Notez que mon titre n'est pas "Croire et ne pas croire" mais bien "Croire et ne plus croire". Parfois de petites différences sémantiques se traduisent par un abîme de différence dans notre vie quotidienne.
Lorsque je parle de "croire", je fais référence bien évidemment aux croyances religieuses mais pas uniquement. Croire c'est aussi penser que nous sommes canadiens ou américain, français ou anglais etc. Croire c'est tirer des conclusions sur ce que nous sommes sans y avoir vraiment réfléchi, en répétant souvent ce que d'autres ont dit, ont affirmé. Croire c'est aussi avoir des opinions derrières lesquelles nous nous cachons, trouvant une grande sécurité dans une affirmation de soi-même. Au gré du temps nous échafaudons ainsi une image de nous-mêmes qui nous sécurise et nous définit avec plus ou moins de nuances et plus ou moins de changements dans le temps.
Croire c'est aussi croire en des systémes, des théories parfois habiles où la réflexion semble profonde et complexe, où l'habileté joue un grand rôle. Il sera d'autant plus difficile de regarder et voir avec un esprit neuf, frais, innocent, autrement dit révolutionnaire.
Croire ou ne pas croire sont des conclusions et toute conclusion est une fuite. Fuite de l'instant présent et de son incroyable richesse, fuite de nous-même, fuite qui semble être la façon la plus normale de procéder dans notre société, acceptée sans être remise en cause, sans véritable réflexion...On y croit!
Rejeter le conformisme est une chose extrêmement difficile. On se croit (tiens...) anti-conformiste (encore une conclusion!) lorsque nous sommes contre ceci ou cela, les religions, la politique, notre gouvernement, lorsque nous traduisons cet anti-conformisme par notre apparence, notre habillement. Nous sommes simplement à la recherche d'un autre conformisme, d'autres conclusions qui nous éloignerons systématiquement du fait. Nous cherchons des gens qui penseront comme nous, qui seront d'accord avec nos nouvelles conclusions et formerons ainsi une nouvelle famille, une sécurité qui nous rendra aussi peu intelligents que ce contre quoi nous nous serons battu.
Croire ou ne pas croire sont des échappatoires, comme le sont Dieu ou l'alcool, la fuite dans des idéologies, dans l'érudition, bref dans le devenir, dans la réalisation qui permettent de fuir le fait. Éviter à tout prix le fait de notre solitude, profonde, irrémédiable et pourtant si porteuse et magnifique! Ce n'est qu'à partir de cette réalité (nous, nos relations avec les gens, la nature, les choses) que l'on peut vraiment construire quelque chose de nouveau.
Ne plus croire c'est se permettre de regarder et voir, non plus à travers les yeux des autres mais les nôtres.