Le choix, la possibilité du choix de l'être est-il lié à la liberté? Choisit-on son essence? Ce que nous sommes? De quoi dépend notre sensibilité ou insensibilité à ce qui nous entoure? Les qualités et défauts qui nous définissent proviennent-ils d'un choix que l'on aura fait? Un espèce d'idéal que l'on se fait de soi-même ou de ce que devrait être un humain? Et cet idéal, d'où le tenons-nous? Est-ce vraiment le nôtre?
Nous transportons tous cette douleur sourde, diffuse mais tenace tout au long de notre vie. Il arrive que nous l'oubliions, occupés que nous sommes à gagner cette vie ou lors de petits bonheurs éphémères mais cette angoisse reste en fond de scène et revient inlassablement nous hanter dans nos moments de lucidité.
Elle reste probablement le moteur principal de nos actions et de nos passions, ceux-ci étant souvent que des prétextes ou des paravents pour éloigner ce bruit de fond qui colore notre existence.
Peut-on parler de liberté si nous passons une vie à "réagir" à ce bruit de fond? À parcourir notre sentier à l'aulne de cette angoisse perpétuelle? À détourner constamment notre regard, ne pas vouloir entendre ne fait-il pas de nous les pires sourds? Ce sentiment d'impuissance constant face à nous-mêmes, ce constat de notre grande fragilité, de notre peur de ce que nous sommes est peut-être ce qui nous pousse à croire que nous sommes devant des choix.
Le choix d'être non-violent, ce n'est qu'un exemple, est peut-être une réponse à notre incapacité à voir la violence en nous-mêmes. Ne pas vouloir affronter ce fait par toutes sortes de stratagèmes me semble une réponse bien insatisfaisante et un peu hypocrite. Nous nous déclarons non-violent et poursuivons notre chemin brutal, (compétition, désir de réussite, insensibilité aux autres, satisfactions puérils de nos désirs etc.) satisfait de l'image que nous nous projetons et projetons sur les autres.
Notre insensibilité mis au rang de vertu dans notre société nous fait croire que nous sommes devant des choix. En fait selon moi, c'est cette même insensibilité qui nous isole, nous rend malheureux, tièdes, appeurés. Et la peur n'est jamais bonne conseillère.
Si nous aimions vraiment, soi, les autres, la nature, aucun choix ne s'offrirait à nous. Le feu qui brûlerait en nous nous mettrait devant des évidences et stopperait toute séparation entre notre pensée et notre action, les deux se confondraient en un seul et même mouvement.
Nous en sommes loin.