Nous sommes de retour à kunming. Notre passage dans la ville de Dali et Xizhou (la ville où le projet de résidence sera établi) a été une expérience tout simplement fabuleuse et ce, à plusieurs point de vues.
Xizhou est un village situé à 25 kilomètres de Dali, ville plutôt touristique mais quand même agréable et jolie. Cette région est reconnue pour la grande variété de fleurs et ses champignons sauvages. Bordée de montagne, Dali a une longue et passionante histoire, remplie d'épopées et plusieurs faits d'armes sont encore dans la mémoire de ses habitants. Par exemple, un de leur héros a été, au moment des faits, leur ennemi, mais son courage et la justice qui animaient ses actions lui ont valu un grand respect qui se perdure encore aujourd'hui. Pendant une grande partie de la soirée passée dans une résidence privée, la "chef" du village (c'est comme ça qu'on me la présente) nous a entretenu sur l'histoire de son village et de la région. À l'occasion de cette soirée, un ensemble de musique traditionnelle nous a offert un concert (que j'ai enregistré) comportant différentes musiques bouddhistes de la région de Dali. Un homme agé de 80 ans improvisa une histoire avec fond de musique. J'aurais aimé que vous voyiez ses yeux! Brillants, vivants, allumés, rieurs... Bien entendu, ce concert fut suivi d'un repas plantureux où un alcool "maison" fait à base de noix du pays coulait à flot! Un délice à 42 degrés...Après moultes toasts j'ai les joues en feu mais la tête toujours claires!
Je suis surpris par l'érudition de cette femme mais aussi des gens qui nous accompagnent. On parle littérature, musique, histoire, géographie, politique sans prétention et toujours avec humour. Le matin de notre départ elle fait porter à la réception de notre l'hôtel une série de livres sur l'histoire de la région. Raffinée et attentionnée, discrète et généreuse, ce n'est que du bonheur à grande dose! Évidemment, ma compagne traduit toutes ces conversations sans quoi je passerais à côté d'une grande partie de cette humanité. Quand je pense aux crétins qui lèvent le nez sur toute cette culture, j'aurais envie de leur claquer doucement le museau...juste pour les réveiller un peu!
Vous allez probablement penser que j'exagère, que je m'emporte parce tout est nouveau et que mon enthousiasme est quelque peu complaisant ou que le fait que ma compagne soit chinoise y est pour quelque chose. Pas du tout, au contraire, je suis extrêmement attentif à tout ce qui m'entoure et je vais de surprise en surprise et dans 95% des cas, ces surprises sont positives. J'ai trouvé en Chine une "famille" sur qui l'on peut compter, avec qui l'on peut discuter (parfois avec véhémence et passion) mais sans jamais remettre en cause l'unité, la base qui fait que nous sommes humains. Le partage, l'espoir, l'amitié reste le terreau de ces échanges. Les liens de sang qui nous unissent à notre famille étant enfant doivent se changer en cette forme de partage sous peine de perte de ces liens. Chine, plus je te connais et plus je t'aime! Peut-être y a-t-il quelque chose d'atavique dans tout cela. En effet, mon grand-père était le chauffeur officiel de l'Opéra de Shanghaï lorsque celui-ci passait à Paris. On parle ici de l'entre deux guerre.
Revenons à Xizhou. C'est le matin, les montagnes vertes viennent s'échouer sur le bord du lac également vert mais d'un vert émeraude. Les nuages qui lèchent la cime des montagnes sont d'un gris délicats et presque transparents, la lumière passant au travers leurs donnent différents tons de gris. Un orage au loin (le lac est vraiment immense) et la pluie, comme un rideau qui se déploie, rajoute un côté féerique à cette scène. Le chemin que l'on emprunte est bordé de fleurs d'un violet, rouge et jaune intenses. Les champs de maïs et de riz sont de différents tons de verts, d'un autre vert que ceux de la montagne et la terre est d'un rouge-orange qui rappele la côte nord du Québec. Que de beauté!
C'est dans ce pays inspirant que les résidences seront construites. Il me tarde vraiment de revenir pour y étudier leur musique.
Je continue mon jogging tous les matins et j'ai le souffle un peu court...nous sommes à 2000 mètres d'altitude! Il faut dire que les cigarettes que l'on ne manque pas de me faire goûter lors des différents repas y sont peut-être pour quelque chose... C'est au cours d'un de ces repas que j'ai entendu deux petites histoires concernant une région proche du Tibet. Un ami qui a pas mal voyagé dans cette province, me raconte qu'il est passé par un village de 1000 habitants où pas moins de 4 différentes religions (catholique, musulmane, protestante et bouddhiste) cohabitent sans problèmes depuis longtemps. C'est donc possible! L'autre histoire concerne un autre village qui n'utilise aucune écriture mais où les gens se nomment Marie et Joseph en grande majorité...Ça sent le missionnaire à plein nez!
Pour finir, parlant de missionnaire, je reviens sur la déclaration du Dalaï Lama qui dit, dans une entrevue récente, avoir été inspiré par Georges Bush. Je pensais à cette déclaration et m'imaginais un Jésus (la comparaison est un peu boîteuse, j'en conviens) déclarant que César ou Ponce Pilate avait été son inspiration. De quoi rire pour ne pas pleurer...