La campagne électorale tire à sa fin.
On a pu assister comme à l'accoutumé à des prises de positions, des débats où l'on a entendu des idées mille fois ressassées, de vieilles idées remodelées, revampées, revêtues de nouveaux uniformes. On nous promet, pour la enième fois, des améliorations de toutes sortes, des changements, une direction, un avenir meilleur.
On a vu encore des partis s'affronter, perdre une immense énergie à lutter pour des positions, des idéaux soi-disants incompatibles. On a vu cette épuisante course au pouvoir faite par des gens à qui je ne confierais pas quoi que ce soit, surtout pas mon avenir.
On a vu, encore une fois, la médiocrité prendre le haut du pavé, se pointer sans la moindre vergogne, sans la moindre gêne s'étaler, se répandre, allant jusqu'à se pavaner devant nos yeux, pénétrer nos oreilles et nos cerveaux. Avec un sans-gêne inouï.
On nous a fait, encore une fois, le coup de la démocratie. Qu'on pourrait décider, prendre en main notre destin, voir plus loin, bâtir quelque chose.
Ça fait combien de temps que nous déléguons nos vies, notre futur? Êtes-vous vraiment convaincus que ces mains qui quêtent le pouvoir sont les bonnes? Qu'est-ce qui peut bien vous faire penser cela? Vous ne vous souvenez donc de rien? Je ne parle pas d'hier ou d'il y a 10 ans. Je parle de se souvenir des luttes de pouvoir qui remontent à bien plus loin. À la nuit des temps? Peut-être... L'histoire ne fait que se répéter parce que nous le voulons bien. Parce que c'est, au fond, confortable. Parce que finalement, nous sommes incapables de nous remettre en cause.
Bien plus facile de se battre pour des idées que de travailler sur soi dans l'instant. Parce que le problème est là. Notre regard se détourne constamment vers des idéaux, un futur hypothétique toujours meilleur. Demain, demain, demain.
Mon pays est là où je suis. Je le bâti maintenant, avec les gens qui m'entourent, ici. Je parle, sent, m'ouvre, réfléchit, gagne, perds, regarde, observe ici et maintenant. Je ne donne à personne le droit de bâtir à ma place. Surtout pas à ceux que le pouvoir séduit. Ce sont les pires.
Faire un espace où il fait bon vivre est ma responsabilité à chaque seconde qui passe. Un pays est le résultat de l'addition de gens responsables, passionnés, attentionnés, sensibles, en un mot:intelligents. Certainement pas d'une décision politique venue d'instances devenues floues à force de tergiversations et de paroles creuses, de promesses en des lendemains merveilleux.
Un pays ça se construit par le bas, ça commence par le bas. Nous sommes la fondation.
Mon pays c'est les gens qui veulent apprendre, communiquer, partager, grandir.
Mon pays n'a pas de frontières ni de couleur ni de drapeau.
Mon pays n'est pas une tribu ou une terre, un ciel ou une mer aussi merveilleux soient-ils.
Mon pays ne se fait pas avec des idées mais avec des actions, au jour le jour.
Là, maintenant. Mon pays, je le vis maintenant.
Tout le reste n'est que du vent.