"Les journées sont de plus en plus courtes et la nuit s'installe pour une longue période de presque 6 mois. L'après-midi s'achève dans une demi-obscurité et le froid pénètre tout maintenant. Kugagu (nom fictif) rentre chez elle fourbue après une autre difficile journée à la recherche d'un travail.
Chez elle? Kugagu demeure en fait dans une sorte d'entrepôt en tôle avec 70 ou 80 autres personnes. Cet entrepôt n'a ni chauffage (nous sommes au nord du canada!), ni électricité, ni eau courante. Ils ont fait appel au gouvernement mais sans résultat. Ils se sont alors tourné vers la Croix-Rouge qui leur a fait parvenir en toute urgence couvertures, appareils de chauffage et vêtements d'hiver.
Chaque année, ils sont des dizaines et des dizaines à se suicider. Pas ou peu d'éducation, un taux de décrochage alarmant, pas de minimum décent pour vivre, la drogue, l'alcool, le chômage endémique, la violence. Il n'y a pas d'avenir pour ces peuples autochtones."
Glauque n'est-ce pas?
Sans avoir menti, je n'ai pas dit toute la vérité et ainsi brossé un tableau des "Amérindiens du Canada" à côté de la réalité. J'ai déformé, sans mentir (ce point est important pour la suite), une réalité pour vous faire croire, vous amener à penser dans une certaine direction. Après cette présentation vous serez outrés et penserez que le Canada est un pays vraiment affreux!
On appelle cela de la propagande. Cette propagande peut prendre différents visages et même parfois se faire de façon inconsciente par les auteurs ou journalistes qui écrivent et nous renseignent.
Ainsi je viens de visionner cette entrevue avec Michel Cormier sur le site du Cérium (vous avez l'adresse plus bas) réalisée par Jean-François Lisée. On a ici un exemple comme je viens de faire en introduction. Ce journaliste de Radio-Canada, qui a passé 5 ans en Chine comme correspondant, brosse à sa façon une réalité qui, sans être fausse, n'en est pas pour autant vraie.
Des raccourcis, des omissions, un ton qui, tout au long de l'entrevue, frise la condescendance, de petits sourires plein de sous-entendus. Et voilà le travail!
Quand on parle au début de l'entrevue de la tentative de Sun Yat Sen de réaliser des élections au début du siècle passé, élections qui ont échoués à cause des seigneurs ou chefs de guerre, on "omet" de dire que ces chefs étaient soutenus dans une large mesure par des pays occidentaux (démocratiques..) qui voyaient d'un très mauvais oeil le fait que les Chinois puissent contrôler leur pays. On a ainsi armé et soutenu par divers moyens ces seigneurs de guerre pour qu'ils puissent s'entre-tuer, gardant le pays morcelé donc "contrôlable".
Ce que je veux souligner ici est cette espèce de vision partielle, non point fausse, que l'on veut donner de la Chine, comme je l'ai fait pour le Canada au début de mon texte, qui laisse à penser que ce pays est terrible voire horrible.
Ne pourrions-nous pas en dire autant de notre pays en prenant un angle bien choisi comme je l'ai fait (il y en a plein d'autres!)? Cela semble évident! Que cache cette vision tronquée, ce désir de démoniser cette partie de la planète? Manque de jugement, racisme larvé, prétention de démocrate, "programmation" culturelle de la supériorité occidentale?
Une petite anecdote pour finir.
Dans les parcs, lorsque Shanghaï était sous le contrôle français, on pouvait y lire à l'entrée: interdit aux chiens et aux Chinois.
La France, pays des droits de l'Homme et démocratique...
L'entrevue: http://www.cerium.ca/Que-reste-t-il-du-reve