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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 11:39

Arrivé à Huzhou, temps pluvieux et gris, la chaleur nous a quitté.

 

Nous avons donné un concert hier, salle remplie, bonne réception. Le public âgé de 3 à 40 ans apprécie beaucoup la musique. Les moments chargés d'énergie ont leur prédilection. Même si nous nous aventurons dans des improvisations parfois échevelées, harmoniquement plus "savantes" le public applaudit et semble satisfait, parfois au milieu d'un solo. J'aime cette réaction qui n'est pas régie dans un cadre particulier. Ne pas forcément savoir mais sentir les choses semble tout-à-fait sain et il me semble qu'une véritable communication s'effectue hors des balises préconçues du "comment se comporter en concert".

 

Les concerts ont une durée de 1 heure 40 minutes en moyenne, sans intermission. L'attention est là, soutenue, même de la part des enfants, ce qui me laisse toujours impressionné et étonné. 

 

Demain une rencontre avec le public est organisée. Bien hâte de répondre aux questions et surtout de connaître la nature de celles-ci. J'ai déjà partager dans un autre journal de tournée mon bonheur de voir la perspicacité des questions et aussi l'angle parfois déroutant que les chinois empruntent pour essayer de comprendre le jazz. Questions souvent d'ordre sociologique, la place de cette musique dans l'histoire occidentale, son origine, le sens qu'elle peut avoir ou contenir et son impact sur la société. J'ai déjà eu de passionnantes discussions à l'occasion de ces rencontres, c'est donc avec impatience que j'attends celle de demain.

 

J'ai été entendre un saxophoniste américain (Antonio Hart) hier soir au JZ Club, endroit reconnu à Guangzhou. Musique musclée, improvisations assez prévisibles, manque de variations dans le discours. Ce saxo ne connaît qu'un chemin mais il le connaît bien.

 

J'ai parfois l'impression que certains musiciens devraient passer un peu moins de temps à travailler leur technique et à réfléchir un peu plus. Je suis bien conscient que nous vivons dans un monde où la technique remplace à plusieurs niveaux l'humain, le sensible. Je suis conscient aussi que le public est de plus en plus difficile à émouvoir, ses sens étant constamment sollicités et de façon souvent brutale. Lui chanter une petite chanson dans le creux de l'oreille ne signifie pour beaucoup, pas grand chose! On veut du sang, de l'énergie à profusion, on zappe pour un oui ou pour un non, faut que ça bouge et vite! Dans le cas contraire on risquerait de se retrouver face à soi-même et là...

 

Le savoir, dans la musique comme pour le reste, peut devenir un mur ou une fuite devant nous-mêmes et la véritable ignorance, c'est particulièrement vrai et dramatique pour un artiste, est de ne pas se connaître.

 

Sans cette vraie connaissance, l'artiste ne fera que se conformer, parfois avec brio, à ce qui a déjà été fait, réalisé. Il ne sera alors qu'une pâle copie de ses prédécesseurs. Ou alors il sera amené à "tricher" et croire que ses élucubrations mentales sont d'ordre créatif. On tombe alors dans le n'importe quoi du moment que c'est "original" et "nouveau".

 

Dans un monde qui semble en dégénérescence, on va même encourager à coup de millions ces pseudo-créateurs...

 

On pense ainsi encourager la culture.   

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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