Une mince couche de neige recouvrait le sol rendant chacun de mes pas périlleux. Je n'avais que mes souliers de ville avec des semelles aussi glissantes que des skis bien fartés. J'arrivais tant bien que mal au niveau de ma rue.
Les énormes pères noël, bonhommes de neiges, les crèches construites dans des bulles de plastiques tranparentes (avec soufflerie pour imiter la neige qui tombe!) tentaient de donner un air de fête. En ce qui me concerne ces décorations me donnaient plutôt la nausée et affichaient le peu de goût de ses propriétaires. Restaient les lumières multicolores qui donnaient un peu de gaieté.
L'année 2012 qui allait prendre fin avait été plutôt calme, sans grande surprise. Comme à chaque année on s'était souhaité bonheur, santé et tout le tralala de façon mécanique, sans vraiment y penser. L'année avait été comme nos souhaits, pas très différentes des autres années donc.
Toujours les guerres, les tueries au nom de la paix, de la démocratie, de la liberté. Les mêmes politiciens qui faisaient les mêmes discours, les uns sur l'indépendance les autres sur l'économie, ces discours se mélangeant parfois. Le peuple avachit devant les nombreux écrans maintenant disponibles, indifférents et silencieux. Quelques voix s'élevaient mais étaient vite récupérées par le système médiatique, savamment noyées dans un brouhaha informe et indigeste. Une année comme les autres.
J'entrai par la porte de derrière et donnai à manger au chat. La maison était calme, la neige avait cessé.
J'aimais beaucoup l'hiver principalement à cause la neige. Elle rendait les sons plus doux et les couleurs, par temps très froid, plus crues. On dit que la neige est blanche. Rien de plus faux! La neige donne aux paysages d'infinis tons de bleu! L'hiver est propice à la lecture, à la réflexion, à la méditation.
Le téléphone sonne, c'est Jacques. Haletant et avec une voix fébrile me demande de lui répéter la phrase du fameux livre. Je m'exécute et je n'ai pas fini qu'il me coupe.
-J'arrive de la bibliothèque et j'ai trouvé un livre qui semble être une copie du tiens. Rejoins-moi tout de suite chez moi. Et il raccroche.
Je me prépare en vitesse, met le livre dans la poche de ma veste. Avant de sortir je remarque que mon chat n'a pas touché à son plat, lui si gourmand d'habitude. Il est assis au milieu de la cuisine et me regarde d'un drôle d'air, un air que je ne lui connais pas. J'avance ma main pour lui prodiguer une caresse, il gronde et s'enfuit à toute vitesse dans le salon pour se cacher sous le sofa. Je l'entends encore alors que je sors pour rejoindre mon ami.