Ce texte fait suite à "Hasard et démocratie"
La constitution, les élections voilà bien des sujets qui n'intéresse que peu de gens. Et pourtant...
À quoi sert une constitution?
Toute société a besoin de représentants pour produire et appliquer un droit écrit (la constitution) qui nous protège de l'arbitraire des plus forts. Ces représentants sont donc utiles mais aussi dangereux s'ils se mettent à servir les intérêts d'une caste au lieu de l'intérêt général. La constitution, si elle est bien écrite, nous protège des gens au pouvoir et de leurs abus éventuels. La constitution est au-dessus de tous les pouvoirs et l'enfreindre est une chose grave.
La constitution sert à affaiblir les pouvoirs, leur donner des limites qu'ils ne pourront dépasser, ce qui est inhérent à tout pouvoir.
"Tous les pouvoirs ont une tendance à abuser" -Montesquieu
Si les représentants doivent obéir voire craindre la constitution, il ne faut pas qu'ils l'écrivent.
Cela semble évident. Si c'est le cas, ils vont programmer leur puissance et par le fait même notre impuissance, celle du peuple. Si, comme nous l'avons vu dans le texte "Hasard et démocratie", nos représentants ne représentent plus, dans l'ensemble, l'intérêt général mais des intérêts particuliers-ceux qui les ont aidé ou carrément mis au pouvoir-doit-on laisser ces gens écrire ou réécrire notre constitution?
Nos impuissances sont programmées dans la constitution.
Au lieu de nous protéger des abus de pouvoir de toutes sortes la constitution nous enferme dans une espèce de ghetto qui rend pratiquement caduque toute forme de contestation. Pourquoi? Probablement parce que ceux qui écrivent cette constitution ont un intérêt personnel à ne pas écrire une bonne constitution, celle qui protégera le peuple, qui le rendra "puissant". Ils sont juges et parties. Ils ne sont pas mauvais mais nous leur donnons toute la latitude, par notre passivité, pour décider ce que sera cette constitution.
Hérodote et la cause des causes
Le point commun de nos impuissances se trouve dans la constitution. La grande majorité des résistants, ceux qui luttent contre les nombreuses injustices sociales ou problèmes sociétaux (écologie, féminisme, pauvreté etc.) s'en prennent aux conséquences au lieu de rechercher la cause de tous ces problèmes. La cause des causes.
Hérodote nous propose de chercher la cause des causes quand il y a un mal à soigner. Ne vous en prenez pas aux conséquences mais à l'origine de ce mal. Cherchez la cause qui détermine les autres causes.
Les élus
Cette impuissance politique qui nous rend si faible provient de la constitution, du texte qui fait que les élus ne sont pas révocables, ils n'ont pas de comptes à rendre, nous sommes dans l'impossibilité de choisir nos candidats (combien de fois ai-je annulé mon vote faute de candidat sérieux), il n'y a pas de référendums populaires prévus pour des enjeux importants (de notre initiative nous ne pouvons décider de pratiquement rien) et un dernier point très important, la monnaie est privatisée; rien dans la constitution n'oblige qu'elle soit publique. Or beaucoup de nos problèmes viennent de cette arnaque qui fait que nos gouvernements doivent emprunter de l'argent à des banques privées et, de ce fait, soumettre leurs politiques à ces créanciers. Toute l'histoire de la dette, du déficit zéro, des coupures de toutes sortes dans le social provient direrectement de cette situation incongrue. L'histoire des banques, à ce chapître, est extrêmement révélateur et en dit long sur le peu de représentativité de nos gouvernements...représentatifs!
Nous ne sommes pas des citoyens
Un citoyen vote ses lois. Nous sommes des électeurs qui subissons les lois écrites par quelqu'un d'autre. Lois écrites et appliquées par des gens qui ne nous représentent plus ou que dans une très petite mesure.
Droits des électeurs?
Désigner des maîtres politique qui vont décider à notre place pendant 4 ans, voter pour des candidats les plus avides de pouvoir ou les plus riches pour nous représenter. Voilà le principal droit autour duquel se défini notre "démocratie". Nous avons, bien sûr la liberté de parole tant que celle-ci n'a pas de poids.
Souvenez-vous des manifestations étudiantes (pacifiques dans la majorité des cas) qui se sont élargies au cours des semaines à la population (des centaines de milliers de personnes!) Quelle a été la réponse du gouvernement? La répression et des gestes qui nous ont bien montré les limites de notre droit à la parole. Les tactiques gouvernementales concernant les manifestations sont de diaboliser ces mouvements en faisant croire que ceux-ci sont hautement dangereux et violents. Museler la parole peut prendre diverses formes. La loi 78 promulguée au printemps dernier en est un exemple.
Même devant la trahison de nos représentants, notamment (il y en a d'autres!) dans l'affaire Petrolia (Anticosti), où un gouvernement a littéralement donner de riches gisements (plusieurs milliards de dollars!) au privé, nous sommes sans voix et impuissants.
Tirage au sort
Si le tirage au sort donne le pouvoir aux gens ordinaires comme vous et moi et que l'élection donne le pouvoir aux riches, combien de temps allons-nous défendre l'élection comme moyen de se faire gouverner?
Pourquoi tenons-nous à l'élection? Alors que nous voyons que l'élection est anti-démocratique et ne sert qu'à mettre au pouvoir une caste des oligarchiques? Pourquoi sommes-nous si attachés au scrutin électoral?
Je crois que nous sommes devant un mythe. Depuis l'enfance on nous apprend que élection=démocratie. On nous le répète sur tous les tons, sur toutes les tribunes. À force de répétition ce mensonge est devenu vérité. On finit non seulement par le croire mais c'est devenu une évidence qu'il n'est plus permis de remettre en question.
Cette intoxication sera évidemment difficile à faire comprendre et admettre. Remettre les mots à l'endroit est périlleux et demande un minimum d'ouverture et de passion.
On ne peut pas se permettre le luxe de mettre des gens qui veulent le pouvoir au pouvoir. Les gens justes ne veulent pas le pouvoir. Or l'élection les écarte systématiquement.
Le tirage au sort à Athène donnait un peu de pouvoir, pas longtemps, jamais deux fois de suite. Une série de contrôles s'appliquaient aux personnes désignées. Affaiblis par le tirage au sort, les représentants se trouvaient dans la quasi impossibilité d'abuser du pouvoir et s'ils le faisaient, ils en payaient le prix. La souveraineté du peuple était ainsi garantie.
Les représentants restent les serviteurs et non les maîtres d'un pays, d'une nation.