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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 15:47

Le grand danger, lorsqu'on écrit, c'est de se noyer dans les mots. On peut facilement se regarder écrire comme on peut s'écouter parler. Le lyrisme en écriture, comme en musique, doit s'appuyer sur une véritable émotion. Vient la discipline qui est inhérente à cette sensibilité, qui n'est pas affectation. Manquer de sincérité dans ces domaines (écriture, musique) donne des musiciens verbeux ou des écrivains "prolifiques" mais inutiles. Cet amour du vrai doit être la base de tout art et de toute vie. Ce que je nomme passion. Nous pouvons passer une vie à paufiner notre technique d'écriture, oratoire ou musicale sans jamais toucher ou s'approcher de l'essentiel. On peut passer une vie à détourner le regard sur nous-même.

 

J'ai déjà écrit que les mots peuvent être des pièges, certes, mais ils sont aussi des indicateurs, des fenêtres ouvertes sur le réel. Avec les mots, il est possible de s'approcher très près des choses mais jamais ils ne sont "la chose". La poésie est peut-être la façon la plus adéquate pour faire sentir certaines émotions, encore faut-il être assez sensible, donc intelligent, pour lire entre les lignes comme on écoute entre ou derrière les notes en musique. Le poète, comme le musicien, doit faire sentir sa bonne foi, sa sincérité avant tout. C'est quelque chose de simple et c'est justement là la difficulté.

 

Combien de musiciens se perdent dans leur technique, préoccupés par le savoir-faire, le comment-dire au lieu de se demander si ils ont quelque chose à dire. Jouer pour ne rien dire est aussi inutile que parler pour ne rien dire. Tout aussi bruyant, et je ne parle pas de décibels! Il est facile de tromper l'auditeur car lui aussi ne sait pas trop de quoi il en retourne...Cela donne des aveugles qui parlent à des sourds ou vice-versa ou les deux...

 

Voguer dans l'à-peu-près, le peut-être, le oui-mais, ce fameux "flou artistique" sert trop souvent de masque à notre manque de courage. Connaître soi-même. Combien de faux-fuyants, de chemins détournés, de raisons "bidons" ne prend-on pas pour s'éviter. Ne s'appuyer sur personne, ni ami, philosophe, penseur, musicien, poète. Ce chemin, il n'y a que nous pour le prendre et c'est ce qui en fait toute sa beauté. Se casser la gueule honnêtement vaut bien des pages lues qui resteront de la "théorie", un passe-temps agréable et une vision des choses de seconde mains. On pourra accumuler ainsi quantité de savoir et cette accumulation ne fera qu'épaissir notre carapace, enflera notre égo, cette barrière qui nous sert de défense et derrière laquelle on se réfugie pour justifier notre ignorance et ne pas se comprendre soi-même est l'essence de l'ignorance.

 

Oui, la musique, les mots peuvent être des fenêtres qui ouvrent sur autre chose. Les mots pour les mots, la musique pour la musique ne font que participer au chaos. 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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