Je regarde notre histoire, celle du monde et me demande parfois (souvent en fait...) pourquoi nous répétons les mêmes erreurs.
Pourquoi sommes-nous si naïfs et espérons des changements dans nos sociétés avec des procédés, des idées, des façons de faire qui ont déjà donné de mauvais résultats ou pire, ajouté de la confusion à la confusion? À moins que nous soyons convaincus que l'état du monde est meilleur qu'avant-ce que je mets en doute très sérieusement-et que nous sommes face à une amélioration constante de nos rapports entre nous (en tant que sociétés ou individuellement) ou encore entre nous et la nature-ce que je remets en cause aussi. Toute personne sérieuse dotée d'un sens minimum d'observation pourra arriver à cette conclusion. Tout est là, devant nos yeux.
Sommes-nous en train de nous leurrer, individuellement et collectivement, à espérer des changements qui satisferont pour un temps nos idéaux mais qui sont loin de résoudre en profondeur l'état lamentable de nos sociétés?
Depuis le temps que des humains (théologiens, philosophes, historiens, sociologues etc.) se sont penchés sur les raisons des guerres-grandes et petites- qui jalonnent l'histoire humaine, celles-ci ne se sont pas arrêtées pour autant. Alors? Nous nous satisfaisons de mots trop facilement? Pour combien de temps encore? Est-ce que toutes ces analyses, si brillantes qu'elles aient été, ont apporté un peu de paix? Vraiment?
Des élections approchent au Québec. Un gouvernement remplacera un autre probablement. Comme par le passé, cela s'est produit des dizaines de fois. Quel résultat? Satisfaisant? À gauche ou à droite? Toujours à gauche revient à tourner en rond. De même pour la droite. L'alternance nous fait zigzaguer tels des sociétés saoules, titubantes sous le poids de plus en plus lourd de nos errances.
Désolé. Je ne crois pas qu'un changement si superficiel et à l'oeuvre depuis des dizaines ou centaines d'années donnera cette révolution tant espéré. C'est du rêve, de l'illusion.
J'irai voter, bien sûr, mais avec la conviction que le geste crucial est ailleurs, que le changement important sera d'un tout autre ordre et bien plus porteur et révolutionnaire.
Ce geste proviendra de l'intérieur. Cette révolution est moins spectaculaire, plus difficile aussi.
Ce geste remet en question notre culture, se débarrasse des idéaux et de tous les devenirs qu'on nous apprend à cultiver. Cette révolution intérieure remet en question le besoin d'expansion et ses corollaires: le nationalisme et la réussite, elle remet à sa place les drapeaux, les corporations de toutes sortes et acabits. Elle met en lumière les fonctions du savoir et des connaissances et en trace les limites.
Mais voilà, de cette révolution nous n'en voulons pas. Nous ne sommes pas assez sérieux, pas assez passionnés, trop occupés par notre personne et son devenir. Chacun dans sa spécialité ou alors en tant que nation, tribu, famille. Cette révolution nous sort de notre confort intellectuel, moral, psychique, sprirituel. Voilà pourquoi nous n'en voulons pas.
Pour dire les choses brutalement, nous ne voulons pas de vrais changements.
Notre pensée, incapable de voir l'entièreté du problème de par sa structure, s'évertue à trouver des remèdes qui ne font que multiplier les problèmes.
Et nous continuons nos révolutions, notre soi-disant évolution vers un monde meilleur.