J'ai un ami qui écrit avec des fautes d'orthographe à tous les 5 mots. Il n'a pas fini son secondaire. Il ne connaît aucun philosophe, ne connaît pas les lois de le thermodynamique, il n'a pas lu Shakespeare, Maupassant, Celine, Molière, Balzac, Proust. Les mathématiques sont pour lui, à part les équations de bases, un monde étrange et étranger. Si on le questionne sur les gaz de schiste, il en ignore totalement la technique. Mon ami n'a pas de téléphone cellulaire, pas de répondeur, pas d'ordinateur. Mon ami chauffe au bois (récupéré à gauche et à droite), possède une modeste maison qu'il a bâti de ses mains. Il a accepté avec quelques réticences la petite télévision et le lecteur DVD que je lui ai offert il y a deux ans. -Tu sais, me dit-il, quand je parts en voyage on me vole souvent ce que j'ai dans ma maison alors je préfère ne rien avoir de valeur. Il apprécie les films mais déteste la "boîte à grimaces" comme il l'appelle. (à ce jour il ne s'est toujours pas fait volé!)
Mon ami voyage 2 mois par année. Partout dans le monde. Pas d'appareil photo (J'ai tout dans ma mémoire me dit-il), une petite tente et peu de sous. Mon ami a des amis tout autour du globe. Il est reçu à bras ouverts partout où il passe. Mon ami aime les gens. Mon ami connaît l'âme humaine, c'est sa force. Il ne l'a pas apprise dans les livres mais à son contact. Il connaît la nature aussi, il ne l'a pas apprise dans des livres mais à son contact, avec l'observation quotidienne de celle-ci. Il voyage pour rencontrer des gens pas pour voir des endroits nouveaux.
Mon ami a une âme simple mais riche. Il m'étonne par sa lucidité et cette forme de sagesse qui lui fait comprendre les choses de façon instinctive. J'ai l'impression que les Amérindiens possédaient cette connaissance des choses en étant proche...des choses. Par un savoir, non pas mécanique, livresque, théorique mais directe. Il apprend en...vivant.
Mon ami n'est pas parfait mais profondément humain. J'apprends à son contact. Une heure avec lui vaut bien des heures de lecture et je dirais même que la lecture ne pourra jamais me faire voir les choses avec autant de perspectives qu'un moment passé avec lui.
Mon ami rigole quand je lui parle de culture générale, de connaissances supposées minimum pour fonctionner dans cette société.
"Regarde Yannick, tu veux vraiment t'adapter à cette société? Et quand tu es malade essais-tu de t'adapter à ta maladie? Les gens les mieux adaptés à la société sont souvent les plus malades..."