On m'a raconté une histoire dernièrement en lien avec un sujet qui me préoccupe un peu ces temps-ci, certaines valeurs qui ont cours dans notre société québécoise. Voyez plutôt:
Une famille aisée (cette petite histoire se passe en Chine), père, mère et deux enfants, vivait confortablement dans une grande ville. Revenues satisfaisants, le père travaillant comme réalisateur dans le domaine du cinéma avec quelques succès, éducation des enfants dans de bonnes écoles, niveau de vie permettant de fournir à la famille tout le confort "nécessaire". Je mets nécessaire entre guillemets car voilà le hic. Aux yeux du père (il provenait d'une région très pauvre), les enfants devenaient trop gâtés à son goût. Il proposa (j'ai l'impression qu'il ne leurs laissa pas le choix...) à ceux-ci de passer une année dans sa région natale encore très pauvre afin de les secouer un peu, de leur faire vivre une expérience différente, leur faire prendre conscience d'une autre réalité. Bref de les éduquer...Il partit donc avec sa marmaille.
Vous imaginez bien que les premiers jours furent difficiles! Les conditions de vie étaient dures. Pas d'électricité, l'eau qu'il fallait chercher tous les jours, cultiver le bout de terrain sur lequel ils vivaient etc.
Après quelques mois de ce régime il nota de grands changements dans l'attitude de ses enfants. Rapprochement avec la nature, plus grande créativité (pas d'ordinateur, pas de jeux tout faits, de cinéma, de télévision etc.) dans leurs passe-temps, découverte de l'amitié avec des gens simples, (re)découverte de plaisirs "anodins": coucher de soleil, le ciel, observation du vivant (plantes, animaux), préoccupation et capacité à prévoir le temps (parfois vital pour les cultivateurs qu'ils étaient devenus!) et j'en passe.
Ce que beaucoup de ses amis qualifiaient d'insensé dans cette démarche est devenu une demande et chaque année plusieurs familles se rendent à cet endroit pour faire vivre à leurs enfants "autre chose", différentes valeurs que ce que la société propose (impose?).
Le plus facile n'est pas toujours souhaitable. Ce que j'entends depuis que mes enfants fréquentent l'école? Rendre les choses plus facile. La dernière? L'utilisation du Ipad au premier secondaire.
Prétextant que des études ont été faites au Québec (j'ai vérifié. Les études en question mettent beaucoup de conditions pour que cet outil soit vraiment utile: logiciel adaptés, applications également adaptées au travail et à l'étude, utilisation approprié par le professeur). On m'a d'abord souligné que cela allégeait le sac des élèves (ce qui a été contredit par des élèves dans un reportage réalisé dans une école préconisant le Ipad) et qu'il était plus facile pour eux de chercher des mots dans le dictionnaire du Ipad. À mon avis ces arguments ne sont pas très solides...
Toujours dans le reportage, le journaliste a été stupéfait lorsqu'il visita la salle commune des étudiants. Presque tout le monde avait son nez collé sur son Ipad...
Le reportage se termine par une rencontre avec les parents d'un élève. Un des deux parents, sans être trop convaincu, nomme quelques bienfaits du Ipad mais lorsqu'il propose (bien innocemment!) de bloquer les réseaux sociaux (twiter, facebook et autres) pendant les cours, leur fils prend alors sa tête entre ses mains en signe de désespoir.
Je ne suis pas du tout convaincu de la pertinence de l'utilisation du Ipad à l'école. J'ai plutôt l'impression que l'on veut jouer la carte de la modernité sans avoir bien saisi l'impact qu'un tel outil va avoir sur les étudiants.
Et cette carte, tout le monde veut la jouer!
Les choses vont tellement vite...Trop vite.