Et voilà! Une autre élection, un autre vote. Nous avons fait nos choix, avons utilisé nos 10 secondes de démocratie en cochant sur un bout de papier le candidat qui est, selon chacun, la personne qui nous représentera pour les quatre prochaines années.
En fait si je regarde les résultats, nous avons sérieusement hésité avec qui nous voudrions ne pas changer. La lutte a été chaude entre le statu quo et le statu quo, même un troisième statu quo est venu brouillé les cartes...Imaginez comme nous sommes téméraires!
C'est donc non pas un gérant mais une gérante qui a été élue. À l'instar d'Obama pour les États-Unies, beaucoup de gens sont fières d'avoir élu une femme comme première ministre. Changement historique! Le Québec se modernise comme il peut et il ne peut pas beaucoup apparemment. Dites-moi ce que le sexe vient faire là-dedans? Ou la couleur de peau. On jauge une personne ni à ses idées, ni à ce qu'il ou elle dit mais à son action. Si le passé est garant du présent nous n'avons pas à nous inquiéter. La vision qui nous est proposée oblique très légèrement à gauche mais le corps continue sa route comme avant. Le regard se porte à gauche mais le voyage vers le mur poursuit sa route malgré la tempête et les vagues qui viennent nous lécher les pieds. J'allais écrire les bottes.
Ceux qui prônaient une action susceptible de changement réels ont récolté que peu de suffrage. Normal. On ne veut pas changer. On veut juste l'apparence du changement, une autre garde-robe plus sexy, quelques frou-frous ici et là pour satisfaire notre regard dans le miroir. On s'aime comme on est. Nous vivons dans un pays avec le meilleur système au monde dixit les livres scolaires de mes enfants de l'an passée (5ième année). Ça commence tôt l'auto-satisfaction. La persuasion et la propagande de la médiocrité est, tout le monde le sait, plus efficace chez les jeunes. Et on ne se gêne pas.
Un autre vent de liberté possible mais que nous nous refusons obstinément. Parce que la liberté est difficile, parce que la liberté implique des responsabilités, parce que la liberté personne n'en veut...ou presque. On préfère continuer de chatouiller nos claviers, se répandre devant nos écrans, s'éteindre tout doucement et complaisamment.
Nous devrions, me semble-t-il, être en mouvement, rivière ou fleuve. Nous ne sommes que marécage (dans marécage il y a le mot "cage"...) où ça grenouille (dans grenouille il y a le mot "nouille") à travers quelques filets d'eau bien insuffisants pour y voir clair. Ça stagne et commence à sentir mauvais.
Bercés d'illusions entretenues par nos proches, les médias, les politiciens et autres spécialistes du quoi penser, nous nous refusons la beauté de marcher la tête haute. Nos genoux commencent à faire mal mais voilà, le plie est pris, l'habitude nous étrangle, l'air se raréfie.
La tête sous l'eau et dans le sable tout à la fois.
On meurt à petit feu en attendant la mort.
La peur fait de nous de merveilleux consommateurs. Et de piètres démocrates.