J'ai des voisins un peu particuliers. Chaque matin depuis le printemps madame sort avec un petit sac, gantée, et enlève chaque pissenlit qui pousse sur son terrain. Soigneusement, méticuleusement, chaque fleur est décapitée, laissant un gazon uniforme, sans rien d'autre qu'une petite mer de verdure bien propre, sans "mauvaises herbes".
À chaque matin, des pissenlits repoussent qui égayent pour quelques instants son terrain.
Cette bataille du pissenlit et de ma voisine me fait penser un peu à ce qui se passe dans notre société. On nous voudrait uniforme à l'instar du terrain de ma voisine. Heureusement les pissenlits de la liberté repoussent à chaque fois qu'on nous coupe la parole, cette parole qui empêche cette pensée unique de prendre racine.
Un jour, comme nous tous, ma voisine quittera ce monde.
Et les pissenlits continueront de pousser.