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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 13:58

Les mots ne sont que le reflet de choses. Nous nous contentons tellement de mots qui ne sont, pour moi, que la surface d'une réalité beaucoup plus large et profonde. J'aime les mots pour ce qu'ils sont, sans me faire d'illusions à leur propos.

 

Une fraise. Vous avez l'image de ce fruit en tête. On pourrait vous décrire ce fruit pendant des heures, en faire une dissertation, une thèse, un poème, une description détaillée, un rapport complet. Vous ne saurez jamais ce qu'est véritablement une fraise si vous ne la goûtez pas. Les mots sont l'ombre de la réalité. On peut s'en approcher, en avoir une idée, voir sa fugitive trace. Les mots sont parfois des pièges.

 

Ils sont pièges si nous nous contentons de ceux-ci pour voir et appréhender le monde et nous-mêmes. Certes, il peuvent servir de liens, indiquer une voie. Mais le mot n'est pas la voie. Il n'est que la flèche qui indique. Il n'est qu'introduction à l'action. 

 

Il est une trappe s'il ne sert qu'à nous conforter dans les idées. Le mot doit déboucher sur l'action ou alors il n'est que le matelas sur lequel on se couche et s'endort. Il peut être le somnifère, la béquille sur lequel on s'appuie pour justifier notre manque de passion véritable, l'eau qui éteint le feu qui devrait nous brûler et faire de nous des lumières pour les autres.

 

Ce manque de passion évident de notre part fait que nous sommes dans une société médiocre qui se contente de la charité au lieu de la justice, qui fait de nos écoles des lieux où l'on prépare nos enfants à se conformer, à obéir, à se plier et accepter l'innaceptable, à déléguer notre pouvoir à des politiciens qui profitent de notre défection pour construire une société selon leurs valeurs personnelles. Société morose, sans vitalité et allergique aux idées qui sortent de la norme. Bien penser c'est penser comme des moutons, ne pas regarder les choses en face, clairement, lucidement. La clarté fait mal au yeux. Les fermer n'est pas la solution. Le prix à payer pour cette cécité volontaire est un engourdissement inéluctable, une mort annoncée dans toutes les sphères de notre société. Arts, politique, sciences etc.

 

Les quelques "feux" qui résistent à cette pauvreté généralisée sont vite mis de côté, oubliés, ou alors catalogués d'excités, vu comme des trouble-fêtes, pris souvent de haut, des êtres bizarres qu'on accepte, parce qu'après tout nous sommes si "tolérants" et "magnanimes". Nous portons des lunettes qui permettent de voir ces lumières avec des filtres, sans qu'elles nous dérangent. Ces lunettes s'apellent justement tolérance, compréhension de surface, faux débats, "chacun son point de vue", "tout le monde à droit à ses opinions", "chacun sa définition de la beauté" etc. Tous ces subterfuges pour masquer notre indolence et notre vide intérieur. Ces filtres qui nous font confondre passion avec colère, gentillesse et mollesse, charité et justice, création et élucubrations.

 

La question n'est pas de savoir s'il y a une vie après la mort mais qu'est-ce que la vie. En s'occupant de la vie, la réponse sur ce qu'est que la mort viendra d'elle-même. Mourir à nous-mêmes chaque jour en étant complètement dans le présent fera de la mort une question sans pertinence. Le soucis de la mort vient de ce que l'on est pas véritablement vivant!

 

Encore des mots. Oui, des mots qui ne remplaceront jamais l'action. Des flèches qui devraient aller droit au coeur pour abattre ces murs qui nous entourent et que l'on nous a appris à construire dès le plus jeune âge. Cette prison, toute confortable qu'elle soit, reste une prison. Ces murs qui empêchent la lumière d'entrer, cette lumière qui nettoie, lave, brûle, fait mal, dérange, rend authentique les choses et les êtres. Lumière crue qui ne laisse rien dans l'ombre, qui balaie nos convictions et nos opinions, nos certitudes basées sur le marasme idéologique.

 

(À suivre)

 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture