Dans un champs
Pousse une fleur
Ses pétales sont de métal
Son parfum solide, glacial
Fatal et inodore
Elle s'offre en bouquet de morts
En gerbe qui décime
Dans un champs
Pousse une fleur
Ses pétales sont de métal
Son parfum solide, glacial
Fatal et inodore
Elle s'offre en bouquet de morts
En gerbe qui décime
Être musicien c'est se soumettre au son, comme un comédien se soumet au texte.
Musicien sous et dans le son, entre les notes, à l'intérieur, derrière le rythme.
Le musicien s'enfonce, se cache, cherche, comme une racine. Son œuvre c'est ce qui se trouve au-dessus, les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits.
Comment, saturé de sa propre vibration, trouverait-il le moyen de pénétrer et de s'accorder à une vibration autre?
Aimer c'est s'oublier, non? Il jouera la musique comme il aime alors.
L'intéressant ce n'est pas lui mais son art. Et son art c'est lui quand il n'est pas là.
Son art c'est lui quand il n'est pas là.
Si cela se peut encore.
Lors de ce conflit si pitoyable
Des gens cultivés et pourtant nazis
Allaient au récital, dînaient entre amis
Goûtaient la musique, la peinture aussi
Les bons vins, les plaisirs de la table
L'accumulation d'informations
N'empêchera jamais
On le sait
L'accumulation d'informations
La floraison de fachos
On le sait maintenant
Depuis longtemps
Tout se confond et tout se mélange
Ce qui est en haut, ce qui est en bas
Le froid, la nuit, l'ennui, la vie, la joie
Dans cette mixture bien étrange
Le diable a des allures d'ange
Un passant passait par là
Il chantait une ritournelle
Apprise à la maternelle
Ou dans un bordel
L'histoire ne nous le dit pas
Elle débouchait coin Davidson-Hochelaga
Lui se rendait chez son amie Greta
Il se retourna sur la belle
(Faut croire qu'elle avait quelques appâts)
Et avant même qu'il ne dise quoi que ce soit...
-"De quoi! Sur moi vos yeux!
Passez votre chemin grands dieux!
Mufle, sans dessein, crétin, pauvre guignol!
À moi! Au secours! À l'assassin! Au viol!"
Martelait-elle de sa voix de fausset
-"Loin de moi de vouloir vous importuner
Mais regardez plus bas, vos beaux souliers
De ceux-ci vos lacets sont défaits"
L'hystérique ne voulut rien entendre
Le passant qui passait par là
Comprit qu'il valait mieux, et sans attendre
Se tirer de ce mauvais pas
Se rendre illico chez Greta
C'est ainsi que sont nés ces quelques vers amers
Car notre homme, un peu poète
Devant cette indigne harpie replète
L'avait, il faut le dire, un peu de travers
Voici donc ce que notre quidam
Dédicaça à cette dame:
UN PASSANT PASSAIT PAR LÀ
IL CHANTAIT UNE CHANSON À LA CON
QUAND ELLE PASSA
L'AIR NIAIS
LES LACETS DÉFAITS.
SANS SE RETOURNER
IL L"ENTENDIT TOMBER
ET SE CASSER LE BRAS
On peut avoir le désespoir tonique, être un tant soit peu lucide sans pour autant verser dans le pessimisme. Le chant des optimistes sonne faux. L'avenir c'est maintenant et maintenant résonne (raisonne?) un peu comme un glas. C'est à pleurer. Je préfère, et de loin, constater et m'esclaffer.
Auras-tu bien compris que les dés sont pipés?
Flamboyant tissus d'or dénommé liberté
Dans lequel tu te drapes pour aller voter
Ne sert qu'à te faire croire bon citoyen
Allons, Oyez! Le monde sait bien qu'il n'en est rien!
Quand auras-tu compris que les dés sont jetés?
Que les temps de l'insoumission sont surranés
Qu"il ne reste plus qu'à tracer une croix
Vis-à-vis celui qui te représentera
Qu'à partir de là ton droit se limitera
À le voir valser entre publique et privé
Auras-tu bien entendu ce vieux Guévara?
Il faut beaucoup plus qu'un frisson ou qu'un émoi
De la coupe aux lèvres, pour qu'un rêve se lève
Mais un peu plus de cran, de sang et de sève
Tu seras sans aucun doute devenu sourd
Aveugle, aphone, les membres bien trop gourds
Hagard, anxieux, calé dans ton divin divan
Tu vérifies si par hasard à la télé
Ne resterait pas un morceau de vérité
Bien sûr indignation, liberté d'expression
Réunion, colère, courroux, manifestation
Chez les bonnes gens on nous regarde allant
Car il va de soi que foi et résolution
Sont devenues bonnes sources de distraction
Mon cher casse-bonbon, bouffeur de révolutions
Censeur sans peur car opposé aux vils menteurs
Pouvoir parler mais seulement du bon côté
Du bord du très bien et du tout ce qui est bon
Tu es bien gentil de leur faire cette fleur
Mais dis-moi pour toi, c'est quoi la vraie liberté?
Les Tartuffes de la morale droits-de-l'hommiste
Chemise à fleurs, néo-colons anti-racistes
Humanistes ravageurs, poètes de la falsification
Tous à leur heure baisseront le pantalon
Pour avoir, du gâteau, une petite portion
Droite et gauche main dans la main
Fières comme peut l'être tout bon crétin
S'en iront à la messe de la modernité
Drapées de cet ersatz de liberté
Copine clopante, ravagée et mutante
Divine comédie digne de Dante
De cette nouvelle humanité égalitaire et sanglante
De cette pensée unique, inique et rampante
Une moderne caste est née
Elle est bel et bien-pensante
Je m'agite, brasse et embrasse le vent, je gîte du côté des bien-pensants, tourne et retourne des idées nées de mon nombril voilé. Je regarde de haut, du fond de mon puit, la vie des autres.
Pensez comme moi !
Penser comme moi, suivre la doxa, faire taire des voix ! Je suis en mission pour la liberté, pour votre bien. Le réel on en parlera plus tard. L’Histoire se fait tard, disparue dans mes songes et les replis de ma pensée.
Vous me remercierez plus tard
Par hasard
C’est certain !
Rombiers et rombières
Remplissez vos flûtes
Vous qui ne fûtes
Jamais musiciens
J’aime ce qui est bon, j’aime ce qui est bien. Vous ne pouvez pas comprendre philistins!
J’ai les moyens!
Je fais corps
Avec cette élite
Avec la camarde
Qui se délite
Du bon bord
C’est mon avis
Celui de la vie...
Ou de la mort...
Je ne sais plus très bien
Rombiers et rombières
Remplissez vos flûtes
Vous qui ne fûtes
Pas bien malins
Le vide m’appelle ?
Je festoie à la pelle !
Un moment de faiblesse ?
Mon esprit s’affaisse ?
Tout se débine ?
Un peu de foie gras sur une tartine
Encore une fois un p'tit Sancerre
Ou du champagne, très chère
Y’a pas à dire, n'est-ce pas
On ne se refait pas
Rombiers et rombières
Remplissez vos flûtes
Vous qui ne fûtes
Que des chiens
Être ailleurs est une façon d'être là.
Quelle chance de ne pas vouloir changer quoi que ce soit. Vivre en parallèle, côtoyer, être dans le monde sans en faire partie. Tout un art. La nature nous enseigne, encore faut-il écouter et observer. Pour cela il faudrait sortir de nos classes, de nos bureaux, de nos certitudes...de nous-mêmes! D'abord se taire. À l'extérieur et à l'intérieur.
Un arbre n'a jamais comme objectif d'offrir de l'ombre par un après-midi d'été. Le soleil n'a rien à faire avec nous. La fleur, son parfum, ne nous est pas destiné. Ses couleurs pour nos yeux? Point. Elle pousse, se fane et meurt.
C'est une bénédiction, un grand bonheur, une chance et un devoir de ne pas vouloir changer quoi que ce soit.
Être sans vouloir irrite. On devient vite suspect aux yeux de ceux qui se pensent dans l'action.
Et pourtant...
"J'ai cru voir de grands hommes et je n'ai souvent vu que les singes de leur propre idéal" Nietzsche
Ce qui a changé c'est le rêve.
Qu'est-ce qui est proposé dans l'ensemble de notre société? Qu'est ce que l'on construit dans la tête des jeunes générations, distillé par les médias (télévision, radio, journaux, revues etc.), les politiques ou même dans le système d'éducation dans son ensemble? Avec quelques îlots, il faut le dire, mais bien insuffisants par rapport à cette immense vague qui submerge tout le reste.
Ce rêve que l'on fait miroiter ce n'est pas (ou plus) une spiritualité laïque, un bonheur simple mais un rêve compliqué, inatteignable, stupide, vide, vil.
Et si ces jeunes ne rentrent pas dans cet insipide cadre proposé, ils sont "en-dehors" et par ce fait coupables ou suspects-ou les deux!
Ici et ailleurs, on est si on a.