Qui est ce "je"? Ou qu'est-ce que ce "je"?
Il y a mon corps avec ses frontières dans le temps et l'espace. Il y a mes pensées génératrices de temps ou constamment inscrites dans le temps, impulsions électriques générées par le cerveau et nourries par la mémoire. Fabuleuse mémoire et logique de la pensée qui ont données, donnent et donneront le savoir fantastique, cette accumulation de connaissance extraordinairement riche et appelé à le devenir encore plus dans le futur.
Quand "je" parle ou écrit, qui parle et écrit?
Ce "je" est l'accumulation de souvenirs, d'expériences, d'émotions (bonnes et mauvaises) mémorisées, de connaissances. Tout ces choses constituent ce "je", mon égo, ma personnalité. Ce background construit l'image que nous avons de nous-mêmes, aidé en cela par la pensée qui travaille, "tourne" sans arrêt pour maintenir cette espèce d'unité fabriqué, notre désir de durer dans le temps. L'observateur.
Suspension de la pensée, de l'observateur. Possible?
Cette "voix" qui nous accompagne tout le long de notre vie, ce centre, cette forme de conscience peut-elle prendre fin? Autrement dit, la méditation est-elle possible dans la vie de tous les jours? Est-il possible de ne pas s'identifier à notre savoir, nos connaissances, à ce "je"? À cet égo qui ne veut pas mourir et pour cela utilise mille startagèmes pour rester celui qui conduit toute notre existence?
Nous avons tous expérimenté cette suspension, parfois sans le savoir. Devant un danger soudain, ou la beauté à couper le souffle d'un panorama (expression tout à fait juste si ce souffle est vu aussi comme cette pensée qui se coupe, se suspend!) qui stoppe nette la réflexion. Bien sûr, cette pensée dans la seconde qui suit l'expérience, reprend ses "droits" et juge, qualifie, compare, jauge, fait des parallèles, se souvient etc, nous éloignant ainsi du fait.
L'idée ou le mot n'est pas la chose. Le mot, l'idée de jalousie par exemple, renferme en lui nombre de choses, fait référence à un état. Ce n'est pas l'état de jalousie vécu au moment où l'on éprouve ce sentiment. Il n'y a pas de "méthodes" pour éviter ce sentiment mais seulement l'observation, faire corps au moment du fait sans rejet, concept, conclusions. Tous ces stratagèmes nous éloigneront du fait et nous empêcherons de comprendre cette jalousie. On pourra passer une vie à lire sur la jalousie, on ne saura jamais ce dont est fait ce sentiment si nous ne lui faisons pas face.
Tout ceci n'est pas dans notre culture! Cela paraît étrange aux yeux de beaucoup voire sacrilège, tellement, qu'elles refuseront même d'en discuter (Je l'ai mainte fois expérimenté) ou de juste soulever l'hypothèse. (Je trouve intéressant de constater que ce refus vient souvent de gens qui font justement oeuvre ou milite dans un champs donné du savoir. Il me semble pourtant que le doute fut et est le début de toute connaissance! La remise en question de la place qu'occupent dans notre civilisation le savoir et la pensée doit être totale et bienveillante. Ou alors nous ne faisons que défendre notre "bout de gras" avec toutes les limites que cela suppose.)
La connaissance et la pensée sont un riche et incroyable héritage. Elles sont incontournables et ont permis et permettent des avancés extraordinaires qui se voient dans notre vie quotidienne.
Elles deviennent un mur lorsqu'il s'agit de se comprendre, de s'observer et voir. Mur d'autant plus épais que notre identification sera profonde et réductible à cette pensée et ce savoir.
Tout ceci étant dit, je suis bien conscient de mes propres limites intellectuelles et de ma réflexion manquant de profondeur. D'autres personnes plus articulés ont déjà parler et écrit sur ce sujet, beaucoup mieux que moi.
J'ose quand même écrire et parler.
Veuillez me pardonner!