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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 15:42

Ce matin très tôt, trop tôt, j'ai été réveillé au doux son de scies mécaniques. On coupe, on rase. Faut vous dire qu'en face de chez moi on construit une nouvelle église. En effet, la Caisse Populaire (pas tant que ça...) de St-Gabriel de Brandon (lire mon texte "Mon village" sur mon blogue) à décidé d'avoir pignon sur rue et de se refaire une beauté en édifiant un nouvel édifice, le mot n'est pas trop fort, à la place de l'ancien presbytère. Les valeurs changent, le monde change? Que non! Égal à lui-même avec sa laideur envahissante et brutale, sa loghorrée mielleuse qui fait l'apologie de la charité au lieu de la justice ou du nationalisme crétin, toujours guerrier au fond. Ah! Ce ce nationalisme! On en fait même des poèmes! Je m'égare...

 

Oui, on construit une sainte banque. Son architecture rivalise en hauteur avec l'église (c'est pour vous dire! La compétition est forte...) pour soit-disant mieux s'harmoniser avec celle-ci. Le toit, qui fait 2 fois la hauteur du rez-de-chaussé est...vide! Tout comme sa voisine. L'esthétique prétentieuse du batiment en dit long sur la mentalité et les moyens que ces chers financiers. Je me demande si les pigeons qui ont élus domicile dans le clocher vont déménager... Peut-être vont-ils décorer cette Caisse avec leurs défécations, tout comme ils l'ont fait pour l'église. Ce ne serait que justice. 

 

Le presbytère, le plus vieux de la région, a été poussé au fond du terrain, acheté in extremis par une citoyenne du village (quelques jours avant sa démolition!) et reste vide. Comme nos aînés, il est caché, mis au rencart, déporté vers un mouroir où il finira ses jours à l'abris des regards. Place aux entrepreneurs! À la vie moderne! Aux affaires!

 

Pendant que j'écris ces lignes, la scie mécanique fait son travail. Sa musique se plante dans mes reins, dans mon coeur. J'ai envie de vomir. D'aileurs c'est ce que je fais avec ce texte. Je la vomit cette indignation. Parce que je n'ai pas envie de faire parti de ce québécois sur quatre atteint de maladie mentale...Faut que quelque chose sorte, même si ce n'est pas toujours beau. Je refuse ce silence. Oui, je manque de sagesse! Je sais que plus tard je relirai ce texte avec un sourire en me disant:"tu as oublié les étoiles, le ciel, les arbres, ce sourire gratuit rencontré au coin d'une rue, cette main tendue sans arrière-pensées". Je me sens mieux déjà...Mais...

 

Pseudo démocratie qu'on nous enfonce dans la gorge à coup d'élections stériles et qui ne changera jamais les choses véritablement, en profondeur. On nous berce et nous bassine avec de grands discours sur la liberté, sur la supposé grandeur de notre Québec, sur notre pacifisme médiocre et hypocrite, notre culture si riche et "exportable". Parce que la culture pour eux, ces entrepreneurs qui ne voient la culture que sous l'angle de ce qu'elle peut rapporter, et pour nous en général, n'est qu'une autre forme de business, une autre façon de s'imposer à l'autre, de se montrer, de s'exposer, de montrer ses fesses, de faire des affaires et s'enrichir. Comme pour la démocratie, beaucoup de gens s'en servent mais n'en ont rien à foutre. Pas plus démocrate (le pouvoir du peuple par le peuple?..Mon oeil, oui!) qu'amoureux de la culture je vous dis...

 

Tous ces théoriciens verbeux me font rire. Oui, ils me font rire, mais aussi, par moment, me donnent la nausée.

 

L'amitié, la mer, le vent qui souffle sur mon visage...Le vol des outardes en forme de Victoire...

 

Oui, nous avons la chance de vivre dans un pays où l'on peut exprimer sa douleur, son désarroi. Nous avons le droit d'être insignifiant, médiocre, satisfait de nous-mêmes et de la société que l'on se bâti. On peut choisir sa marque de savon, de dentifrice, sa sorte de jus préférée, sa marque de voiture... Voyez les étalages somptueux et indécents! On peut voyager, s'endetter, faire de la politique ou...rien! D'ailleurs, je me demande si après toutes nos gesticulations, notre verbiage pompeux et inutile (mea culpa), ce n'est pas ce qui reste...rien! La machine broyeuse de siècles suit son chemin, inébranlable. Les vraies choses ne se décident pas aux élections. Tout est déjà décidé, prévu, pensé, calculé. Cette phrase magnifique me reste dans la tête depuis que je l'ai lu il y a de ça maintenant 35 ans: Si le vote pouvait changer le système, il serait illégal. Je suis convaincu que finalement vous vous dites que ce n'est pas si horrible? Si ce n'était pas le cas, les choses changeraient, non? On nous achète par le confort, le douillet, le confortable. Notre liberté se résume à pouvoir choisir entre Crest ou Colgate, ou Toyota et Chrysler, Charest ou Legault...Voyez ce que je veux dire? (Oui, je sais, il y a aussi Québec Solidaire. Le jour où j'ai voulu-distraction de ma part-faire parti de ce mouvement, j'ai reçu mon inscription mentionnant que je devais dorénavant suivre la ligne du parti...). Mon panier de recylclage de papier n'en a fait qu'une bouchée. 

 

Nous pouvons tout faire à l'intérieur de balises très précises et étroites. Nous sommes devenus ces chiens de cirque bien dressés qui n'ont plus besoin du fouet pour faire nos cabrioles démocratiques. Merci Orwell.

 

Noël s'en vient à grands pas, on va nous en passer des sapins...On va nous abrutir de discours sur l'amour, la charité. On va faire de beaux shows genre la guignolée grâce à nos pauvres pauvres (oui, 2 fois) qui font tellement pitiés. Et si on parlait de la raison de cette pauvreté? Et si on profitait de ces shows pour dire que cette pauvreté n'est pas "ponctuelle" mais bien systémique? Qu'elle fait parti du système même, qu'il en a besoin? Je m'égare encore...  

 

Tiens, pour finir sur une note différente, savez-vous que Noël portait le nom de Sol Invictus?C'était une fête païenne récupérée par la religion catholique (du temps de sa splendeur) et fêtait en fait le retour de la lumière? Fin décembre, les jours les plus courts, les journées recommencent à s'allonger! Soleil, lumière invaincus, voilà le sens initial de cette fête.

 

La lumière triomphera? Aujourd'hui, il est encore novembre.

 

Sol Invictus!

 


 

    

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Published by Yannick Rieu - dans Culture