-Tu es allé à la bibliothèque aussi?
-Non, j'ai trouvé ce livre en rentrant chez moi...dans mon sac! Ce matin en partant je n'y avait mis que mes notes de cours et ma bible, j'en suis certain! Comment a-t-il atteri dans mon sac? Pourquoi je trouve deux exemplaires sur ta table? Jacques?...
Au moment où il fini sa phrase un grand bruit parvient de la galerie. Jean entre en coup de vent, rouge écarlate, essoufllé, paniqué. Il referme la porte violemment. On pouvait lire sur son visage de la frayeur et de l'incompréhension.
-J'ai piqué un sprint...sortir bibliothèque...animaux devenus fous, féroces...des gens...
Jean arrivait à peine à formuler des phrases complètes. Le pantalon en lambeau laissait apparaître les jambes tremblantes de mon ami couvertes de sang. À l'extérieur on entendait comme un roulement sourd. C'était les animaux.
Fermez tout! Portes, fenêtres...Pierre se mit à genoux, Jacques voulut donner un coup de fil. Ligne coupée. Le bruit sourd s'amplifiait. Dans un grand éclat de vitres brisées des chats et des chiens, mais aussi des rats, des souris, des ratons, moufettes se précipitent dans la maison. J'ai à peine le temps d'apercevoir dehors des orignaux mêlés à des renards, loups, coyotes, lièvres...Je ferme les yeux.
De grosses gouttes de sueur coulent sur mon front. J'ai mal au coeur, envie de vomir. Encore ce cauchemard où je me crois écrivain. Dehors il fait nuit, une grosse neige tombe, lourde. On annonce 30 centimètres pour aujourd'hui. 31 décembre. Je monte dans mon studio après m'être préparé un café. Il faut que je finisse cette histoire. Ma tête est vide. Et si je leur faisait le coup du cauchemard? Facile! Hop! Tout ça n'était que du rêve! Pfft!
J'ouvre la radio. Rien de vraiment intéressant. J'ouvre la télé. Rien de vraiment intéressant. Je suis rassuré. Va quand même falloir supporter les "bonne année", "santé jusqu'à la fin de vos jours" pendant quelques temps. Heureusement ça ne dure pas.
Une autre putain d'année qui s'achève.
Comme j'aimerais parfois n'être d'ici ou d'ailleurs, que le temps soit une invention de l'homme, que je ne connaisse ni la joie ni la douleur. N'avoir ni concepts sur les choses et moi-même. Mais il y a l'amitié, les arbres, les fleurs, la pluie, les étoiles, le rire et les pleurs, les tempêtes, les montagnes, la mer. Et il y a toi.
J'existe.