearl tout le long de la tournée. Ces sponsors sont bien pratiques: ils permettent de jouer sur le même instrument le temps de la tournée et d'assurer une qualité minimum pour les musiciens. Rien de pire que de dépendre du bon vouloir de chaque endroit pour le choix des amplificateurs.

 

Quelques problèmes avec l'amplis de guitare. Nous rejoignons la compagnie immédiatement après le concert. Le lendemain, après deux heures de route, ce n'est pas un mais deux amplificateurs (deux modèles différents) que le responsable des équipements nous propose. C'est un véritable plaisir de travailler et d'être soutenu de la sorte. 

 

Deuxième concert aujourd'hui dans le même salle. Le son n'est pas facile à maîtriser. Environ 1000 places, pas vraiment conçu pour la musique. La scène est immense et la réverbération longue. Le groupe semble perdu sur cette scène et la musique s'évanouit quelque part on ne sait où. Les morceaux "robustes" passent de justesse, les ballades n'ont pas assez de corps à mon goût. Musique légèrement fantômatique. Ceci dit les musiciens sont magnifiques! L'écoute, l'entente et la complémentarité me donne des sensations que seule la musque est capable de procurer. Tout ceci dépasse la simple performance individuelle et va bien au-delà. 

 

 

L'équipe qui nous reçoit est efficace et bien sympathique. Depuis notre arrivé le Conseil des Arts de Guangzhou facilite notre séjour par des attentions qui confirment, encore une fois, l'acceuil exceptionel que nous recevons à chaque séjour chinois.

 

Un souper mémorable viendra finir en beauté ce périple ma foi trop court. C'est dans un magnifique restaurant avec vue sur le musée et la bibliothèque, deux édifices aux formes très modernes et jolies (spécialement la bibliothèque-gigantesque) que nous convie le direcyeur du Conseil des Arts de Guangzhou. Repas fin et diversifié, ambiance on ne peut plus conviviale, discussion sur différents sujets (culture, politique, musique, bouffe, économie) et fous rire nombreux.

 

Difficile pour moi de ne pas comparer avec ce que je connais. Des leçons de convivialité pourraient certainement être utiles à plusieurs personnes qui occupent des positions clés dans nos institutions. J'ai parfois l'impression, et ces gens si simples et recevants m'aident dans ma réflexion, que nous confondons une certaine idée de liberté et l'égoîsme. Il y a une espèce de crispation autour du phénomène de corruption qui fait que nous ne savons plus exactement faire la différence entre cette corruption (bien réelle) et le simple fait de vivre ensemble, d'être capable de partager des moments, des morceaux de vie, en oubliant nos titres et/ou fonctions.  

 

Notre avion est tôt demain matin. Direction: province de Shandong. 

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 06:20

Répétition au East Shore en trio hier après-midi. J'ai déjà mentionné ce club à plusieurs reprises lors de mes tournées précédentes. C'est un endroit surtout fréquenté par des étudiants et des musiciens. Pas mal d'occidentaux se retrouvent également à cet endroit. On y présente de la musique 5 soirs par semaine, du jazz, et on peut y entendre des artistes chinois mais aussi d'autres pays comme la France, les États-Unies etc. Des pointures sont passées ici (Wynton Marsalis, Antonio Hart) probablement pour la convivialité du lieu et l'accueil chaleureux de son propriétaire.

 

Une deuxième répétition cet après-midi et concert ce soir à 22 heures. Nous y présenterons des compositions et deux morceaux tirés du répertoire traditionnel chinois de la province de Shandong.

 

Levé tôt nous allons prendre une marche le long du lac Hu Hai histoire de délier nos muscles un peu enkilosés par les 14 heures de vol que prend le périple Toronto-Beijing. Le temps est radieux et le soleil parvient à percer la brume matinale auquel s'ajoute la pollution provenant des voitures qui est un réel problème ici.

 

Beaucoup de gens en vacances, c'est la fête nationale. Une semaine où les touristes, chinois pour la plupart, envahissent littéralement les bords du lac louant bateaux, vélos et autres pousse-pousses. Les restaurants sont pleins à craquer, ça mange, boit, discute et rit dans un brouhaha somme toute sympathique mais non moins fatiguant.

 

Dans le hu tong où se situe notre hôtel, à quelques minutes du club, des centaines de personnes visitent les nombreuses boutiques où l'on retrouve vraiment de tout: bibelots, appareils électroniques, disques, instruments de musique, vêtements, chapeaux et plus encore. Je ne parle pas de la nourriture faites sur place que l'on peut consommer sur la rue: crêpes, brochettes, glaces, sandwichs, raviolis (chinois...) etc. Beaucoup de petits restaurants qui "débordent" sur le trottoir. Difficile de savoir où ils commencent et où ils finissent!

 

De belles rencontres lors de notre marche: un père et son fils désirent s'entretenir en anglais avec nous. Ils entament la discussion. Le fils, 11 ans, étudie le piano (ses compositeurs préférés sont Mozart, Beethoven et Schubert) et chante dans une chorale. Il adore les mathématiques et trimbale avec lui son livre d'école qu'il consulte pendant les promenades sur le bord du lac. Le père pose des questions sur les problèmes inhérents au Québec et au Canada, la langue, l'éducation, la perception des uns par rapport aux autres etc. Se joint à nous un professeur de mathématique à la retraite originaire de Russie. Son passe temps? Le vélo acrobatique! Une vieille dame et un monsieur en chaise roulante entre dans la conversation. La discussion dérive sur les avantages et désavantages de nos cultures respectives. Passons une bonne heure à discuter. 

 

Nous nous quittons avec profusions de sourires et poignées de main comme de vieux ami(e)s.

 

Je termine ce texte et j'entends un homme chanter dans la rue à pleine voix. Comme ça.

 

Comme un oiseau. 

 

 

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 19:35

Arrivé à Toronto. Vol entre Montréal et Toronto occupé par la voix enthousiaste d’Adrian. La nuit dernière fut courte, mon esprit occupé par les deux mélodies chinoises que nous allons jouer pendant la tournée.

 

Je viens de lire un article dans la Presse de Claude Gingras portant sur cette chanteuse (que je ne connais pas si ce n’est que de nom) du nom de Coeur de Pirate. Déjà le nom fait un peu fleur bleue voire pire.

 

En fait Monsieur Gingras brosse un portrait peu flatteur de cette jeune fille sans en avoir l’air. Quelque chose de pervers dans sa demarche: la faire passer pour une chanteuse stupide (ça existe!) avec l’assentiment de celle-ci mais sans qu’elle sache que tout cela n’est qu’un jeu. Naîve, Coeur de Pirate?

 

Titre en première page citant la chanteuse s’adressant à notre pervers critique:”Vous êtes le seul à avoir compris ce que je veux faire” Ah Oui?

Premièrement il laisse CdP parler de son amour de Chopin, “mon compositeur préféré” mais elle est incapable de nommer une seule oeuvre de cet artiste, ni d’ailleurs de Debussy ou Bartok qu’elle a étudié au conservatoire.

 

Deuxièmement Gingras nous explique l’ensemble de ce que propose Béatrice (c’est son vrai nom) se ramène à peu de chose. Laissons le critique s’exprimer: “Des textes très simples, naïfs, plutôt tristes, voire un peu maladifs”. Et la pauvre de souligner qu’elle parle surtout d’elle même: “J’ai parlé des problèmes des autres dans deux chansons seulement. À ce jour, j’en ai écrit une centaine”. Mmmm…On pourrait qualifier cette femme (fille?) de légèrement narcissique. Parler de soi dans 98 des 100 chansons que l’on écrit relève du genie ou de la connerie. À vous de choisir.

 

Ensuite nos deux amis parlent de la teneur de la musique de Coeur de Pirate. Simplicité déconcertante peut-on lire. Venant de Gingras le mot déconcertant peut être traduit par à peu près “c’est tellement niaiseux que je n’ai pas de mot pour décrire ce vide”. La voix? “Toute petite, sans une once de vibrato, avec une ligne de chant proche du parlé (elle ne chante pas vraiment donc), le tout à l’intérieur d’une octave” confirmé par Coeur de Pirate qui chante "do-ré-mi-fa-sol-la-si-do, et pas une note de plus!" Aucun travail sur la voix donc.

 

C’est là que notre génial critique, sans en avoir l’air, se risque à conclure: “Le résultat peut paraître-comment dire-insignifiant et je risque le mot". La petite (c’est l’expression de Gingras) reprend le mot “insignificant” pour elle-même pendant que lui souligne l’expression “peut paraître” et elle comprend. Le rapprochement avec le minimalisme la surprend: “Je n’avais jamais pensé à ça”.

 

J’ai un peu mal pour elle à ce moment…

 

C’est pas fini! Le critique lui fait part que sa diction est défaillante. “La diction: c’est ce qu’on me reproche le plus souvent. Mais ce n’est pas un accident, ça, c’est sûr”. Le reste oui?

L’article fini en "beauté" losque la chanteuse nous affirme qu’elle aurait le gout de faire du piano classique mais pas le talent, la technique, la force, la volonté.

 

Mon avion part dans quelques minutes. Je ressens comme un malaise. Allez savoir pourquoi.

 

Il y en a qui ont le don de se mettre dans la gueule du loup.  

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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 15:48

Par les temps qui courent il est question de symboles religieux et de leur pertinence dans certains secteurs publiques. Ne nous sommes-nous jamais demandé l'origine et le pourquoi de ces symboles, leur raison d'être? Un extrait d'une réponse possible sur ce sujet faite par un homme qui pose des questions fondamentales. Qui dérangent donc...Voyez plutôt:

 

"Pourquoi avons-nous besoin de symboles? Les symboles existent, évidemment, comme moyens de communiquer avec les autres; au moyen du langage, d'une peinture, d'un poème, vous communiquez quelque chose que vous sentez ou que vous pensez. Mais pourquoi devons-nous encombrer nos vies de symboles religieux-que ce soient la croix, le croissant ou les symboles indous (etc.)? Pourquoi en avons-nous besoin? Les symboles ne sont-ils pas une entrave? Pourquoi ne pouvons-nous pas expérimenter ce qui est, directement, immédiatement, rapidement? Pourquoi recherchons-nous le truchement des symboles? Ne sont-ils pas des distractions? Une image, une peinture, une chose faite par la main, de bois ou de pierre, bien qu'elle soit un symbole, n'est-elle pas une entrave? Vous direz: "J'ai besoin d'une image comme symbole de la réalité." Or, qu'arrive-t-il lorsque vous avez des symboles? 

 

Les Hindous ont leurs symboles, les Chrétiens ont les leurs, et les musulmans les leurs - le temple, l'église, la mosquée - avec le résultat que les symboles sont devenus beaucoup plus important que la recherche de la réalité. Et certes, la réalité n'est pas dans le symbole. Le mot n'est pas la chose; Dieu n'est pas le mot. Mais le mot, le symbole est devenu important. Pourquoi? Parce que nous ne sommes pas réellement à la recherche de la réalité: nous ne faisons que décorer le symbole. Nous ne cherchons pas ce qui est au-delà et au-dessus du symbole, avec le résultat que le symbole est devenu extraordinairement important, vital dans nos vies - et nous sommes prêts à nous tuer les uns les autres pour lui.

 

Et aussi le mot Dieu donne une certaine stimulation, et nous pensons que cette stimulation, que cette sensation, a un certain rapport avec le réel. Mais est-ce que la sensation, qui est un processus de pensée, a une relation quelconque avec la réalité? La pensée est le produit de la mémoire, la réponse à un conditionnement; et un tel processus de pensée est-il en aucune façon relié à la réalité, qui n'est pas un processus de pensée? Un symbole, qui est la création de l'esprit, est-il en aucune façon en relation avec la réalité? Un symbole n'est-il pas une évasion facile, une fantaisie qui nous distrait du réel? Après tout, si vous cherchez réellement la vérité, pourquoi voulez-vous le symbole? L'homme qu'une image satisfait s'accroche au symbole; mais s'il veut trouver le réel, il est évident qu'il doit abandonner le symbole.

 

Nous encombrons nos vies, nos esprits, de symboles parce que nous n'avons pas l'autre chose. Si nous aimons, certes, nous n'avons pas besoin du symbole de l'amour, ni de l'exemple de l'amour - nous aimons, c'est tout. Mais l'homme qui conserve dans son esprit un exemple, un symbole, une image, un idéal n'est manifestement pas dans un état d'amour. Les symboles, les exemples, sont des entraves, et ces entraves deviennent si importantes, que nous tuons nos semblables et que nous mutilons nos esprits et nos coeurs à cause d'elles." (Krishnamurti 1948)

 

Le plus difficile dans notre monde moderne n'est pas d'avoir des réponses à nos questions mais de poser les bonnes questions. 


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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 00:24
Les sages nous apprennent que la médisance met en danger au moins trois personnes: celle qui médit, celle qui écoute et celle dont on parle 

 

La médisance puise au fond des ragots dans le mesquin dessein de fausser les perceptions. 

 

La médisance perquisitionne dans la mauvaise foi afin de semer la méprise, de forcer les doutes et d’entacher les honneurs.

 

La médisance n’a pas le verbe direct, les débats constructeurs lui sont langue étrangère. Elle est non-initiative, elle préfère l’inertie. 

 

Sa phobie est l'échange. Des oreilles qui se recroquevillent dans la fausse indignation à la moindre alerte d’une critique argumentée ...

 

La Médisance est inquisition. Elle privilégie le dénigrement pour discréditer ceux qui osent penser.  La médisance se veut la faux à couper l’herbe sous les pieds de l’argumentation et des dialogues d’idées. La médisance est lâche, parce qu’elle ne peut accuser de front. Elle préfère le louvoiement.

 

La médisance dénigre. 

 

La médisance se nourrit de la justification de ses victimes. 

 

La Médisance est un relent stratagème de la pensée unique. 

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 17:27

Le jazz traîne avec lui, et depuis longtemps, une aura un peu sulfureuse. Cette image lui colle à la peau, souvent avec la complaisance des musiciens eux-mêmes mais aussi de journalistes et afficionados qui ne voient dans cette musique qu'une occasion de s'encanailler, de se frotter à de l'interdit. On connaît tous l'émoi que peut susciter chez certaines personnes les "mauvais garçons". 

 

Cette image s'estompe au fil des ans (heureusement!) mais j'observe, particulièrement au Québec, une pauvreté dans le discours que peuvent tenir les jazz(wo)men sur leur discipline. Il me semble pourtant que les exemples sont nombreux (aux États-Unies et en France particulièrement) en ce qui à trait à l'articulation d'idées, la mise en perpective historique et sociale de cette musique. On a qu'à penser à des John Lewis du Modern Jazz Quartet, Max Roach, John Coltrane, Charles Mingus ou plus près de nous Wynton Marsalis ou Dave Liebman.

 

Tous ces gens et bien d'autres ont su ou savent articuler une idée, pousser leur réflexion au-delà des clichés. Je ne parlerai pas des grosses blagues bien grasses ponctuant des entrevues sans grand intérêt qu'on nous sert trop souvent ici. Entrevues qui ne font que faire perdurer cette image du musicien un peu bête qui, en dehors de la scène, n'a pas grand chose à dire.

 

Ce misérabilisme intellectuel me fatigue, cette attitude illustrant un certain confort dans l'ignorance, voire une fierté d'être un rustre à peine dégrossi me met mal à l'aise. Cette attitude ne sert pas ou plus la cause de cette magnifique musique (l'a-t-elle déjà fait?). 

 

Le jazz mérite le respect et ce respect doit d'abord venir des musiciens eux-mêmes si nous voulons qu'ils soient pris au sérieux et respectés par les décideurs, diffuseurs, producteurs et le public en général. 

 

Aller au bout de ses passions est une grande responsabilité.

 

P.S. Je sais pertinemment que des musiciens d'ici auraient des choses intéressantes à nous dire sur leur travail, leur musique, leur vision, l'angle original qu'ils prennent pour composer etc. J'aimerais les entendre ou les lire!

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 12:41

La blague n'est pas de moi, elle s'inspire de Coluche qui racontait qu'un type avait "une mine patibulaire mais presque". Patriote mais presque...

 

Des gens, un jour ou une nuit, ont pris les armes pour faire valoir des droits. Impensable aujourd'hui et franchement politiquement incorrecte. Aujourd'hui on doit défendre ses intérêts avec des mots, des pétitions ou à l'instar des patriotes des boycottes (voir texte ci-bas). J'oubliais le vote. Ah! Le vote! Si le vote pouvait changer le système, il serait illégal (pas de moi non plus). 

 

J'ai comme l'impression que notre impuissance (les moyens légaux et acceptables dans nos sociétés) a été programmé. On peut dire à peu près tout ce que l'on veut...tant que ça ne dérange pas le système en place. On peut décrier, analyser, défendre des idées, hurler. On peut faire tout ça dans la rue (quoique de moins en moins...), dans les journaux, les blogues et même dans de somptueuses revues avec papier glacé et en couleur ma chère!

 

Qu'on ne s'inquiète pas! Nos voix ne parviennent pas jusque dans les bureaux capitonnés des décideurs ou alors comme un murmure (je soupçonne même parfois ces bureaux d'être isolés-et pas uniquement du froid). Ou alors sont-ce des sourds qui en plus, ne veulent pas entendre? Ne seraient-ils sensibles qu'exclusivement aux chants des bien-nantis? Ces sirènes qui serinent de douces mélodies en forme de profit?

 

Non. Pas de violence. Pas de violence. La seule acceptable c'est celle qui n'en porte pas ou plus le nom. C'est la pauvreté, l'humiliation, l'exploitation des humains, des ressources, les attaques récurentes (sous plusieurs formes) contre la santé, l'éducation, le social. Les crises économiques pratiquement fabriquées de toute pièce (clés en main?) qui justifient ces attaques-coupures. 

 

Ces "attaques"?...C'est la guerre alors? Non...C'est la politique, c'est l'économie, la mondialisation... Le progrès quoi...

 

Heureusement nous vivons dans un pays civilisé, démocratique et libre! Heureusement nous vivons dans un pays où ces terroristes (c'est le nom qu'ils porteraient aujourd'hui) sont bannis à tout jamais. Imaginez...Ils étaient vaiment violents ces gens-là...

 

Un (très) bref résumé, pour ceux que ça intéresse, du mouvement des patriotes écrit par Sylvain Beaudoin, adapté par Micheline Champoux:

 

En 1837, une révolte éclata au pays. Cette révolte fut menée par une poignée de patriotes contre le pouvoir anglais. Les patriotes ne voulaient pas que le gouvernement d’Angleterre décide seul des lois du Québec.

Les premières disputes ont commencé au début du 19e siècle. À cette époque, le gouverneur Craig donnait toutes les nouvelles terres aux anglophones. Tous ceux qui prenaient les décisions dans le pays étaient aussi anglophones. Les francophones n’aimaient pas cette situation, mais ils n’avaient pas de vrai chef pour diriger une lutte organisée.

Si tu veux comprendre comment un groupe de francophones a tenté de défendre ses droits, viens avec moi dans le passé et retraçons les principaux événements.

Reportons nous en 1830. Un groupe de jeunes gens, qui veulent dénoncer les injustices, se font élire députés. Leur groupe se nomme « Parti patriote ». Leur chef est Louis-Joseph Papineau. Normalement, les députés sont élus par les gens pour administrer le pays et faire les lois avec le gouvernement.

Mais en 1837, le gouverneur du Québec, alors appelé Bas-Canada, veut diriger seul le pays et ne veut rien discuter avec les députés. Le gouverneur est anglais et les députés sont en majorité francophones. Les députés patriotes pensent que c’est injuste et ils organisent beaucoup de grandes réunions pour demander aux gens de ne pas accepter qu’un seul Anglais décide pour tous les francophones.

Le gouverneur prenait ses ordres du gouvernement d’Angleterre. Les patriotes décident donc de protester en ne payant plus de taxes à l’Angleterre. Ils demandent à la population de ne plus acheter ni vêtements, ni nourriture, ni aucun produit importé d’Angleterre. Ainsi, le gouvernement d’Angleterre ne recevrait pas l’argent des taxes payées à l’achat et la population ne désobéirait à aucune loi.

Voyant cela, le chef de l’armée, Lord Gosford, décide de riposter. Il « met à la porte » tout soldat anglophone ou francophone et tout employé du gouvernement soupçonné d’être du côté des patriotes.

En septembre 1837, un groupe de personnes, surtout des jeunes, forment une association secrète pour organiser une lutte contre ceux qui défendent le gouvernement anglais et contre Lord Gosford, en particulier. Cette association s’appelle « Les Fils de la liberté ».

Les Anglais forment aussi leur association afin d’empêcher les patriotes de faire des assemblées publiques. Ce groupe, le « Doric club », est protégé par l’armée de Gosford. Les rencontres entre les deux associations sont parfois très violentes. Puis, l’armée anglaise entre en scène.

En novembre 1837, l’armée anglaise se bat contre les patriotes à Saint-Jean-sur-Richelieu. Le 16 novembre, Gosford veut arrêter 26 patriotes. Les patriotes se défendent avec des armes et des fourches. L’armée demande du renfort.

Le 23 novembre, l’armée anglaise attaque le village de Saint-Denis-sur-Richelieu, où se cachent beaucoup de patriotes. Les combats durent toute la journée. À la fin de l’après-midi, l’armée anglaise se retire. Mais ce sera la seule victoire des patriotes.

Le lendemain, dans le village voisin, l’armée gagne. On a dit que plus de 100 patriotes auraient été tués lors de cette bataille. Le 2 décembre, un colonel fait incendier plusieurs maisons à Saint-Denis, pour venger sa défaite de la semaine précédente.

Il y a plusieurs autres petites batailles. Mais le plus gros combat a lieu à Saint-Eustache, au nord de Montréal. Les patriotes s’étaient enfermés dans l’église pour se protéger de l’armée. En voyant cela, les soldats anglais mettent le feu à l’église. En moins de 4 heures, plus de 70 patriotes sont tués.

Le lendemain, les troupes anglaises incendient Saint-Benoît, un village voisin de Sainte-Eustache. Devant tant de défaites, les chefs des patriotes quittent le pays pour ne pas être capturés et exécutés. Ayant perdu leurs chefs, les patriotes cessent de se battre.

Quelques patriotes sont capturés et condamnés à quitter le pays. Le calme revient un peu. Mais, en juillet 1838, un nouveau groupe de patriotes s’organisent dans le plus grand secret. Ce sont les « Frères chasseurs ». Leur organisation ressemble à celle d’une armée.

Ils tentent de causer quelques ennuis aux dirigeants anglais. Beaucoup se font arrêter. Parmi eux, 12 sont pendus à Montréal et 58 sont envoyés en Australie, donc à l'autre bout du monde.

Vers 1840, des dirigeants anglais donnent quelques droits aux francophones. Ceux-ci peuvent participer à l’administration du pays et acquièrent le droit de parler français dans certaines réunions du gouvernement.

 

Trouvez pas que ça fait beaucoup de morts pour une journée de congé?

 

Oui, je sais...J'ai tendance à dépasser les bor(g)nes, mais c'est uniquement parce que j'ai deux yeux pour voir...Et un coeur pour sentir?


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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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