Le test de son prend un peu de temps. Nous sommes arrivés de Jinan directement au théâtre à l'heure du dîner. Les techniciens sont partis manger.
Les abords de la ville de Weifang sont fleuris. Des parcs bien aménagés en quantité, tous très bien entretenus, taillés, agencés avec un goût certain. La ville semble toute neuve comme sortie de sa boîte, pimpante, coupée en son milieu par un canal où une eau verte s'écoule, celui-ci ponctué de ponts blancs et coquets qui l'emjambent. Pas de grattes-ciel. La ville semble s'étendre comme de l'eau.
L'édifice qui abrite le théâtre suggère et rappelle que c'est ici que la route de la soie prenait naissance. Son architecte a conçu le toit tout en ondulation qui, malgré son gigantisme, semble flotter au-dessus du complexe.
L'accueil, encore une fois, est fantastique. Des bénévoles (j'en compte une bonne vingtaine) souriants, portant la veste officielle du Festival des Arts de Chine aux couleurs criardes nous accompagnent partout dans le théâtre. Ils sont nombreux et pourtant discrets. Dès qu'un problème survient ou que nous désirons quelque chose des mains nous secourent, nous aident, portent, se proposent. Attentifs et transparents. Présents et en retraits. Chapeaux les bénévoles!
Une chose qui caractérise le peuple chinois est sa prévenance. La sollicitude que nous retrouvons en tournée, que l'on peut rencontrer ailleurs, s'étend au quotidien, à la vie de tous les jours et me semble tout-à-fait digne de mention. Pour un occidental habitué au mode de vie plutôt individualiste, peu porté en général à être attentif à l'autre, il n'est pas très naturel ou courant d'aller au devant des désirs de nos voisins et amis. Il est ainsi assez facile pour nous de recevoir mais pour ce qui est de donner, le réflexe est plutôt long à la détente. Sans attendre rien en retour, les Chinois trouvent assez malpoli et il est plutôt mal vu de constamment accepter de telles sollicitudes sans jamais ou presque agir dans l'autre sens. L'amitié ici se démontre par des gestes et des attentions. Les poignés de mains, embrassades et politesses verbales non suivies d'actions concrètes sont perçues comme des attitudes superficielles mettant en lumière un manque de véracité et de profondeur dans les émotions.
Un peu de route aujourd'hui. Nous nous rendons à Jizhou à une centaine de kilomètres de Weifang. Le vent souffle en rafale depuis hier, soulevant des murs de poussières et parsemant la route de feuilles et de petites branches emportées par le souffle. La température a chuté de plusieurs degrés. On sent la mer pas très loin.
Journée de congé aujourd'hui. On sent la fatigue accumulée. Ces quelques heures de pauses sont les bienvenue! L'hôtel est à quelques kilomètres de la salle de concert. Nous partirons plus tard demain et resterons sur place avant la performance.
Je n'ai pas parlé des concerts donnés à Jinan. En fait deux concerts en deux soirs donnés dans la même salle. Salle comble (environ 1000 places) lors des deux soirées. Le public apprécie vraiment l'ajonction de morceaux tirés du répertoire de leur province. Nous avons également beaucoup de plaisir à les jouer. Dans une des deux compositions (My Beautiful Hometown) j'ai inséré l'harmonie d'un mouvement de la suite de Coltrane "A Love Supreme" (Resolution) qui s'agence de façon tout à fait naturelle avec le morceau shandonnais.
C'est le lendemain que nous participons au "Performing Art Product Fair", sorte de rassemblement de diverses compagnies (théâtre, opéra, groupes divers) qui présentent leur création (produit?). Après notre mini-concert une jeune fille (bénévole) vient à nous très émue: nous venons d'interpréter la musique de son coin de pays qu'elle a quitté il y a quelques années. Après la séance de photo obligée elle nous chante la chanson avec beaucoup d'émotions.
C'est à notre tour d'être ému.
Nous sommes maintenant littéralement assaillis par une horde de bénévoles qui nous font signer des autographes sur leur veste officielle.
Retour à l'hôtel pour un repas et un repos. Nous nous sommes levés à 6H00 et joué à 8H30. Départ demain à 9H00 pour Weifang.