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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 17:01

Peut-être connaissez-vous le livre de La Boetie qui traîte de la servitude volontaire. Il nous entretient de la servitude des peuples et que pour en sortir il suffit de dire "non", de ne pas accepter cette servilité. Les forts sont forts parce que nous le voulons bien. C'est nous qui leur donnons la possibilité de nous asservir. Ce livre, petit bijou, devrait être obligatoirement lu (et compris) dans nos écoles. 

 

Dans un autre ordre d'idée mais avec de semblables résultats il est tout aussi malsain de se croire informé alors que ce n'est pas le cas (on a souvent la "forme" via les médias dominants mais pas toujours le fond) et de se penser également en démocratie alors que ce n'est pas le cas non plus. Prendre conscience de ces deux faits demande un certain effort, un peu de recherche et de réflexion.

 

Se poser les bonnes questions, aller au-delà de ce qui paraît évident de prime abord s'exprime et prend forme, dans un premier temps, par le refus, la négation, le doute. Ces attitudes passent, la plupart du temps, pour négatives et anti-productives dans notre société où certains questionnements deviennent parfois suspect, indisposent et mettent mal à l'aise à tout le moins. Elles sont, n'en déplaise aux défenseurs du politiquement correct, les bases par lesquels des changements significatifs pourront voir le jour. Refuser les évidences (souvent présentées comme telles) est un signe de santé mentale.

 

Se méfier des évidences ou des idées qu'on nous présente. La démocratie. Je suis certain que la plupart d'entre nous sommes convaincus de vivre dans une démocratie. Mais que renferme ce concept si nous lui redonnons la substance dont il a été vidé au cours des années?

 

Revenons un peu en arrière.

Fin 18ième siècle les régimes ne se nommaient pas "démocratiques". Les gens qui détenaient le pouvoir à ce moment savaient très bien ce qu'était une vraie démocratie et ils n'en voulaient pas. Le pouvoir détenu par le peuple était impensable. À ce moment-là on avait pas en tête de bâtir une démocratie du type athénien (voir plus bas). Pour ces gens, la démocratie était synonyme d'anarchie, le peuple étant incapable, selon eux, de gérer ses affaires. On peut comprendre leur attitude car ils sortaient de régimes bien pire. Il est intéressant de noter qu'à ce moment le mot démocratie était péjoratif, une insulte, ce n'était pas un mot positif comme il est devenu aujourd'hui.

 

Début 19ième siècle un glissement s'est produit et on a désigné les régimes mû par des "gouvernements représentatifs" par le mot démocratie. Or ce n'est pas du tout la même chose! Pourquoi ce glissement? Peut-être le livre de Tocqueville "De la démocratie en Amérique" y est pour quelque chose ou, plus vraisemblable, à cause d'un point commun entre ces régimes: L'égalité. Il faut cependant souligner que le centre du régime athénien était l'égalité politique réel alors que l'égalité politique dans un gouvernement représentatif est formel et factice, elle n'est pas réelle. Elle porte sur des détails et pas sur l'essentiel. L'historien américain Samuel Williams, en 1794, écrivait que "la représentation (notre système actuel)(...) a été graduellement introduite en Europe par les monarques; non pas avec l'intention de favoriser les droits des peuples, mais comme le meilleur moyen de lever de l'argent".

 

Plus personne, ou presque, ne remet en question le fait que nous serions supposé de vivre en démocratie. Les médias, les hommes et femmes politique, la grande majorité des professeurs et tout un chacun, peu de personnes osent aller plus loin que cette apparente évidence: nos vivons dans une démocratie, le vote électoral en fait foi. Il ne nous même plus à l'idée de questionner. Depuis l'enfance on nous apprend que démocratie=élection. 

 

En principe nous devrions voter pour ceux qui sont les mieux placés pour défendre le bien commun. Nous allons voir qu'il n'en est rien.

 

Nous votons en fait pour des professionels de la politique, des "spécialistes du bien commun" et nous trouvons tout-à-fait normal d'élire des gens dont c'est le métier, la profession, de gérer une nation, un pays. Cette façon de faire s'apparente très fortement à l'aristocratie (les meilleurs au pouvoir) et n'est pas du tout le concept que l'on retrouve à l'origine de la démocratie athénienne dont nous nous sommes inspiré. Ce qui est aristocratique ou s'en approche, les procédures qui s'en inspirent dangereusement, sont voués à une dérive oligarchique, ce qu'on peut observer aujourd'hui: un gouvernement de quelques-uns qui se sont "autonomisés", ne dépendant plus et ne travaillant plus pour le plus grand nombre mais bien pour ceux qui les ont financé ou qui sont à même de leur donner des avantages de toutes sortes. 

 

Pour illuster ce qui vient d'être dit, on peut se rappeler cette video prise à Sagard (le domaine de Desmarais) où beaucoup de nos politiciens (on pouvait y voir les Charest, Bouchard, Mulroney, Chrétien entre autres) faire acte de présence. La video en a choqué plus d'un car on pouvait constater de visu ce qu'on tente de nous cacher la plupart du temps: l'accointance évidente entre nos représentants et les gens détenant le réel pouvoir, l'argent.  

 

On pourrait prendre la commission Charbonneau comme une autre illustration de la dérive de notre "démocratie". Tout un système de corruption généralisé et relié directement à notre façon de concevoir cette "démocratie". Cette corruption systémique pourrait être contrôler en partie (il y aura toujours des gens malhonnêtes, quel que soit le système) par, en premier lieu, une prise de conscience et une compréhension juste de la structure du scrutin électoral pratiqué aujourd'hui dans nos sociétés et de ses aboutissements logiques et inéluctables.

 

L'élection, parce qu'elle implique la compétition électorale qui, à grande échelle, doit être financée, porte en elle la corruption des élus par ceux qui ont financé cette campagne. Ce n'est pas nouveau mais c'est central!

 

Chaque année, à Davos, des représentants des principales multinationnales et les représentants des pays les plus riches se réunissent pour discuter économie. On ne sait que peu de choses qui sont décidées lors de cette rencontre annuelle. Est-ce bien une façon démocratique de procéder? Qui représente la voix du peuple? Les élus? Avec ce que l'on sait de l'élection on peut douter sans tomber dans le complotisme qu'il y a là un problème de gouvernance.  

 

Une pantomime de pouvoir s'exerce, les élus étant au service de ceux qui peuvent leur fournir les moyens d'être et de garder le pouvoir. L'élection devient alors le contraire de la démocratie dans la mesure où c'est un abandon du pouvoir du peuple au profit des gens qui seront ni plus ni moins que ses maîtres qui décideront à sa place.

 

L'élection empêche la démocratie de s'épanouir? Quoi? Mais c'est une évidence que de dire que nous sommes en démocratie parce que nous votons! C'est ce qu'on nous serine depuis l'enfance.

  

Il se trouve que le système athénien (qui fonctionna pendant 200 ans), loin d'être parfait mais tout de même intéressant, utilisait le hasard pour placer des gens au pouvoir. Bien entendu, tout une série de contrôles et de vérifications étaient en place pour vérifier avant, pendant et après l'exercice du pouvoir des gens ainsi désignés. Les mandats étaient de 6 mois à 1 an non renouvelable. De plus les gens choisis étaient imputables et punis si il y avait eu abus, détournement de pouvoir ou autres problèmes reliés à l'exercice de leur mandat. Je reviendrai plus en détail sur une possible démocratie (la vraie) dans un texte à venir.

 

Le premier réflexe qui nous vient à l'esprit: mais ces gens n'étaient pas compétents! Ah oui? Et nos politiciens le sont peut-être? Pas moins pas plus! Le pouvoir attire beaucoup de gens qui veulent le pouvoir pour le pouvoir, or ce sont ceux qu'il faudrait à tout prix écarter!! L'honnêteté est plus importante que la compétence à ce stade.

 

Alain:"le trait le plus visible de l'homme juste est de ne point vouloir gouverner les autres, il veut seulement se gouverner lui-même. Cela décide de tout. Autant dire que les pires gouverneront."

 

Platon:"il ne faut pas donner le pouvoir à ceux qui le veulent."

 

Le scrutin électoral, en ce sens, ne sélectionne que les pires! 

 

Nous sommes arrivés à une organisation politique qui fait de l'élection le rouage principal de la désignation politique. Si ceux qui sont désignés travaillent en fait pour ceux qui les ont financé, on peut comprendre beaucoup de choses et remettre en perspective beaucoup d'attitudes politiques de nos dirigeants. De plus un problème de sémantique apparaît clairement: nous désignons le régime qui pose problème de nom de la solution...Démocratie.

 

Il faut un réel travail sur soi-même pour sortir du catéchisme élection=démocratie.

 

Je reprends et résume à grands traits une conférence donné par Etienne Chouard visible sur Youtube. 

 

Bonne recherche! 

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Published by Yannick Rieu - dans Culture

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