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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 19:07

Depuis ma venu dans ce petit village, St-Gabriel de Brandon, je vais régulièrement déjeuner dans un restaurant tenu par sa sympathique propriétaire (Manon) avec ma compagne qui est d'origine chinoise. Je spécifie son origine pour vous faire comprendre la suite.

 

Dans ce restaurant où l'on peut déguster un petit-déjeuner traditionnel, on offre gracieusement aux clients le Journal de Montréal comme lecture, ce qui ne facilite pas toujours la digestion. Mais bon, libre à nous de le lire ou pas mais la tentation est grande de jeter un coup d'oeil, ne serait-ce que pour connaître ce qu'une partie de la population se met sous la dent pour se croire informée de ce qui se passe au Québec et ailleurs.

 

Pas besoin de vous dire que plus d'une fois ma compagne et moi avons été surpris pour ne pas dire choqués par des informations tronquées, déformées, des raccourcis qui je l'espère, ne sont pas la représentation fidèle de ce que certains journalistes ou chroniqueurs ont dans la tête! Ils ne font, dans bien des cas, que répéter ce qu'ils ont entendu ou lu dans d'autres journaux. On sait que les plus grands lecteurs de journaux, les plus assidus sont...les journalistes!

 

Régulièrement, une cliente de ce restaurant se permet d'ajouter des commentaires vraiment désobligeants sur le visage de politiciens ou artistes pris en photo pour illustrer le journal, ce qui, à mes yeux, est d'emblée d'une violence notable. Des "chou" bien sentis ou encore des croix gammées ou mieux des "retourne chez toi" sur le visage de Amir Khadir nous démontrent toute la force de son argumentaire, la largesse et l'acuité de son esprit.

 

Ce qui est intéressant ici c'est que ma compagne, immigrée donc, en voyant la chroniqueuse en herbe entrer dans le restaurant lui demande des explications sur ses graffitis odieux. S'ensuit une réaction de la dame en question tout-à-fait prévisible.

 

Évidemment pas d'arguments mais une tentative de détourner le sujet, des gestes de dénigrement, le regard qui montre le plafond, exaspération feinte, on tourne le dos, on s'éloigne pour éviter ou couper la conversation. Bref toute la "bravoure" de cette dame s'est envolée devant les mots, parfois cinglants, de ma compagne.

 

Par expérience, je sais que peu de gens aurait pris la peine ou aurait le courage de relever ces affronts directement avec la personne concernée. Ici, le silence tient souvent lieu d'argument, on n'ose pas parler en face. On préfère, la plupart du temps, fermer sa bouche et prendre sur soi. On en pense pas moins mais on garde, de peur de déranger. Et on se bourre de Prozac.

 

Déranger. Mon Dieu comme nous avons peur de déranger. Réflexe de colonisés? Peut-être. Manque de confiance? Sûrement.

 

On en vient même à approuver les manifestations dans la mesure où elles ne dérangent pas...C'est fait pour! Oui, nous ne sommes pas contents et nous le disons et s'il le faut allons le crier! 

 

La discussion calme, réfléchie a sa place mais quelquefois le ton monte, doit monter. La bêtise, le mépris, la flagornerie, la lâcheté, le racisme, quand pris sur le fait, doivent être pointés du doigt, soulevés, décriés, mis en lumière dans toute leur laideur. Ça fait mal? Ça dérange notre petite vie bien rangée? Tant mieux. 

 

Indignez-vous, parlez, dénoncez, dites ce que vous pensez. Ça évitera peut-être les cons et les connes de croire qu'ils peuvent tout se permettre.

 

C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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