Le jazz traîne avec lui, et depuis longtemps, une aura un peu sulfureuse. Cette image lui colle à la peau, souvent avec la complaisance des musiciens eux-mêmes mais aussi de journalistes et afficionados qui ne voient dans cette musique qu'une occasion de s'encanailler, de se frotter à de l'interdit. On connaît tous l'émoi que peut susciter chez certaines personnes les "mauvais garçons".
Cette image s'estompe au fil des ans (heureusement!) mais j'observe, particulièrement au Québec, une pauvreté dans le discours que peuvent tenir les jazz(wo)men sur leur discipline. Il me semble pourtant que les exemples sont nombreux (aux États-Unies et en France particulièrement) en ce qui à trait à l'articulation d'idées, la mise en perpective historique et sociale de cette musique. On a qu'à penser à des John Lewis du Modern Jazz Quartet, Max Roach, John Coltrane, Charles Mingus ou plus près de nous Wynton Marsalis ou Dave Liebman.
Tous ces gens et bien d'autres ont su ou savent articuler une idée, pousser leur réflexion au-delà des clichés. Je ne parlerai pas des grosses blagues bien grasses ponctuant des entrevues sans grand intérêt qu'on nous sert trop souvent ici. Entrevues qui ne font que faire perdurer cette image du musicien un peu bête qui, en dehors de la scène, n'a pas grand chose à dire.
Ce misérabilisme intellectuel me fatigue, cette attitude illustrant un certain confort dans l'ignorance, voire une fierté d'être un rustre à peine dégrossi me met mal à l'aise. Cette attitude ne sert pas ou plus la cause de cette magnifique musique (l'a-t-elle déjà fait?).
Le jazz mérite le respect et ce respect doit d'abord venir des musiciens eux-mêmes si nous voulons qu'ils soient pris au sérieux et respectés par les décideurs, diffuseurs, producteurs et le public en général.
Aller au bout de ses passions est une grande responsabilité.
P.S. Je sais pertinemment que des musiciens d'ici auraient des choses intéressantes à nous dire sur leur travail, leur musique, leur vision, l'angle original qu'ils prennent pour composer etc. J'aimerais les entendre ou les lire!